Cosmic Camel Clash : Revenons un moment sur Land Of The Free Pt. 2 et la tournée qui a suivi : comment était-ce de tourner avec Helloween ? J'imagine que l'atmosphère était plutôt familiale...
Dan Zimmermann : Oui, vraiment. C'était très chouette, ils étaient cools avec nous, nous avions de gros moyens, les rapports avec le crew d'Helloween et les musiciens eux-mêmes étaient bons. Il a fallu quelques jours pour tout mettre en place, mais une fois que tout le monde a été à son poste et que les choses se sont calées ça a été une tournée très relax. D'une certaine manière, oui, c'était une tournée familiale.
| Cosmic Camel Clash : Le final de chaque concert était constitué d'un rappel avec les membres des deux groupes sur scène... sauf toi. Comment as-tu vécu ça ?
Dan Zimmermann : Honnêtement, ça ne m'a pas vraiment posé de problème. Je me suis amusé aussi : j'étais sur le côté de la scène et je regardais le show. Monter deux kits de batterie uniquement pour jouer deux chansons aurait demandé trop d'efforts, et je ne me voyais pas faire l'imbécile sur scène avec une caisse claire ! Il y avait déjà tellement de monde... et ce qui comptait aux yeux des gens, c'était que Kai (Hansen, chant+guitare, ex-Helloween) joue avec les mecs d'Helloween. Henjo (Richter, guitare) et Dirk (Schlächter, basse) ont eu l'occasion de participer et l'ont fait pour leur propre amusement, et en ce qui me concerne ça n'a pas posé de problème. Je n'ai pas d'histoire commune avec Helloween, donc je n'ai pas ressenti de besoin à ce niveau-là. |
Cosmic Camel Clash : On pourrait dire que la tournée actuelle est également une tournée familiale, car vous êtes sur la route avec ton autre groupe, Freedom Call (Dan acquiesce). Est-ce là le genre de conditions que vous recherchez après une si longue carrière ? Des tournées avec des musiciens que vous connaissez déjà, sans risque de tension et sans avoir besoin de faire connaissance ?
Dan Zimmermann : C'est exactement ça. Nous avons pris l'habitude d'une ambiance harmonieuse durant les tournées, que ce soit entre nous ou avec les autres groupes. Je pense que nous sommes sympas avec les premières parties en général. Bien évidemment je connais les mecs de Freedom Call depuis des années, Chris (
Bay, chant) est un ami... les Italiens (
nd CCC : Secret Sphere, le troisième groupe à l'affiche) sont également des gens hyper gentils, dont les concerts sont bons et qui ne risquent pas de nous poser un quelconque problème durant la tournée. Et c'est ça que nous recherchons... nous ne voulons pas de superstars ou de gens qui créent des embrouilles sans arrêt. Je déteste ça, et les autres membres de Gamma Ray aussi. Nous voulons une ambiance décontractée, nous voulons pouvoir nous concentrer sur nos concerts, notre musique et les émotions que nous désirons transmettre aux gens. C'est ça qui compte à nos yeux, et quand tu es accompagné par des gens agressifs, qui se prennent trop au sérieux et qui créent sans arrêt des problèmes, c'est l'enfer. Nous ne voulons pas de ça.
Cosmic Camel Clash : Tu n'assureras pas les concerts de Freedom Call sur cette tournée. C'est parce que tu ne voulais pas devoir enchaîner deux sets chaque soir ?
Dan Zimmermann : En fait Freedom Call peut tourner avec nous car je ne joue pas avec eux. Quand j'ai dit à Kai et Dirk que je voulais que nous tournions avec eux, ils m'ont répondu «
nous ne voulons pas que tu joues deux sets à chaque fois, nous voulons que tu te concentres sur Gamma Ray ». Gamma Ray est mon métier, c'est le groupe de Kai mais c'est aussi le mien... je veut vraiment donner mon maximum quand je joue, et c'est effectivement impossible pour moi si je dois donner deux concerts. Ça m'est arrivé par le passé, dans le cadre de festivals, de jouer avec les deux groupes dans la même journée... mais j'avais le temps de me reposer entre les deux, et il ne s'agissait que d'un concert. Si je devais le faire lors d'une tournée, si je tombais malade... ça arrive, ce genre de trucs, on attrape froid... et là ça devient dur. Il faut lutter, on atteint sa limite très vite, et un show dans ses conditions c'est déjà bien assez. Dans ces conditions je ne pourrais pas garantir que je ne vais pas m'écrouler après quelques semaines... et c'est une longue tournée ! Il y a des day offs bien sûr, mais elle va durer jusqu'à la fin mars. Ça fait beaucoup de concerts et je ne peux pas non plus dire aux mecs de Freedom Call «
vous ne pouvez pas tourner pendant ce temps-là parce que je ne suis pas là ». Donc j'en ai parlé avec eux et je leur ai dit que pour pouvoir tourner avec nous mais il leur fallait un autre batteur. En 2008, pendant que Gamma Ray tournait avec Helloween, ils avaient déjà pris un batteur intérimaire car je ne pouvais pas enquiller une tournée avec les deux groupes la même année. La tournée avec Helloween durait près d'un an en tout, avec une très longue partie en Amérique du Sud, une autre très longue partie aux Etats-Unis... c'était trop. Donc ils ont l'habitude maintenant de jouer avec un batteur de remplacement, en la personne de Klaus Sperling qui a fait partie de Primal Fear. Il a beaucoup d'expérience, il a un bon groove et il est capable de jouer mes parties. Plus important encore, c'est un type sympa. Il a les pieds sur terre, il n'est pas arrogant ou quoi que ce soit... il s'intègre bien au groupe.
Cosmic Camel Clash : Qu'est-ce que ça te fait de voir ton groupe jouer sans toi ?
Dan Zimmermann : Et bien... (sourire) en fait c'est sur cette tournée que ça m'est arrivé pour la première fois, et ça fait bizarre (rires) ! Il y a toujours des moments où tu te dis « ça devait être moi là ! »... mais d'un autre côté c'est intéressant de voir comment ils rendent depuis la salle. Quand on passe tous les concerts derrière le kit on ne peut pas se rendre compte... les gens vous en parlent mais au final on ne sait pas. Et ils sonnent bien. Ils rendent bien visuellement, ils jouent bien, leur son est bon, leurs compos aussi et la réaction des fans est très enthousiaste. Espérons que ce sera le cas aussi aujourd'hui ! Freedom Call est assez connu en France, nous avons pas mal joué ici par le passé... ça devrait bien se passer ce soir. | |
Cosmic Camel Clash : Klaus a joué dans Primal Fear... ce groupe fait-il partie de ceux avec qui vous pourriez tourner en toute tranquillité, comme Freedom Call et Helloween ?
Dan Zimmermann : Je ne suis pas sûr. Je sais que Randy Black (
batterie) est un type sympa qui ne posera pas de problème mais... nous connaissons les membres de Primal Fear et ils sont assez sympas... mais ils ont conscience de leur statut et les choses risqueraient de se compliquer si Mat Sinner (
basse) commençait à exiger des choses pas prévues sur le contrat. Il y aurait une chance pour que des problèmes apparaissent... Mais bon, oui, nous pourrions tourner avec eux, normalement ça devrait bien se passer.
Cosmic Camel Clash : Bon, retournons à Gamma Ray. Quand Land Of The Free pt. 2 est sorti, il y a eu de nombreuses critiques concernant des influences trop évidentes, notamment d'Iron Maiden. En as-tu entendu parler, et si oui quel est ton sentiment à ce sujet ?
Dan Zimmermann : Mmmh... de toute évidence le groupe - et Kai en particulier - est influencé par Iron Maiden et Judas Priest. Ca s'entend sur pratiquement tous nos albums, mais ce n'est pas comme si nous nous disions «
tiens, piquons ce riff ou cette mélodie à Judas Priest ». Nous avons nos influences, elles font partie de notre subconscient... puis quand nous jouons nous sortons tel ou tel riff, puis nous suggérons d'enchaîner sur tel ou tel plan, et là il y a des similitudes qui apparaissent. Dans ces cas-là nous essayons d'autres choses... nous mettons de côté tel plan qui sonne comme Priest et nous tentons d'autres approches. Au final nous gardons ce qui colle le mieux dans la chanson : si un plan est similaire à un autre composé par nos héros mais que c'est celui-là qui rend le mieux, nous le gardons. De temps en temps nos chansons comportent des parties qui rappellent Maiden, Priest ou je ne sais qui... mais ça ne nous tracasse pas tellement. C'est une histoire d'émotion : nous arrangeons nos chansons selon notre instinct, ça vient du coeur, et si ça sonne comme un autre groupe tant pis. Les fans peuvent pointer ça du doigt, ils ont le droit de dire qu'ils ne veulent pas entendre ça, ils sont libres de ne pas acheter l'album... Que puis-je dire ? Nous ne cherchons pas sciemment à reprendre d'autres groupes...
Cosmic Camel Clash : Prenons un exemple : quand Kai a amené "To the Metal", ne lui avez vous pas dit à un moment donné « écoute, ça sonne bien, mais tu viens de nous refaire "Metal Gods" de Judas Priest » ?
Dan Zimmermann : Bien sûr que nous y avons pensé... mais au final, je trouve que la seule similitude avec "Metal Gods" est le groove de batterie, le tempo. Et c'est le tempo qui a déterminé le type de riff, c'est lui qui est à l'origine du son général de la chanson... et pour moi, sorti du tempo et du groove, elle n'a rien à voir avec "Metal Gods". Le riff est complètement différent, la mélodie est différente... et bon, pourquoi ne pas faire une chanson comme celle-ci ? Qu'est-ce qui interdit de se dire «
"Metal Gods" est une super chanson... j'ai composé une chanson dans le même tempo, mais d'une manière différente ? ». C'est comme ça que je vois les choses, et c'est aussi l'opinion du groupe. Et bien sûr, quand les gens font des comparaisons... on se fait toujours comparer à quelque chose de toutes façons. Et si nous réussissions à n'utiliser aucune partie rappelant un autre groupe, les gens nous diraient que nos nouvelles chansons sonnent comme nos anciennes chansons, ou comme du Helloween... Il y a toujours des gens pour faire des comparaisons, c'est comme ça. Et bon, ce que nous faisons est tout de même légèrement différent.
Cosmic Camel Clash : Je trouve qu'il y a des titres plutôt réussis sur le dernier album, comme "Rise" et "Empathy"... cette dernière renferme une intensité dont "To the Metal" est dépourvue vu qu'il s'agit d'un hymne heavy bas du front. Pourquoi donc avoir choisi cette dernière chanson comme single au lieu d'une autre compo plus ambitieuse ?
Dan Zimmermann : Nous en avons parlé entre nous, et si nous avions eu le choix nous aurions choisi "Empathy". Mais la maison de disques a choisi "To the Metal"... ce ne sont pas des musiciens, ils se sont juste dit que c'était l'hymne de l'album. Que la chanson soit rétro ou sonne un peu comme Priest ne compte pas pour eux, c'est juste qu'à leur oreille c'est un hymne et puis voilà. Il y a aussi des raisons financières bien sûr : le tempo, le fait que la chanson n'est pas du tout progressive, tout ça la rend plus commerciale. Et c'est ça qui leur plaît... avec les labels c'est toujours pareil, ce qui compte pour eux c'est de savoir comment vendre un produit. Ca a été leur décision et nous l'acceptons : nous pouvons toujours leur dire «
la volonté du groupe c'est que le single soit... », mais nous savons qu'ils n'ont pas à faire ce que nous leur disons. Ils ont acheté les droits de nos chansons, donc ils ont le droit de décider ce qu'elles deviennent. Laquelle fera un single, laquelle donnera un clip... ce sont eux qui décident.
Cosmic Camel Clash : J'avais interviewé Dirk il y a quelques années sur la tournée Majestic (interview ici) et il m'avait décrit le processus créatif dans Gamma Ray comme un combat constat entre quatre égos gigantesques. Tu es d'accord ?
Dan Zimmermann : Oui ! Par contre il ne faut pas le comprendre d'une manière négative... nous discutons énormément. Chacun a une vision bien précise de ce qu'il veut entendre dans une chanson, que ce soit au niveau des riffs, des mélodies ou des harmonies... et quand nous nous retrouvons, nous mettons tout ça en commun. Par exemple quand j'apporte une chanson le groupe la joue... et c'est très important de la jouer en tant que groupe et que chacun apprenne ses parties. Car ensuite on peut se rendre compte de comment elle sonne, et chacun peut déterminer comment il la ressent. Et bien entendu, quand Henjo ou Kai jouent ma chanson ça leur donne des idées et nous discutons de tout ça. Nous testons énormément d'idées, et au final apparaît un arrangement final. Quand ce que j'ai composé inspire Kai et qu'il rajoute un riff, un solo ou qu'il modifie la ligne de chant, c'est là que ça devient intéressant. Je pourrais très bien être rigide et n'accepter aucun changement, ça satisferait mon égo... mais ça ne serait pas le mieux pour la chanson. Nous sommes un groupe, donc tout le monde doit pouvoir apporter ses propres idées et sa propre créativité... et ça fonctionne plutôt bien. Il peut arriver à Kai d'avoir une idée précise de comment la totalité d'une compo doit sonner, et dans ce cas il boucle tout lui-même... et ça me va, j'ai toujours la liberté de modifier un poil tel groove ou tel break, il ne me force pas à tout jouer de la manière qu'il veut. La plupart du temps à donne lieu à des échanges, chacun se justifie, donne ses raisons et tout... mais au final - et c'est une règle tacite dans Gamma Ray - le compositeur principal a le dernier. Kai a composé "Empathy", donc une fois que tout le monde a exposé les variations possibles qu'il voudrait apporté, c'est lui qui dit «
Bon, au final on va la jouer comme ça. » Et cette version finale comporte à la fois ses propres idées d'origine et celles apportées par les autres. Nous travaillons d'une manière très proche, et donc ça crée forcément...
Cosmic Camel Clash : Des tensions créatives ?
Dan Zimmermann : Voilà. Parfois nos discussions peuvent durer pas mal de temps, mais nous ne nous disputons jamais. Nous ne nous crions jamais dessus, c'est toujours constructif et ça sert toujours à nous faire avancer.
Cosmic Camel Clash : De la manière dont tu décris les choses, on dirait que chaque membre n'apporte que des chansons complètes. Ça n'arrive jamais qu'un des guitaristes arrive avec un riff et vous demande de construire quelque chose autour ?
Dan Zimmermann : Si, de temps en temps... mais la plupart du temps le compositeur arrive avec une structure de chanson en tête. Il peut arriver que Kai n'ait qu'un riff en tête, mais en général il a aussi une idée de ce à quoi la ligne de chant devrait ressembler, même si c'est très vague. Il n'apporte jamais de riff sans avoir au moins une idée de ce qui va arriver derrière, et c'est pareil pour tous les membres. Quand je compose une chanson, mon idée est que les autres doivent pouvoir se faire une idée de tout ce que j'entends, même si ce n'est pas gravé dans le marbre.
| Cosmic Camel Clash : En parlant de tes chansons, tu as composé un titre assez inhabituel qui s'intitule "Wannabees" et qui a terminé comme bonus-track (Dan acquiesce). Kai a dit à qui voulait l'entendre que d'après lui la chanson aurait dû figurer sur la version normale de l'album... comment se fait-il que ce n'est pas arrivé ?
Dan Zimmermann : C'est parce que ce n'est pas une chanson traditionnelle de Gamma Ray, en particulier la ligne de chant qui est très rythmique, comporte énormément de mots et s'apparente un petit peu à du rap. C'est différent de ce que fait habituellement Gamma Ray... le titre résume tout : ça parle de ces gens que tu rencontres sur la route et qui se mettent à te parler sans s'arrêter, sans aucun respect pour toi, qui prennent des poses, « Moi aussi je suis batteur ! Tu as foiré ton break à tel moment !» , etc. Je peux avoir ce genre de discussion avec quelqu'un, mais seulement si la personne à qui je parle fait preuve de respect. L'anecdote qui a donné naissance à cette chanson eu lieu à Mexico. Je te raconte ? |
Cosmic Camel Clash : Oh ben oui.
Dan Zimmermann : Alors donc... nous jouions dans un Hard Rock Café à Mexico et il faisait une chaleur à crever. La teneur en oxygène de l'air était réduite, le son était pourri, c'était vraiment dur... en plus l'estrade où était posée la batterie n'était pas stable, et des trucs n'arrêtaient pas de tomber. Je n'ai pas pu me concentrer sur le set, à la fin j'étais lessivé. En général après un concert je monte dans les loges, je me pose avec une serviette sur la tête et j'essaie de me calmer. J'essuie l'énorme quantité de sueur qu'il y a sur moi, je laisse mes muscles se refroidir... et cinq minutes après la fin du concert, la porte s'ouvre à grand fracas et un type immense débarque avec une fille à son bras, me fonce dessus sans que je comprenne pourquoi et se met à prendre des poses. Je ne comprenais rien : j'étais là avec ma serviette sur la tête et ce type prenait des poses, poings fermés, et me criait dessus. Ce n'était pas de la colère, c'était juste «
Hell yeah !! C'était génial !! Je joue de la batterie moi aussi et... », blablablabla. Il s'est mis à me parler et à énumérer les breaks que j'avais foiré... et moi je me demandais juste quel connard l'avait laissé entrer. J'ai finit par lui dire «
Okay, attends, on discutera tout à l'heure, laisse-moi juste une demi-heure pour me reposer. ». Il était tellement... je sais pas, il avait peut-être pris des trucs... bref, je suis allé m'enfermer dans les bureaux de la direction. Après j'ai pu rire de cette histoire, mais sur le moment ce n'était pas drôle pour moi. Ça a été le pompon, mais ça arrive sans arrêt. Tu es en train de parler à quelqu'un et là un type débarque, se colle devant toi et se met à te parler sans t'avoir demandé s'il pouvait t'interrompre ou quoi que ce soit, genre «
Tu as foiré ce break ! ». En général je réponds que oui, en effet, mais que là je suis en train de parler à quelqu'un... mais ça ne les touche pas. Ils ne s'en vont pas, ils restent juste là et continuent à parler.
Cosmic Camel Clash : Ils ne se conduiraient jamais comme ça avec un inconnu...
Dan Zimmermann : Ouais. Bien évidemment, je sais quand je vais en tournée avec Gamma Ray que les gens ont vu ma tête dans les magazines. Je sais bien que je suis une personnalité publique, au moins en partie. Je sais que si je vais dans un bar... d'ailleurs quand je ne veux pas me retrouver dans ce genre de situation je reste à l'hôtel. Quand je sors, je sais que les gens vont me parler... et ça me va ! Je suis un gars cool, j'aime discuter avec des gens, le problème n'est pas là. Le truc, c'est que certaines personnes en font vraiment trop... et ça me force à fuir, ou à leur dire de s'arrêter tout de suite.
Cosmic Camel Clash : En gros "Wannabees" c'est un peu ton "Walk" de Pantera, chanson qui parle de la même chose...
Dan Zimmermann : Ouais (
sourire) !! En gros c'est ça.
Cosmic Camel Clash : En moins agressif !
Dan Zimmermann : Oui ! Et c'est une bonne chanson, mais elle est vraiment à part. Sa structure est également à part, il n'y a pas de réel solo, juste un plan chanté qui fait «
Who gave you a backstage pass ? »... c'est plus une chanson pour le fun, ça ne correspond pas à ce qu'un fan pourrait attendre d'une chanson de Gamma Ray, et c'est pour ça qu'elle a fini en tant que bonus track. Ça ne me pose pas de problème.
Cosmic Camel Clash : Vous la jouerez live ?
Dan Zimmermann : Probablement pas aujourd'hui, mais sinon bien sûr.
Cosmic Camel Clash : Le sentiment général chez les métalleux est que la vague de speed mélo qui sévissait à la fin des années 90 et qui a perduré au début des années 2000 a atteint sa limite, et que les groupes ont de plus en plus de mal à se renouveler (Dan acquiesce). Est-ce que tu partages cette opinion ou te semble-t-elle injustifiée ?
Dan Zimmermann : Je suis d'accord. Je vois bien la tendance, et le power mélodique, ou quelle que soit la façon dont on l'appelle, en ce moment... mmmh... (réfléchit)... bon, il n'est pas en train de décliner, les groupes seront... c'est comme Gamma Ray, nous serons toujours là. Nous avons un certain statut car Kai a plus ou moins créé ce mouvement et cette manière de jouer. Mais je le vois bien avec Freedom Call, toute la scène mélodique n'est plus populaire en ce moment, surtout en Allemagne. Je ne sais pas ce que ça donne en France ou en Italie, mais les magazines principaux allemands comme Rock Hard ne publient presque plus rien sur les groupes mélodiques. Il reste quelques articles, mais la plupart d'entre eux traitent de thrash, de death ou de néo... et bien entendu des groupes énormes comme Maiden ou Metallica. Mais si les groupes du calibre de Freedom Call n'obtiennent soit aucune interview, soit des moitiés de page. Ce n'est pas la tendance du moment. | |
Cosmic Camel Clash : La première fois que j'ai vu Gamma Ray en tête d'affiche c'était dans un Elysée-Montmartre plein. Pour la tournée Majestic vous jouiez déjà dans un Elysée-Montmartre en petite configuration, avec une salle à moitié pleine. Aujourd'hui vous jouez au Trabendo, qui est une salle de moindre capacité. Ça ne t'inquiète pas ?
Dan Zimmermann : Mhhh... (
réfléchit) bien sûr que c'est dommage, et bien sûr qu'un groupe a toujours envie de jouer devant plein de monde. Mais dans mon éducation de musicien, j'ai appris que quand on joue devant vingt personnes à fond dedans et réceptives à l'émotion qu'on veut transmettre, ça vaut le coup. On ne mérite pas de jouer devant des milliers de personnes si on ne sait pas jouer face à vingt personnes. Durant notre tournée de 2001 pour
No World Order nous avions Sonata Arctica en première partie, et c'est aussi grâce à eux que nous avons eu tellement de monde. Ils sont très populaires ici et beaucoup de gens sont venus pour eux. Concernant la décroissance que tu mentionnes, c'est quelque chose qu'il faut accepter... jouer devant sept cent personnes c'est déjà beaucoup pour moi. Que dire ? Bien sûr qu'on veut voir croître son public après chaque album, mais si ce n'est pas le cas il faut l'accepter. Nous n'y pouvons rien et nous n'allons pas changer notre style ou notre manière de jouer pour y remédier. Nous n'allons pas nous dire «
Oulà, il y a moins de monde à nos concerts, ce que nous jouons n'est plus à la mode... »
Cosmic Camel Clash : »... faisons du hardcore !! » (rires)
Dan Zimmermann : Voilà. «
Jouons un truc à la mode. ». Nous ne ferons pas ça... nous ne pouvons
pas faire ça. Ça sonnerait comme de la merde, ça ne fonctionnerait pas.
Cosmic Camel Clash : Une grosse nouvelle est tombée récemment concernant la scène allemande... les Scorpions vont terminer leur carrière (Dan est visiblement surpris). Tu n'étais pas au courant ?
Dan Zimmermann : Non...
Cosmic Camel Clash : Ah ben je te l'apprends alors : ils vont sortir un dernier album, faire une dernière tournée et ensuite s'arrêter.
Dan Zimmermann : Ah, okay !! Combien de groupes ont annoncé ça pour ensuite revenir ? Bon, tu me l'apprends effectivement, je ne savais pas... pour moi ce n'est qu'une histoire de fric. Forcément, tout le monde va y aller s'ils disent que c'est la dernière tournée, tout le monde va vouloir les voir une dernière fois. Ces tournées d'adieu ne me plaisent pas. Quand c'est un groupe que j'aime le groupe je vais les voir, qu'il s'agisse de leur dernier concert ou pas. Et ils peuvent très bien faire un break qui durera cinq ou sept ans... mais ils reviendront (
sourire). Ils auront besoin d'argent... Klaus Meine (
chant) et Rudolf Schenker (
guitare) sont riches donc eux non, mais ils reviendront quand même tôt ou tard. Ce n'est que de la promo, qu'une manière de faire marcher le bouche à oreille.
Cosmic Camel Clash : Tu es certain qu'ils n'y croient pas eux-mêmes ?
Dan Zimmermann : Oui. Je suis sûr que ce n'est qu'une manière de booster la tournée et de convaincre plus de monde de venir les voir, afin de gagner plus d'argent. En tous cas ça y ressemble énormément.
Cosmic Camel Clash : On devrait faire des paris (Dan acquiesce). Bon, fin d'interview habituelle : si tu as tout dit on s'arrête, mais si tu veux rajouter quelque chose fais-toi plaisir.
Dan Zimmermann : Bien entendu j'ai hâte que ce concert au Trabendo ait lieu ce soir. Le public parisien nous a toujours accueilli chaleureusement et nous les avons remercié en donnant de bons concerts. Nos avons modifié la setlist, nous allons jouer cinq chansons du nouvel album... Nous espérons que le public français a aimé le nouvel album, appréciera notre concert et que nous pourrons faire une bonne petite fête heavy-metal ici. Je sais que les fans entendent ce discours de la part de plein d'artistes, mais ce que je vais dire vient du coeur... pour moi c'est spécial de jouer ici. Il ne s'agit pas seulement d'arriver dans une ville et de jouer, même si c'est le plus important. Ce que j'aime c'est arriver quelque part et capturer l'atmosphère, l'esprit de la ville où je suis. Ce n'est pas forcément facile un jour comme aujourd'hui où il neige et il fait gris... mais les années précédentes quand nous avons joué à l'Elysée Montmarte je me suis baladé sur la butte, dans les petites rues, j'ai vu les boutiques et les bars, j'y ai bu un pastis... j'y ai passé du temps et j'yai pris du plaisir. Montmartre est un chouette coin, il y a beaucoup de touristes évidemment mais si on va dans les petites rues en bas de la butte il n'y en a plus tellement. Et en regardant les gens on parvient à capturer une infime part de l'esprit du lieu. Et j'ai besoin de ça. Pour moi il ne s'agit pas seulement d'arriver, donner un concert et repartir. Toutes les grandes villes, toutes les cultures ont quelque chose d'unique et j'essaye à chaque fois d'en capturer un bout. Et l'esprit de Paris est vraiment à part.
Questions : Kroboy
Traduction / transcription : CCC
Merci à Dupinguez ainsi qu'àPingouin et Pistolero du forum pour leurs offres de questions supplémentaires.