Qu'il aurait été triste, passé la belle raclée du Hellfest, de rentrer tout bonnement à la casa et d'attendre sagement la rentrée en sirotant mojitos sur bloody mary, guettant en bons pantouflards la prochaine affiche convenable ?! Le Motocultor édition 2015 a eu de quoi nous préserver de cette angoisse. Le modeste festival né en 2007 à St Avé et qui avait alors accueilli un public exceptionnel de… 200 personnes, voit aujourd'hui sa guérite accueillir près de 22.500 entrées sur le site de St Nolff. Trois scènes, dont la toute nouvelle « Massey Ferguscene », inaugurée pour cette édition, 66 groupes sur trois jours, plus de 600 bénévoles (que nous saluons bien bas), des hectolitres de cidre breton et de bière (nous saluons tout autant), sans compter la pâte à crêpes (qui colle à la plaque).... le tout pour déverser death, stoner, trash, black, post metal, metal progressif, et même psyché sur nos petites têtes …. du noir à la lumière… du planant au virulent... du chiadé au comique … de la froideur à l'extase …. je passe, vous avez compris : de quoi se remplir le crâne, découvrir, ou juste se péter les cervicales. L'image flagrante d'une réussite donc ? Et pourtant, l'on sait que ce festival à dimension encore humaine et qui a tout pour séduire, qui progresse dans ses capacités d'accueil (même s'il reste encore du chemin à parcourir), et qui monte progressivement en puissance, est menacé d'extinction. Nous avons donc cédé à l'appel des sirènes et dépêché une équipe de fervents chroniqueurs sur place afin de vous rendre compte au plus près de la superbe affiche qui nous a été encore offerte cette année et illustrer le plaisir d'être là, à célébrer le metal que nous aimons tant, espérant qu'il en sera ainsi l'année prochaine encore.
Suivez donc maintenant Silverbard, Dommedag, MFF, Droom et Tabris, dans leur périple métallique breton, vous ne regretterez pas le voyage, même s'il ne fait pas toujours très chaud....
Motocultor édition 2015, c'est parti !... Arrivée le jeudi pour le camarade Dommedag devant subir d'entrée de jeu une première queue pour se mettre dans l’ambiance du festival (on y reviendra). Après une première nuit assez mouvementée (le camping est un peu comme la Colombie, mais sans aucune lutte contre les drogues qui y circulent), un temps bien breton s’abat sur les festivaliers le vendredi matin, les accompagnant dans une queue (encore) qui permettra à la plupart de rentrer une heure seulement après l’heure annoncée officiellement : juste assez de retard pour rater
Psykup... Enfin, si tout s’était déroulé normalement.
Pour Tabris, le festival commençait donc à 12h45 … Enfin, plutôt 13h45. Car oui, outre la queue à affronter et malgré un pass VIP glorieux en poche (on ne peux pas tout avoir !), un contre-temps fâcheux (ou plutôt temps contre nous, comme vous voulez) a bel et bien conduit à ce que ce fest débute avec un brin de retard et un petit changement dans le running-order. La Dave Mustage ayant subit les assauts sus mentionnés de Taranis, le set initial de
Psykup est reporté à un peu plus tard, le temps de déblayer le terrain.
Nesseria prend donc place sur la Supositor Stage pour ouvrir le bal des hostilités. Le set d'entrée de jeu est-il un état de grâce ou au contraire un rôle ingrat ? En ce début d'après-midi, premier jour de festival, il est clair que nous sommes encore loin de la masse compacte qui se pressera autour des scènes d'ici quelques heures, haranguant leurs idoles pour du son, de la puissance, de la passion ... Mais lorsque résonnent les premières notes, un petit frisson de plaisir vient malgré tout chatouiller les corps engourdis par la route (ou la nuit passée au camping), échaudés par l'attente, que dis-je ? L'impatience ! Grisés somme toute par l'arrivée en «
terres familières et accueillantes ». L'appréhension de la claque de bonheur que nous allons prendre à répétition durant les trois jours à venir est déjà perceptible. On est là. Au Motocultor. Et les premières notes, quelles quelles soient, sonnent le ton juste : c'est la bonne place, le bon moment pour en prendre plein les sens, comme on s'attend à en prendre ! Nous sommes prêts à voir et à entendre tout ce qui va se produire. Puis, me direz vous, un metal chaotique et nerveux est déjà un accueil de bon goût, non ?
C'est en tout les cas la corde jouée par
Nesseria qui va s'employer à nous délivrer une belle dose de colère, «
contrôlée » certes, diraient certains, mais dynamisante cependant. Ça fleure bon une fougue rageuse sur scène et on se prend vite au jeu de taper du pied, de bouger et de saluer les artistes dans leur lancée, trop heureux que nous sommes de laisser ces premières notes nous titiller. Plaisante place donc, peut être pas pour y demeurer ad aeternam, ni devenir fou dingue, mais le coup de punch et lancé et la fête peut commencer ! Même analyse pour l'ami Dommedag, estimant qu'avec leur hardcore bien violent et dissonant - mais sachant se calmer quand il le faut - les Français ont lancé le festival en beauté. Même le son n’est pas trop mauvais, avec des guitares masquées légèrement par la basse à certains moments toutefois, bien que cela ne gâche en rien une prestation tout à fait honnête. Les ralentissements sont vraiment la meilleure partie de ce que peuvent offrir les Français en live, avec un côté hypnotique dans les dissonances de guitare. Les festivaliers, encore timides, et arrosés par la pluie battante ne se montrent peut être pas encore très réactifs, ceci n’empêchant pourtant pas le groupe de manifester un contentement compréhensible devant une affluence correcte, malgré les soucis de queue.
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Pendant ce temps là, Silverbard est allé faire une visite de la toute nouvelle Massey Ferguscene pour rentre hommage aux autochtones de
Belenos. Mais, première surprise, la troisième scène, grand bouleversement annoncé de ce cru 2015, n'était-elle pas censé être une tente ? Regardons à nouveau le plan déjà tout humide conservé dans notre poche... Mais si, que s'est-il donc passé ? Au détour d'une conversation, on apprend qu'avec les intempéries, les orgas n'ont tout simplement pas.... pu monter la tente ! Voilà, n'allez pas chercher plus loin, bienvenue au Motocultor. Cependant, pas de drame non plus. On aurait aimé un peu plus de pénombre pour
Belenos, mais on se réjouit tout de même du bon son qu'offre la scène et qu'elle continuera d'offrir pendant tout le festival - bénéficiant sans aucun doute de la meilleure sono des trois. Mais revenons à nos Bretons ! Pas vraiment d'évolution depuis leur passage il y a deux ans, leur black metal de bonne facture aux accents régionaux arrive sans difficulté à faire bon écho dans l'audience. "Morfondu" ou "L'Enfer Froid", classiques parmi les classiques du groupe, permettront même de commencer à bien s'échauffer les cervicales pour le reste de la journée !
Retour à la Supositor Stage pour rejoindre Tabris.
«
C'est un discours peut-être de hippie, mais ça veut dire quelque chose ». La phrase synthétise vite fait l'image que veulent donner les trois français originaires de Laval : B, D et T. Ahh, mais pardon. Nous parlons en fait de
Birds In Row. Trois gars, mais une seule égide : le groupe. Un discours rapide entre les morceaux, avec l'excuse de la simplicité et point de latitude pour philosopher,
Birds in Row est là pour délivrer avec sincérité ses titres de punk hardcore comme autant de messages évidents, dans l'idée de les rendre plus percussifs que n'importe quel discours.
You Me And The Violence. Voilà leur trame pour nous parler. Les «
oiseaux qui volent de concert » distillent donc ici une rage qui ne se veut pas haine. Offrent une dynamique qui fait du bien. Montrent leur envie. Une image unique, celle du groupe soudé (et l'on se plait à le croire lorsqu'on observe les membres se mouvoir sur scène, différents et à la fois presque semblables de façon bluffante) ; et derrière cette égide ? Des idées, des réflexions, une envie de montrer du doigt, de percuter. La musique comme vecteur qui secoue les sens, ne serait-ce qu'un instant s'il s'en faut, mais de manière efficace, au moins d’apparence. L'idée est là et le résultat l'est aussi. Le groupe parvient à entraîner l'intérêt et l'enthousiasme dans son sillage. Joie de se faire secouer le cocotier !
Tenté par ce félon de Droom qui a cité
Céleste, Dommedag est également allé voir par curiosité le trio. Au bilan, un set assez intéressant, même si le côté black qui fait tout le travail pour
Céleste était ici absent. Un groupe très dynamique sur scène, bien que les interactions avec le public aient été assez limitées. Le screamo/hardcore de la formation aura suscité bien plus de réactions positives que négatives, sans grande surprise, car loin des clichés du chanteur à mèche et de ses couplets à chant clair mielleux. Par contre, on serait assez content que celui-ci communique moins, surtout pour déblatérer des discours type «
les petites fleurs et les oiseaux, la tolérance, on emmerde les fachos, ouais ouais, le monde des Bisounours ». Désaccord donc de perception sur ce dernier point entre nos deux reporters... Mais restons donc avec Dommedag nous dire quelques mots des «
grindeux » de
Gutalax...
Ou pas ! Les Tchèques ne pouvant pas jouer suite à un problème de van, ce qui les force à être décalés au dimanche !
C’est donc
Psykup qui prend place avec deux heures de retard, sans que davantage de précisions aient été données sur le moment... Jugement sans appel, le metal barré des Français avec des touches de néo est juste parfait pour le live, et l’humour dont fait preuve la formation entre les morceaux ne gâche évidemment rien. Le plus amusant était de voir les gens commencer à headbanger sur un passage assez lourd, immédiatement coupé par un interlude atmosphérique, et d’observer ensuite les airs surpris. Et que dire de «
"For Whom The Bell Tolls", la reprise de Mötorhead » annoncée, qui sonnait quand même beaucoup comme du
System Of A Down, ou de la jeune femme qui se baladait tranquillement torse-nu dans la fosse (si tu me lis, «
you’re da real MVP ») ? Une ambiance assez festive donc, qui correspond bien à la musique et à l’enthousiasme du groupe, et qui aura constitué un vrai premier échauffement.
Retrouvons Tabris ayant suivi le mouvement et qui continue de naviguer sur son petit nuage de bonheur (et qui est là en grande partie pour ça !). La Dave Mustage ayant accessoirement retrouvé sa prestance suite aux assaut du sus-nommé dieu de l'Humide Emmerdement - merci en passant au staff pour son efficacité à lutter contre les éléments - le set tant attendu de
Psykup peut enfin démarrer pour elle également, impatiente de découvrir enfin en live l'authentique «
Autruche core » de nos Toulousains, l'album
L'Ombre et la Proie, bien campé à l'esprit ! Aucune déception à entrevoir pour elle lors du voyage que nous offrent ces larrons en / de foire ! Belle folie attendue ? Belle folie servie. Les compères se meuvent sur scène avec énergie, on les retrouve là où on les attend, mais sans jamais pour autant les sentir plaquer une redite facile sur leur set ! Se révèle déjà ici l'une des grandes qualité de ce festival édition 2015 : la sincérité et l'entrain de la grande majorité des artistes qui vont se produire sur scène. Point de détachement ne se ferra sentir ici, bien au contraire. Une envie de partager, de se frotter à la foule, de lui donner réalité, en bref, une belle implication des musiciens vers un public qui se prête avec excitation au jeu. On les verra donc tantôt les yeux révulsés, agrippés à leurs instruments, offrant la musique avec passion, tantôt délirants avec la foule. Un balai constant entre concentration et rires. «
On ne sait jamais »... Et si, là on savait, mais c'est terriblement bon de le constater bel et bien.
On retourne avec le jeune Dommedag qui se décale de quelques pas pour
Ancient Rites, assez curieux de voir ce que pouvait donner ce groupe relativement ancien
(NdlR : HAHA - pardon...) et méconnu. Eh bien, ce fut une bonne surprise, avec un set énergique, avec un son correct encore une fois. L’absence de bassiste était surprenante, même si des samples faisaient le travail, sans qu’une grande différence soit audible. En dehors de ça, une setlist assez prévisible, avec un accent mis à fond sur le côté viking / meloblack épique de la formation, au détriment d’un passé black metal qui semble bien révolu. Un frontman communicatif également, qui parlera durant tout le set dans la langue de Molière, ce qui fait toujours plaisir. En revanche, le son ne suivra pas forcément, avec des guitares bien souvent à la ramasse par rapport à la basse et à la batterie, émergeant de temps en temps sur les passages les plus aigus, dommage. Le chant en revanche fut parfaitement assuré, avec des interventions en voix claire ne se vautrant pas lamentablement dans la fausseté, chose arrivant parfois lors du passage de l’album au live.
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Mais l'attraction des festivaliers sera plutôt à chercher du côté de la Massey Ferguscene avec
Mars Red Sky... Droom au rapport ! La nouvelle scène du Motocultor - au nom glorieux inspiré d'une marque d'engins agricoles – verra défiler tout au long du week-end les groupes de stoner et autres musiques bourdonnantes de passage au festival (notamment avec
Orange Goblin,
Dopethrone ou
My Sleeping Karma). Le premier de sa liste étant donc
Mars Red Sky,
petit groupe bien de chez nous ayant le vent en poupe ces dernières années. Comme c'était prévisible pour quiconque ayant déjà assisté à un concert des Bordelais,
Mars Red Sky aura, toutes chemises à carreaux comprises, fait vibrer la corde la plus psychédélique des festivaliers. Les membres du groupes jouant la carte de la simplicité : ici, pas de grands discours – place aux actes ! Les basses énormes et les riffs aussi chauds qu'apathiques emplissent le fond du site et atteignent sans mal le chapiteau servant finalement de bar et non de troisième scène. Le son est au passage modifié par un dédale de pédales, reliées à davantage de pédales, ainsi qu'à d'autres pédales. Le concert s'écoule avec fluidité, comme le sable dans le sablier et semble captiver un public souvent curieux. «
Ce riff, là, mon pote, c'est la base du riff – écoute un peu ! » aura t-on pu entendre de la part de son voisin, tentant sans trop de mal de convaincre son camarade que "Way To Rome" constitue l'essence même du stoner ! On ne peut qu'approuver. Les membres de la formation sont visiblement à leur aise devant ce public pourtant friand de musiques extrêmes. Un échange de bons procédés en quelques sorte, qui signe un concert de qualité. Nul doute que
Mars Red Sky aura su plaire à nombre de curieux, comme ils avaient auparavant su le faire avec Droom lors de leur passage en première partie de
Earth il y a quelques années de cela. Un set sans grandes surprises et plutôt sage, mais définitivement pas mauvais du tout.
Inconnus à son répertoire, Tabris, présente également sur ce set, va quant à elle, s'offrir la joie évidente de la découverte exaltante ! Joie oh combien aisée en festival d'ailleurs, puisqu'il suffit de laisser nos pas nous guider vers la scène et de voir ce qu'il va se passer, quitte à changer de place en cas de déception. Après tout, l'esprit est déjà ouvert, préparé à l'avance pour se laisser porter par l'inconnu qui prend place sur les planches ?! Mais lorsque démarre un set comme celui de
Mars Red Sky, avec ce superbe "Marble Sky", les choses sont claires, évidentes : on ne se déplace pas pour aller voir ailleurs ! Oh, stoner, prends moi par les sentiments, enflamme moi de ton feu vaudou, fais moi l'amour dans l'herbe (ou ce qu'il en reste, Taranis ayant tout de même un rien détrempé les lieux avec sa fichue lessive !). Est-ce vraiment la scène que l'on observe ? Le sait-on encore ? Une voix vient pour charmer, aucun doute là dessus, puis c'est la conscience d'un son dense, riche et lourd, mais aussi étrangement vagabond qui prête à rêver. Est-ce ce titre, "The Light Beyond" ? Oui, sans erreur. Une odeur d'herbe (- sourire -) et de poussière imaginaire emplit l'air, mais pas suffocante, bien au contraire, agréable... Une atmosphère à la fois chaude et mélancolique, délicieuse... Notre chroniqueuse adorée «
part » sur les ondes sonores, une première fois durant ce festival. Ce ne sera pas l'unique fois....
Les aléas de la programmation ont permis aux jeunes Cannois de
Heart Attack de faire partie des chanceux qui ont pu jouer sans concurrence sur la Dave Mustage – un peu plus tard dans la soirée, il faudra choisir entre
Sick of it All et
Pentagram, choix cornélien... Une aubaine pour cette formation qui va pouvoir défendre devant une jauge potentiellement maximale son unique album paru à ce jour,
Stop Pretending, qui date tout de même de 2013 – celui des Lavallois de
Birds in Row (le furieux
You, me and the Violence) remontant à 2012, on se dit que certains gangs français ne doivent que modérément apprécier les sessions studio. De fait, le thrash de
Heart Attack se révèle percutant sur scène, à défaut d'être follement original puisque très classique dans l'inspiration. Le tempo est constamment élevé, le son abrasif, mais pas trop brouillon malgré un chant un peu en retrait et la rythmique bétonne. La belle énergie du bassiste à dreadlocks parvient à compenser l'absence de Flora, la jeune demoiselle qui officiait sur l'album – ceux qui espérait voir évoluer un représentant du beau sexe sur une scène metal en sont une nouvelle fois pour leur frais. Des filles, il y en a cependant dans le public et le guitariste-chanteur des
Sticky Boys qui enchaînent sur la Massey Ferguscène les a repérées.
MFF, en bon «
ancien » se devait d'assister à la prestation de
Sticky Boys et, comme
Birds in Row (oui, on aime bien les citer), ils ont participé au Hellfest avant de fouler les terres morbihannaises, ce que le très loquace Alex Kourelis ne manque pas de souligner entre deux couplets. Il n'hésitera pas d'ailleurs à conditionner – longuement - l'assistance afin qu'elle pousse un cri censé faire frémir les plants de muscadet du côté de Clisson à 136, 20 kilomètres de là. Sans doute conscient que le répertoire très très influencé AC/DC risque de lasser à force de riffs consanguins et de mid tempo invariable, le leader ventripotent n'aura de cesse d'haranguer la foule, en jouant sur une connivence de manière un peu appuyée, mais visiblement sincère et avec une confondante décontraction. Son compère Jean-Baptiste Chesnot se démène comme un beau diable et secoue ses belles bouclettes en cadence - ses lignes de basse assez basiques (qui a dit monotones?) lui laissant tout loisir pour peaufiner son jeu de scène fondé essentiellement sur des moulinets de cheveux parfaitement synchronisés avec ceux de son collègue à six-cordes. Le concert se termine comme il a commencé : avec un riff hard boogie exécuté sur un rythme conçu pour secouer des nuques, des hanches et des fessiers. Kourelis en profite pour rendre un hommage conjoint aux enfants présents dans le public - «
l'avenir du metal » - et aux filles prêtes à montrer leurs seins : malgré la température peu favorable aux effeuillages spontanés, deux d'entre elles répondront favorablement à l'appel du guitariste, dont une rousse joviale arborant un très joli tatouage en forme de clé de sol sur l'épaule – rien que pour avoir permis de l'admirer, merci les
Sticky Boys.
On continue le festival avec Droom qui rejoint la scène principale pour
Rise of the Northstar ! Dire que le groupe semblait attendu serait un vain euphémisme ! Un peu partout sur le site apparaissent les sigles ROTN : casquettes, t-shirt, sweat... Le phénomène n'est pas sans rappeler la hype autour de
Regarde Les Hommes Tomber, qui avait littéralement envahi l'édition 2013 du festival ! Là encore, c'est d'un groupe tout nouveau tout beau dont il s'agit, français qui plus est, et à la réputation scénique déjà bien enracinée. Alors quoi, cette réputation : du vent ? Pas le moins du monde ! Sur scène,
Rise of the Northstar apparaît comme l'évolution aux hormones d'un bon vieux
Pleymo des familles. Visuellement, ROTN se pose quelque part entre New-York et Tokyo, sans trop vouloir choisir son camp. Le chanteur arrive en béquille ? Qu'à cela ne tienne ! Voilà une occasion idéale pour lancer un défi au public, qui n'en attend pas moins : «
Plus vous bougerez, moins j'utiliserai ça (*levant la béquille ciel*), deal ? » Le message ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd ! Le public s'excite – pogo, slam, ce qu'on veut – bien vite (dès le premier riff, et jusqu'au dernier, pour être honnête) et restera au même niveau d'intensité pendant l'intégralité du set !
Certes, tout ceci semble clairement bas du front ; certes, le true metal est bien loin : qu'importe ! Cette performance aura remporté l'approbation de tous les participants et il est plus que probable que le groupe soit ressorti ravi de la prestation de son public. Pour une première rencontre, c'en est une belle pour Droom, qui ressort de cette fosse épuisé comme jamais. Un bémol toutefois : l'immense file d'attente pour rentrer sur le site alors que commençait le set du groupe des «
Frenchies » en baggy. A croire que l'ensemble du camping ait décidé d'un même élan de retourner s'éclater au même moment. Heureusement, ce sera l'unique fois (avec l'arrivée initiale sur le site) qu'une telle file sera constatée au niveau de l'entrée (ouiiii, on sait : c'était aussi le bazar pour se restaurer !). Un point noir, qui ne sanctionne toutefois que ceux qui ne prévoient pas leur planning avec un peu d'avance. L'organisation d'un festival vient également de l'organisation des festivaliers eux-mêmes ! Ronchonneurs de tous bords, merci de ne pas l'oublier.
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Dave Mustage, en compagnie de Tabris, toujours un brin dans l’effervescence et pour cause : lorsqu'elle a pris connaissance de l'affiche du Motocultor, il est un premier nom qui lui a d'emblée percuté l'esprit... Un groupe qui peut vous embarquer très loin dans des contrées neigeuses et solitaires, plongés dans une mélancolie rêveuse qui ne semble vous parler qu'intimement, à vous seuls, ou presque... un état de transe merveilleux de part sa richesse émotionnelle, plaquée sur des émotions qui vous sont propres, jusqu'à ce que l'on s'en détache et qu'on admire avec un juste recul, enfin, le réel talent et la passion des artistes …. Un nom qui ne ferra jamais hésiter notre reporter, ne serait-ce qu'une seule seconde :
Sólstafir. Serait-ce pour cet "Ótta" dont les accords de banjo ont le don de parcourir l'échine d'un terrible frisson ? Pour Aðalbjörn Tryggvason qui semble conter des histoires douces ou tragiques à fendre l'âme de son timbre atypique, sur des plages sonores qui ressemblent au sang qui pulse dans les veines ? Encore tout simplement de voir, voir une personne tenant le micro se mêler à la foule, agripper des mains au passage, comme on essaye de se rapprocher plus près des autres une fraction de secondes ? L'émotion est là, à n'en point douter, elle noue la gorge, mord et fait plaisir dans le même instant...
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On quitte cependant l'état d'extase pour retrouver un Dommedag assez énervé... Ce concert aurait pu être excellent. Le groupe l’était, avec une attitude correspondant au style pratiqué, et un coucher de soleil agrémentant le tout de la meilleure façon possible. Le son aussi. Le public, presque entièrement acquis à la cause de la formation. Pas les gens à côté de lui, qui ont préféré jacasser et se taper dessus durant tout le set, ou se moquer du chanteur pour les poses qu’il prenait. Visiblement, ce n’est pas évident pour tout un chacun, donc on va le redire : SI VOUS N’ÊTES PAS INTÉRESSÉS, N’Y ALLEZ PAS, ET NE GÂCHEZ PAS L’EXPÉRIENCE DES AUTRES. Bref, en espérant juste qu’une meilleure occasion se présentera à l’avenir...
En quête de violence pour faire passer sa rage de concert gâché, Dommedag file fissa sur la scène voisine pour
Aborted ! Pogo, slams, brutal, content ! Sans grande surprise, la fosse a coopéré sans discuter aux ordres d’un Sven bien remonté et en grande forme vocalement. Le reste du groupe n’était pas non plus en reste, dégageant l’énergie que tout un chacun pouvait attendre au vu du genre pratiqué. Au niveau de la setlist, le groupe fait le bon choix, en envoyant les deux morceaux les plus efficaces du très correct
Necrotic Manifesto : le titre éponyme et "Coffin Upon Coffin", sans oublier les classiques de "Goremageddon", et même, de façon plus surprenante, la bien plus lente "Endstille" de
Global Flatline, faisant à chaque fois mouche. Ce même Sven parviendra également à lancer un circle pit autour de la régie sonore, ajoutant encore à l’ambiance d’une fosse déjà comblée.
Retour à MFF, pour un groupe dépêché moins d'une semaine avant le début du festival, pour pallier l'un des traditionnels forfaits de dernière minute : le trio du Sussex
Admiral Sir Cloudesley Shovell investit la pimpante Massey Ferguscene baignée d'un inespéré soleil vespéral. Étant donnée la faible notoriété du groupe dans l'Hexagone, l'affluence est plutôt timide, mais les curieux qui ne veulent pas se faire démonter les cervicales par les méchants
Aborted sur la scène principale, dodelinent volontiers de la tête au son très hard rock graisseux inspiré du début des seventies. En effet, les Britanniques la jouent revival à fond, look compris - pattes d'eph ', rouflaquettes et vestes en jean – et déroulent un répertoire hard blues psyché dans la ligne des brillants seconds couteaux de l'époque, style
Leaf Hound et
Granicus. Si les compositions ont tendance à se ressembler un peu, elles sont sauvées par une interprétation aussi vigoureuse qu'irréprochable. Petit bémol néanmoins sur le chant, peu mis en valeur, et qui semble être un peu le maillon faible de cette sympathique formation qui donne surtout l'impression de s'éclater lorsqu'elle fait péter les guitares. Rien de bien original, c'est certain, mais plutôt agréable.
On retrouve Tabris devant la grande scène pour
Finntroll et qui.. et bien non, ne va pas parler musique pour le coup, mais rappeler les origines et les joies du... pogo ! Le pogo, cette danse (car oui, c'en est une) au cours de laquelle, les danseurs sautent de façon désordonnée, de haut en bas et en se bousculant. Ce pogo tirant son nom de sa ressemblance à l'utilisation du pogo stick, en particulier dans la version commune de la danse, où le danseur maintient son torse raide, les bras rigides et les jambes rapprochées, aurait, parait-il, été initié par Sid Viscious, qui en fait sautait en l'air pour mieux voir le devant de la scène lors de concerts auxquels il assistait. Voilà pour le rappel historique pour ceux du fond. Notre chroniqueuse n'a donc pas franchement prêté grande attention à la musique délivrée sur la Dave Mustage en ces heures, si ce n'est, comme d'ailleurs une grosse partie de la foule massée au centre de l'arène (disons-le ainsi) en cet instant, que pour servir de vecteur à un moment de gros défoulement !
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Le support était en effet idéal pour ce moment de folklore métallique. La rythmique ayant de quoi faire bouillir les veines et ne donner qu'une envie : foncer copieusement dans le tas. Il est parfois plaisant de se faire marcher sur les pieds, sans être maso, voir se laisser porter par des mains étrangères pour se retrouver dans les bras sympathiques du staff. Et pourquoi ne pas le souligner ? Ceci permet d'ailleurs de faire une incartade pour mettre en valeur l'esprit des festivaliers : point de manchette sadique, si l'un s'écroule au sol, chacun s'écarte et l'aide à se relever avant de se lancer à nouveau dans l'assaut, et des sourires barrant les tronches de tout côté... Cette image faussement bourrine, mais réellement sincère, s'est répercutée en bien des occasions durant le festival, de quoi lever quelques derniers à-priori (toujours pour ceux du fond qui n'osent pas venir devant). Sur scène, nos musiciens aux belles oreilles pointues ne devaient sans doute pas bouder leur plaisir à nous voir, nous, nous donner en si virulent spectacle !
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Au tour de
Pentagram raconté sous la plume de Dommedag. Totalement inconnu au bataillon, en dehors du nom, le groupe présentait un gros contraste entre son chanteur et le reste de ses membres, celui-ci tenant du papy grisonnant alors que les autres sont encore bien verts. Sur scène, c’était ce qu’il devait falloir à pas mal de monde à ce moment : quelque chose de plus soft, mais tout de même énergique ; et le doom trad' à fortes influences rock’n’roll des Anglais convenait parfaitement. Même si le vocaliste avait parfois quelques difficultés, la prestance des autres musiciens aura largement compensé pour lui, donnant un set carré et énergique, illuminé par des solos complètement fous. Et bien que certains membres du public n’aient pas hésité à aller voir ailleurs ; faire la queue pour une crêpe ou un sandwich merguez / fromage / oignons à 7€50, lors d’un premier soir où rien n’était encore indiqué au point restauration, par exemple, ceux qui sont restés ne furent sûrement pas déçus par ce véritable grand ancien du doom.
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Étrangement,
Eluveitie semble diviser. Autour de Droom, les commentaires fusent :
Eluveitie est tour à tour un excellent groupe live (avis derrière lequel votre rédacteur se range) ou un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en folk (avis qu'il convient de cordialement renvoyer à
Finntroll, malgré sa très honnête prestation – v. supra). Visiblement, avec les Suisses, ça passe ou ça casse – et le souvenir de l'édition 2013 du festival est encore bon et chaud dans nos mémoires pour nous indiquer que ça devrait passer, une fois encore et quoiqu'en pense la doxa. Quid de la cuvée 2015 d'
Eluveitie au Motocultor ? Eh bien... nous retiendrons un set carré, puissant et efficace. Sur tout ces points, il n'y a rien à dire. Les nombreux musiciens présents sur scène s'amusent, le public présent en redemande et c'est la fête du folk à tendance mélodeath (deux genres qui passent particulièrement bien l'épreuve de la scène).
Le bémol vient - et c'était prévisible - de ce que le show est très semblable à celui de l'édition 2013 (comment en blâmer le groupe ? -
Angelus Apatrida connaîtra le même «
reproche » - efficace certes, mais rien ne remplace la surprise d'une première rencontre). Parmi les nouveautés, la présentation sympathique, bien que totalement gnangnan d'un morceau interprété dans la langue de Voltaire, à savoir "L'Appel des Montagnes". Là encore, ça passe ou ça casse, mais l'intention est là. Du reste: bonne ambiance, bonne prestation, son correct, setlist efficace ("Inis Mona" aka "Le loup, le Renard et la Belette", en final, fait toujours son petit effet au sein de la foule, qui plus est en Bretagne). Un bon concert de ce festival, à n'en pas douter. Il est temps de se diriger vers
Triptykon, et rapidement s'il-vous-plait ! Le MotoCULT(E)or porte, pour le coup, bien son nom.
Triptykon donc
! Tom G. Warrior ! Enfin ! Mais qu'en dire ? Une énorme attente, n'est-ce pas ? Un projet culte, oscillant au croisement de nombreuses influences, né des cendres d'un
Celtic Frost lui-même culte depuis bien longtemps. La bête monte sur scène et avant toute autre chose, c'est Tom G. Warrior qui attire inévitablement à lui toute l'attention. Bonnet noir de rigueur, peinture noire autour des yeux, noir, noir, noir – le musicien est un trou noir dans lequel viennent se perdre à la fois la lumière et l'attention du public. Même les mots d'esprits de notre homme, sont noirs : «
Nous sommes Triptykon. Nous venons rétablir l'honneur de la Suisse, qui a été assassiné sur l'autre scène » (
Eluveitie vient en effet de terminer son set à l'instant même sur le fameux "Inis Mona" – le ton de la blague est cinglant, corrosif : un régal.). D'une manière générale, le noir domine ce concert. La nuit semble définitivement tombée, tout comme la température sur le site et l'énergie de Droom. Accroché aux barrières, il faut pourtant tenir. Lumière dans la pénombre, la jeune et jolie bassiste pourrait être la fille du Warrior - elle constitue une raison pour ne pas s'endormir.
Car l'idée d'assister au meilleur concert du jour tourne court. La setlist tourne sur des morceaux relativement rapides - une cuillère d'
Hellhammer par ici et une louche de
Celtic Frost par là. Les morceaux, si véloces soit-il pour le groupe, ne le sont jamais assez pour redonner de l'énergie dans ce froid de plus en plus compact ; faute de ralentir véritablement le rythme (exclusion faite de la conclusion du concert), aucune ambiance véritable ne parvient à s'installer, ce qui fait cruellement défaut à la prestation de ce soir. Musicalement, tout se tient. Physiquement, la présence des musiciens est bonne – quoiqu'un peu trop statique et austère. La sauce ne prend pas pour autant et
Triptykon s'avère l'une des déception de ce festival pour l'ami Droom. Peut-être la seule véritable déception, à vrai dire.
Triptykon sera à revoir en salle, avec une autre setlist, et un froid légèrement moins présent.
Pourtant, avant le début du concert, Droom et Dommedag pariaient sur le premier mot qui serait prononcé par Fischer : regard de connivence, et les deux reporters optaient modestement pour le «
UGH » traditionnel du Monsieur. Entrée en scène, début de set, et, de façon très surprenante… bingo ! Pour Dommedag, même constat du concert: une setlist assez rapide, mais qui dispensait tout de même la chape de plomb réglementaire, comme on pouvait s’y attendre pour un festival. De son côté, le seul regret vient du fait qu’aucun morceau du
Celtic Frost de
Monotheist n’aura été joué, alors qu’il serait sûrement un des moments forts du concert. Autrement, tout était bien carré, avec un son impeccable, grinçant à souhait, et des musiciens impliqués, même si la bassiste reste assez en retrait par rapport aux deux autres, et que son chant n’est pas du tout exploité. Pas de morceau réellement doom dans la setlist, donc, plutôt orientée sur les morceaux les plus frontaux : ainsi, les quelques ralentissements présent ont peiné à créer une ambiance, malheureusement, alors que le groupe jouait de nuit. Cela-dit, même en temps que brutes, les Helvètes savent se débrouiller, bien que ce ne soit pas leur meilleur registre, et le concert laissa une impression positive à la plupart du public.
La fin du set arrivant, l'option est simple : s'en retourner dormir ou bien jeter ses dernières forces au cœur de la fosse d'un
Little Big déjanté en priant pour en sortir vivant. Cette dernière option emporte les suffrages.
Little Big est un OVNI «
made in russia » qu'il convient de ne pas rater. Cette personne de petite taille est par rapport tout à fait jolie, il faut bien l'avouer :
Little Big – Créateur de Fantasme Nanique. Dommedag de son côté également assez fatigué, n’a maté que deux morceaux avant de retourner au camp. Et ce n’était pas terrible : impossible de retrouver la folie de leurs clips, sachant que seul le blond et les naines étaient présents, et que le morceau de prestation vu était très, et même trop, fidèle aux versions de l’album...