Julien : Vu qu'on n'a pas beaucoup dormi, on peut dire que ce sont encore des réactions à chaud !
(rires) Tout d'abord, nous avons été très surpris de l'affluence qu'il y a eu, étant donné que nous étions programmés très tôt. On avait peur que les gens ayant fait la bringue la veille du festival ne soient pas à l'heure… Finalement quand nous sommes arrivés, le parterre était blindé, les gens étaient super chauds donc ça nous a mis tout de suite dedans. On avait vraiment la rage pour jouer et c'était hyper agréable de voir tout ce monde motivé qui gueulait et qui foutait le bordel! On garde donc un gros souvenir de ce Hellfest pour cet accueil phénoménal et le moment génial qu'on a passé.
Silverbard : Benighted a déjà joué au Hellfest en 2008, sur la Discover Stage de l'époque. Cette année vous avez eu un créneau assez matinal mais sur une scène spécialisée (The Altar), comment as-tu ressenti ces différences ?
Julien : Et bien… je n'en sais rien du tout !
(rires)
Silverbard : Vis-à-vis du public par exemple ?
Julien : Niveau public, c'est pareil parce que je garde un super souvenir de 2008 où les mecs slammaient de partout, je revois encore les vidéos qu'on a gardé de cette époque-là et c'était vraiment le feu ! Quand on était arrivés sur scène, les mecs gueulaient le nom du groupe… Ce sont des souvenirs qui font vraiment chaud au cœur ! Après, c'est vrai qu'il y avait plus de monde cette année parce que la scène permettait d'accueillir plus, mais globalement l'accueil a été autant génial pour les deux éditions.
Silverbard : Tu as remarqué que le festival a changé cette année, il y a 6 scènes spécialisées et un site qui a été décalé, tes impressions là-dessus ?
Julien : En ce qui me concerne, je trouve cela très confortable. Comme j'ai des goûts musicaux assez « précis », il y a des scènes que je vais occulter parce qu'elles accueillent des styles que je n'écoute pas. Je trouve bien aussi qu'il y ait une cohérence au niveau des scènes et que ça permette au public plus ou moins hétéroclite de trouver son bonheur un peu partout sans avoir à taper des kilomètres d'une scène à l'autre. S'il y a deux groupes qui nous plaisent dans le même style, on reste au même endroit, c'est plutôt agréable. Après il y a 6 scènes, ça fait beaucoup. Mais pour avoir vu les distances à parcourir entre les différentes scènes, franchement il y a bien pire!
(rires)
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Silverbard : Asylum Cave est sorti il y a plus d'un an maintenant. Que retiens-tu de cette année parmi les concerts et les festivals ?
Julien : Une très grosse promotion. Tout d'abord, la tournée française avec nos potes de Kronos et Gorod qui a été juste énorme. Nous avons passé des semaines mémorables avec eux à faire la bringue tous les soirs, ça a été une tournée très familiale entre potes. Le public français avait vraiment répondu présent partout et ça aussi nous a bien mis sur le cul ! Pleins de dates étaient sold-out, c'était la folie furieuse dans le pit… Bref, vraiment monstrueux ! Ensuite, nous avons fait beaucoup de festivals sur l'été 2011 puis une tournée d'un mois avec Morbid Angel qui a été un moment UN PEU important dans la carrière du groupe ! (rires) Là encore, ça reste un super souvenir et à présent, nous continuons la promotion jusqu'en septembre. Nous avons d'autres festivals pendant l'été, entre autres une tournée en juillet en Europe de l'Est avec des gros fests dont l'Obscene Extreme en République Tchèque et l'Extreme Metal Fest qui s'étale sur trois pays. Après septembre, nous allons un peu arrêter de tourner pour composer du nouveau matériel. |
Silverbard : Quel est l'objectif du groupe à présent ? Gagner de la renommée à l'international, qui est peut-être ce qui vous manque un peu pour le moment ?
Julien : Notre objectif maintenant, c'est de partir aux USA ou en Amérique du Sud. A présent en Europe, nous avons fait quasiment tous les plus gros festivals, nous y avons une bonne réputation et nous sommes beaucoup demandé aux Etats-Unis… Ce qui nous manque dorénavant, c'est l'occasion de pouvoir aller jouer là-bas. Nous avons reçu beaucoup de propositions de festivals américains mais ça ne serait pas rentable du tout de faire le déplacement pour une date unique.
Silverbard : Et actuellement votre priorité c'est quoi, tourner le plus possible, réattaquer tout de suite la composition, passer sur un plus gros label ?
Julien : Non, non, nous sommes très bien chez Season Of Mist, nous ne changerions pour rien au monde. On a trouvé un label avec lequel on s'entend vraiment bien, qui est à la fois très pro et proche de nous. Ce sont des gens avec qui on fait la bringue en dehors, qui sont devenus des amis et c'est vraiment très agréable de pouvoir bosser de cette façon. On n'est pas un groupe professionnel, on ne vit pas de notre musique, donc on s'en fout. Ce qui nous importe, c'est de travailler avec des gens en qui nous avons confiance, avec qui nous pouvons délirer et je peux dors et déjà t'assurer que notre prochain album sortira chez eux.
Silverbard : Je rebondis là-dessus parce que j'ai interviewé Gorod hier, qui m'ont clairement dit que leur but à eux, c'était de pouvoir vivre de leur musique. Pour vous, ce n'est donc pas vraiment à l'ordre du jour ?
Julien : Non. Grosso modo, ma philosophie est que Benighted, ce ne sera jamais ce qui me fera vivre au quotidien. Ca veut dire que le jour où c'est ce qui devra me faire bouffer, je pense que ça perdra beaucoup de son charme. Pour l'instant, Benighted est pour moi une passion. De plus, le metal étant ce qu'il est au niveau du public, je n'ai pas envie que Benighted soit un groupe qui joue toujours dans les mêmes salles tous les six mois parce qu'il faut faire son beurre. Ca ne m'intéresse pas et j'ai peur que les gens « se lassent »… Quand je vois des gros groupes qui tournent et qui repassent deux fois dans ta ville, c'est difficile de ne pas se lasser. Je pense que tu ne peux pas être autant enthousiaste à chaque fois et je n'ai pas envie de ça pour Benighted. Pour moi, c'est du bonus, on prend tout ce qu'il y a à prendre et si un jour ça s'arrête, on n'aura aucun regret parce que ça bouleversera en rien nos vies « civiles », dans le sens où ça ne nous empêchera pas de bouffer !
(rires) Et puis, ça nous évite de nous prendre la tête avec les raisonnements du style «
maintenant qu'on en vit, faut qu'on fasse gaffe, faut qu'on réfléchisse un peu plus, faut penser à ce qui va plaire aux gens » et ainsi de suite… Nous ne raisonnons pas du tout comme ça. On fait ce qu'on aime comme musique et si les gens adhèrent, tant mieux. Mais avant tout, on veut jouer ce qui nous fait tripper sur scène et pour l'instant, ça a toujours été payant. Je pense que cette « authenticité », ça joue aussi dans le fait que les gens nous soutiennent beaucoup et que, même au bout de dix ans, ils sont toujours là pour nous.
Silverbard : Alors je vais te passer l'affiche du festival et tu va me dire ce qu'en temps que festivalier, tu serais allé voir à ce Hellfest 2012 ? (tu n'a pas le droit à Benighted bien sûr !)
Julien : Alors, il y a deux groupes que je veux voir absolument. Ce sont Anaal Nathrakh et Shining. Les groupes des mainstages ne sont pas ceux qui m'attirent le plus. J'ai vu Machine Head il y a quinze jours, c'était sympa mais voilà… Je préfère largement voir des groupes moins « gros » et avec plus d'identité. Anaal Nathrakh est vraiment un groupe avec des riffs que je trouve d'un vicieux! J'ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner sur scène!
Silverbard : On va un peu parler du dernier album Asylum Cave. Avec le recul d'un an après sa sortie, est-ce que tu trouves qu'il a permis de passer à un niveau supérieur, qu'il marque une étape décisive ?
Julien : Complètement. Il a permis de rallier toutes les personnes qui nous disaient « Ah, je préfère Identisick ! », « Ah, je préfère Icon ! ». Tout le monde est à présent unanime pour dire que c'est notre meilleur album. Nous avons mis quatre ans pour le faire. Nous aurions pu le finir plus tôt mais nous ne nous sommes pas pressés. Nous n'étions pas tout à fait prêts, il y avait des trucs qui ne nous plaisaient pas… On s'est donc laissé le temps pour le faire et je pense que pour le prochain, on fera pareil. On ne composera jamais un album dans l'urgence parce qu'il faut le sortir. Ca revient à ce que je te disais tout à l'heure, on n'est pas dans le cas d'un groupe qui en vit, on n'a pas de délais à respecter. Nous, on se fout de la rentabilité, on veut sortir un album dont on est fier. Asylum Cave est notre premier album où avec un an de recul, on en est toujours satisfait à 100% et on n'a rien envie de changer dessus. Pas un petit truc de son, pas un riff à reprendre… |
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Silverbard : Je vais te faire une confidence, je déteste le grind et pourtant j'adore Benighted, pour toi c'est quoi qui peut faire la différence ?
Julien : Benighted, c'est pas du grind mais du death-grind. S'il fallait le classer dans une catégorie précise, je le placerai dans le death metal, voire brutal death…
Silverbard : Mais ce qui m'a vraiment fait accrocher, c'est ce petit truc mélodique que je n'ai trouvé nulle part ailleurs, particulièrement présent sur le dernier album.
Julien : Ouais bah… Je ne sais pas pourquoi il y a ces trucs mélodiques-de-merde-qui-ne-servent-à-rien !!!
(rires)
Un passant : Il y a des trucs mélodiques dans Benighted ?
Julien : Bah oui, quelques-uns… Mais je ne sais pas ce qu'ils font là !!!
(rires) Non je déconne ! Je ne sais pas, j'aime faire cette musique pour l'énergie. Après quand il y a des mélodies au milieu… Soyons clair, je ne me considère pas du tout comme un groupe mélodique !
(rires) Mais il se peut que de temps en temps, à l'emporte-pièce, on comprenne qu'il y ait une mélodie, mais c'est un hasard, hein ! Parce que normalement il n'y en a pas, surtout sur scène ! Sur album, je peux comprendre ; sur scène, c'est impossible !
(rires)
Silverbard : Très bien, on arrive à la fin de l'interview. Tradition du webzine, tu as le mot de la fin, si tu veux ajouter quelque chose tu peux, sinon on peut s'arrêter là.
Julien : Et bien je vais d'abord remercier tous ceux qui se sont levés tôt hier matin pour venir nous soutenir au Hellfest. C'est vraiment quelque chose qu'on a apprécié. Nous avons passé un grand moment grâce à vous tous qui étiez là, qui vous vous êtes bougé le cul alors que ce n'était même pas l'heure de manger, et qui avez gueulé comme des porcs ! Nous avons pris un panard monumental sur scène donc merci à ceux qui sont là pour nous et qui continuent à nous soutenir à travers les années.