CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-King Diamond
(chant)
-Michael Denner
(guitare)
-Hank Shermann
(guitare)
-Timi "Grabber" Hansen
(basse)
-Kim Ruzz
(batterie)
TRACKLIST
1) Evil
2) Curse of the Pharaohs
3) Into the Coven
4) At the Sound of the Demon Bell
5) Black Funeral
6) Satan's Fall
7) Melissa
DISCOGRAPHIE
1983. Certains groupes fomentent la révoltent contre le heavy metal traditionnel, tel qu’il est joué par les Iron Maiden, Judas Priest et consorts. La fronde n’a pas encore éclaté mais elle pointe son nez : Venom sort Black Metal, Metallica Kill’Em All, et Slayer Show No Mercy. A côté des ces révolutionnaires, certains groupes perpétuent la tradition du heavy-metal bien fait. Avec leur premier album Melissa, les Danois de Mercyful Fate rendent leur hommage particulier aux ténébreux dieux de notre musique. Sans révolutionner le genre, cet album s’établira comme un classique du genre, cité par un certain nombre de groupes comme une influence. Et pourtant, Melissa ne propose, objectivement, rien de bien nouveau, même pour l’époque…
Ben oui quoi, côté musique, on a à faire à du heavy façon NWOBHM, ni plus ni moins. Et puis King Diamond : son maquillage a été pompé sur Kiss, son registre de voix suraigü a été plus ou moins déjà entendu du côté de Judas Priest ou Van Der Graaf Generator par exemple. Quant à l’ambiance satanico-occultiste, pas besoin de parler de Black Sabbath ou des débuts de Venom. Bref, pas de grande innovation. Melissa serait-il par conséquent un album surévalué que l’on cite pour montrer qu’on a une culture métal et qu’on n’est pas tombé de la dernière pluie ? Que nenni ! Car la combinaison de tous ces éléments assez classiques fonctionne à merveille. A la qualité musicale des compositions ("Curse of the Pharaohs" incarne peut-être à lui tout seul la définition du métal classique), s’ajoute l’ambiance malsaine créée par la voix en montagne russe du Roi Diamant, particulièrement efficace sur "Into the Coven" (et son intro assez similaire à celle qu’utilisera Metallica deux ans plus tard sur "Fight Fire With Fire").
Si l’album a peu de failles le point culminant est sans doute "Satan’s Fall", morceau de plus de onze minutes, le seul où les guitares oublient par moment le classicisme métallique (par moment seulement, parce que le final à la Maiden est aussi classique qu’excellent) et deviennent menaçantes ou même dissonantes, pour seconder parfaitement King Diamond dans son hommage particulier au malin, comme si le chanteur avait convaincu l’espace d’une chanson le reste du groupe de pratiquer une musique plus sombre. Au rang des faiblesses de l’album, on pourra citer la dernière chanson "Melissa", semi-ballade où la voix du King se fait plus larmoyante et ennuyeuse. La seconde lacune est clairement la durée de l’album, bien trop réduite, on peut penser que certains morceaux auraient pu doubler leur longueur sans qu’on se plaigne, étant donné la qualité des musiciens. D’aucuns regretteront peut-être également une production peu puissante en comparaison des standards actuels. Ce son un peu clairet fait néanmoins partie du charme de l’œuvre, clairement datée.
Par la qualité de sa musique et par l’impact du chant de sa figure emblématique, "Melissa" est peut-être bien le meilleur album de Mercyful Fate. Comme dans le cochon, tout (ou presque) y est bon, à l’inverse de l’opus suivant, Don’t Break the Oath, qui alternera compositions excellentes et passages plus moyens. Mis à part sur le morceau phare de l’album, on a tout de même la sensation que le vocaliste satanisant et les instrumentistes, bien plus classiques dans leur approche, ne sont pas sur la même longueur d’onde, et, même si ce contraste fait vraiment la force de l’album, la rupture (temporaire) du groupe quelques années plus tard ne surprendra pas outre-mesure le monde métallique.