Motocultor 2016


Motocultor

UN REPORTAGE DE...




SOMMAIRE

Jour 1 : 19 août 2016
Jour 2 : 20 août 2016
Jour 3 : 21 août 2016

REPORTS DU JOUR



GALLERY

Album photo du festival pour Les Eternels webzine :
Das Silverfoto

Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

Un grand merci à Tabris pour ses photos complémentaires !

 


Jour 1 :19 août 2016



Respirez un grand coup.... Le Motocultor édition 2016 résumé en une minute et cinquante six secondes, c'est ça ! A présent que vous avez pris votre petite volée de bois vert de synthèse, pour le détail, il y a le report complet des Eternels.net, qui une fois encore n'ont pas failli et ont dépêché quatre de leurs vaillants chroniqueurs sur le site de Kerboulard, prêts à faire leur affaire au menu servi sur pièces et sans sommation : du pain, du vin et du bourrin ? Presque ! Du doom, du thrash, du stoner, du sludge, du black et oui... du bourrin. Un doomeux, un thrasheur, une progueuse, et un  objectif en mode réflexe, lâchés dans la fosse, pour vous rendre compte du grand kif de ce festival dont on doutait de la pérennité, lui qui avait pourtant été classé premier de sa catégorie (tous genres musicaux confondus !). Un million d'euros d'investissement, quelques milliers de litres de bière et de pâte à crêpe (Ndlr : sans oublier l'hypocras, le kir breton et les bretzels !), deux tentes flambant neuves pour garantir notre confort entre pluie battante et soleil de plomb, un florilège de bénévoles pour faire tourner la boutique, l'Atlantique Budo Securité de Nantes aux muscles bien saillants pour serrer dans leurs bras réconfortants tous les crowd-surfeurs de cette édition, et surtout, surtout, ce chiffre magnifique : soixante-six groupes pour faire baver de plaisir non compté les quelques vingt mille metallos qui auront foulé de leurs docs (ou de leurs tongs, si, si, il y en a !) la terre verdoyante de Saint-Nolff ! A vos lorgnettes, voici le report tout beau et tout chaud de cette édition 2016 du Motocultor !

T.A.N.K. - 12h45 – Dave Mustage

« Chaque fois qu'on vient ici il fait un temps magnifique, vive la Bretagne ! » On n'aurait pas dit mieux. Alors que le ciel de Saint-Nolff nous balance une drache dont le débit est digne d'une tireuse de bière de compétition, que la Massey Ferguson du paysan du coin finit à peine de labourer le site (plus exactement de procéder à la pose des dernières barrières de sécurité), nos pass VIP bien rivetés à nos poignets et nos tickets graille en poche (les crêpes, pardon, mais c'est important!), nous nous planquons dare-dare sous la toute belle, toute neuve, toute violette et surtout très commode Dave Mustage pour le set qui marque l'ouverture de cette édition 2016 du Motocultor. Quatre lettres : T.A.N.K - Think of A New Kind - pour les quelques premiers pelés qui ont décidé de venir tôt se manger à l'heure du brunch un death mélodique d'assez bon aloi, pas d'une grande subtilité, mais suffisamment pesant et remuant pour réveiller les badauds encore engourdis par la route et pas bien conscients que le boulot, les chiantises, la fatigue et le stress, c'est dans la poubelle à l'entrée qu'on les a laissés ! Malgré des parties en chant clair à la limite de la fausseté et un son plutôt brouillon qui ne permet pas de distinguer les chœurs, les Parisiens lancent les hostilités de manière convaincante à grand renfort de riffs mélodiques et de growls efficaces sur fond de rythmiques bien senties, le tout dans la bonne humeur et avec un dynamisme tout ce qu'il y a d'entraînant. Le chanteur remercie vivement les organisateurs et l'auditoire, sans oublier de mentionner « Cyril » (aka Cyril Leriche de Break This Cycle, anciennement In Trails), qui a remplacé au pied levé Clément « Clem » Rouxel, le batteur titulaire. L'envie de laisser le metal nous friser l'échine le plus rapidement possible est déjà dans l'air, et la fosse, certes encore clairsemée, se met cependant en devoir de s'animer. Déjà.

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WITCHTROAT SERPENT – 13h15 – Massey Ferguscene

Début de festival sous la pluie. Sous la grosse pluie. Parole de Normand. Autant dire que la scène couverte d'un chapiteau est la plus plébiscitée des deux scènes actives en cette heure. La scène est active, mais pour qui, pour quoi ? Pour rien de moins qu'Electric Wizard ! Euh... Non. Electric Serpent. Euh... Non. Witchthroat Serpent a.k.a je-copie-Electric-Wizard-jusqu'à-la-moëlle-mais-sans-charisme. Donc voilà. La messe (noire, forcément) est dite au bout d'un seul morceau. Tout ici singe le groupe du Dorset. Mais au lieu d'être prenant, captivant, fascinant, le bout de set auquel nous pouvons assister est plat, sans surprise sans toutefois être mauvais. Inintéressant et peu pertinent pour sortir les festivaliers de la torpeur amenée par la pluie, qui accompagne tout le monde depuis le réveil. Cette prestation relativement faible et la curiosité aidant, il est temps de rejoindre les camarades, qui, bien plus courageux, sont déjà sous la pluie, devant Furia. Arrivé devant la scène, on se demande ce qui est le plus courageux : braver la pluie ou assister au concert. Une ouverture de festival peu engageante.

FURIA - 13h15 – Supositor Stage

Passée la première mise en bouche, changement de décor et de température. Nous rejoignons la Supositor Stage – la seule scène non couverte - et défions la pluie diluvienne qui dégoulinera dans nos manches et s'accrochera à nos têtes durant quasiment tout le set de ce groupe assez confidentiel qu'est Furia. Les musiciens optent eux aussi pour une attitude de défi vis-à-vis des éléments, puisqu'ils se présentent à nous torses nus, sur une scène rapidement transformée en miroir, les visages peints de blanc et les yeux cerclés de noir (Ndlr : qui vient d'entonner « Pandi-Panda » ?), ne laissant nullement échapper un quelconque malaise face aux conditions pourtant déplaisantes entourant la performance (par chance, et à la faveur d'un report de dernière minute du set de Dalriada, Furia aura l'occasion de se reproduire dans de meilleures conditions le lendemain). Les Polonais délivrent leur son avec une remarquable aisance, un son qui n'est autre qu'un black metal singulier tantôt pesant, tantôt atmosphérique, prisant les changements d'ambiance. Une belle découverte pour certains d'entre nous qui nous plonge rapidement dans le bain d'encre savamment préparé par le quatuor. Chaque instrument se place parfaitement de même que le chant, les titres s'enchaînent avec homogénéité, un peu trop peu être, laissant sur le fil du concert assez peu de place aux surprises. Probablement le seul défaut de cette prestation qui de fait manque un peu de hargne, les musiciens étant eux même assez statiques ; mais leurs visages grimés trahissent cependant moult émotions, leur jeu est de qualité et on se plaît donc à ralentir notre propre rythme intérieur, notre fil de pensées, pour nous laisser immerger, sombrer dans ces courts instants de mélancolie et de noirceur de grande classe. Inutile de chercher d'autres fautes, il n'y en a pas de perceptibles, et on soulignera même que pour le coup les balances sont bien équilibrées, ce qui n'est pas garanti sur facture au Motocultor, on le verra en de multiples occasions. Une agréable surprise pour certains, un plaisir renouvelé pour les avertis.

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MOONREICH - 14h20 – Dave Mustage

Un groupe de black metal chasse l'autre et après Furia, c'est un nouveau collectif de peinturlurés bicolores qui accueille à sa manière les spectateurs venus se réfugier sous le majestueux chapiteau violet de la Dave Mustage, en l'occurrence Moonreich. Les pensionnaires des Acteurs de l'Ombre évoluent dans un décor typique du label français, toujours aussi classe - ce drop « Kill the Silence of the Prayers » avec ses quatre pendus devrait rencontrer un franc succès au merchandising s'il était imprimé sur tee-shirt (Ndlr : toujours plus chic comme perspective que le slip kangourou de Dying Fetus !). Les musiciens investissent la scène en arborant maquillage morbide et débardeurs noirs, et font immédiatement comprendre que ça ne va pas rigoler. Effectivement, les sourires seront remis à plus tard car le son qui s'échappe des enceintes se révèle bien peu flatteur pour la section parisienne, les guitares manquant cruellement de puissance. La voix, peu audible au départ, s'impose peu à peu mais au final, seule la batterie se fait distinctement entendre et noie l'ensemble sous ses impulsions frénétiques. Dommage, mais l'intrigant quintet mérite d'être revu - et surtout entendu - dans des conditions plus favorables.

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BARABBAS - 15h10 - Massey Ferguscène

J'appelle à présent à monter en chaire de l'Église du Saint-Riff Rédempteur le brigand Barabbas. Barabbas peut d'entrée de jeu offrir une sensation comparable à celle d'un Christian Décamps (Ange) si l'on se fie d'une part à l'allure bien pesée et au charisme de son leader – qui ressemble également à Sy Keeler, le chanteur d'Onslaught qui joue au même horaire - et d'autre part aux joies de l'irrévérence pleine et entière du jeu de scène et de la musique délivrée par les « Mâles Omega » autoproclamés. Nous sommes vendredi et voici que résonne la première Messe du festival. Messe pour un Chien. Tout est dans le titre. Ainsi le groupe se présente sur scène pour nous conter un évangile pas tout à fait « angélique », le prédicateur Saint-Rodolphe brandissant une grande croix blanche faite de bric et de broc floquée Satan, Belzébuth et consorts, et finira même par descendre dans la fosse en fin de set pour baptiser le premier rang - vos chroniqueurs compris - à la bière ! Aussi sain pour les cheveux que le karité, à n'en pas douter ! Dans ce décorum dédiabolisant le Sacré et l'Histoire (oui, le jeu de mot est volontaire), on hésite un temps à céder à la bonne poilade, favorisée par l'apparition ponctuelle de faux moines en docs et par le look de campeurs des musiciens – mention spéciale au bassiste en marcel et bermuda qui imite le loup sur le deuxième morceau. Heureusement, la formation francilienne a d'autres arguments qui encouragent à la prendre au sérieux, en proposant un stoner aux compositions dignes, chantées dans la langue de Molière. La prestation est pêchue, les riffs lourds et ravageurs malgré des guitares quelque peu grésillantes, la voix convaincue et convaincante, la rythmique implacable. Barabbas, sous couvert de son humour plus ou moins grinçant, nous promène l'air de rien dans une petite palette d'émotions : entre son groove, ses échappées incantatoires, ses impressions d'obscurité justement posées et son burlesque, il y a de quoi jeter une bonne dose de plaisir dans la poussière de la fosse et sans coup férir, on se surprend à entrer de plain-pied dans le jeu et headbanguer comme de beaux diables, un comble tout de même - mais nous avons depuis longtemps passé laudes et les vêpres sont encore loin. Savourons donc. Amen !

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VULCAIN  – 15h55 – Dave Mustage

Vulcain n'a pas beaucoup tourné en cette année 2016, accaparé par la préparation d'un nouvel album - mais les voici de retour dans le Grand Ouest, un an après leur rapide passage au Hellfest. Avec ces trois-là, on sait que ça va être du hard rock à l'ancienne, tout droit et sans fioriture - c'est peu dire que leur prestation contraste avec les jeunes groupes de machin-core obsédés par la syncope (au sens musical du terme, hein). Le résultat se révèle conforme aux attentes, ponctué par les harangues d'un Daniel Puzio manifestement content d'être là et de prouver qu'après trente-cinq ans de carrière, lui et ses acolytes peuvent encore contenter leur public. En plus, les mecs rendent hommage à Lemmy en interprétant leur version - en français, sauf le refrain - de "(We are) The Road Crew" de Motörhead. Caution rock 'n' roll validée.

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ATMOSPHERES - 16h50 – Massey Ferguscène

C'est l'été, les étudiants en ont fini de réviser, plancher, suer…. En bref, nos p'tits jeunes sont libres de toutes contraintes alors pourquoi ne pas faire un peu de musique, tiens ? Allez, il faut admettre que l'entrée en scène des quatre musiciens qui composent Atmospheres laisse interrogatif quant à leur potentiel à nous émouvoir, tant certains d'entre eux semblent tout juste sortis des jupes de maman avec leurs airs de matheux bien studieux et sages. Et pourtant, nous aurons vite fait de ranger nos commentaires stéréotypés de gros nazguls vieillots en tongs, car le collectif originaire de Belgique, pas si neuf que ça finalement puisque né en 2012 et ayant déjà à son actif deux LP de belle facture, révèle dès le titre d'entrée bien des capacités à nous saisir par le moyeu (Ndlr : nous ferons plaisir à notre comparse Djentleman pour le coup en allant piocher nos sources complémentaires sur le tant apprécié got-djent.com). Pour ce concert, nous plongeons dans un univers totalement expérimental - gros contre-coup compte tenu des sets précédents - composé pour l'heure de samples, de nappes de synthé atmosphériques de bon aloi, ponctué de quelques touches de chant justement mesurées. Et surtout de riffs de basse et de guitare délicieusement prononcés, de ceux que tout amateur de djent saura apprécier. Si le claviériste demeure assez statique derrière ses lunettes de progueux tranquille et qu'il en va de même pour le guitariste (qui, lui, ôte ses bésicles dès le deuxième morceau), le show visuel est assuré sans peine par le cinq-cordiste, beaucoup plus remuant et confiant quant à sa place sur scène. Ce dernier a pris soin par ailleurs de fixer une webcam sur le manche de son instrument (à voir ici), ce qui n'est guère étonnant puisque l'individu n'est autre que le fameux Mathieu Rachmajda alias MattRach, virtuose précoce accumulant les dizaines de millions de vues sur le net grâce essentiellement à ses vidéos de reprises multi-styles à la... guitare. Ceux qui suivent le prodige du Nord de la France depuis plus de dix ans n'auront peut-être pas reconnu le désormais jeune homme au crâne (presque) rasé qui a longtemps arboré une généreuse tignasse à bouclettes. Quoiqu'il en soit, ses remerciements émus et nombreux ainsi que les sourires de toute la troupe en réaction à l'excellente réception de l'assistance retiennent l'attention et gagent de l'authenticité, s'il s'en faut, de leur désir d'en remontrer. Le temps consacré à cette performance habitée passe comme une lettre à la poste, presque trop vite envoyée tant on se complaît à écouter, à observer le jeu maîtrisé de nos artistes, touchés par leur savoir-faire, presque surpris du pouvoir émotionnel que chacun porte à l'autre de part et d'autre de la scène, entre public et musiciens. On apprécie le choix fait par le Motocultor de nous offrir cet interlude à la fois emballant et contemplatif de fort belle qualité. Une belle découverte, à réécouter sans hésitation sur album. Plaisir garanti.

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GAIDJINN - 17h40 – Dave Mustage

L'un des vifs plaisirs du Motocultor, et des festivals en général (m'est avis que nous sommes nombreux à penser cela), c'est bien la découverte. Certes, en nous rendant en ces lieux, nous sortons de notre train-train quotidien avec l'espoir de jouir de la prestation des têtes connues (avouons-le, nous n'achetons que rarement nos billets par hasard et même nous autres Eternoz ne sommes pas uniquement pétris par le devoir sacro-saint de vous reporter pour le style les périples qui agitent la communauté metal). Oui, nous anticipons le bonheur indicible d'entendre « live » les titres sur lesquels nous avons déjà tant vibré et cachons rarement l'impatience qui nous habite de voir ou revoir les figures admirées. Oui, oui et encore oui. Mais c'est aussi bel et bien l'occasion de saisir au vol de nouvelles richesses, et pas seulement en plongeant à la sauvage notre main au hasard du bac à disques, espérant avec plus ou moins de conviction repêcher la pépite tant rêvée ou plus simplement une galette qui nous relancera un peu le palpitant usé par la mollesse d'un quotidien gris. Ainsi donc, tandis que nous nous dirigeons vers la Dave Mustage, pour découvrir le set d'un encore relativement confidentiel GaidjinN, nous tenaille la soif de nouveauté propre à abreuver nos esgourdes avides. Et joie. Car notre désir sera à cette heure contenté. Dès leur entrée sur scène, les musiciens attirent le regard : non point par un back drop d'une éloquence rare ou un florilège de fumigènes ou de pétarades, mais bien par leurs costumes, trahissant les inspirations qui ont teinté leurs origines : la scène metal japonaise. Maquillage noir dévorant le visage, regards de fauves et sourires carnassiers pour les cordistes, batteur dans l'ombre et, contrastant brusquement, un chanteur de blanc vêtu, maquillé tel un pantomime. Ces savants maquillages souligneront la moindre expression de nos acteurs et appuieront le jeu tout du long du set. Précisons que ce choix n'inspire pas le sentiment d'exagération que l'on ressent trop souvent sur la scène metal, mais simplement le plaisir d'un visuel décalé préfigurant une prestation réfléchie. Avec sous la manche un L.O.V.E. sorti le 14 février de cette année, le combo va nous parler d'Amour, mais avec un ton bien particulier : un son résolument résolument moderne, très néo, emprunt de deathcore et teinté de djent, inspiré de groupes comme Spliknoth, Korn, Behemoth ou encore Monument. Et un Amour qui sera une notion que chacun pourra s'accaparer en propre, belle ou dangereuse, idéologique ou pragmatique. La parole est portée avec foi par un chant de qualité, alternant voix claire et growl,  appuyé par l'intervention de deux gracieuses choristes. Notons au passage que le groupe introduit par ce set son nouveau chanteur et l'on ne peut que saluer la naturelle prestance du personnage sur scène. Les harmonies quant à elles ne manquent pas pour souligner (et parfois précéder) le propos, et la section rythmique enfonce définitivement le clou. La basse six cordes tout particulièrement, nous offre un groove superbe et le dialogue qu'elle entretient avec la guitare a le dont de nous friser l'échine. La fosse ne s'y trompe d'ailleurs pas, répondant aux harangues avec chaleur, manifestant sans retenue son enthousiasme et se jetant volontiers dans la joie des circle-pits. Le set se révèle donc de belle facture, très prenant, de ceux qui donnent décidément envie, une fois rentré chez soi, de découvrir le bandcamp du groupe et de replonger dans l'ambiance brossée live. Du très beau boulot. Ndlr : petite cerise sur la gâteau, GaidjinN nous confiera après coup son sentiment sur sa venue au Motocultor : « Franchement c'était vraiment un immense honneur pour nous de jouer au motoc ! Les mecs sont vraiment sympas, et le public était top. Après, c'était pas évident pour nous car c'était notre premier concert avec ce nouveau chanteur et aussi la première fois qu'on jouait avec nos choristes. Mais on a vraiment beaucoup bossé en amont pour être prêt le jour J et ça nous a donné encore plus d'énergie quand on s'est retrouvé devant tout ce monde, Bref, c'était une super expérience ! » Nous les remercions également pour ce retour.

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THE MIDNIGHT GHOST TRAIN - 18h30 - Massey Ferguscène

Des costauds tatoués, barbus, sans maquillage, ni cuir ni clou et en jean, forcément, ça ne peut être que du stoner. Gagné. The Midnight Ghost Train - superbe nom - entame son set pied au plancher et impose d'emblée un haut niveau d'énergie, essentiellement grâce au chanteur-guitariste Steve Moss qui ne met pas une minute avant de mouiller sa chemise tant il secoue sa généreuse charpente dans tous les recoins de la scène. Sa voix, qu'il ne ménage guère, se fait à ce point vociférante que le bonhomme pourrait tout aussi bien donner le change dans un groupe de death metal. Pourtant, passée l'euphorie initiale, l'impression d'entendre chaque fois la même chanson s'installe, la faute à une allure certes soutenue mais invariable et à un schéma de composition immuable. Heavy, groovy, intense mais aussi répétitif, le trio du Kansas finit par lasser. Dommage.

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BÖLZER - 18h30 - Supositor Stage

Le groupe de black/death suisse Bölzer reste énigmatique et fascinant à bien des égards. Le frontman Okoi Thierry Jones (aka KzR) en est la preuve la plus parlante. Que ce soit sa filiation avec un père bluesman d'origine africaine ou ses tatouages de swastikas, y réclamant leur signification originelle d'adoration de l'astre solaire, le personnage torse nu à barbe rousse velue casse net avec les codes du genre. A l'instar de la musique abordant les thèmes de l'occultisme, des rituels et de la dualité, le duo Bölzer invite à la médiation. Une musique ésotérique, à multiples facettes, forcément difficile à aborder en festival pour le néophyte, mais dont les ambiances sauront toucher un auditoire qui ira, à n'en pas douter, approfondir le groupe sur album.

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GRAVE - 19h25 - Dave Mustage

Dans le genre répétitif, Grave n'a rien à envier à personne. Et quand les guitares grésillent en un magma informe, se faisant passer dessus par une caisse claire au tempo quasi-constant, l'ennui fait très rapidement son apparition. De plus, la voix d'Ola Lindgren, jadis parmi les plus gutturales du death suédois, se fait désormais criarde et commune. On saura gré néanmoins au seul membre d'origine de la formation pionnière de proposer "Hating Life", titre du premier album sélectionné sur la compilation Masters of Brutality qui avait contribué à faire connaître Grave dans l'Hexagone. Il aura fallu attendre le refrain pour l'identifier, ce qui confirme hélas la réputation de bourrins que les membres du collectif traîne depuis leurs débuts, il y a bientôt trente ans.

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GRUESOME  - 20h25 - Supositor Stage

Après Death DTA l'an passé, voici qu'un nouveau collectif vient au Motocultor rendre hommage à feu-Chuck Shuldiner et sa formation légendaire, mais cette fois sans anciens membres puisque Gruesome constitue une entité à part entière, bien que totalement sous influence - revendiquée - du Death première période. En toute logique, l'auditoire encaisse une déferlante de double-pédale et de vocaux râpeux qui ont tendance à couvrir les guitares, un constat valant pour bon nombre de groupes évoluant sur la Supositor Stage. Mais qu'importe, les Américains prennent la chose au sérieux et font ce qu'ils ont promis - le chanteur-guitariste s'assurant au passage que l'assistance prenne correctement sa rasade d' « old-school death metal » dans les esgourdes - et il ne faut pas longtemps avant que lui et ses acolytes n'entament une reprise d'"Open Casket", l'un des titres les plus fameux composés par son idole. Ses braillements mi-Schuldiner mi-Jeff Becerra (Possessed), associés au son caractéristique de Leprosy qu'il s'applique à reproduire avec ses camarades, achèvent d'établir une ressemblance quasi-parfaite avec l'original, d'autant que son immense comparse à la six-cordes débite du solo déchiqueté en pure imitation de Rick Rozz. La pertinence de la démarche peut interroger - ce ne sont pas les gangs de revival thrash/death eighties qui manquent - mais il faut bien reconnaître que le travail est correctement effectué, avec en point d'orgue la reprise réglementaire de "Black Magic" de Slayer. Aussi sympathique qu'anecdotique.

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ROTTING CHRIST - 21h20 - Dave Mustage

Les héros Grecs sont de retour ! Forts d'un tout nouvel album Rituals, les membres de Rotting Christ, signés depuis pas mal d'années maintenant chez le bon label hexagonal Season Of Mist - à l'instar de leurs compatriotes de Septicflesh - ont acquis au fil du temps un enracinement bien ancré en France. Pas étonnant dès lors de voir la Dave Mustage sous chapiteau entièrement pleine dès le début du show ! Et c'est avec un savoir faire irrésistible que le quatuor nous plonge d'emblée dans une ambiance à la fois mystique et guerrière ! On remarque avec une très agréable surprise que, contrairement à la formule Septicflesh qui a pris une fort mauvaise tournure d'auto-parodie ces derniers temps, Rotting Christ se montre toujours impérial avec une intégrité dans l'écriture plus que respectable ! A la façon d'un Amon Amarth version black metal, on a bien souvent affaire à des structures et gimmicks usés jusqu'à la moelle, soutenus par des accents mélodiques prononcés, un jeu avec le public très rôdé, le tout accentué par une mise en scène et une ambiance facilement identifiable. Il n'en reste pas moins que le boulot est sans bavure et on ne boude nullement son plaisir ! La setlist fait la part belle aux dernières compositions, solides, sans être les plus marquantes. En bref, voilà une valeur sûre qu'il ne faut pas hésiter à aller croiser si elle se présente sur votre route !

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NAHEULBAND - vendredi 19 août 2016 - 22h20 - Massey Ferguscène

« Ouééé, on est la blague du festival ! Le seul groupe qui n'est même pas du metal ! On n'a même pas de batterie ! Et on est quasiment la tête d'affiche de la journée ! ». Le Motocultor a beau avoir opéré un sacré numéro de voltige cette année en proposant une affiche simili-Roadburn flairant bon le hipster sur la journée du samedi, il n'en demeure pas moins que le public lui, n'a pas forcément beaucoup changé. Et ce public du Motocultor, il vient aussi (et parfois surtout) pour des groupes débiles : on se souviendra les années précédentes d'Andreas & Nicolas ou encore Little Big... Un parti pris de l'organisation de mettre en avant ces collectifs non-metal qu'on vient voir pour chanter et rigoler dans une ambiance bonne enfant (et légèrement avinée). Quand on est metal, on aime la rigolade ! Voici donc le Naheulband sur scène. Mais avant toute chose : késako ? Votre serviteur ne peut avoir qu'un souvenir ému de sa fin de collège qui voyait exploser les sagas MP3, avec Le Donjon de Naheulbeuk et Reflets d'Acide en tête, surfant sur la popularité de la fantasy post-The Lord Of The Rings et utilisant la technologie du streaming audio en plein boom. Feuilleton audio né d'un délire, le succès populaire et commercial du Donjon de Naheulbeuk est devenu un vrai phénomène de société chez la communauté geek et rôliste de l'époque (et perdure aujourd'hui), les chansons rythmant la série devenant par le même coup cultes chez bon nombre d’aficionados. On sera donc surpris de voir une foule en délire réciter à tue-tête ces chansons mises en musique par John Lang (alias Pen of Chaos, créateur de la série) à l'aide d'instruments traditionnels. Une des curiosités du festival que les profanes regarderont d'un air amusé (Ndlr : mangerais bien un crevetola tiens !)

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FLESHGOD APOCALYPSE - 23h15 - Dave Mustage

Les Italiens de Fleshgod Apocalypse réalisent cette année le grand doublet français, enchaînant coup sur coup Hellfest et Motocultor. Comme il y a toujours une raison à tout, on rappellera que le groupe a sorti en cours d'année son dernier opus King. Un album dont on aurait aimé après coup qu'il ne sorte point. Car voilà, la setlist se retrouve axée à 60% sur ce nouveau né qui, à y regarder de plus près,... n'est pas très bien. C'est dit. On retrouve malgré tout deux classiques de Agony - celui qui a propulsé le groupe sous les feux de la rampe - "The Violation" et "The Forsaking", et deux titres bien choisis de Labyrinth, l'album de tous les excès. Mafia ? Jamais vu. Oracles ? Oublié. Désolé les gars, mais si vous continuez comme ça, vous allez avoir de sérieux problèmes pour la suite... A vouloir tout miser sur le décorum (on se croirait volontiers dans un film historique nous plongeant en plein classicisme italien, froufrous, poudre et dentelle à la clé), ajoutant une présence féminine sur scène aussi inutile que grotesque (à savoir une grosse madame avec un air très méchant qui tape sur son bâton et qui fait « aaaah » toutes les cinq minutes - toute caricature ici serait purement fortuite), bah ça ne le fait pas... du tout. Et c'est triste.

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SHINING - 00h20  - Massey Ferguscène

Quelle progression pour les Norvégiens de Shining ! Propulsée en tête d'affiche du Hellfest l'an dernier, la bande menée par Jørgen Munkeby avance à pas de géants en France, gagnant à chaque étape une fan-base fidèle et débordante d'énergie. Ce n'est que succès mérité pour ce groupe qui invente vraiment une nouvelle vision du metal, avant-gardiste, électro, dissonante et bondissante à la fois (on serait tenté d'ajouter « épileptique » à la liste !). Assurant une partie rythmique en béton armé avec le magicien Tobias Ørnes Andersen (ex-Ihsahn, ex-Leprous - excusez du CV...) derrière les fûts, c'est sur un pas martial que sont délivrés les tubes du groupe. Si on avait pu regretter le côté un peu trop « facile » du dernier album, les compositions passent à merveille l'épreuve du live ! Aidés d'un son impeccable et de visuels stroboscopiques étourdissants, Shining marque encore de très très gros points et le tonnerre d'applaudissements que le groupe recevra à la sortie de scène - mettant les musiciens très gênés au bord des larmes - sont la preuve (s'il en fallait encore une) que le groupe s'annonce comme une des futures valeurs sûres sur lesquelles il faudra compter demain ! Bravo messieurs et à très bientôt (le groupe tourne cet automne en Europe en co-headline avec Intronaut - on vous dit ça, on ne vous dit rien !).

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CHILDREN OF BODOM - vendredi 19 août 2016 -  01h15 - Dave Mustage

Et pour finir cette première journée du festival, un mot de Children of Bodom, une des têtes - voire LA tête - d'affiche du festival à en croire l'ordre d'écriture des noms sur le merchandising officiel. Que les puristes gardent leur calme, les prochaines lignes seront celles d'un chroniqueur qui n'a jamais vraiment accroché à la locomotive menée par Alexi Laiho, quand bien même celle-ci avançait à très grande vitesse au début des années 2000... Mais avant tout, on peut déjà à minima débattre sur le bien fondé de la place du groupe au sommet de l'affiche... Car si l'on ne peut nier l'influence majeure du combo finlandais sur une décennie des djeunz à l'époque (il y a maintenant quinze ans (!) de cela hein - les djeunz en question le sont aujourd'hui un tout petit peu moins...), à quand remonte le dernier album acclamé unanimement tant par la presse que les fans ? Hate Crew Deathroll - 2003. Mince ! Et depuis ? Le groupe a eu le temps de ressortir plus du double de nouvelles galettes dans une indifférence se faisant plus grande à chaque nouvelle fournée. Dur constat. Mais voilà donc la bande à Alexi Laiho, le guitar hero androgyne et anorexique déchu, foulant de nouveau le sol français deux mois après son passage à Paris au Download. Remarque valable pour les deux concerts, on retiendra avant tout une véritable arrogance dans l'attitude du frontman, qui dans ses poses ne se prend vraiment pas pour la moitié d'un caramel mou, et dans ses discours, se livre à une compétition pathétique de vulgarités, explorant tout le vocabulaire construit autour du fameux mot commençant par la lettre F. Okay, on est metal ou on ne l'est pas. Et la musique me direz-vous ? Les fans apprécieront la grande couverture de la discographie, les moins fans découvriront que ça joue bien vite avec un savoir faire indéniable, avec quelques surprises à la clé, par exemple que la basse est un instrument de figuration dans le groupe ou que la batterie fait beaucoup de bruit - même beaucoup trop (cymbales complètement déréglées). On en arrive au dernier point : le groupe se montrera ostensiblement blasé de problèmes techniques multiples gâchant pas mal le son pour l'auditoire. Là encore une attitude bien désinvolte d'un groupe qui ne pèse plus que par son nom aujourd'hui...

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