Arkan

Entretien avec Foued Moukid - le 10 octobre 2016

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S1phonique

Une interview de




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A l'occasion de la sortie du quatrième album, Foued Moukid a bien voulu répondre à nos quelques questions, allant de la curiosité liée à la découverte de ce nouvel album d'Arkan version 2016 en passant par une prise de recul sur la carrière maintenant conséquente du groupe. 

Merci de nous accorder un peu de temps et répondre à ces questions. Vous nous aviez laissé en 2014 avec le très personnel Sofia, voici en 2016 Kelem. Juste comme ça en quelques phrases, comment peux-tu résumer l’album ?

Foued : Kelem s'inscrit pleinement dans l'univers que Arkan a créé depuis plus de 10 ans. C'est un album où se mêlent influences orientales et metal moderne. La particularité de Kelem dans la discographie du groupe tient dans la prédominance du chant clair masculin qui n'avait été que peu exploité jusqu'ici.

Que s’est-il passé en deux ans pour le groupe ?

Foued : En deux ans, le groupe a maintenu son rythme de répétition, malgré la pause scénique que nous nous sommes imposés pour des raisons individuelles aussi bien que raisons musicales.
Sarah, elle, a démarré un tournage à Alger qui a duré plusieurs mois. Lorsque la question de remonter sur scène s'est posée, elle nous a dit vouloir mettre entre parenthèses sa carrière musicale afin de se consacrer exclusivement à son métier de comédienne.
Nous avons alors décidé de nous attaquer à la composition de Kelem et de repartir sur quelque chose de neuf. Un nouveau chanteur devait alors compléter notre line-up. Après un certain temps de réflexion, nous nous sommes dit qu’une seule personne s’imposait pour ce challenge. D’où le recrutement de Manuel Munoz.
Pour parfaire ce renouveau, le groupe a décidé de revoir aussi tous ces codes de fonctionnement usuel, le label, le studio, le producteur… tout a été revu pour permettre un complet « rebirth ».

Tu as joué à un moment donné dans The Old Dead Tree aux côtés de Manuel. Cela a-t-il penché dans le recrutement du frontman (sans parler de « piston ») ?

Foued : Manuel n'a pas été pistonné. C'est nous qui lui avons proposé de rejoindre le groupe. Bien sûr, c'est ce que nous avons vécu dans The Old Dead Tree durant plusieurs années qui nous a donné l'envie de refaire de la musique ensemble.
Il n'était question au départ que d'une collaboration sur un titre, et ce, déjà à l'époque de Sofia. Mais nos problèmes d’agendas respectifs ne nous ont pas permis de finaliser le projet. En janvier, j'ai proposé à Manu de passer à la maison écouter les premiers titres de l’album. Ce qu'il a écouté lui a donné envie de chanter sur un titre. Après les premières répétitions, certaines évidences se sont faites jour : de son coté l’envie de rejouer en groupe, et du nôtre il fallait qu'il rejoigne Arkan. Et le résultat de cette rencontre est bluffant !

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Le groupe a également signé avec Overpowered Records, comment ce partenariat a-t-il vu le jour ?
 

Foued : Malgré nos excellentes relations avec toute l'équipe de Season Of Mist, notre contrat nous liait au label pour trois albums. Pour notre quatrième album il nous fallait envisager de nouvelles options, et c'est ainsi que nous avons été mis en relation avec Arnaud d'Overpowered Records qui est un passionné de metal qui a réussi dans l'industrie et qui cherchait à lancer un nouveau modèle de maison de disque.
Sa proposition nous a convaincue, puisqu'il proposait une collaboration différente de ce que nous connaissions. Plutôt que de respecter le schéma classique des maisons de disques, qui sont à la fois attachés de presse, promoteurs, distributeurs et parfois même tourneurs, il préfère jouer le rôle de plateforme de coordination. Chaque projet requérant des besoins divers, il développe des partenariats en fonction de l’album en cours, par exemple dans le cas de Kelem, il s'est associé à L’Autre Distribution pour (justement) la partie distribution, nous assurant ainsi une prise en charge par une équipe motivée et passionnée. C'est la même chose avec la partie communication, le choix s'est porté sur Dooweet avec lesquels nous prenons beaucoup de plaisir à collaborer.

Justement un mot sur Dooweet Agency ?

Foued :
Si nous ne sommes pas à l'origine de cette collaboration, cette dernière nous convient parfaitement. Nous suivions depuis quelques temps les activités de cette agence de promotion et nous avons vu cette structure prendre progressivement de l’ampleur. Lors de notre première rencontre avec Christophe de Dooweet ce qui nous a plu c’est son esprit d’initiative, son degré d'expertise et sa détermination. En somme ce qui caractérise cet album c'est qu'il est porté par des passionnés de leur métier et des fans de musique.

Il y a presque dix ans est sorti Burning Flesh, quel regard avez-vous avec le recul sur cet EP ?

Foued :
Burning Flesh est notre première création sous l'étendard Arkan et a permis au groupe de présenter son projet assez novateur et atypique au public ainsi qu'aux organisateurs de concerts.
Quand on y repense, ce MCD était assez précurseur pour son époque car peu de groupes en France ou en Europe avaient déjà tenté le mélange metal / musique orientale. Avec Burning Flesh, nous avons eu la chance d’ouvrir pour des groupes internationaux, de rencontrer Fredrik Nordström et donner naissance à un style dont plusieurs groupes se revendiquent aujourd'hui, y compris aux Philippines ou au Mexique.
Quant aux paroles, elles n'ont pas pris une ride ; on aurait pu prendre les mêmes textes en 2016 pour Kelem. C'est assez perturbant… Notre seul regret, c’est le son qui, bien que bon pour l'époque, n'était pas à la hauteur de nos ambitions. Nous ne ferons plus jamais les mêmes erreurs.

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Qu'en est-il pour les deux premiers albums Hilal puis Salam ?

Foued :
Hilal a été enregistré en Suède chez Fredrik Nordström, alors qu’à l’époque peu de groupes français enregistraient à l’étranger et qui plus est en Suède. Ce fut évidemment une expérience incroyable et nous avons beaucoup appris à son contact. C'est aussi un moment important dans la vie d'un groupe. Nous avions un projet auquel nous croyions et nous allions enfin pouvoir obtenir le meilleur résultat possible entre les mains du meilleur producteur de sa génération. Cette approche perfectionniste en terme de son est d'ailleurs ce que serait la touche Arkan.
Salam est la suite logique musicale d’un groupe qui après avoir sorti un premier album très bien accueilli par la critique a pu tourner avec Septicflesh au sommet de leur art et avec Orphaned Land au moment de leur retour.
Très influencés par ce que nous avons aimé durant ces tournées, avec de vrais liens d'amitiés, nous avons essayé de lier notre musique à des thèmes puissants et concrets comme la fraternité entre les peuples, notamment. Avec Kobi Farhi qui intervient dans "Deus Vult" nous joignons aux paroles les actes. Et le résultat c’est une tournée de plus d’un mois à travers toute l’Europe pour partager avec nos fans notre vision de la fraternité avec Orphaned Land et Myrath.

Et avec un peu moins de recul, est-il possible de nous parler de Sofia ?

Foued : Après la tournée européenne que l’on a effectuée en 2011, plusieurs événements personnels ont chamboulé les membres du groupe. A ce moment-là, nous ne pouvions consacrer autant d’énergie à Arkan. D’un commun accord, nous en avons profité pour prendre un peu de recul. Ce qui s’est passé pendant cette période d’un an nous a beaucoup rapproché.
La composition de Sofia s’est faite de manière un peu différente, nous avons loué une maison une semaine, et mis sur bande nos états d’esprits. Ce qui en est sorti nous a beaucoup surpris. Nous pensions sortir avec un nouveau Salam au lieu de cela c’est un album très mélancolique et très profond qui est né. J’ai écrit les paroles pour ma part, avant même d’avoir la musique et lorsque nous avons lié les deux le résultat nous a semblé stupéfiant. La phase de composition de chant a été la plus longue puisqu’il a fallu que nous trouvions un compositeur étranger qui nous permette de prendre du recul et propose quelque chose de différent or c’est tout le contraire qui s’est produit. Les lignes de chant d’Alan Suksic étaient dans la lignée de nos compositions et finalement de notre état d’esprit.
Bien que l’album n’ait pas fait l’unanimité, ce que nous pouvons comprendre, nous pensons qu’il a toute sa place dans la discographie du groupe qui a composé "Groans of The Abyss", "Tied Fates" ou "Origins".

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Revenons à Kelem votre nouvelle production...

Foued : En signant avec Overpowered Records, nous avions également besoin de bénéficier d’un vent nouveau en matière de production. Le partenariat avec Fredrik Nordström a été génial et très enrichissant mais nous ne voulions pas rentrer dans une routine qui impacterait négativement notre créativité.
Kelem est un album que nous voulons être celui de la continuité dans la synthèse. Tout ce qui compose la musique du groupe est présent. La puissance, la mélancolie, l’agressivité, la technique, la rythmique, des paroles engagées… Nous avons la chance de revenir au chant clair masculin ce qui pouvait nous avoir manqué, d’une certaine manière. Le faire avec l’une des plus belles voix du métal français est un honneur en plus d’être un réel plaisir. Pour le reste, nouveau label, tu l’as compris, mais aussi nouveau producteur, nouveau process d’enregistrement, nouveau studio suédois avec le Fascination Street Studio…. Nous avons aussi changé tout ce qui satellisait autour du groupe pour avoir ce qui selon nous se fait de mieux en ce moment. C’est Francois Maxime Boutault avec Les Liens du Son qui nous a réalisé les prises de batterie et le mix de l’album, c'est Jens Bogren qui a masterisé l'album. Et c’est Dooweet qui se charge de la communication et de la promotion, comment faire mieux ? (rires)

Peut-être est-ce le timbre si particulier de Manuel Munoz, mais on perçoit les racines de The Old Dead Tree sur quelques compositions. Comment s’est déroulé le processus de création des nouveaux titres ?

Foued : C'est assez juste mais pas complètement. Ce qui caractérise particulièrement The Old Dead Tree, c'est avant tout le timbre du chanteur. Et sur ce point il y a évidemment des raccourcis faciles puisque Manuel chante sur tout l'album. Pour le reste, la totalité des titres a été composé avant l’arrivée de Manuel. Par ailleurs, Manuel a fait quelque chose de remarquable, il s’est adapté aux compositions et a même proposé des lignes très risquées ce qu’il ne faisait pas dans TODT.

Du coté des paroles, quels sont les thèmes abordés ?

Foued :
Encore une fois, Arkan a opté pour un concept album. Celui de Kelem tourne autour du conflit dans le monde arabe et de ses conséquences dans le monde. Est donc évoqué la vie terrible sur place avec ce sentiment mêlé de lutte, de souffrance et de résignation ainsi que le long et dur parcours des populations qui se voient obligées de quitter leur terre pour un avenir plus que précaire et incertain. Comme pour Burning Flesh ou Salam, les paroles d’Arkan sont ancrées dans l'actualité mais leur côté malheureusement tragique leur donne un aspect intemporel.

Le genre a évolué mais on ressent encore tout le style et la spiritualité Arkan, ainsi que les influences orientales - même si plus discrètes. Du coup les titres semblent plus posés, sans forcément leur retirer tout leur punch. Certaines chansons sont des quasi-tubes bien plus accessible pour le plus grand nombre : "Kafir" ou "Just a Lie". Sommes-nous arrivés au fameux album de la maturité ? De la sensibilité maîtrisée ?

Foued : Honnêtement, lorsque nous composons nous ne nous posons pas toutes ces questions car se les poser c'est déjà se fixer des limites artistiques. Ce qui est sûr, c'est que le mélange entre nos influences orientales et un metal moderne sera toujours la marque de fabrique d'Arkan et le fil conducteur de tous nos albums. Est-ce que cet album est plus mature que les autres ? Je n'en sais rien mais il est sûr qu’avec près de 11 ans d’existence et 4 albums, le groupe a engrangé de l’expérience et s'est nourri de toutes les rencontres faites pendant cette période.

Avez-vous une anecdote de studio à nous rapporter ?

Foued : Lorsque le leader de la sonorisation studio a su que nous allions entrer en studio, il a tenu absolument à nous mettre à disposition un parc inestimable de micro… Le son de la batterie est assez extraordinaire et celui des instruments acoustiques tout simplement bluffant. Merci donc à Cédric et toute l’équipe d’Audiotechnica.

Quelle chanteuse participe sur "As a Slave", serait-ce Sarah ?

Foued : Sarah ne chante pas sur Kelem. C’est Manuel qui chante sur "As a Slave". (le chroniqueur ressent alors une gêne sans nom... - Ndlr : on imagine plutôt oui !)

Avec plus ou moins de transitions, si vous partez en tournée, comment vont être restitués les chants féminins en live ?

Foued : Nous avons toujours adapté les parties chant clair en fonction du chanteur(se) qui nous accompagnait. Sarah reprenait toutes les parties sur Hilal. Manuel fera de même. Son challenge sera donc de garder l’esprit originel du morceau tout en apportant sa touche personnelle. Je peux d’ores et déjà t’assurer que le résultat sera à la hauteur de tes attentes.

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Sur l’album, avec "As a Slave" et "Eib" nous avons deux titres plutôt courts, comment interpréter ces deux compositions ?
Foued : Ces deux morceaux, même s’ils ont tous deux un format court, n’ont pas la même fonction.
"Eib" en se situant en milieu d’album permet de l’aérer un peu après "Erhal" qui est le morceau le plus violent de Kelem. En revanche, "As a Slave" fait partie du bloc "Kelem". Comme tu le sais peut-être, chacun de nos albums finit par une chanson éponyme divisée en plusieurs pistes. Nous n’avons ici pas dérogé à la règle.

Soit mon baladeur audio débloque, soit "Jasmine Harvest" contient un très long silence, et alors il y a un titre caché très agréable ! Peux-tu nous expliquer ?

Foued : Là encore, c’est une de nos petites habitudes. Nous avons tous été marqués dans le groupe par des albums (souvent sortis dans les années 90) qui avaient un morceau caché. On a donc décidé de continuer à perpétuer cette petite tradition à notre façon.

Est-il prévu de tourner pour promouvoir le nouvel album ?

Foued : Contrairement à Sofia qui est un album très personnel, Kelem sera joué sur scène.
Nous sommes actuellement sur les rangs pour joindre un groupe en tour support ou pour monter notre propre tournée. N'hésitez pas à jeter régulièrement un coup d’œil à notre page Facebook ou à notre site internet www.arkan.fr

Comment vous sentiriez-vous si un tourneur vous proposait 50 dates et un tour bus ?

Foued : Avant la composition de Sofia, le groupe avait déjà effectué une tournée européenne de près de 30 dates. Il convient donc de bien s'organiser en amont mais comme tu peux le constater, cela ne nous a pas empêché de partir. Toute proposition est donc à étudier le moment venu en fonction des disponibilités de chacun.

Nous avons l'exemple de plusieurs groupes français qui ne tournent que le vendredi, samedi et dimanche car ils doivent concilier une éventuelle vie professionnelle en parallèle, comment faîtes-vous de votre côté ?

Foued :
C'est en effet un bon moyen pour pouvoir monter sur scène régulièrement.
Nous avons jusqu'ici privilégié les tournées mais nous ne sommes pas fermés à cette éventualité.

Par habitude nous laissons le dernier mot au groupe, ainsi c'est à toi de conclure :

Foued :
Merci de nous avoir proposé cette interview. Arkan organise la release party de Kelem le 22 novembre prochain au Petit Bain (Paris). A cette occasion, le groupe montera sur scène pour un show d’une heure en compagnie de Voron. On espère vous y voir nombreux !



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