Silverbard : Comment vous sentez-vous aujourd'hui, étant de retour avec ce nouvel album six ans après la sortie de votre dernier LP The Fathomless Mastery ? J'imagine que vous devez tous être très excités, au moins autant que le sont vos fans ! Ce nouvel album a été attendu avec impatience pendant de longues années et il va de soi que chacun a de grandes attentes à son sujet ! Peux-tu expliquer comment est venu ce moment où vous avez senti qu'il était temps de composer du nouveau ?
Jonas : Ça fait du bien d'avoir quelque chose de nouveau à présenter car ça fait en effet un bout de temps que le précédent album est sorti. Je pense que c'est venu naturellement avec nos emplois du temps respectifs. Chacun était très occupé de son côté ces dernières années…
Silverbard : Je ne vais pas t'embêter avec le soap opéra qui a précédé l'annonce du nouveau frontman de Bloodbath. Je suis davantage intéressé par la direction artistique choisie sur Grand Morbid Funeral. Depuis mes premières écoutes des deux premiers singles, mon impression est que les nouveaux titres sont parfaitement taillés pour la voix de Nick Holmes ! La voix est évidemment la clé de voûte d'un groupe de death-metal, sans chanteur charismatique il est impossible d'être un bon groupe de death-metal. Dès lors, est-ce que les chansons ont été composées pour coller au timbre de Nick ou bien le choix de Nick en tant que nouveau growler de Bloodbath s'est imposé une fois les nouveaux titres composés ?
Jonas : Nous savions que Nick serait le chanteur quand nous avons écrit les titres, mais je ne pense pas que ces derniers auraient sonnés différemment si nous avions eu un autre frontman à l'esprit… Mais je suis d'accord, sa voix est parfaite pour les nouvelles compos de
Grand Morbid Funeral.
Silverbard : The Fathomless Mastery est devenu avec les années mon album de Bloodbath favori. Pas de son old-school croustillant comme sur Resurrection Through Carnage, pas de de tubes comme "Eaten", "Cancer Of The Soul" or "Brave New Hell" de la période Nightmares Made Flesh, mais une vision plus mature du death-metal. Je m’explique, clairement on a toujours à faire à du death old-school rentre-dedans, mais la production était très différente et sonnait à la fois puissante et classieuse, avec une atmosphère toute particulière. Grand Morbid Funeral s’inscrit dans la même veine avec une atmosphère très sombre et quelque part malsaine. Est-ce que tu considères ce nouvel album comme l’aboutissement de comment vous vouliez qu’il sonne ? De comment un album de death doit sonner ?
Jonas : Parfaitement. Je pense que l’album sonne exactement comme nous le projetions au moment où nous réfléchissions à la composition. Comme tu le dis, la production est à la fois sombre, brute, malsaine et écrasante ! Évidemment, il y a différents sons dans le death-metal et chaque groupe possède son propre style qui va de pair avec un son qui lui est personnel. Tout cela vient naturellement avec la vision que tu as au moment de composer.
Silverbard : Bloodbath n’a jamais fait deux fois le même album, chaque nouvelle sortie possède une approche toute particulière et c’est encore vrai avec ce nouvel album. Je pense également que ce dernier est le probablement le plus différent de tous les autres de par ses influences assez nouvelles, comme les influences très doom ("Mental Abortion" par exemple). Quels albums vous ont influencé cette fois-ci ? Gothic de Pardise Lost est sûrement un d’eux j’imagine !
Jonas : Je dirais que j’ai toujours essayé d’insérer des élements «
doom » dans Bloodbath comme je trouve que c’est un élément essentiel du death-metal.
Mental Funeral d’Autopsy par exemple contient beaucoup de lents passages sludgy, qui collent parfaitement de manière générale à tous les albums de nature morbide ! Bien sûr, les vieux albums de Paradise Lost sont une référence immanquable quand il s’agit de développer des propos sombres et crades.
Silverbard : Il n’y a presque aucun blast beats dans cet album – tout l’opposé de The Fathomless Mastery qui en usait beaucoup – avez-vous voulu prendre un chemin opposé à ce sujet afin de revenir à des rythmiques plus groovy comme sur Resurrection Through Carnage, avec quelque part moins de technicité ?
Jonas : Je n’y ai même pas pensé quand j’ai composé ! Les blasts beats ne sont pas là juste parce qu’il faut qu’il y en ait. Il n’y en avait pas besoin pour les titres de cet album, voilà tout.
Silverbard : J’ai par ailleurs trouvé que les apparitions des invités que sont Chris Reifert et Eric Cutler d’Autopsy étaient très naturelles. Comment as-tu apprécié leur participation sur Grand Morbid Funeral ?
Jonas : En effet, nous avons pensé que leur venue collerait à merveille sur cet album. C’est Anders qui leur a proposé et ils ont immédiatement accepté. Je suis très fier ce cela, car Autopsy est un de mes groupes préférés et un des plus importants groupes de death-metal de tous les temps.
Silverbard : Il me reste une question plus vaste et pas évidente à répondre : quel est ton opinion de la scène death-metal actuelle ? Il y a de plus en plus de chapelles avec des approches très différentes et parmi ceci, vous participez à entretenir les racines originelles du genre et indirectement faire découvrir aux gens des vieux groupes aujourd’hui splittés, inactifs ou oubliés. Est-ce quelque chose dont tu te sens fier ?
Jonas : Je dois dire que je ne suis pas resté très informé de l’actualité du genre et j’essaie simplement d’écouter les groupes qu’on me recommande à l’occasion. J’ai tendance à rester fidèle à mes vieux groupes et albums favoris sans trop m’en éloigner. Mais la scène me semble vivante, beaucoup de groupes montent en flèche. Je dois dire que le groupe norvégien Obliteration (pas vraiment un nouveau groupe) est un des meilleurs groupes de death actuel, ils ont vraiment capté mon attention en faisant quelque chose qui sonnait old-school, tout en ajoutant leur patte très personnelles et je dois dire que le résultat est brillant !
Silverbard : Merci beaucoup pour cette interview, les derniers mots sont pour toi !
Jonas : Merci à toi et à bientôt au Hellfest !