Honneur à Droom de lancer les jeux de cette seconde journée - cette fois-ci avec les faveurs d'un radieux soleil frappant la Dave Mustage dès l'aurore (
NdlR : donc passé midi ...) - et de nous conter
Angelus Apatrida. C'est d'abord et avant tout un souvenir : celui de l'un des meilleurs concerts de l'édition 2013 du Motocultor. Le groupe – qui était alors une découverte scénique pour le camarade Droom - avait su jouer rapidement, précisément, et faire monter le sang dans les yeux du public. Le thrash comme on le préfère, c'est en conditions live, entouré de jeunes gens secs comme des branches et prêts à en découdre en toute fraternité. Quid de la cuvée 2015 de ce même Ange Apatride dans le cadre de ce même Motocultor ? Identique, mon colonel ! Objectivement, les espagnols assurent et emportent l'adhésion facile de la foule, qui ne cesse de courir dans tous les sens que lui permet la fosse (c'est à dire : littéralement dans tous les sens). Le nouvel album –
Hidden Evolution – ne semble en revanche pas avoir apporté de nouvelles tueries live. Fort heureusement, les extraits issus de
The Call ("You Are Next", "Violent Dawn") remplissent très bien leur office, à savoir fournir une dose d'énergie brute et intense aux festivaliers.
Angelus Apatrida se découvre une nouvelle fois basique, véloce et tranchant, et confirme au passage son statut de groupe de scène (au demeurant, un peu plus quelconque sur disques, il faut bien se l'avouer).
Subjectivement, en revanche, il est possible d'être, peut-être pas déçu, mais moins surpris dirons-nous. Le concert est très semblable à celui de l'édition 2013. Rien de plus normal à vrai dire et Droom s'est fait une réflexion similaire la veille, pour un petit groupe nommé
Eluveitie. C'est en fin de set que survient l'élément différenciant. Car voyez-vous, le line-up de l'édition 2015 du Motoc' est bourrée ras l'affiche de formations venant d'outre-Pyrénées. C'est ainsi que le sympathique groupe
Crisix partage le final du live d'
Angelus Apatrida sur un "Domination" (oui oui, ce "Domination"-là : celui de
Pantera) qu'il fait bon entendre raisonner sur le site de Kerboulard. Pour résumer les choses aussi simplement que le thrash résume la musique : très bon concert, marqué du seau de la fureur et de la bonne humeur. Un de plus ! Pour l'anecdote, il est bon de noter que, comme la dernière fois, les membres du groupe sont restés sur le site, allant voir les concerts et se montrant potentiellement abordables à tous ! Sympathique ! Les mecs, on se revoit en 2017, si on comprend bien !
Rejoignons à présent le périple de notre compère Dommedag.
Abysse, pour commencer : encore des inconnus qui eux, jouent du post-metal, teinté de sludge. Malheureusement, la musique de ce groupe semble mieux fonctionner de nuit et notre reporter a de fait beaucoup de mal à rentrer dans un set qu'il reconnait comme étant pourtant bien mené. Des musiciens contents d’être là, mais pas pour autant communicatifs, ne produiront pas une grande impression sur un public émergeant à peine des excès de la nuit passée. Qu'à cela ne tienne, offrons nous une petite promenade de santé vers la Massey Ferguscene pour le set de
Bliss Of Flesh : encore un peu de brutalité pour la route ? Le black/death des Français tient très bien la route sur scène, bien qu’un public un peu timide ne suive pas réellement les invectives du chanteur. Comme pour
Ancient Rites, le son des guitares est assez brouillon, rendant les titres difficilement reconnaissables par moment. La fin du set permet de voir le chanteur faire une jolie démonstration de cracheur de feu, petite plus-value amusante, mais qui n’empêche pas les problèmes de son de laisser un léger goût de déception. Et comme on n'en a jamais assez, place à
Avulsed !
Le nom d'
Avulsed suggère alors pour la suite un death classique, avec des pogos classiques et quelques slams. Pour la partie death classique, elle est bien là : blasts sur fond de riffs. Par contre la fosse… euh… ben… les pogos commencent, puis viennent les travestis, le mec nu sous un imperméable ouvert, et les zouaves avec drapeaux de la Palestine et d’Israël qui se courent après avec des pistolets à eau en hurlant «
Bukkake sur la Mosquée »… Très énergiques tout au long du concert, les musiciens n’hésitent pas à en tirer parti, entraînant tout le monde pour un Wall of Death qui donne lieu à une vision très amusante : alors que les deux parties de la fosse sont en position, un énergumène arrive armé d’une chaise pliante et s’assied tranquillement au milieu de la fosse ouverte en faisant un grand sourire au groupe. Un bien bon moment, et même si le death du groupe ne bénéficie pas du «
sérieux » qu’il devrait susciter, la fosse déjantée compense largement en ne tombant pas dans le piège de la demi-mesure. Passablement fatigué par ce set, notre Dommedag tente tout de même de mater
Glorior Belli. Leur prestation ne l'enthousiasme cependant pas et à première vue, les autres festivaliers non plus, ces derniers se contentant d’applaudir syndicalement à la fin de chaque titre. Le black/stoner des Français ne fonctionne pas réellement pour le coup, même si le son n’est pas trop mauvais et que le soleil de plomb aurait dû transcender leur musique.
Retrouvons ensuite MFF, qui enchaîne sur trois concerts sans temps mort : vingt-quatre heures après
Heart Attack, c'est à nouveau un groupe français – de Région Parisienne cette fois – qui investit la Dave Mustage sans adversaire à 17h40 avec un unique enregistrement au compteur, un EP cinq titres sorti en 2014 sous le titre
First Gear. Les organisateurs du Motocultor confirment ainsi leur volonté de faire découvrir des formations hexagonales arrivées récemment dans le circuit afin de les exposer à un public étoffé qui ne peut pas faire autrement que les écouter, puisque le son se propage dans toute l'enceinte du festival.
Sans que la foule ne se masse sur les barrières, l'affluence reste appréciable et c'est sous un soleil, pour une fois généreux, que
One Last Shot entame son set en arborant d'adéquats couvre-chefs qui leur confèrent un look cowboys des grands canyons plutôt classe. Dommage d'ailleurs que les musiciens s'en débarrassent assez rapidement, mais leur performance sera par la suite irréprochable, assénant un metal rapide et abrasif qui fait songer à une version chromée du
Motörhead des origines. La section francilienne reprend d'ailleurs le définitif, ultra-classique mais ô combien jouissif "Ace of Spades", après que le chanteur ait respectueusement fait remarquer qu'il avait trouvé «
Dieu-Lemmy » un peu fatigué au dernier Hellfest. La dévotion du collectif parisien à l'icône Kilmister ne s'arrête d'ailleurs pas au port de chapeaux sudistes, puisque le batteur cherche manifestement à s'en faire le sosie - il est vrai que le chanteur sympathiquement joufflu serait davantage crédible dans une imitation du présentateur télé Bruce Toussaint ou de Jim Morrison à vingt-sept ans. Toujours est-il que le concert de ce jeune collectif a montré qu'à défaut de compositions ébouriffantes, nombre de groupes français sont en mesure d'assurer sur scène, ce qui est plutôt réjouissant.
Sur la Massey Ferguscène, tout comme la veille avec les
Sticky Boys, c'est un groupe de pur entertainment adepte de la déconne qui se présente à 18h30 :
Klone. Bon, OK, le rapprochement est sans doute un peu osé, mais il permet de souligner la variété des formations se succédant au cours de ce Motoculor, offrant des contrastes assez savoureux – le chanteur des suscités
Sticky Boys ayant sans doute plus parlé en un seul concert que celui de
CROWN durant toute sa carrière. Emmené par le chant sobre et tendu de Yann Ligner, le collectif poitevin développe ses ambiances à la fois oniriques et organiques, planantes et telluriques. Du rêve ample et de la chair qu'on touche, douce et électrique à la fois. Certains se contenteront de l'étiquette «
progressive » mais on est tellement loin ici des accumulations stériles de notes, de cordes sur la guitare et de cassures rythmiques que l'envie est grande de la décoller s'agissant d'une musique aussi immersive. Nul doute que celle-ci l'aurait été davantage à la faveur de la nuit, comme ce sera le cas pour
The Ocean et
My Sleeping Karma sur la même scène plus tard dans la soirée. Reste que le plaisir était grand à savourer cette performance entre ciel et terre, faisant la part belle au dernier album
Here comes the Sun paru cette année – magique "Nebulous" enchaînée à la finale et puissante reprise d' "Army of me" de Björk. Cinquante minutes de pesanteur aérienne.
Dans le même temps, à distance respectable de la Supositor Stage, certains s'accordent une petite pause, Dommedag par exemple. Un concert peut tout aussi bien se regarder de loin, mais néanmoins s'apprécier. Les Allemands de
Tankard sont d’une bonne humeur, par ailleurs communicative, et distribuent leur thrash léger à dose homéopathique. Les morceaux passent très bien en live (trash oblige), avec des refrains du plus bel effet, mais sans que le public en soit pourtant très emballé. Il est possible d’imaginer que nombre de gens étaient venus pour souffler un peu avant tout.
Et grand bien leur en pris finalement, car les hostilités reprennent dans la foulée : caler
Sodom après Tankard ; ne manquent plus que
Kreator et
Destruction pour avoir le carré teuton. Évidemment, la donne change, fini de rire, maintenant les choses sérieuses commencent. "Agent Orange" pour lancer les hostilités, rien que ça. En revanche… où sont passées les guitares, et que sont ces «
flip-flap » que l’on entend ? C’est la question que se posera le public durant tout le set, où seules la basse et la batterie peuvent s’exprimer, en dehors de quelques solos. Et Sodom sans guitare ne ressemble pas à grand-chose. On est ravi d’entendre le nouveau titre "Sacred Warpath" en live, mais sans six-cordes, le résultat n’est pas des plus gouleyants. Sans parler du fait que Tom ait insisté pour jouer des titres du premier EP et du premier album, qui sont déjà haut placés dans l’échelle de la bouillie. Malheureusement pour nous, la notion de reconstitution fidèle est alors de mise. Un concert très décevant donc, même si la prestance du groupe est là et bien là.
Rejoignons à présent la Suppsitor Stage (quel nom éloquent tout de même, n'est-ce pas ?) et la paire Silverbard / Tabris. La première écoute de
Stellar (et qui fut également sa découverte du quatuor de Würzburg ), avait laissé une forte impression à Tabris, n'étant pourtant pas à la base la plus friande du genre (grand bien lui pris pourtant d'écouter, changeant volontiers son fusil d'épaule pour des prestations de cette qualité). Notre innocente est donc particulièrement impatiente de découvrir la prestation scénique de
Der Weg Einer Freiheit et reconnaît, une fois encore, ne pas bouder son plaisir. Outre d'être bel et bien plongée dans le bain noir qu'elle est venu chercher en prenant sa place devant la Supositor Stage, elle se prend d'une fascination instantanée pour ces artistes dont chaque trait exprime à lui seul tout la virulence déversée dans leur musique. Une présence sur scène indéniable, une prestation à la hauteur des attentes, et oui, un voyage brutal et tourmentant comme on les aime à les vivre en ces terres métalliques. On se laisse si volontiers entraîner par ces riffs féroces, par ce growl parfait, par cette rage, loin d'être sourde … Que dire de plus ? Sincèrement ? Si ce n'est que l'on soutiendrait avidement l'épreuve bien plus longtemps que la durée ce trop court set ? Chapeau bas Messieurs !
Zoom à présent sur la nuque de Dommedag qui vient de s'offrir le set de
Carcass. «
Mes aïeux, certains doivent en avoir encore mal au derrière tant les Anglais ont collé une violente fessées à tous ceux qui ont bien voulu les voir ». Évidemment, une setlist concentrée sur le tryptique
Necroticism/Heartwork/Surgical Steel qui aura fait bander bien du monde, et un son absolument parfait. Sur 50 minutes de show, pas loin de 48 minutes de pogos auront été totalisées, sachant que Walkers a parlé deux minutes (en Français en plus, s’il-vous-plaît, Monsieur)… La musique des Anglais étant taillée pour le live, l’enthousiasme des festivaliers était perceptible, avec une affluence conséquente, qui a bien profité des "Incarnated Solvent Abuse " et autres "Corporal Jigsore… " que la bande s’est amusée à décocher. Un set bien trop court donc, malheureusement, au regard de la prestance dispensée.
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Mais nous voici de retour sur la Massey Feruscene pour un moment qui ne laissera ni Droom, ni Tabris de marbre, les rendant, tout au contraire, bien éloquents. Figurez vous un instant trop bref... Vous savez ? Ces quelques trop courtes minutes que durent un set de festival, mais qui semble tout à la fois représenter une éternité délicieuse tant vous prenez votre pied ! Vous vous retrouvez les yeux fermés, coupé du monde, pris dans une sensation comparable à celle d'une immersion dans l'eau, à l'exception que ce ne sont pas des ondes marines que vous percevez - cette sorte de silence assourdissant qui écrase les tympans - c'est au contraire un son, une onde musicale fantastique. Pour nos deux reporters, le set de
The Ocean n'est ni plus ni moins qu'une ENORME BAFFE, le constat étant sans appel :
The Ocean est un monstre de live. L'attente était grande, et le conflit avec
Ultra Vomit programmé à la même heure, vite réglé : voir les Allemands en live – groupe rare sur scène dans l'hexagone – est un essentiel de la journée.
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Cédons à l'évidente tentation de vous conter le roman fleuve qu'inspire à nos deux reporter cette sublime prestation. La comparaison avec une plongée dans les profondeurs abyssales est bien entendue aisée au regard de la thématique abordée par le groupe, il est presque ridicule d'insister dessus, et pourtant... Le live apporte un éclairage neuf sur une musique qui a déjà tout pour charmer dans sa version studio. Visuellement, c'est avant même que ne résonnent les premières notes que l'ambiance est créée. Trois ingrédients principaux : la diffusion de vidéos aquatiques sur le fond de scène (peu visible pour une partie du public, parait-il), une fumée noyée dans le bleu la plupart du temps, et enfin, ces flash blancs et intenses parfaitement calés sur la musique, venant transpercer ce bleu vaporeux. Cela faisait bien longtemps que Droom n'avait pas observé un tel jeu de lumière. Tabris quant à elle, croit tout bonnement observer la scène la tête plongée dans l'eau. Clairement la meilleure présentation visuelle du festival (bien que le rouge sang du set de
Death ait également été notable, et que l'imposant décor de
Trivium ait lui aussi été impressionnant).
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Droom observe avec une attention gourmande et décompose chaque vague de la prestation. Les musiciens sont, il faut le dire, impeccables. Les rôles sont clairement définis. Basse et guitares sont tenues d'une main de fer, par des musiciens clairement impliqués, sérieux et très loin d'être statiques, mais qui laissent le champ libre au chanteur/frontman pour ce qui concerne la communication directe avec l'audience. Et quel frontman, ce Loïc ! Chant au poil (mais malheureusement quasiment inaudible pour les tous premiers rang – aucun problème passé ces premiers rangs), énergie débordante, plaisir communicatif ! Pas moins de trois fois, Rosetti se sera jeté dans le public, continuant pourtant à chanter au milieu d'une foule extrêmement participative. Puis, comme une inversion des rôles, l'un d'entre-nous se voit extrait de la masse pour être propulsé sur scène directement par ce même frontman, décidément espiègle (la sécurité s'en souviendra comme d'un enfant turbulent et incontrôlable) ! Joli moment. Le reste n'est que serrages de mains, tapotage amical de tête, jeu avec la sécurité (qu'on remercie au passage pour son œuvre tout au long du fest'! - on espère que vous avez apprécié la musique les gars!). Dans sa relation avec le public,
The Ocean est très proche d'un
Solstafir. Par étonnant de les voir tourner ensemble par ailleurs.
Mais aux yeux de Tabris, une fois encore partie dans son propre trip, ce n'est pas simplement cela, ce n'est pas juste
The Ocean qui a joué les belles âmes et rajouté un peu de poudre de perlimpinpin pour enjoliver le tout et faire un beau paquet océanique, en ces conviviales terres bretonnes ! Nous l'avons dit,
Pelagial est mis à l'honneur ce soir et malgré des titres pouvant être pris individuellement dans leur composition, ici et maintenant, l'on perçoit avec évidence le spectre de la fameuse piste sonore unique, tant l'ensemble apparaît avec fluidité, tant il nous conduit vers quelques sensations parfaitement homogènes. Lorsque le son cesse, on ouvre les yeux, éberlués d'être en ces lieux, on bat mécaniquement des mains… mais, l'esprit reste en arrière, dans l'écho. Lorsque la musique reprend, la plongée se poursuit d'autant : nous ne sommes pas remontés respirer. Notre chroniqueuse en oublie totalement la réalité même de son corps qui ne se maintient encore debout que parce que la personne derrière elle joue les rôle de pilier, ne cherchant plus qu'à se couler dans cette sensation de flottement produite par la musique ... Pourvu que la musique dure, qu'elle durent encore, qu'elle ne s'arrête plus se dit elle … Dans l'ensemble, le concert est proche de la perfection, ni plus ni moins. Les frissons s'invitent en de nombreuses reprises, qu'ils soient dus à l'intensité des morceaux, à l'émotion transmise, au plaisir de la communion... Une surprise que l'on n'attendait pas forcément aussi bonne, mais qui bluffe, sans aucun doute. Il nous tarde de revoir
The Ocean en live pour son prochain album. Merci beaucoup !
Changement de registre complet à présent - oui, vous aussi vous aimez les transitions fluides, hein ? Ça tombe bien, car nous embrayons sur
Death DTA ! Autre registre, autre appréhension ! Et pour Dommedag, la musique de
Death n’est tout simplement pas faite pour le live : pas assez violente pour le pogo, faute de blasts, et pas particulièrement entraînante non plus en tant que telle. Ça, et le fait que la reformation, en sus des rééditions d’albums, sente quand même bien la machine à pognon, signifiaient de sa part un scepticisme certain avant même d'approcher de la scène. Et force est de constater que ce concert n’a en effet rien d’extraordinaire : son très bon, musiciens qui maîtrisent leur sujet, mais il manque quelque chose. Comme la petite étincelle de passion qui ferait que… Pour le coup, on a plus l’impression d’avoir des employés faisant leur boulot, et récitant des lignes déjà bien rodées que des gens réellement motivées par une cause. Du coup, en dehors du plaisir d’entendre du
Death joué en live par des gens qui ont côtoyé la tête pensante de la bête, pas grand-chose. Note frileuse donc pour notre ami qui clôt ainsi sa soirée sur une dernière touche déplaisante : en effet, durant la nuit, (et certains rapports en feront état), une bataille de Mr. Freeze, tranquillement pris dans le congélateur du bar du camping, ainsi que de journaux, que l’on retrouvera effectivement éparpillés un peu partout devant ce même bar, attendant sagement que les bénévoles les ramassent. Pas très brillant tout ça.
La légendaire unité de la rédaction éternelle se lézarde cependant sur la performance de
Death DTA que Silverbard et MFF ont particulièrement appréciée, bluffés par la dextérité proprement inhumaine des musiciens, leur capacité a exécuter des compositions redoutablement complexes sans jamais verser dans la démonstration - ce qu'avaient précisément réussi Schuldiner et ses (ces) musiciens en les enregistrant - et, tout simplement, leur talent à faire «
revivre » le corpus Mortel. En revenant sur chaque musicien, Bobby Koelble a dû encore dégoûter plus d'un apprenti guitariste (et même des confirmés), Gene Hoglan fait plaisir
en ne jouant pas cette fois en mode bourrin, Steve DiGiorgio est juste impressionnant (physiquement et techniquement) et Max Phelps devient presque flippant à force d'imiter Schuldiner à la perfection, apparence physique comprise. Et puis zut, quoi, "Left to die" en concert, ça ne se refuse pas !
Tabris et MFF, qui durant le set de
Death DTA, en ont profité pour prendre d'assaut la fameuse queue de 30 minutes au bout de laquelle, oh joie, une crêpe dégoulinante à 7,50 euros les attendait, dévorée à peine plus lentement qu'une écoute de "You Suffer", s'accordent le dernier set de ce samedi,
My Sleeping Karma. Mêlant les sensation produites à la fois par un
Tool et un
Ash Ra Tempel, voici donc une affiche délicate pour clore une journée avec une teinte toute particulière. Peut être est-il d'ailleurs temps de souligner un nouveau détail, pourtant non négligeable de la programmation de ce festival ? Si la couleur «
metal » est plaquée sur toutes nos tronches et bien ancrée dans nos corps et nos cortex, ses nuances sont ici nombreuses. Metal lourd, agressif, ou lumineux,voire introspectif … Toute une palette colorée nous est offerte ici sur un plateau d'argent. Quelle joie n'est-il pas ? Un choix risqué ? Penchons d'avantage pour une audace payante, révélatrice du souci des artistes qui se relayeront sur scène d'offrir ce qu'ils ont dans les tripes, bien davantage que de coller à un cadre pré-maché et bankable, un souci aussi de rappeler peut être en trame de fond, que le metal est bien d'avantage qu'un «
genre » musical, bien cerclé et bourré de clichés, mais bien une musique-art à part entière, composée de milles déclinaisons possibles. Ainsi donc ce soir, place à une progression qui tient d'avantage du psychédélique que du metal hurlant, à une musique contemplative qui éveillera délicieusement les sens en ces heures tardives, dans l'attente d'autres voyages de l'âme qui éclairciront encore l'horizon de ce festival...