Hacride

Entretien avec Adrien (guitare), Ben (basse), Sam (chant) (suite) - le 24 avril 2009

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Gazus

Une interview de




Hacride_20090424

Voici donc la seconde partie (cliquez pour lire la première partie) de ce long entretien avec les membres d'Hacride (le batteur en moins). Au menu, beaucoup de frustration mais aussi des larmes, de la joie... En fait non, surtout de la frustration, plus éprouvée au final par les auditeurs de Lazarus (chronique ici), dernier album du groupe, que par les musiciens eux-mêmes... L'occasion aussi pour le guitariste et le bassiste de parler du chanteur dans son dos...

Gazus : Pourquoi avoir décidé de finir cet album d'une manière aussi frustrante, sur "My Enemy" ? (rires)

Adrien : Le principe du manque...

Ben : Qu'est-ce que tu appelles «frustrante» ?

Gazus : Et bien il y a cette dernière montée qui arrive, on se dit que ça va péter de nouveau à la fin et... on se retrouve avec une porte close dans la gueule. Et l'album est fini.

Adrien : J'ai toujours rêvé de ce sentiment de manque qu'il y a à la fin...

Ben : Nous l'avons toujours fait, même sur d'autres titres où nous faisions exprès de couper certains rythmes un peu plus posés à la fin.

Adrien : Sur Lazarus, tu t'es pris une heure de morceaux très progs avec des ambiances extrêmement différentes et sur "My Enemy" tu as cette espèce de montée, c'est vraiment l'implosion, comment dire, le «pfiouut !». Une fois la fin arrivée, tu ressens vraiment ce sentiment de manque. Et ce que tu as envie de faire, enfin, je l'imagine (il sourit), c'est de rappuyer sur «PLAY».

Gazus : Ou bien d'acheter le prochaine album...

Adrien : Effectivement. (rires)

(Sam nous quitte alors, pour aller donner une autre interview)

Ben : Tu peux aussi continuer l'histoire dans ta tête, réfléchir à tout ce que tu t'es pris durant cette montée. Maintenant que tu te retrouves tout seul dans le silence, il y a forcément des choses qui vont venir.

Adrien : Le silence fait partie de la musique. Du coup, l'utilisation de ce silence-là est très importante. C'est comme si tu étais projeté dans un désert, après cette énorme montée qui t'a projeté... il faut que tu retombes. Vraiment, c'est quelque chose que nous avions déjà fait avec "On The Threshold Of Death", même si la fin était assez longue, mais de la même manière, lorsque celle-ci arrive, c'est vraiment un sentiment de manque qui reste.

Ben : Nous le sentons quand nous la jouons sur scène, vu que nous la faisons souvent à la fin et nous sentons que c'est pareil pour le public.
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Gazus : Une question prévue pour Sam à la base, à laquelle vous pourrez peut-être répondre, au niveau du placement du chant clair par rapport au texte. Est-ce qu'il y a un rapport entre ses parties en chant clair et le sens du texte ? Ou bien est-ce purement dans un but musical ? Ou bien les deux ?

Adrien : Je pense qu'il doit y avoir un peu des deux. Je sais que quand il faisait ses prises chant il savait que lors des moments très intenses au niveau des paroles, il devait prendre son micro dans la main et qu'il se déchire le ventre. Je pense donc que tout est lié. Après, au niveau du placement des paroles, c'est pas toujours évident, mais au niveau des hurlés, des trucs qui viennent du cœur, je sais que ça suit les paroles.

Ben : En fonction de certains mots, notamment. Les mots posent aussi les ambiances, tout comme la musique. Forcément, ça avait une influence sur ses paroles, du coup il regardait son bloc de texte et se disait «Ah tiens, ça je vais peut-être le reprendre...», par rapport à l'histoire, pour sa logique...

Gazus : Comment par exemple sur "A World Of Lies" où on retrouve des paroles qui se trouvent dans "Awakening" ?

Adrien : Ouais, voilà. Je pense qu'il y a une corrélation de sens, du point de vue de l'utilisation des grains, etc... (il marque une pause) On s'est pris la tête ! (rires)

Gazus : Musicalement parlant, Lazarus est beaucoup plus fouillé que ne l'était les autres albums, au niveau des samples, des couches de synthés, de piano, des ambiances, des chœurs... Paradoxalement, le niveau technique est quand même en deçà de ce qu'on pouvait entendre sur Amoeba, notamment au niveau de la batterie où ça tabassait pas mal, avec un côté très meshuggien. Là, sur cet album... Olivier n'est pas présent, mais j'aimerais savoir s'il se sent ou non frustré que tu aies composé un album où il ne peut pas se lâcher totalement ! (rires)

Adrien : Alors qu'on soit okay, c'est Olivier qui a choisi d'épurer à mort la batterie.

Ben : Il avait envie d'un jeu simple, épuré...

Gazus : Plus postcore ?

Adrien : Euh...

Ben : Non, pas vraiment, euh...

Adrien : Plus rock !

Ben : Il était parti là-dessus, même sur sa configuration de batterie, il a changé des choses, moins de toms... Il voulait être plus libre, se poser et emmener les choses autrement qu'en étant constamment à burne.

PhotoGazus : Avec un peu moins d'esbroufe ?

Ben : Voilà. Sur le jeu des cymbales aussi, il voulait que ce soit plus fin et pas tout le temps quelque chose qui se barre en couille tout le temps. Il n'en avait pas envie et n'avait pas forcément envie de se montrer...

Adrien : Il n'a rien à prouver.

Ben : Oui. Il voulait le faire avant tout pour lui... Après, les tempos font aussi que son jeu a changé, mais il voulait, au lieu de mettre des breaks un peu partout, en mettre moins, mais en leur donnant plus d'importance. Quand il plaçait un break, c'était pour qu'il ait du sens et pas pour dire «Voilà, regardez, je suis balaise à la batterie !»

Adrien : De toutes façons, même pour cet album, que ce soit au niveau des guitares, au niveau basse, etc, nous en avons mis moins que par le passé. Par exemple, tu parlais des claviers tout à l'heure. Avec Marc Casanova, qui nous a aussi aidé pour les samples, nous avons utilisé de vieux synthés vintage, des trucs que nous n'avons pas trop l'occasion d'utiliser dans le metal. Il fallait donc laisser de la place pour ce genre de sonorités. Il y a du clavecin, du piano, des sons de mélotron , de claviers qu'utilisaient par exemple les Beatles ou King Crimson. Ce genre de son, s'il y en a partout, s'il y a en plus des grattes dans tous les sens, de la basse, de la batterie, il n'y plus de place et on n'entend plus rien. Il y a beaucoup d'informations, nous avons donc voulu épurer, de telle sorte qu'on entende chaque son.


Gazus : Laisser de la place dans le spectre sonore...

Adrien : Voilà.

Ben : De telle sorte que les ambiances soient plus progressives et qu'elles prennent le temps de monter, pas comme sur Amoeba où elles changeaient complètement de visage tous les deux riffs. Avec "Perturbed", par exemple, tu as cette image du riff un peu fou puis rythmique, puis plus posé et mélodique. Ce sont vraiment des visages qui s'enchaînent très vite, tandis que sur Lazarus, on a le temps de se poser, rajouter des petites choses...

Gazus : Sur Amoeba, le morceau de référence au niveau de la basse est "Fate", avec ses parties galopantes qui montent et descendent. Comme pour la batterie, Ben, tes parties sont bien plus épurées désormais. Comment le vis-tu ? Te sens-tu frustré ? (rires)

Ben : Ah non, pas du tout. Au contraire, je me sens encore plus libre de pouvoir, en live, rajouter quelques petites choses... Non, je suis vraiment très content d'avoir aussi soutenu toute cette masse, c'était pas non plus très évident. Dans ma manière de jouer et tout ce que j'ai voulu emmener, je n'ai jamais voulu être mis en avant. Dans l'esprit, on pourrait dire qu'Hacride aurait besoin d'une basse hyper technique, mais j'ai toujours pensé, et nous en avons discuté avec Adrien, que ce qui peut nous démarquer c'est que cette basse est plus posée, plus simple et que même si les autres instruments sont techniques, nous n'avons pas tous besoin d'être présents constamment.

Adrien : C'est la musicalité qui prime. Le rôle de la basse est de tenir une tonalité, tenir une note. T'as une belle note «Bôôôôôôm» qui sonne. Le rôle de la basse c'est aussi ça.

Ben : Ça soutient les nuances.

Adrien : Ça chapeaute le tout.

Ben : C'est le lien entre la rythmique de la batterie et l'harmonie de la guitare. Il ne faut pas oublier cela lorsque l'on est bassiste. Je n'aime pas trop lorsque la basse veut être trop en avant pour rien... Évidemment, il y a parfois des places pour ça, par exemple "Fate", comme tu disais, où j'ai une petite place où je me déchaîne un peu plus. Mais c'est parce que la musique en a besoin, pas parce que je me dis «Ouais, cool, j'ai une petite place, je vais faire plein de trucs !»

Adrien : C'est comme un orchestre de chambre en fait. Tu as un accord, effectué par les cordes, avec différents renversements. Et tu as une contrebasse...

Gazus : Qui joue le continuo.

Adrien : Voilà, qui joue l'harmonie et qui va t'amener vers les différentes tonalités que tu utilises. Dans notre cas, c'est exactement ça.

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Gazus : Sam n'est toujours pas revenu, mais vous allez essayez de répondre à sa place...

Adrien : On va essayer ! (rires)

Gazus : Dans le morceau "Lazarus", il y a un passage où le chant est soit sous-mixé, soit Sam était loin du micro lors de la prise, et Sam beugle comme pas permis...

Adrien : (l'interrompt) Ben voilà, c'est de ça dont je te parlais tout à l'heure par exemple...

Gazus : Tout d'abord, au niveau de la signification de ce passage, par rapport à l'histoire, qu'en est-il ? Ensuite, pensez-vous qu'en concert, il va nous refaire un coup à la "Fate" où il chante sans micro ?

Adrien : Pour l'instant, pour tout t'avouer, "Lazarus" n'est pas prévu dans notre set, ça répond à ta seconde question ! Après, du point de vue du sens, c'est exactement ce que je te disais tout à l'heure. Là, Sam a pris le micro et s'est mis à hurler comme un malade, c'était le moment où le personnage commence à s'apercevoir que c'est lui qui a changé et pas le monde autour de lui... «It's me who has changed» C'est là qu'il commence à hurler et que débarque une paranoïa assez monstrueuse et c'est comme s'il se retrouvait dans une espèce de pièce complètement refermée où il hurle sa découverte et commence à péter un câble, au sens premier du terme. Là encore, ça suit les paroles... (il ricane) Sam recroquevillé sur lui-même, à gueuler «Je pense que c'est moi qui a changé !»...

Ben : Au niveau scénique, si on la jouait, je pense qu'il la jouerait comme pour "Fate" (note de Gazus : Sam confirmera cela une fois l'interview finie).

Gazus : Il le fait toujours, d'ailleurs, ce chant sans micro, sur scène ?

Adrien : Oui, ça fait partie du jeu musical avec l'acoustique. En studio, tu peux mettre un plug-in d'effet ou bien t'éloigner du micro, etc. Sur scène, il faut reproduire la même chose.

Ben : C'est un peu comme ce que fais notre ingé son en live qui, par exemple, coupe la façade, pour qu'on entende bien cette batterie acoustique et dès que ça repart, paf la façade est remise. Ce sont des petits trucs qui font partie de l'album, ce que nous essayons de recréer en live. Si évidemment il y avait un passage calme avec une batterie qui tabasse, ça ne marcherait pas. La dynamique ne serait pas la même, évidemment.

Gazus : Est-ce que ce n'était pas un peu casse-gueule de commencer l'album avec un morceau aussi ambitieux que "To Walk Among Them" ?

Adrien : Faut se mettre en danger, non ? (j'approuve) Ben voilà, Lazarus c'est «prise de risque totale». En fait, pendant le studio, nous n'avions qu'une seule phrase en tête : «On s'en fout, on fait vraiment ce qu'on aime à 300%». Les gens aiment ou n'aiment pas, ça n'est pas grave, nous ne sommes pas là pour faire de la variété, satisfaire la foule. Nous sommes là pour faire quelque chose qu'on kiffe, qui nous parle, nous donnes des frissons...

Ben : Plus tu vas dans une musique personnelle, plus tu divises les avis des gens. Après, ceux qui aiment vont probablement encore plus aimer, quant à ceux qui ne s'attendaient pas à ça... tant pis. Nous ne sommes pas là pour eux, comme disait Adrien. Nous sommes là pour nous faire avancer, dans nos vis et musicalement. Pour "To Walk...", nous avons eu comme envie, vu qu'on partait sur une base assez prog, de ne pas reléguer le morceau long à la fin, comme souvent sur les disques de prog. Il fallait partir comme ça, directement, en prenant des risques. Puis bon, il y a des règles, des lois contre ça ? Non, on fait ce qu'on veut.

Adrien : Puis ça suit la logique, la thématique du disque. "To Walk Among Them" c'est le prologue de l'histoire de Lazarus et c'est une espèce de grande introduction qui va t'amener dans différents univers, différentes scènes et cette grande introduction, nous ne pouvions la mettre que là, sinon ça n'avait aucun sens. En plus, c'est le premier morceau que j'ai écrit, donc ça correspondait complètement.

Ben : Il sert aussi de barrière entre la fin d'Amoeba et le début de Lazarus...
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Gazus : C'est vrai qu'il y a un petit côté "On The Threshold Of Death" dans ce morceau...

Adrien et Ben : Voilà, c'est ça.

Adrien : Ce sont les mêmes accords et la même tonalité.

Ben : À l'oreille, on reconnaît ça au départ, avant d'être entraîné dans autre chose.

Adrien : C'est aussi une introduction, ça coule naturellement.

Gazus : Vous n'avez eu juste là qu'un seul vrai clip, celui de "Perturbed". Est-ce que vous avez des projets de clip pour Lazarus et si oui, quel morceau ?

Ben : Nous avons un projet, mais nous ne savons pas encore si ça va se réaliser. Une fois de plus, ça se passe en famille, vu que nous travaillons avec Ben Deka qui nous a suivi en tournée sur Amoeba, à faire du V-Jing. Il n'a pas pu être tout le temps là, parce qu'il est sur un film, là il va partir cet été aux États-Unis pour en faire un, mais nous nous côtoyons toujours, nous nous parlons toujours, mais avec comme idée de ne pas faire forcément comme tout le monde et de créer un court-métrage avec "To Walk Among Them". Donc ce n'est pas un clip comme ça à faire, ça demande du temps, nous n'avons pas encore de dates précises vu que lui ne sait pas encore si son film va aller plus loin ou pas, ce sont des questions de logistique... Mais nous sommes partis là dessus. Ça demande du temps, c'est long à mettre en place...

Gazus : C'est vrai que l'album est très cinématographique, il se découpe en actes, il y a des scènes au sein de chaque titre...

Ben : Voilà, lui ça lui parle directement, il s'endort en écoutant le morceau, tout le temps, histoire de bien s'en imprégner... Il a vraiment de bonnes idées et je pense que ça va être super.

Adrien : Si ça se fait.

Ben : Ouaip.

Adrien : Bon, maintenant, c'est ce que nous voulons.

Ben : S'il le veut aussi, mais maintenant, il y a plein de choses qui rentrent en jeu, des questions de logistique, d'argent... Nous ne pouvons pas faire un petit truc. Soit ce sera quelque chose de gros, soit nous ne le ferons pas. Voilà.



À suivre...


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