Iron Force Festival 2019


Iron Force Festival

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Jour 1 : 06 avril 2019

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Jour 1 :06 avril 2019



Vous recherchez votre dose de thrash, de speed, de heavy, de glam en live et vous n'avez pas pu arracher aux robots d'internet une place pour le Hellfest ni pour le Wacken tandis que l'Alcatraz est situé trop loin dans votre agenda ? Vous appréciez la convivialité, les partenaires particuliers et les sites… particuliers, aussi ? L'Iron Force festival vous est destiné. Rehaussé par une tête d'affiche d'envergure internationale, le plateau proposé par l'organisation de cet événement certifié 100% metal old-school a de quoi séduire une portion importante de fans. Et leur en mettre plein les conduits auditifs. C'est parti pour une journée qui va se transformer rapidement en expérience assez spéciale.

Il faut l'admettre, l'Iron Force est un pari risqué. Pour ses créateurs, d'abord, qui reconduisent un événement juvénile – la première édition s'est tenue en 2016 – qu'ils font monter en gamme grâce à la venue d'Enforcer, l'une des têtes de proue du navire amiral Nuclear Blast. Financièrement, l'exercice est sans doute périlleux, le festival avait d'ailleurs été mis en pause l'année dernière. Les interrogations ne manquent pas non plus du côté des curieux ayant décidé de faire le déplacement, dont la plus importante : quel sera le niveau affiché par les autres formations, dont la moitié du cru ? Les plaques d'immatriculation des véhicules garés à proximité du Senkel - « dentelle » ou « lacet » en allemand - ne sont pas forcément de nature à rassurer les motivé(e)s qui ont fait trois heures de route pour rejoindre les lieux puisqu'elles sont toutes frappées d'une croix blanche sur fond rouge. Non pas que cette dernière soit par nature anxiogène, sauf pour les phobiques du chocolat, du fromage à pâte dure et du secret bancaire, mais sa présence écrasante, majoritairement complétée par les lettres L et U dit clairement que les vestes à patches, bracelets de force et bottes cloutées qui déambulent dans les environs appartiennent aux autochtones.
 
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Bref, ça sent les potes venus soutenir les zicos du coin une binouze à la main, l'autre dans la poche et les plus téméraires seront plantés à dix mètres de la scène en hochant la tête entre deux vannes lancées au chanteur - ou au bassiste. Pour être franc, c'est exactement ce qui va se passer durant les trois premières prestations. Est-ce un problème ? Absolument pas. Tout simplement parce que les mecs chargés de faire le show vont assurer. Oui, les « mecs » : aucune femme ne posera ses boots sur les planches ce samedi en plus de dix heures de fest, ce qui témoigne a priori davantage d'un manque de vocation que de la misogynie des programmateurs, mais ça reste triste quand même. Côté public en revanche, sans parler de parité, les dames répondent présentes, certes pour la plupart accompagnées d’éléments masculins mais enfin, la programmation vintage n'aura pas attiré uniquement de vieux machos ayant côtoyé Thomas Gabriel Fischer au collège, c'est déjà ça. Et dès le départ, à 14h55 pétantes, ça envoie du lourd. Car ce qui retentit dans la modeste salle peinte en noir promet plus de testostérone que si les velus de Manowar s’étaient pointés en personne : le générique de Magnum. Et ouais. Moustache disco et chemises hawaïennes ne seront pourtant pas de la partie, les farceurs de DIZZY FOXRenard Étourdi ») étant bien trop jeunes et autrement stylés pour manipuler ces codes dangereux. Leur truc à eux, c’est le hard glam qui faisait fureur dans les années quatre-vingt. Et malgré une maigre discographie qui se résume à une démo et une poignée de singles, le quintet originaire de Bülach, près de Zurich, s’en sort avec les honneurs, bien aidé par un son impeccable qui donne beaucoup d’espoir pour la suite – ainsi s’éloigne le spectre d’un remake du Damnation Festival 2015 et ses amplis fourrés au goudron. Deux accords, un cri perçant et un blondinet déboulent, et c’est parti pour trente-cinq minutes de rock musclé nourri au riff salace et au refrain enjôleur, ou l’inverse, dont certains se révèlent particulièrement efficaces – "Over the Top", qu’on jurerait sorti d’une session inédite de Mötley Crüe en 1985, et "Wicked" en tête. Élément déterminant de tout gang du genre, le titulaire du micro reste calé dans les aigus, hormis sur la reprise convaincante de "It’s so Easy" des Guns n’Roses et arrose l’assistance de screams généreux sans trop en faire.
 
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La justesse de ses interventions fait pardonner son accoutrement faisant songer à la période streetwear d’ Axl Rose - grolles de basket à mi-mollet, jean délavé, tee-shirt douteux (le « Wild Child » blanc de W.A.S.P., quand même) sous une informe veste sans manche à gros trous - ainsi que sa manipulation hasardeuse d’un long truc orange poilu faisant penser à une queue de goupil géante, à moins qu’il ne s’agisse de la barbe d’un ZZ Top récemment amputé. Heureusement, le bandana – rouge, évidemment - restera autour du cou : certaines bornes ne doivent plus être franchies. Ses acolytes, statiques mais appliqués, font correctement le job - on mentionnera le contraste amusant entre le guitariste hors cadre au look de thrasheur timide et les gabarits de petites frappes qui le côtoient. Une entrée en matière à la fois tonique et encourageante.

Après un ultime salut, l’auditoire reflue vers le petit bar tout en boiseries façon chalet, première vague amenée à se renouveler à chaque changement de matériel – en effet, le Senkel ne dispose que d’une seule scène, ce qui n’est guère étonnant s'agissant d'une « Jugendkulturhaus », l’équivalent helvétique des MJC françaises. Oui, car l’Iron Force se déroule en Suisse. Plus précisément à Stans, commune de huit-mille-cinq-cents habitants située à quelques kilomètres de Lucerne (prononcé « luzerne » par la dame du GPS, c’est rigolo). Autrement dit, au cœur de la contrée. Dans une magnifique vallée alpine encore couverte de neige en ce début avril. Un paysage à couper le souffle, qui plus est baigné d’un soleil généreux auquel il fait bon se ressourcer – attitude guère partagée par les locaux sans doute un peu blasés qui préfèrent aller s’envoyer des godets ou jouer au beer pong sous la tente dressée devant l’entrée. Après vingt minutes de pause bucolique, il est temps de retourner dans l’antre de l’enfer pour aller faire connaissance avec les gars de MORTAL FACTOR (15h50). Bon, ici, Hadès est plutôt jovial, à l’image des membres du trio lucernois qui délivre un thrash classique, carré et puissant, majoritairement véloce – pas de breakdowns ou de braillements metalcore ici.

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Il est tentant dans ces conditions de les associer à leurs voisins de CONTORSION qui officient une heure plus tard (16h50) dans le même registre. Cinq intervenants cette fois-ci et un chant un poil moins âpre, mais ça secoue tout autant. L’équilibre sonore dans les deux cas est remarquable et permet aux collectifs constitués au milieu des années 2000 de faire parler la poudre et secouer les nuques – la maîtrise technique des seconds nommés originaires de Seengen, dans le nord de la Confédération et affichant trois longs-jeux au compteur est nettement perceptible. Certes, les morceaux présentent peu de variations mais, magie du thrash en live, n’engendrent pas l’ennui – en même temps, quarante minutes de set, ça passe vite. Au rayon « surprises », Mortal Factor se retire sur une reprise de "That's The Way I Wanna Rock 'N' Roll" d’AC/ DC avant que Contorsion ne fasse son entrée sur le thème... de l’Agence tous Risques – nouveaux rires dans la salle. Qui se répéteront au gré des échanges avec les musiciens effectués dans un langage que l’on qualifiera de heurté et qui doit être à peu près aussi compréhensible pour un Allemand que le joual québécois pour un Français – un mot sur cinquante, donc – autant dire que les cours du lycée dispensés dans la langue de Mille Petrozza ne sont en l'espèce d’aucun secours pour tenter d'entraver quoique ce soit à ce qu'il se raconte. Peu importe après tout, la bonne humeur s’installe et contribue aux bonnes vibrations ressenties au cours de l’après-midi. Celles-ci vont perdurer durant la performance du groupe suivant, mais pas exactement pour les mêmes raisons.

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Première escouade hors Conf' à fouler l'estrade, SKULLWINX (18h00) officie dans un registre speed metal mélodique qui fait la part belle aux  lignes de guitares harmonisées et aux ritournelles épiques. Le chanteur trinque avec le premier rang avant de se lancer avec ses camarades dans des évocations historico-folklorico-mythologiques –"Hydra", "Thor", "Carolus Magnus", "Arminius" – portées par des soli échevelés et des refrains plus posés, un combo accélération/temporisation qui a fait ses preuves et dont ces sympathiques freluquets à peine sortis de l'adolescence usent avec une certaine maîtrise. La batterie proéminente sur les morceaux liminaires rentre progressivement dans le rang puis fait carrément sécession, une cymbale dégringolant du podium peu de temps après que la guitare du plus imposant des deux six-cordistes se soit réfugiée dans le mutisme. Pas de panique, un autre modèle attend juste derrière – à croire que l'incident était anticipé. Une fois le vocaliste beau gosse remis de son hilarité – les sourires n'ont pas quitté les visages durant tout l'incident – le quintet bavarois reprend "Attila" depuis le commencement, voilà une mélopée désormais gravée dans les cortex d'autant que le sus-désigné guitariste à bouclettes au visage de poupon débranche accidentellement son joujou de secours... en marchant sur le câble. Le barde au chevrotement acceptable peine à réprimer un fou rire, vient se placer entre les jambes de son compagnon gaffeur afin de tenir le jack durant le solo... Avant de faillir lui-même sur le dernier couplet, probablement en raison d'un problème de retour. Les « victimes du destin » parviennent à achever leur set sans se démonter ni perdre leur flegme, traduisant certes une forme touchante d'amateurisme – quelques (autres) moments de flottement auront été perceptibles – mais également un plaisir évident de jouer devant une audience bienveillante.

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"Bienveillant", un terme qui ne cadre pas vraiment avec l'aura inquiétante dégagée par leurs compatriotes de VULTURE (19H10). Plus. Plus de cuir et de clous, de vitesse et de réverb'. Plus de monde, aussi. Finis les mines joviales et les pokes avec les copains dans la salle : la tension monte de plusieurs crans lorsque les cinq Rhénans entament leur récital marqué du sceau du revival, celui du speed thrash revêche des tout premiers Dark Angel, Kreator, Destruction et surtout Exodus, tant les stridences démoniaques du hurleur barbu rappellent celles de feu Paul Baloff et les grimaces du guitariste avec des cheveux celles de Rick Unholt (ou Bobby Liebling de Pentagram, mais la comparaison risque de moins lui faire plaisir). Musicalement, c'est tout à fond, saccadé et un chouïa répétitif mais tellement, tellement jubilatoire ! Quelques éléments du public électrisés par les scansions sans merci du quintet s'agitent avec fougue, sanctionnant impitoyablement les inconscients qui les frôlent bière à la main – chute et écoulement du précieux nectar sur les braies des voisins font office de sentence. Pendant ce temps-là, le chanteur possédé repousse vigoureusement un slameur et menace de temps à autre les candidats au stage diving avec son pied de micro, tandis que le bassiste mime le geste caractéristique de la lame ripant sur la gorge : ça ne plaisante pas et tout semble fait pour plonger le thrasheur en grosses sneakers blanches dans l'ambiance mythique et sulfureuse des premiers concerts de la Bay Area quelque part entre 1981 et 1983 - Steeler (pourquoi faire compliqué ?) poussant le vice jusqu'à effectuer ses annonces en anglais.

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En guise de conclusion, ce dernier s'empare de la quatre-cordes et laisse le mic' à Genözider, le fondateur de la joyeuse association avec qui il exécutera, sous les exhortations d'une poignée de connaisseurs, un titre enregistré en 2015 par les deux larrons sous la dénomination Luzifer, l'un des nombreux projets de l'hyper actif guitariste. Le choix est surprenant de prime abord, eu égard à la sortie en juin prochain du deuxième effort longue durée de Vulture dont seulement deux extraits ("Murderous Militia" et "B.T.B.(Beyond the Blade") auront été interprétés durant les trois-quarts d'heure initialement alloués aux Germains, que ces derniers rallongent donc de cinq minutes. Les inflexions nettement plus mélodieuses de ce "Luzifer Rise" font quelque peu retomber la tension, mais le refrain se révèle suffisamment plaisant pour laisser un auditoire malmené sur une très bonne impression. Steeler quitte alors l'estrade en balayant la setlist d'un coup de pied vengeur – face à autant de malévolence, fuir est la seule solution.

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La nuit enrobe maintenant le Senkel, repoussant dans leurs pénates joggeurs et poussettes qui s'aventuraient imprudemment auprès de ce lieu de perdition temporaire, et plonge dans l'obscurité les cimes naguère zébrées par les avions de tourisme en approche de l'aérodrome voisin, un couple de canards qui se bécotent dans le canal ainsi que la sentinelle de bronze crucifiée au carrefour du stade de foot. Pas de quoi perturber les festivaliers qui enchaînent les boks (en plastique non réutilisable, hum) – l'orga annoncera une moyenne honorable de trois litres par consommateur, malgré des tarifs d’évadés fiscaux. Il convient de préciser que contrairement à la nourriture, qui se limite désormais à quelques snacks conçus par des ennemis de la diététique, la tireuse à mousse ne connaîtra pas de défaillance. De même que les Bâlois de POLTERGEIST (20h25) qui assènent leur thrash de bon aloi avec la sérénité de ceux qui reviennent de loin et qui n'ont plus grand chose à prouver. Même s'ils n'ont pas rencontré une reconnaissance internationale équivalente à celle de leurs compatriotes de Celtic Frost et Coroner, les vétérans originaires de Liestal sont considérés comme des piliers de la scène suisse et ont ajouté en 2016 un troisième volume grand format à leurs aventures discographiques entamées au tournant des années quatre-vingt-dix. Vitesse, technique – notamment de la part de l'énergique guitariste soliste – et cohésion caractérisent une performance bénéficiant elle aussi d'un très bon son. Le guitariste de Mortal Factor, présent dans le public, ainsi que les premiers rangs, semblent apprécier sans réserve - le solide hurleur André Grieder « adoubant » même un fan éperdu de reconnaissance. Ces bonnes dispositions compensent le statisme relatif des instrumentistes dont l'allégresse contribue également à apaiser le climat au cours d'une première partie dominée par les lumières blanches. Puis celles-ci laissent la place à des nuances plus sombres alors que quelques éléments turbulents font leur retour dans la fosse : sans retrouver tout à fait le niveau de tension de l'assaut précédent, l'atmosphère se charge à nouveau de particules vénéneuses.

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Une rude montée en puissance, qui constitue une rampe de lancement idéale, bien qu'entrecoupée d'un entracte étiré, pour mettre DISTILLATOR (21h45) sur orbite.

Cinq minutes de retard : la Suisse vacille sur ses fondements. Peut-être est-ce lié à l'arrivée tardive des Néerlandais sur site, le batteur ayant de surcroît dû fortement s'employer au volant de son van afin de lui faire franchir le portail de fortune marquant l'accès à la zone réservée aux artistes ? Quoiqu'il en soit, ce léger accroc sur le planning, s'il n'est pas de nature à remettre en question la qualité de l'intervention des véloces Bataves, aboutit à une balance laborieuse engendrant un surmixage de la basse, heureusement tenue de main de maître par un Frankie Suim qui doit réaliser le rêve de nombre de ses collègues œuvrant dans le même créneau: être audible. Et voler la vedette au guitariste. Le déséquilibre tend à se réduire au fil des cinquante minutes accordées au trio, néanmoins on aurait aimé distinguer davantage les rafales décochées par l'infatigable Laurens « Desecrator » Houvast à qui l'expression « mid tempo » doit être aussi étrangère que la notion de « moments festifs » aux membres de Shape of Despair. De sorte que la performance de ce soir est très proche de celle que les compatriotes de Anneke Van Giersbergen avaient assénée en première partie de Vektor à Nantes fin 2015. On notera une présence scénique plus affirmée, mais pour le reste, c'est quasi tout pareil - la reprise de "Black Magic" de Slayer, annoncée par le motif dantesque de "South of Heaven", figurant évidemment au menu. Les compositions se succèdent sur un rythme aussi démentiel qu'invariable (ou si peu), ce qui rend la précision effectuée par le filiforme leader à propos de "Swarm Intelligence" - sa « chanson la plus rapide » - assez drôle, à l'instar de son questionnement auprès des headbangers en nage visant à s'assurer de leur amour indéfectible pour le speed metal. Ce à quoi on aurait répondu, si on en avait eu le temps, que ce dernier, lorsqu'il est envoyé avec autant de maîtrise, devient un concentré d'euphorie libératrice qui emporte tout sur son passage, y compris la légendaire ponctualité helvétique. Un quart d'heure de décalage sur le planning annoncé - on imagine sans peine les organisateurs au bord du seppuku qui, rappelons-le, consiste au pays de Xerxès (et non « du xérès », bande d'alcooliques) à écouter DJ Bobo en boucle jusqu'à extinction des fonctions cérébrales.

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Toutefois un événement est en mesure de leur apporter un réconfort à la hauteur de cette terrible humiliation : l'arrivée d'ENFORCER (23h15). Le soundcheck est cette fois encore effectué à l'arrache - sur les mesures liminaires de "Killers" d'Iron Maiden, ce qui est plutôt rassurant. L'attraction du festival, et raison initiale du voyage jusqu'au canton du Nidwald, attaque les hostilités par sa création la plus consensuelle - la plus molle diront ceux qui ont peu goûté l'orientation hard rock à la Whitesnake de "Die for the Devil", le premier single issu de Zenith, l'album en cours de parution. Ce dernier sera particulièrement mis en valeur puisque quatre autres extraits seront joués - "Zenith of the Black Sun", "Searching for You" - le second single sorti la veille, "One Thousand Years of Darkness" et "The End of a Universe". Peu voire pas connus de l'assistance – certains étant d'ailleurs inédits en live puisque Stans n'est que la seconde date de la tournée entamée par la section suédoise après un an d'interruption – les compos ne déclenchent logiquement pas d'hystérie collective mais sont bien accueillies, s'insérant dans le set avec fluidité. Car à l'exception du premier cité, qui récupère cependant une bonne patate sur les planches, les nouveaux items s'inscrivent dans la lignée du répertoire bâti depuis quinze ans par Olof Wikstrand: du heavy metal tendance speed inspiré de la NWOBHM (New Wave of British Heavy Metal) en général et des incunables de la Vierge de Fer en particulier. Les fans peuvent donc se rasséréner, malgré une allure moins soutenue, et se déchaîner sur les classiques du quatuor, celui-ci affichant une assurance d'autant plus remarquable que Jonathan « Jonte » Nordwall ne l'a officiellement intégré que depuis quelques semaines. Le six-cordiste aux bacchantes dignes de Derek Smalls, le bassiste de Spinal Tap, jette régulièrement des coups d'œil à ses coéquipiers sans toutefois se départir d'un calme très professionnel. Il s'offrira même un solo se concluant sur l'instrumental "City Lights", prélude à "Scream of the Savage", seule occurrence tirée d'Into the Night, le recueil inaugural de 2008. En revanche, quelques faussetés sont perceptibles lors de certains passages en twin avec l'aîné des Wikstrand – il s'agira toutefois du seul accroc d'un show joyeusement intense, animé par le dernier nommé qui exhorte l'auditoire à cadence soutenue. Visiblement heureux de se trouver sur l’estrade qu’il arpente avec aisance, le frontman au serre-tête enquille les riffs tranchants avec habileté, bien aidé par un duo rythmique au taquet, que ce soit le bassiste de poche Tobias Lindqvist qui se la joue Lemmy avec son micro fixé un mètre au-dessus de la tête ou Jonas Wikstrand, le batteur au physique avantageux qui aura droit lui aussi à sa séquence privée. Son grand frère se montre pour sa part très en voix, stridulant à loisir et avec justesse, allant jusqu'à conserver son timbre haut perché lorsqu'il s'adresse à la foule, ce qui est aussi amusant qu'immersif.

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Car si le propos musical est très mélodieux, le climat reste tendu, alimenté par des passages dynamiques qui portent la salle comble (environ deux-cents personnes) à ébullition. Les refrains des trois morceaux rescapés de From Beyond, le bientôt avant-dernier LP, sont repris à plein poumons par les nombreux fans massés devant les retours qui psalmodient le chorus de la chanson-titre à la façon de "Fear of the Dark". Les Scandinaves avaient foudroyé tout le monde d'entrée de jeu avec "Undying Evil" (rhâlala ce scream de malade en intro !) et en feront de même à la faveur d'un final quatre étoiles au cours duquel se succèdent l'effréné "Take Me Out of This Nightmare", le fulgurant "Destroyer", le vibrant "Katana" et l'imparable "Midnight Vice". Quelques remerciements nourris, des acclamations ferventes et il est temps de quitter les lieux, en constatant que les (rares) stands extérieurs ont fermé. De nombreux festivaliers lèvent le camp et rateront les hard rockeurs locaux de CREEPER qui ont la tâche ingrate de clôturer la session après le passage des vedettes – l'occasion de citer Drïzella, Hammer King, Sin Starlett et Stallion qui avaient la mission d'assurer le warm-up la veille au soir.


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Un accueil sympathique, un décor magnifique, une acoustique de qualité, des sourires, de la tension, des groupes impliqués, une tête d'affiche enthousiasmante, une veste floquée à l'effigie du Wild Cat de Tygers of Pan Tang, de jeunes dames stylées qui accrochent des menottes à leurs bottines, un parking à vingt mètres de la salle et du metal joué à toute berzingue par des gens compétents : ce ne serait pas un peu le paradis, ici ? Ok, les stands sont un peu chiches et il ne faut pas trop traîner pour aligner les biffetons si on veut grailler autre chose que des barres de céréales, mais tant que la musique est bonne et les gobelets sont remplis, le bonheur est dans le pré, fût-il couvert de poudreuse. Idéal pour patienter avant les grands rassemblements de l'été, l'Iron Force Festival, chaleureux et manifestement organisé avec soin, s'apparente à un bol d'air vivifiant partagé en petit comité, sans élitisme affiché. Et ça, ça fait sacrément du bien. Tanke.


Crédits photos : Tabris (sauf les grolles !)


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