Beissert

Entretien avec Bssrt (chant) - le 18 mars 2013

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Winter

Une interview de




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On sent rapidement si le courant va passer ou non avec la personne que l'on interviewe. Ca ne dépend pas forcément des points de vue de l'intervieweur et de l'interviewé, ni de leur manière de voir la musique. C'est une histoire d'alchimie qui fait qu'en général, dès la première question, on se rend compte si la conversation va être convenue et monosyllabique ou si les réponses transmettront une certaine sincérité. Par chance avec Bssrt, chanteur et leader du groupe allemand Beissert, l'échange a suivi le deuxième schéma. Assez atypique, l'homme a son franc-parler et les quelques questions retranscrites ici devraient vous permettre de cerner un peu plus l'homme fort d'un groupe dont le troisième album, Darkness: Devil: Death, déborde d'énergie.

Winter : La première chose qui m’a frappée quand j’ai écouté l’album pour la première fois c’est que je m’attendais à quelque chose de plus black / death, à cause du titre de l’album et du nom des chansons. Selon toi, on peut louer la mort sans jouer du « Unholy Black Metal » ?

Bssrt : Absolument ! Nous louons la mort, Satan et les ténèbres de la seule manière possible : par le chaos. J’écoute du black metal la plupart du temps, mais quand nous créons notre propre musique, il n’y a pas de dogmes ou de limites. Un genre défini serait un corset et nous nous y sentirions à l’étroit…

Winter : C’est intéressant. Donc le jour où ton feeling te poussera vers de la techno ou du grindcore, tu le suivras ?

Bssrt : Ha ha ha, probablement… mais je ne pense pas que ça puisse arriver. Je n’aime pas le grindcore ni la techno. Dans mes veines ne circule que du metal liquide…

Winter : C’est vrai que votre amour pour le metal est évident sur l’album. Des groupes comme Sanctuary ou Vio-lence semble vous inspirer, mais des titres comme "Perm Trias" semblent indiquer que vous ne méprisez pas les groupes de metal classiques comme Maiden. Est-ce ainsi ?

Bssrt : Oui ! J’ai grandi avec Maiden, Nevermore, Iced Earth, et même Grave Digger, Virgin Steele, Manowar et compagnie… et Kiss bien sûr ! Oups j’allais oublier Judas Priest !

Winter : Clairement de bons groupes ! Vous sentez-vous proches d’un groupe comme Ghost, qui ont aussi un style très visuel et qui donne dans le metal? Dans votre cas, les influences de Mercyful Fate ne semblent pas très fortes…

Bssrt :  King Diamond a été mon premier dossard au bon vieux temps… Je crois qu’il m’a toujours beaucoup influencé, mais je ne suis pas capable de chanter aussi aigu que lui. J’aime vraiment bien Ghost, leur style… Le problème c’est qu’ils jouent avec toute l’imagerie satanique, un peu comme Kiss l’avait fait. Pourquoi pas, mais je préfère des groupes plus « sérieux ».
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Winter : En ce qui concerne ta manière de chanter, même si tu ne chantes pas aussi aigu que King Diamond, ta voix est une énorme source d’énergie et je pense qu’une bonne partie de la puissance de l’album vient d’elle. KD mis à part, as-tu d’autres références ? (Warrel Dane et Sean Killian ont l’air d’en être, mais tu en as peut-être d’autres…)

Bssrt : Danzig ! Danzig est l’indéboulonnable maître de l’univers ! Je ne me suis jamais interessé à Vio-lence… je devrais peut-être y jeter une oreille. Dans les 90's, j’étais un grand fan de Matt Barlow. Et Dane bien sûr… Il a toujours eu ces lignes de chant si spéciales. Et en y réfléchissant, je me rappelle que la première fois que j’ai écouté Hammerheart, ça a eu un sacré impact sur mon univers musical. Et merci au fait !

Winter : De rien ! Même si la musique que vous jouez est très differente, je pense que l’énergie montrée sur Dakrness : Devil : Death est similaire à celles qu’ont des formations comme Faith No More ou Devin Townsend. Aimes-tu la comparaison ?

Bssrt : Pourquoi pas. Je ne les écoute plus mais j’ai plutôt pas mal de respect pour Mike Patton et sa diversité et sa folie, et j’ai bien aimé les trucs de Devin Townsend jusqu’en… disons 1998. Après ça, il s’est surtout répété.

Winter : Qu’est-ce qui te fascine le plus dans la mort ? Vous avez écrit 11 chansons sur DDD, 11 est un nombre de « rébellion », je suppose que ce n’est pas une coïncidence…

Bssrt : Son côté définitif, la fin de la lutte aveugle, la destination de tous les voyages, les ténèbres éternelles. La vie est juste un sprint fou. Tu dois jouer un rôle, te plier à des exigences, jouer avec des règles que d’autres personnes ont construites (et qu’en général tu ne connais pas ou que tu n’aimes pas). Ne me malinterprète pas, tout ça ne me pose pas trop de problèmes, mais ça soulève une question : à quoi bon ? L’humanité deviendra certainement un être parfait un jour… avant que le monde n’explose, donc : à quoi bon ? La mort c’est aussi notre maison. Et oui, 11 est un nombre rebelle, il a été choisi pour représenter les onze forces sataniques.

Winter : Les paroles ont-elles à voir avec ce sujet ? Voulez-vous transmettre un message ?

Bssrt : Il s’agit de mon point de vue, de comment je vois le monde et la vie en général, mais je ne veux pas prédiquer ou jouer au missionaire. Je ne suis pas un putain de Kurt Cobain. Chacun doit trouver la vérité par lui-même. J’essaye surtout de créer une atmosphère étrange… donc certaines paroles sont plus lovecraftiennes, tu trouveras également des extraits du Faust de Goethe, un « fuck you all » général et l’éloge de l’élite.

Photo_2_438h_300w Winter : Quand j’écoute votre musique, je n’ai pas peur. Je trouve ça super, mais ça ne me fait pas le même effet que Brighter Death Now ou Blut Aus Nord, par exemple. Mais… est-ce que votre but c’est de faire peur aux gens ? Est-ce que les groupes sataniques doivent faire peur aux gens ?

Bssrt : Non, je crois que je suis trop vieux pour ça. D’un côté j’ai mes croyances, mais d’un autre côté, quand nous faisons un disque, ce que j’aime, c’est que les gens apprécient notre musique. Nous ne sommes pas des Don Quichotte. Pareil pour nos concerts, quand ça headbangue à mort, nous nous amusons plus également. Nous n’avons pas de lances ni de pantalons en cuir, nous sommes des gars mûrs... Nous ne sommes pas des teenagers grimés qui se battent contre le monde. Je crois qu’on peut à la fois haïr l’humanité et avoir des amis et aimer des gens… et quand je suis bourré, je peux être un trou du cul assez drôle. Tout ça c’est sérieux, mais avec un clin d’œil… Et un groupe de rock est toujours quelque chose de divertissant. Le jour où je voudrai faire peur à quelqu’un, je lui mettrai un couteau sous la gorge.

Winter : Dans tes vocaux, dans la manière que tu as de chanter, je détecte une pointe d’ironie, presque de l’humour, comme si tu rigolais tout en chantant. C’est ça le clin d’œil dont tu parles ?

Bssrt : En studio, nous marchons toujours sur le fil du rasoir. Je veux dire par là que nous nous amusons toujours bien mais en même temps, tout ça doit rester evil. Et quand tu es tout seul dans cette boîte, quand ces sons sortent de ton corps, tous ces grunts et ces growls, de temps en temps tu chantes un mot qui n’est pas le bon… Bref il y a des moments drôles. Absolument.

Winter : Bon eh bien avec celle-ci, j’aurai les 11  questions que je voulais te poser… Quelques mots pour conclure ?

Bssrt : Merci beaucoup. C’était amusant de répondre à tes questions, pas comme la plupart des interviews où l’on te demande « D’où vient le nom du groupe ? » et des trucs triviaux de ce genre. Greetings to France ! Vous avez de super groups… Et le diable rit avec nous est un des albums que j’ai le plus écouté l'année dernière. Et bonne nuit !


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