Agora Fidelio

Entretien avec Jouch (guitare+chœurs), Milka (chant+melodica), Pelo (basse), Pim (batterie) - le 06 octobre 2010

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Gazus

Une interview de




Agora_Fidelio_20101006

Non contents d'avoir sorti un album aux qualités plus que nombreuses (lire la chronique), les membres d'Agora Fidelio étaient présents en ce mercredi 6 octobre pour une date sur Paris (lire le live-report). L'occasion d'avoir un entretien avec le groupe au complet dans la chaleur moite des loges des Trois Baudets et de revenir sur le concept ambitieux d'un album en trois volets dont Barcelone n'est que la première pierre. Tout comme cette interview, première partie d'un riche entretien de près d'une heure et demie.

Gazus : Cela fait un sacré temps que Le Troisième Choix est sorti, certains entre temps ont eu des projets que l’on connaît pour certains, moins pour d’autres. Un petit récapitulatif ?

Jouch : De mon côté, je me suis occupé de Naïve, qui n’a rien à voir avec Agora Fidelio, plutôt typé rock, metal et electro, avec lequel j’ai sorti un album il y a un an et demi de ça. Nous tournons peu, soit parce que nous n’avons pas tous le temps mais aussi par choix, pour privilégier Agora s’il y a des choses à faire pour ce groupe, mais aussi pour laisser du temps à des choses comme… le boulot. Nous sommes actuellement en train de composer en vue d’un prochain disque. À côté j’ai un autre projet encore naissant appelé Phantom Status où je suis seul, uniquement électronique, avec toutefois des instruments comme de la guitare, des voix, mais fait principalement avec des ordinateurs à la maison. J’espère pouvoir sortir le disque avant Noël.

Pelo : Alors, mes projets… euh…

Milka : Si t’en as pas tu le dis, comme ça on tourne plus vite, hein !

Gazus : D’ailleurs tu es le membre du groupe le plus récent… même si ça fait un moment je crois bien.

Pelo : Mine de rien, ça fait presque quatre ans, mais comme il n’y a pas eu de sortie d’album entre temps… je suis encore le nouveau bassiste. (rires) Parallèlement, j’ai développé Simone Choule et puis… (il regarde Milka et s’arrête) Tu te marres ?

Milka : Non non, ça n’a rien à voir !

Pelo : Bon et donc nous avons sorti un cinq titres entièrement autoproduit il y a un petit moment… Pour le moment c’est un peu en jachère, étant donné qu’à côté il y a Manimal qui essaye de prendre son envol et que je me focalise, moi, sur Agora. Nous avons encore deux volets à sortir, je préfère me concentrer dessus.

Gazus : C’est tout ce que tu avais à dire ?

Pelo : Je crois. Ah non, j’ai une Fender de 1965 que je vends ! C’est un instrument de collection, je le vends quatre mille euros. (rires)

Milka : Leboncoin.fr !

Jouch : Sinon, Pim joue dans Les Connards et dans Nervous Breakdown !

Pim : Ainsi que dans Pute et Fractions, mon nouveau projet avec son nouveau titre "Bulle de merde" ! (rires) Ce n’est pas vrai, je n’ai pas de projets, je reste à ma place et n’ai qu’Agora Fidelio comme groupe.

Jouch : En dehors d’Agora, tu es un gros looser, finalement.

Pim : Grave, je ne fais rien de ma vie, de toutes façons.

Gazus : Milka ?

Milka : À l’époque du Troisième Choix, j’avais trois groupes; Psykup, Agora Fidelio et My Own Private Alaska que j’avais monté. J’ai pris ma retraite de Psykup il y a deux ans, si l’on peut dire. Mon autre groupe aujourd’hui à part Agora Fidelio est donc MOPA, avec un album enregistré en 2008 et sorti début 2010, projet qui me prend beaucoup de temps vu qu’il y a beaucoup de tournées, ce qui ne m’empêche pas de continuer avec Agora qui est un projet qui me tient beaucoup à cœur, plus au niveau du studio que de la scène et… voilà.
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Gazus : Les Illusions D’une Route sort en trois volets, chaque album porte le nom d’une ville, il y a visiblement un concept global derrière chaque disque qui réunit le tout, déjà donné par le titre de la trilogie… Hé bien… vous avez quatre heures pour developer sur ce sujet ! (rires)

Pim : Tu as des brouillons ?

Jouch : Soit Milka s’en charge, étant donné que le concept est parti de lui, soit il… s’endort.

Milka : Non non, je ne m’endors pas ! Le concept est un peu un parcours initiatique, un chemin de croix ou de foi avec…

Jouch : (l’interrompt) Méfie-toi des mots, pour ce qui est de « Foi », je ne suis pas concerné.

Milka : Oh mais tu peux avoir foi en autre chose que des croix, justement, pour continuer avec des mots en « oi ». Un parcours, donc, autour du theme du voyage parce que cela évoque pour moi la remise en question, l’aventure, l’expérience. C’est donc le parcours initiatique de quelqu’un qui va chercher des choses pour parfois en trouver d’autres, en croyant chercher…

Gazus : Comme trouver les Amériques alors que l’on cherche les Indes ?

Milka : Exactement, c’est un très bon exemple. Donc voilà, les trois villes sont uniquement des symboles ou des fantasmes, vu que nous ne faisons pas de musique hispanique sur Barcelone, ne jouons pas du oud sur Bagdad, etc… Néanmoins il y a une réalité derrière ces villes, mis à part Bagdad que je n’ai pas connu, j’ai eu des ressentis sur ces villes en particulier, que ce soit à l’image que l’on s’en fait, l’architecture, les gens… Tout cela est ramené au parcours d’une vie qui n’est pas obligatoirement la mienne, hein, mais une vie imaginaire, une symbiose de plusieurs choses dont je me suis nourri depuis quelques années. J’ai eu donc envie de proposer ça au groupe, sur trois volets, trois villes avec du coup trois ambiances très différentes et aussi une évolution qui va se transcrire au niveau des textes, au niveau de la production, du son mais aussi de la composition, de nous tous, de nos instruments... Ouais, on peut dire qu’il y a vraiment un concept autour de ces trois volets.

Gazus : Les deux prochains disques sont déjà enregistrés ou non ?

Tous : Non.

Gazus : Et pour ce qui est des textes et des ambiances voulues pour chaque partie ?

Jouch : Non, rien n’est vraiment défini. Et c’est l’intérêt d’ailleurs... (à Pelo) ah tu voulais en parler ?

Pelo : C’est l’intérêt de répartir les trois disques dans le temps, au niveau des prises, du mixage, sachant que nous allons sûrement réorienter chaque nouvelle partie de sorte à obtenir quelque chose de nouveau. Ça vaut donc le coup de...

Milka : Nous avons quand même l’idée directrice. En gros. Après, comment y arriver... ça reste ouvert.

Jouch : Nous nous sommes mis un double défi dans le sens ou la sortie est différée. Parce que nous pensions que les gens seraient plus intéressés d’avoir quelque chose d’étalé dans le temps à écouter, avec moins de lassitude entre chaque disque. Et d’un autre côté, on peut trouver le premier album court, d’où l’envie d’écouter le suivant, etc. Bref, un premier défi sur le plan logistique de la chose, mais aussi parce que nous avons décidé que nous ne définirions pas les morceaux à l’avance, de sorte que nous n’aurions pas dix-huit titres de prêts, pour au final trois volets comportant des morceaux composés au même moment. Nous nous sommes donc dit « On finalise les six premiers morceaux du premier album, on barbote dans les idées du suivant que l’on fera plus tard. Une fois le premier album sorti, on commence à finaliser les morceaux du deuxième, etc. » Au final, que ce soit de la manière dont ils sont enregistrés, la manière dont ils sont composés ou les moments où nous le faisons, nous espérons que les ambiances s’en ressentiront en étant différentes à chaque fois, avec trois objets ayant une idendité propre et non pas un seul objet découpé en trois bouts qui sont les mêmes.

Gazus : Entre Altitude Zéro, Le Troisième Choix et Barcelone, j’ai toujours constaté un fossé ou une avancée, d’une part dans la production (approbations), dans les évolutions musicales de chacun et les différents partis pris...

Jouch : Tout à fait. Gageons que ce soit la même chose pour les trois volets de ce même album.

PhotoGazus : Ça ajoute un challenge supplémentaire en ce qui concerne le fait de faire quelque chose de bien distinct à chaque fois sur un laps de temps au final assez court.

Pim : Je pense que le fait de ne pas avoir encore composé les deux prochaines parties nous permet déjà aujourd’hui de prendre un certain recul par rapport à la première, en plus de mieux la digérer, pour avoir une idée plus précise de ce que nous allons faire après. Je me rends compte que si, comme l’a dit Jouch, nous avions enregistré dix-huit titres d’un coup, il n’y aurait peut-être pas eu le relief que nous aurions souhaité. Le fait de pouvoir écouter notre album, de l’assimiler et le digérer va nous permettre de mieux nous diriger vers ce que nous voulons pour la suite.

Pelo : Ça suit la logique de ce personnage qui part d’un point A vers un point B, qui va mettre un certain temps pour y arriver et ainsi de suite...

Jouch : Voilà, il ne va rien savoir sur sa destination avant d’y être arrivé. Cela dit, nous ne sommes pas complêtement largués sans rien pour la suite, nous avons tous les titres des chansons, certains textes, des morceaux relativement avancés, quelques idées aussi...

Gazus : Vous disposez d’une charpente...

Jouch : Oui et surtout, nous savons où nous voulons aller. Surtout en terme de climats. Nous savons ce que nous voulons faire passer à travers les morceaux des deux autres disques.


Gazus : Jouch, à moins que je ne me trompe, tu es chargé de la majeure partie de la composition...

Jouch : Avec Pelo.

Gazus : (à Pelo) Ah mais tu n’es pas seulement le nouveau depuis quatre ans, tu es aussi le co-compositeur !

Pelo : Complètement. Je suis Agora Fidelio, même.

Jouch : Et rendons à César ce qui est à César, "GPS” qui est le morceau qui apparemment marque le plus les gens sur ce disque part d’une idée entièrement personnelle de Pelo. C’est l’une des très bonnes choses que l’on doit à son arrivée dans le groupe, il a amené des trucs relativement différents d’avant, tout en restant dans l’esprit.

Gazus: Est-ce que justement, le fait de composer une vingtaine de morceaux dans une même période pour les publier ensuite sur des périodes différentes ne comporte pas justement le risque de vouloir constamment revenir sur ceux qui restent, les modifier, les ré-arranger... Pour tomber dans un cercle où l’on ne cesse de recomposer des morceaux existant déjà à la base.

Jouch : Ç’aurait été une erreur et désolé si je développe mille ans sur la même question, mais j’ai un exemple très con et très simple qui me vient. C’est l’album Mellon Collie and the Infinite Sadness des Smashing Pumpkins. Un album avec des morceaux qui m’ont retourné et qui tuaient tout, mais aussi des trucs que j’ai trouvé... à dégueuler partout. Vraiment. Des trucs qui sont pour moi à jeter complètement. Quand j’ai acheté ce double album à l’époque, et ça date, j’étais comme un fou en rentrant chez moi et en me disant « Ça va être merveilleux, des milliards de morceaux en deux disques, c’est génial !» Et j’ai été très déçu par beaucoup de choses présentes sur ces deux disques. Ça se sentait pour moi le truc fait à la va-vite sur pas mal de points. Du coup, je me dis que ç’aurait été une erreur si nous avions écrit dix-huit morceaux d’un coup. Car inévitablement, nous aurions fait énormément de redite, quand tu composes autant de morceaux, tu es dans le même climat, tu reproduis des choses quinze fois dans les chansons, qui auraient fini par complètement se ressembler sinon auraient sonné identiques. Là, ce qui est bien, c’est que rien que selon le mois de l’année où tu composes, ça va changer les choses, en hiver ou au printemps, ton état d’esprit va influer. Entre temps, tu auras acheté quatorze disques que tu auras écouté et qui t’auront peut-être apporté d’autres influences... Je vais dire des conneries mais ton état de santé changera, tu ne joueras donc pas pareil... Dix-huit morceaux composés à la file... ç’aurait été complètement indigeste. Je pense sincèrement.

Pelo : En quelque sorte, tu distilles... pas par dose homéopathique hein, mais ça te permet de te concentrer sur des morceaux, des structures ou des idées qui te semblent intéressantes...

Pim : Et d’avoir une fraicheur de composition...

Pelo : À priori, tu gardes le meilleur... un peu le « best-of ». C’est vrai que lorsque j’écris, il y a énormément de déchets, du coup, avant de proposer quelque chose à Agora, il va y avoir beaucoup de choses qu’ils n’ont jamais entendues et qu’il n’entendront jamais car elles ont été foutues à la poubelle, mais quand il y a des choses qui me semblent intéressantes, je les envoie par mail, afin d’avoir leur aval... Il y a un certain confort que tu t’octroies à différer ainsi dans le temps ta production.


À suivre





Crédits photo : Hadrien Diem


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