The Baron : Tout d'abord, comment se passe le Unholy Alliance Tour ?
Paolo Gregoletto : Très bien, Je suis content de revenir à Paris, et j'espère que le show de ce soir va tout tuer. Nous n'avons jamais fait une tournée complète avec Slayer, et c'est un honneur de pouvoir enfin le faire. Je peux les cocher sur ma liste des groupes avec lesquels je rêvais de tourner, comme Iron Maiden et Metallica...
Cosmic Camel Clash : Quels autres groupes restent à cocher sur cette liste ?
Paolo Gregoletto : Pas tant que ça... j'aimerais faire un concert avec AC/DC. Je ne sais pas comment ça pourrait se faire, je ne sais pas comment réagirait une foule de leurs fans, peut-être que nous serions trop rapides pour eux... mais j'aimerais vraiment beaucoup jouer avec AC/DC un jour.
Cosmic Camel Clash : Comment sont les relations entre les groupes sur cette tournée ?
Paolo Gregoletto : Tout se passe très bien. Nous avons déjà été en tournée avec Mastodon et Amon Amarth. C'était il y a presque trois ans, mais nous nous connaissons déjà, donc pas besoin vraiment de briser la glace entre nous. J'avais déjà rencontré Kerry à quelques occasions, parce que je joue moi aussi sur B.C. Rich, je l'avais donc croisé chez eux...
The Baron : Votre album Shogun représente pour vous une nouvelle étape : de très bonnes chansons, le retour du chant hurlé... le groupe semble plus confiant, plus professionnel. Quel est ton sentiment ?
Paolo Gregoletto : Quand le groupe a été fondé, les gars étaient très jeunes, dix-huit ans en moyenne, et depuis on a eu le temps de progresser. C'est le troisième album avec le line-up actuel, et nous en venons vraiment à ce que nous voulons être. L'écriture de morceaux, c'est vraiment quelque chose qui vous vient avec le temps et l'expérience. Maintenant, nous avons le recul nécessaire pour pouvoir définir notre son, rassembler les éléments présents sur Ember to Inferno, Ascendancy et The Crusade pour en faire quelque chose de nouveau, ce qui n'aurait pas été possible si nous n'étions pas sorti de Floride, collaboré avec un nouveau producteur... nous avons pu nous immerger complètement dans cet album. |  |
Cosmic Camel Clash : On avait beaucoup reproché à Trivium lors de la sortie de The Crusade sa ressemblance avec Metallica dans le chant. Le nouvel aspect du chant, le retour du chant hurlé, c'est parce que vous aviez en tête ces critiques et que vous vouliez éviter de les entendre à nouveau ?
Paolo Gregoletto : Non, pas vraiment. Je pense qu'on se fera toujours critiquer, quoi qu'on fasse, et que certaines personnes ne comprendront jamais ce qu'est Trivium. Quand nous avions enregistré la première démo de
Shogun, il n'y avait pas du tout de chant hurlé , et aucune intention d'en rajouter. Mais en réécoutant cette démo, nous avions l'impression qu'il manquait quelque chose. C'est alors que Travis (
Smith, batterie) a suggéré à Matt (
Heafy, chant/guitare) de rajouter du chant hurlé , et nous avons compris que c'est ce qui manquait. Nous avons réalisé que ça faisait partie du son de Trivium et que ça rajoutait une touche particulière. Les critiques, au fond, ne nous touchent pas plus que ça. Je pense que nous nous en sommes sortis pas trop mal avec
The Crusade et que cet album nous a permis de gagner de nouveaux fans.
The Baron : Quelle importance accordez-vous aujourd'hui aux vieux titres, ceux de Ascendancy ou The Crusade ?
Paolo Gregoletto : Ils sont toujours fondamentaux ! C'est la base, les fondations de notre musique, sans elles le nouvel album ne serait jamais sorti. Elles auront toujours une places dans nos cœurs et lors de nos concerts.
The Baron : Dans le livret, chaque chanson est représentée par une illustration, est-ce que vous pourriez nous expliquer la démarche ?
Paolo Gregoletto : Nous avons juste pensé que ce serait intéressant, plutôt que de mettre les paroles, de proposer un artwork pour chaque titre. Ça permet aux gens d'interpréter plus librement, nous ne leur imposons rien en marquant «
cette chanson parle de ci ou de ça ». Nous n'avons donné aucune directive à l'illustrateur autre que les chansons, il a été libre de faire ce qui lui venait à l'esprit.
 | Cosmic Camel Clash : Sur votre site web, ces images conduisent aux paroles de chaque chanson. Pourquoi est-ce que vous avez choisi de faire ce lien direct entre le contenu de votre musique et celui de votre site internet ?
Paolo Gregoletto : Pour pouvoir proposer quelque chose de différent, de nouveau, quelque chose que personne n'avait encore jamais fait. Je pense que maintenant on se tourne plus que jamais vers un format numérique. D'un côté, le livret n'est pas surchargé de mots, ce sont juste des illustrations, et d'un autre côté nous avons pensé que ce serait plus simple pour les kids de venir chercher les paroles en ligne. De plus, nous pouvons toujours mettre à jour ce contenu, nous pouvons rajouter des personnes à la liste des remerciements, et ainsi de suite...C'est cool, c'est quelque chose de nouveau, de différent, je n'ai jamais vu quelqu'un d'autre le faire...
Cosmic Camel Clash : System of a Down l'a fait avec Steal This Album ! Il fallait entrer un code spécial présent sur le CD pour accéder aux paroles sur leur site.
Paolo Gregoletto : Ils l'ont fait ? Ah... bon, je ne le savais pas donc c'est cool. Je trouve que c'est une chouette façon de faire ; sur le nouveu Gun's Roses je crois que si on achète le vinyle on trouve un code qui permet de télécharger l'album en mp3. C'est une bonne idée je trouve, en fait je pense que n'importe quelle idée qui implique Internet est intéressante par définition. |
The Baron : Concernant les paroles d'ailleurs, peux-tu nous en parler ? Ce n'est peut-être pas toi qui les a écrites par contre...
Paolo Gregoletto : Je pense que la manière dont Matt a envisagé les paroles sur cette album est très différente de celle qu'il a utilisée sur les précédents. Il a fait de l'écriture automatique, en laissant juste sortir naturellement les mots que la musique lui inspirait. Il a écrit les mots qui correspondaient aux émotions portées par la musique, et j'ai beaucoup aimé le résultat. On sent vraiment que les émotions contenues dans les paroles correspondent à celles qu'on trouve dans les chansons, au lieu de forcer des mots dedans qui n'auraient pas forcément collé.
Cosmic Camel Clash : En parlant de Matt, les influences japonaises omniprésentes sur l'album sont-elles uniquement de son fait, à cause de ses origines ? Ou bien est-ce quelque chose qui vient du groupe ?
Paolo Gregoletto : C'est lui qui a amené ça vu que c'est son héritage... et nous acceptons totalement ça. Nous sommes très branchés par la diversité des cultures, et beaucoup d'éléments dans l'album ne sont pas japonais, on y trouve aussi l'influences d'autres cultures. Donc ouais, Matt l'a amené mais nous l'avons réellement accepté en tant que groupe. Depuis le premier jour où il a proposé
Shogun comme titre d'album, nous avons été derrière lui à 100%.
The Baron : On trouve deux chansons sur l'édition bonus, et il semble que vous n'aviez pas prévu de les inclure mais que le label a insisté...
Paolo Gregoletto : Oui. En général les faces B ne servent qu'à faire des faces B, ou bien à être sortis plus tard comme bonus de DVD ou je ne sais quoi. Mais ils nous ont demandé de les faire donc nous sommes retournés en studio et nous avons enregistré des titres de démo que nous n'avions pas retenus pour finir sur l'album. Et nous avons rajouté la reprise de "Iron Maiden" de la compil Kerrang
Maiden Heaven.
The Baron : Cette reprise est-elle une manière de remercier Maiden avec qui vous aviez joué trois ans auparavant ?
Paolo Gregoletto : Oh oui, complètement, c'est un hommage et une manière de les remercier. C'est un honneur de jouer la chanson qui porte le nom du groupe, la chanson sur laquelle ils sortent Eddie et qu'ils jouent à absolument tous leurs concerts. Nous avons eu l'occasion de le faire et parfois nous la jouons en concert, quand nous avons la possibilité. C'est fun à faire.
Cosmic Camel Clash : Vous allez la jouer ce soir ?
Paolo Gregoletto : Non... pour je ne sais quelle raison le set de chaque groupe a été écourté, donc nous n'aurons pas le temps. (je lui explique alors la législation de couvre-feu sonore à la française) |  |
The Baron : Le DVD bonus vous montre en plein cours de technique, vous exliquez aux fans comment jouer les riffs de l'album. Tu n'as pas peur que ce soit restrictif ?
Paolo Gregoletto : Pourquoi ?
The Baron : Les gens qui ne jouent ni de la guitare ni de la basse ne trouveront pas ça super intéressant...
Paolo Gregoletto : Oh, peut-être que si. Peut-être que ça leur donnera l'idée de choper un instrument et qu'une de nos chansons sera la première qu'ils joueront. Nous voulions intégrer quelque chose qui mette en avant le côté technique, car je pense vraiment que la majorité de nos fans sont musiciens. Un fan de rock sait jouer au moins quelques accords de guitare en général, j'ai vraiment l'impression que les gens qui écoutent ce genre de musique aiment en jouer également.
Cosmic Camel Clash : J'ai l'impression à ce propos que les chansons de Shogun sont les plus techniques de votre carrière (Paolo acquiesce) et il y a un piège évident quand on part là-dedans : laisser la technique prendre le pas sur la composition. Tu n'as pas peur de ça ?
Paolo Gregoletto : Pas nécessairement car la dynamique de notre groupe fait que... mmmh... en fait certains membres composent des parties plus techniques alors que Travis et moi avons tendance à jouer sur la retenue. Corey (
Beaulieu) et Matt étant guitaristes ils ont cette tendance naturelle à vouloir caser le plus de notes possible. C'est comme ça que ça se passe avec les gratteux, ils veulent poser un maximum d'arpèges alors que Travis et moi sommes surtout intéressés par la structure des chansons... et nous trouvons un terrain commun au milieu de tout ça. Je pense que Matt a vraiment appris à se contrôler à ce niveau et à laisser les paroles comme les notes couler plus naturellement. Il faut que les chansons coulent de source, car si tu n'as pas une bonne chanson à la base tous les arpèges et la double-pédale du monde n'y changeront rien. Tout part des mélodies et des structures, en tous cas pour un écouteur lambda. Regarde Iron Maiden et Metallica, ils remplissent des stades car ils écrivent de super chansons, pas parce qu'ils sont les plus grands shredders de l'histoire. Je pense que l'idée est de toujours essayer d'avoir les meilleures chansons possibles.
 |
The Baron : Trivium existe depuis cinq ans, a déjà sorti quatre albums et donne beaucoup de concerts. Comment gérez-vous le ryhtme ?
Paolo Gregoletto : Je n'y pense pas vraiment, j'adore ce que je fais. Partir en tournée ne me gêne pas du tout : j'adore venir en Europe, j'adore voyager... pas que passer mon temps en avion ou dans les aéroports m'enchante, mais s'il faut sacrifier un jour ou deux de sa vie pour avoir deux mois d'éclate ça vaut le coup. Pour cet album nous avons pris du temps libre entre la fin de la tournée et le début de l'enregistrement, donc nous nous sommes donnés de la liberté.
Cosmic Camel Clash : Qu'allez vous faire une fois le Unholy Alliance terminé ?
Paolo Gregoletto : Nous allons faire un break pour les vacances de Noël, puis nous allons partir pour la plus grosse tournée américaine de notre carrière. Je ne peux pas te dire pour qui nous allons ouvrir, mais c'est énorme. Puis nous reviendrons cet été en Europe pour faire des festivals.
The Baron : As-tu un message pour les fans français ?
Paolo Gregoletto : Oh, je peux juste les remercier, vraiment. De nous donner l'occasion de jouer dans leur pays, d'y revenir, ils nous soutiennent toujours et notre fan-base continue de s'étendre ici... donc merci beaucoup pour votre soutien et si vous ne venez pas nous voir durant le Unholy Alliance, s'il-vous-plaît, venez nous voir quand nous reviendrons.
Interview réalisée en partenariat avec :
Crédit photos :
www.myspace.com/trivium
Questions : The Baron & Pietro
Traduction / transcription : AKV & CCC