CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Peavy Wagner
(basse+chant)
-Schmier
(basse+chant)
-Tom Angelripper
(basse+chant)
-Markus Grosskopf
(basse)
+ guests
TRACKLIST
1)Awakening The Bass Machine
2)We Live
3)Armageddon
4)Romance In Black
5)Godless Gods
6)Empty Memories
7)Boiling Blood
8)Far Too Late
9)The Asshole Song
10)Dead From the Eyes Down
11)Razorblade Romance
12)Voices
13)Eagle Fly Free
14)To Hell and Back
DISCOGRAPHIE
On le sait tous, les bassistes sont les mal-aimés de la planète metal. On s'extasie sur les soli fulgurants des guitaristes, sur les breaks furieux des batteurs, mais rarement sur les exploits des bassistes. De toute façon, on ne les entend jamais puisqu'ils sont toujours noyés sous les autres instruments, quand ils ne sont pas purement et simplement retirés du mix final comme ce pauvre Jason Newsted sur …And Justice for All. Mais heureusement, Bassinvaders est là pour sonner la révolte des 4-cordistes.
Et comment ? Avec une idée aussi simple que farfelue : proposer un album de metal… sans guitare ! Attention, cela reste quand même de vraies chansons, avec de la batterie et du chant, mais l'intégralité des riffs et des soli sont jouées à la basse. Pour oser concevoir un tel projet, il fallait bien quelqu'un d'un peu allumé, et on est donc à peine surpris de retrouver comme le chef de file et producteur le bassiste doux dingue d'Helloween, Markus Grosskopf. Pour constituer le noyau dur de son projet, il n'a pas hésité à rameuter plusieurs figures de cet instrument, avec Peavy Wagner (Rage), Schmier (Destruction) et Tom Angelripper (Sodom). On retrouve également, outre plusieurs batteurs et chanteurs, un nombre incroyable de guests venus taper le solo. Parmi eux, plusieurs représentants d'une colonie allemande décidément très fournie (citons entre autres Jens Becker de Grave Digger, Dirk Schlächter de Gamma Ray ou Tobias Exxel d'Edguy), mais aussi quelques grosses pointures mondiales comme Billy Sheehan qu'on ne présente plus, DD Verni (Overkill) ou Joey Vera (Armored Saint, Fates Warning). Voilà pour les présentations.
Visiblement, Grosskopf n'a pas voulu s'enfermer dans un style et nous offre au contraire une vision très élargie du metal, s'adaptant souvent à ses intervenants. On trouve donc du speed mélodique bien sûr ("We Live", "Boiling Blood"), mais aussi du heavy traditionnel ("Far Too Late"), du metal bien sombre ("Armageddon", "Razorblade Romance"), du thrash au sens large ("Godless Gods", "Dead From the Eyes Down"), du heavy mélodique aux frontières du hard FM ("Empty Memories") et même une power ballade à la Metallica ("Romance In Black", et son solo de shred à la basse). Il y a même une tentative doom malheureusement plutôt ratée ("Voices") et, en guise d'atterrissage en douceur, un vieux rock n' roll des familles en bonus track ("To Hell And Back") ! Copieux menu, n'est ce pas ? D'autant que contrairement aux craintes qu'on pouvait avoir au départ, on n'a que très rarement le sentiment d'avoir affaire à une démo. L'album sonne très pro, et finalement la guitare ne manque pas outre mesure. Bien sûr, le son est forcément grave, mais finalement pas beaucoup plus qu'un album de néo lambda. Quelle curieuse impression !
De plus, il faut reconnaître que les compos sont dans l'ensemble vraiment très bonnes. La première moitié est un véritable festival ! "Armageddon" est le 1er moment fort de l'album, sublimé par le chant sombre et rageur de Schmier, tout comme "Razorblade Romance" à la fin. Ce morceau navigue entre heavy metal et thrash avec un contraste pré-refrain speed / refrain plombé très efficace. Schmier nous ressort même ses vieux cris suraigus sortis tout droit des années 80 ! Peavy Wagner donne également, grâce à sa voix chaude, une très belle coloration à la ballade "Romance In Black" qu'on aurait bien vue sur un album de Rage. Quant à Angelripper, sa voix caverneuse fait merveille sur un "Godless Gods" qui part sur un tempo très lent avant de nous coller au mur avec une accélération à la Motörhead ! Dommage que sa deuxième intervention sur "Dead From the Eyes Down" soit plus anecdotique, la faute à un morceau speed mais manquant un peu de relief. Quant à la doublette "Empty Memories" et "Boiling Blood", il s'agit indéniablement du point culminant de l'album, le premier grâce à un refrain bien senti, le second grâce à une bonne humeur évidente qui fait évidemment penser à Helloween.
Même la reprise casse-gueule du célèbre "Eagle Fly Free", avec une prestation très honorable du chanteur de Firewind, passe comme une lettre à la Poste. Certes, le refrain est un peu aride et on sent un peu de triche sur le chorus où les basses sonnent très proches de guitares, mais le pari est remporté haut la main. Difficile d'évaluer le potentiel commercial d'un projet qui s'apparente au départ à un exercice de style, mais une chose est sure : l'album se révèle très agréable, et on regretterait presque que certaines compos ne figurent sur des albums « normaux ». Alors chapeau Herr Grosskopf, c'est tout un instrument qui vous remercie !