Winter : Et toi, Guillaume ? Comment vis-tu la musique ?
Guillaume : Beaucoup de gens disent que le black metal est indissociable du satanisme, personnellement, je n’ai jamais vu les choses comme ça. Le black est mysticisme, mais pas uniquement satanisme à mes yeux. Je n’ai pas l’impression que ça doit obligatoirement être orienté vers une énergie satanique. Je me suis toujours détaché de ça. J’ai creusé le sujet, comme beaucoup d’autres, mais j’ai toujours pris du recul. J’ai toujours un peu de mal qu’un style de musique soit prisonnier d’un carcan idéologique. D’autant plus que dans ce cas, c’est censé être une forme d’expression transgressive. Donc on n’est pas censé commencer à y mettre des codes. Avec Jehanne, j’ai parfois l’impression d’être dans la transgression ultime, puisqu’on parle de choses saintes et catholiques. J’ai l’impression qu’on choque davantage les gens avec ça qu’en continuant à parler de satanisme, sujet qui ne choque quasiment plus personne aujourd’hui, puisque plus personne n’a de foi.
Winter : Il y a quand même une vieille tradition de codes sataniques dans le black metal. Darkthrone évoquait ces dogmes au début de son époque black metal.
Guillaume : Eux, oui, mais Satyricon, par exemple, non. Emperor non plus. Ils ne sont pas moins légitimes que Darkthrone. Nous on fait du black metal parce que c’est la musique qui nous parle le plus en terme de fond, d’expression, point.
Winter : Qui sont les guests pour Jehanne ?
François : Guillaume et moi avons pensé qu’il y avait deux arrangements particuliers qui devaient être interprétés au violoncelle. Déhà nous a présenté une de ses amies, Lon Sophie, violoncelliste. Nous avons également voulu que les phrases que Jehanne a réellement prononcées soient chantées par une voix pure et ingénue. J’ai suggéré ma nièce, Fleur, âgée de vingt-et-un ans, fan d’Abduction. Elle n’a pas d’expérience en tant que chanteuse, mais chante très juste. Elle a donc mis sa voix à notre service. Déhà lui-même a reconnu la justesse de son chant. Elle manque encore un peu de maîtrise, mais quelque part, ça cadre avec l’image que l’on peut se faire de Jeanne dans sa prime jeunesse.
Winter : Êtes-vous conscients que l’exaltation dont vous faites preuve sur l’album passerait formidablement bien en live ?
Guillaume : Tout le monde est emballé par l’idée, mais il faut s’organiser... Nous avons bon espoir de nous voir quelques fois et mettre en place la section rythmique et les guitares. Nous ne sommes pas partis dans une démarche à la
Summoning.
Winter : En parlant de section rythmique, Morgan se dope à quoi ? Il est d’une précision redoutable...
Guillaume : Oui. Il a beaucoup épuré son jeu, pour être plus efficace. La batterie sert tout le temps tous les morceaux. Il est moins « bavard », que par le passé, il a pris sur lui.