Madder Mortem

Entretien avec Agnete Kirkevaag - le 12 novembre 2016

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Cosmic Camel Clash

Une interview de




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Certains groupes utilisent le fait de sortir des albums comme excuse pour pouvoir partir en tournée. En ce qui me concerne, je pourrais presque dire que chroniquer le dernier Madder me sert d’excuse pour interviewer Agnete à nouveau… même si c’est évidemment faux. Car au vu de sa qualité, le fabuleux Red in Tooth And Claw (chronique ici) ne saurait être un quelconque prétexte à quoi que ce soit. On va dire que savoir qu’on va interviewer une personne fascinante dotée d’une réflexion réelle et ayant toujours un milliard de trucs à dire est un bonus. Un très, très gros bonus.


Cosmic Camel Clash : Ça a été sept années plutôt mouvementées depuis la sortie de Eight Ways. Vous avez enregistré un nouvel album, il était prêt, mais vous n’aviez pas de label pour le sortir. Puis Dark Essence Records l’a pris en charge et il est désormais dans les bacs. Pourquoi les avoir choisis ?

Agnete Kirkevaag : Nous avons parlé à plusieurs labels. L’industrie du disque est dans un état aujourd’hui… bon, il y a a peu près la même quantité d’argent dispo partout, en termes de budget qu’un groupe peut espérer, mais nous avons choisi Dark Essence en partie parce que nous les connaissons personnellement. Nous les connaissons depuis un certain temps, nous avons confiance en eux, et ils ont cette tendance à donner de l’importance à la musique plus qu’au reste (rires), ce qui est important pour nous. De plus nous voulions tenter d’être pris en charge par un label norvégien, ça rend la communication plus facile. C’est plus simple de les joindre et il y a moins de risque d’être mal compris quand on travaille en utilisant sa langue maternelle (rires). Et ça se passe très bien pour l’instant, nous sommes très contents d’eux.

CCC : Sur l’album les guitares ont été enregistrées par BP (Kirkevaag, fondateur du groupe) et Patrick Scantlebury de Frantic Bleep. J’ai lu dans une autre interview que vous avez dû cesser de travailler avec lui parce qu’il a déménagé trop loin ?

Agnete : Oui. La Norvège est un pays très long (rires).

CCC : Est-ce que ça signifie que s’il n’avait pas déménagé il serait votre guitariste aujourd’hui ?

Agnete : Oui, probablement. Il n’y avait pas d’autre raison que son déménagement, il s’est installé tout au nord de la Norvège. S’il avait fait la même distance vers le sud il aurait atterri à Rome (rires). C’est très loin, et ça aurait rendu les répétitions impossibles. C’est dommage car c’est un super guitariste et un bon songwriter, nous aurions adoré le garder, mais c’était juste impossible.

CCC : Le fait qu’il avait déjà collaboré avec BP dans Frantic Bleep a-t-il joué une grande part dans leur synergie sur l’album ?

Agnete : Je pense, oui. Et plus encore que cela, c’est le fait que Patrick est un ami de longue date de nous tous. Il est allé à la même école que BP, Mads (Solås, batterie et chant), Tormod (Langøien Moseng, basse) et moi à l’époque. Quand nous avons tourné avec Opeth en 2003, il tenait notre stand de merch. Et ça aide, c’est toujours plus facile de travailler avec quelqu’un qu’on connaît bien. De plus, il est aussi attiré par les choses originales et bizarres, ce qui aide quand on doit jouer dans Madder Mortem (rires).

CCC : Est-ce que ça signifie que son remplaçant Richard Wikstrand est bizarre aussi ?

Agnete : Il est un peu bizarre aussi (rires).

CCC : Lui aussi, vous le connaissiez déjà à la base ?

Agnete : Non ! C’est la première fois dans l’histoire de Madder Mortem que nous recrutons quelqu’un que nous ne connaissions pas déjà avant. Il s’est avéré qu’il vit dans la même petite ville où BP et moi habitons. Un ami nous l’a recommandé et nous nous sommes dit « Oh, vraiment, il y a un très bon guitariste qui vit ici dont nous n’avons jamais entendu parler ?» (rires). Ça a donc été un énorme coup de chance : il vit à cinq minutes de notre local de répète. Et ce qui est vraiment cool concernant Richard c’est qu’il a joué dans énormément de groupes différents, pratiquant énormément de styles différents. C’est le cas pour nous aussi, et je pense que ce serait difficile pour nous de travailler avec quelqu’un qui n’aurait jamais joué que du metal.

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CCC : Ça ne serait pas indicateur du bon état d’esprit ?

Agnete : Je ne pense pas, parce que notre spectre de références est très large donc ça ne fonctionnerait pas. De plus il est très doué techniquement, il peut jouer très vite et réaliser toutes sortes de tours (rires).

CCC : Avez-vous commencé à écrire du nouveau matériel avec lui ? Il n’a pas pu participer à la composition de l’album avec vous...

Agnete : Non, il n’était pas là, l’album a été composé et enregistré avec Patrick. Mais nous avons déjà composé près d’un album et demi depuis (rires). Nous avons écrit plein de chansons avec Richard, et le plan est d’enregistrer l’album suivant l’été prochain. Nous voudrions le sortir vers 2018.

CCC : Wow, la plupart du temps vous nous faîtes attendre comme pas possible !

Agnete : Oui je sais ! Quand nous avions commencé, nous avions un rythme normal : Mercury était sorti en 1999, All Flesh Is Grass en 2001, Deadlands en 2003...

CCC : Et ensuite que s’est-il passé ?

Agnete : Nous avons commencé à changer de label et de line-up. Et la combinaison de ces deux facteurs a eu pour conséquence une énorme perte de temps. Nous voulons aujourd’hui repartir sur des sorties plus rapprochées, car durant toutes ces années depuis Deadlands, nous avons toujours eu un album ou deux d’avance par rapport à celui qui sortait.

CCC : Vous avez systématiquement un album sous le coude au moment d’en sortir un ?!!?

Agnete : Oui ! Un album au moins ! Et c’est plutôt frustrant car on voudrait que les gens l’écoutent.

CCC : En plus ça doit être bizarre non, de devoir évoquer en interview des chansons qui ont systématiquement été écrites des années avant le moment de l’entretien ?

Agnete : Oui ! Ça ne me dérange pas, c’est toujours fun d’en parler. Mais évidemment mon esprit est accaparé par ce que nous sommes en train d’écrire en ce moment, c’est à ça que je pense le plus.

CCC : Du coup est-ce que tu pourrais me faire une petite preview de ce qui va arriver ? Quelles sont les différences principales entre les chansons sur lesquelles vous travaillez en ce moment et Red In Tooth And Claw ?

Agnete : En fait ça dépend, nous sommes en pleine discussion concernant les pistes à suivre pour le prochain album. Nous avons des chansons qui partent dans plusieurs directions, donc il s’agit de savoir si nous allons faire un album vraiment sombre, glauque et doom ou rester dans une approche typiquement Madder, donc schizophrène. C’est une question de savoir quelles chansons vont finir sur quel disque, en gros. 

CCC : Est-ce que c’est quelque chose que vous faites souvent, ça ? Tenter de définir consciemment quelle va être la direction à suivre ?

Agnete : Non, pas vraiment. Nous l’avons fait pour Deadlands, nous avions décidé de créer cet album sombre, lancinant, monochrome on pourrait dire.

CCC : Marron. Très marron.

Agnete : Oui, très marron (rires), c’est une couleur qui correspond vraiment à l’album. La pochette le montre bien. Mais sorti de Deadlands, ce n’est pas une démarche que nous avons explorée. C’était plus une histoire de type « Ces chansons correspondent à qui nous sommes aujourd’hui, donc ce sont celles qui vont finir sur l’album ». Mais vu le temps énorme depuis notre dernier album, et vu le nombre de chansons que nous avons sous le coude, nous sommes obligés de choisir vu que nous ne pouvons pas sortir un album de deux heures… en tous cas nous ne pensons pas que ce serait une bonne idée. Au final c’est un luxe hein, pas vraiment un problème. Nous n’allons pas nous plaindre d’avoir l’embarras du choix (rires).

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CCC : Le titre de l’album est une citation tirée d’un poème de Tennyson qui traite principalement du deuil et de la cruauté de la nature. Ce sont des thèmes que tu tenais à explorer ?

Agnete : Oui, vraiment. L’album parle de la cruauté de la nature, mais plus via le prisme de la cruauté de la nature humaine. Certaines chansons de l’album comme "Fallow Season", "Parasites" ou "All the Giants Are Dead" parlent de la tendance autodestructrice de l’humain, de la manière dont nous sommes en train de nous foutre en l’air (rires).

CCC : "Fallow Season" semble traiter de la tendance destructrice de la croyance.

Agnete : Oui, totalement. Le premier couplet cible directement la religion. Et je pense que c’est quelque chose… par le passé, nous avons été… pas craintifs, mais prudents concernant le fait d’aborder clairement ces sujets. Mais en tant que groupe, dans l’ensemble, nous partageons la croyance que la religion est un des plus grands dangers pour l’humanité aujourd’hui. J’imagine que nous avons décidé que nous sommes désormais assez vieux pour le dire sans détours (rires).

CCC : Vous n’avez plus peur des retours négatifs ?

Agnete : Je ne sais pas si nous avons vraiment eu peur des retours négatifs à un moment donné, c’est plus que nous ne voulions pas que Madder Mortem soit un groupe engagé. Nous voulions rester dans une approche purement musicale. Mais nous nous avons tous ras-le-bol du fait qu’on a le droit de critiquer tout et n’importe quoi sauf la religion. C’est très frustrant quand on est non-croyant.

CCC : On se comprend. La hiérarchie entre savoir et croyance est en train d’être détruite aujourd’hui.

Agnete : Oui, c’est une très bonne manière de le résumer. La premier exemple qui vient à l’esprit sont les USA… bon, ne parlons pas de Trump, mais l’idée de cet immense pays industrialisé, qui est un des plus riches et puissants du monde, où il y a des écoles où l'on enseigne aux gens que la planète a été créée il y a six mille ans… Pour moi c’est de la folie furieuse.

CCC : Ça met la science et la fiction au même niveau.

Agnete : Oui ! Et pour moi c’est juste bizarre. Bien sûr, il est essentiel d’enseigner qu’il existe des gens qui croient que la planète a été créée il y a six mille ans… mais il doit forcément y avoir un cours de sciences qui rappelle que nous savons qu’en fait elle a été créée il y a des milliards d’années. Les dinosaures ont existé, et ce n’était pas des animaux de compagnie pour des hommes des cavernes de type Pierrafeu. Est-ce que tu as vu des images de ce musée aux USA qui montre que les humains et les dinosaures vivaient ensemble ?

CCC : Ouiiii ! On le voit dans le film Religulous de Bill Maher (Agnete indique qu’elle l’a vu également), ça montre des humains préhistoriques qui gambadent avec des dinosaures dans l’harmonie et l’amour, c’est un fantasme délirant.

Agnete : Ce sont les Pierrafeu !! J’attends juste qu’ils y montrent la voiture à pédales de Fred Pierrafeu (rires). Pour commencer je n’ai pas ce type de croyance, et du coup c’est difficile pour moi de comprendre comment on peut croire à ce genre de choses… et comment on peut continuer à y croire face à une quantité écrasante de preuves du contraire. De plus, je pense que c’est très dangereux de…  en gros chacun peut croire ce qu’il veut, ça relève de la liberté individuelle, mais il devrait y avoir une limite à ce qu’on impose comme croyance aux autres.

CCC : Et à ce qu’on a le droit de déclarer comme étant des faits.

Agnete : Oui. Il y a une différence entre les faits et les croyances.

CCC : Merci. Je me sens moins seul dans l’univers d’un seul coup.

Agnete : Nous sommes tous avec toi ! En fait dans le groupe après chaque répétition nous nous posons autour d’un repas, nous buvons du vin et nous discutons. Et c’est le sujet qui revient sans cesse, en particulier entre Mads et moi. C’est frustrant, c’est une agression, et nous ressentons cette colère justifiée par rapport à ce qui est en train d’arriver au monde. Dès qu’on avale un premier mensonge (parce que oui, si les faits contredisent tes croyances, ça signifie que ta croyance est un mensonge), dès qu’on laisse passer ce premier mensonge et qu’on l’assume en affirmant « Ceci est ma croyance et elle doit être respectée », c’est le début de la route vers l’enfer… enfin, s’il y a un Enfer (rires) !! C’est une manière de dire « Je sais ce que sont les faits, mais je choisis de croire en cette autre version parce qu’elle me plaît plus ». Et c’est dangereux. Très dangereux.

CCC : Concernant les paroles : dans le livret du CD, on trouve une citation au-dessus de chaque texte de chanson qui est en rapport avec le thème développé. Ces citations sont-elles celles qui t’ont inspiré les paroles en question ou bien les as-tu rajoutées a posteriori ?

Agnete : Elles sont venues après les paroles. C’est une idée qui me tient à cœur, à savoir qu’elles constituent une carte qui permettrait de trouver une manière différente de lire la chanson. C’est en rapport avec la notion d’intertextualité, la manière dont deux textes interagissent l’un avec l’autre… l’idée que mis côte à côte, deux items vont développer un nouveau sens par rapport à quand on les observe individuellement. C’est aussi assez fun de diriger les gens vers des choses que j’aime, qui ont forgé la manière dont je vois le monde et dont je pense la musique.

CCC : Dans ces citations on retrouve du W.B. Yeats, du T.S. Eliot, du Ozzy Osbourne et du Motörhead… c’est un spectre très large.

Agnete : Oui, et je pense que c’est très Madder Mortem (rires). C’est une des choses que nous avons tous en commun, le fait d’être sensible à beaucoup de choses très différentes. J’aime la poésie lyrique anglaise mais j’aime vraiment beaucoup Motörhead (rires). Je pense que d’avoir un large spectre de référence est une grande partie de l’identité de Madder Mortem, nous utilisons vraiment beaucoup d’influences différentes dans notre musique. Je pense aussi que c’est pour ça que nous avons encore des idées après plus de vingt-trois ans de carrière. Nous ne nous posons pas de barrières d’aucune sorte, nous faisons juste ce que nous aimons.


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CCC : Cette variété d’influences serait donc un carburant artistique ?


Agnete : Je pense que oui. Ça va avec le fait d’être curieux, d’être intéressé par le monde, l’art, la musique. Pour moi, décider de se limiter à un aspect réduit de quoi que ce soit, comme de se dire qu’on va pratiquer uniquement tel ou tel genre… serait ennuyeux (rires). Ce serait se limiter sans aucune raison, je n’imagine pas pourquoi je pourrais décider de me contenter d’une seule forme d’expression. Le monde est tellement rempli de choses intéressantes ! Je pense que quand on décide de se limiter à certains aspects, on se rapproche d’une certaine forme d’abandon. L’abandon de tout ce qui est frais, nouveau et excitant. Ce n’est pas que je suis une de ces personnes qui a besoin de faire quelque chose de nouveau sans arrêt, c’est juste que je ne comprends pas pourquoi certaines personnes se posent des limites aussi lourdes sur qui elles sont et ce qu’elles peuvent faire.

CCC : Ça leur donne probablement un sentiment de sécurité.

Agnete : Oui, je pense que c’est probablement ça, c’est pour se sentir en sécurité. Mais c’est dommage, car il n’y a pas de danger. Les nouvelles idées ne sont pas dangereuses. Penser de nouvelles choses, voir de nouvelles choses, ce n’est pas dangereux. Ça fait du bien aux gens. Ça maintient le cerveau en vie. C’est une des choses qu’on peut faire pour tenter de prévenir la perte de mémoire et la démence sénile : garder son cerveau en activité, l’exposer à de nouvelles choses. Je n’ai pas encore l’âge de vraiment m’en inquiéter (rires), mais c’est toujours bon à savoir.

CCC : Il me semble que Red In Tooth And Claw est l’album sur lequel BP chante le plus. Est-ce le cas ?

Agnete : Oui, et Mads chante aussi beaucoup dessus. Nous incorporons de plus en plus les backings à notre formule, et je pense que c’est parce que nous avons arrêté de les rajouter en studio a posteriori. Désormais les chœurs sont pensés durant le processus d’écriture des chansons.

CCC : Comment choisissez-vous si tu vas t’harmoniser avec toi-même, avec BP ou avec Mads ?

Agnete : Ça dépend du résultat recherché. Si un passage demande énormément de précision rythmique, c’est mieux pour le timing que je fasse toutes les voix moi-même. Si nous recherchons un résultat vraiment agressif, ça sera BP et moi en mode ultra fâché et ça fonctionne très bien. Nous avons des voix assez similaires, ça s’entend même s’il s’agit d’une voix féminine et d’une voix masculine. Nos voix collent bien ensemble. En général nous tentons différentes approches pour voir ce qui marche le mieux.

CCC : Qui chante avec toi dans le passage mélodique doux fabuleux de "Pitfalls" ?

Agnete : C’est Mads sur la partie douce, et ensuite BP arrive sur le refrain. Mads et moi avions un groupe pour rigoler, un duo de country/folk où nous chantions ensemble (rires), et je pense que nous avons développé ça à ce moment-là. Nos voix fonctionnent très bien ensemble, nous avons un bon timing. Sa voix est beaucoup plus grave que la mienne et ça donne un très bon résultat pour les harmonies. 

CCC : Il est à couper le souffle, ce passage.

Agnete : Merci beaucoup (rires) !! Je l’aime beaucoup aussi. Nous n’écrivons pas beaucoup de chansons pleines d’espoir, mais "Pitfalls" en est une. Ça fait du bien de faire quelque chose de positif pour une fois. Un petit rayon de lumière (rires).

CCC : Comme tu l’as dit tout à l’heure cela fait vingt-trois ans que Madder Mortem existe, en particulier pour BP et toi qui êtes membres fondateurs. Tu as déjà expliqué en interview que ce n’était pas évident pour vous de partir en tournée car vous avez tous des métiers à côté. Quelle est la part de Madder Mortem dans ta vie ?

Agnete : Ça dépend si tu demandes au niveau pratique ou au niveau métaphorique. Au niveau pratique, c’est un weekend sur deux au moins. Nous répétons les samedis et les dimanches, un weekend complet donc, et nous essayons de le faire au moins deux fois par mois. Le reste de la semaine nous travaillons par email, nous nous envoyons des idées, ce genre de choses. Ça représente donc quelques jours par semaine, et parfois beaucoup plus durant certaines périodes comme l’enregistrement. Mais nous travaillons en ce moment à la possibilité de pouvoir partir en tournée, et nous espérons avoir plus de détails à ce sujet bientôt. Ça dépend de plusieurs facteurs mais nous allons vraiment pouvoir tourner pour cet album. Ce n’est pas facile car nous ne dégageons aucun profit de tout ça, ce qui signifie que notre nourriture et notre vin doivent venir d’ailleurs (rires).

CCC : Et au niveau métaphorique ?


Agnete : C’est une très grande partie de ma vie. Je fais ça depuis toujours, c’est une énorme partie de la manière dont je me définis, et c’est aussi un énorme facteur dans mon bonheur personnel. C’est quelque chose dont j’ai besoin, c’est nécessaire pour que ma vie soit vivable. C’est ce que j’aime le plus faire au monde, et ce que je passerais tout mon temps à faire si je le pouvais. Si j’avais une quelconque possibilité d’en vivre, je n’hésiterais pas une seconde. C’est ce qui fait la différence entre vivre à 70% et vivre à 120% pour moi. C’est la chose que j’ai l’impression d’être née pour faire, le truc qui me donne cette impression d’évidence absolue. Et c’est tellement rare de pouvoir ressentir ce sentiment à la base ! Je pense que la plupart d’entre nous passent leur temps à errer dans la vie en cherchant quelque chose qui ait du sens pour eux, et j’ai eu la chance de trouver assez jeune ce que cette chose était pour moi. J’ai une énorme chance de pouvoir continuer à le faire. C’est vraiment quelque chose qui améliore ma vie. Si tu me demandais à quoi je voudrais passer tout mon temps, je te répondrais « Écrire de la musique avec Madder Mortem, l’enregistrer, et partir la jouer en concert. Et recommencer encore et encore.» (rires)


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CCC : C’est à ça que ressemblerait ton paradis personnel (rires).

Agnete : Il y aurait aussi plein de chiens et un mari bricoleur (rires). Mais ce serait avant tout Madder Mortem. Et c’est aussi ce pourquoi Madder Mortem a été une si grande part de ma vie : ça a toujours été ma priorité. J’ai toujours été très claire à ce sujet : le groupe vient en premier. Et ça signifie faire des choix, des choix financiers, des choix de vie. Mais je n’ai jamais vraiment hésité ni eu de regrets. Dans vingt ans je réaliserai peut-être des documentaires sur l’ampleur de mon investissement dans ce projet.

CCC : En parlant de débuts, y’a-t-il un quelconque espoir que Mercury (premier album maintenant introuvable) ressorte un jour ?

Agnete : Nous voulons vraiment le faire. Nous avons loupé le dixième anniversaire du disque en 2009, idem pour ses quinze ans… donc nous aimerions le faire pour 2019 pour ses vingt ans. Ce que nous aimerions faire en fait c’est ressortir Mercury tel quel, comme il avait été enregistré à l’époque, mais aussi réenregistrer et réarranger les chansons selon notre idée de comment elles sonneraient si nous les avions faites aujourd’hui. De nouvelles versions où nous changerions des choses, où nous nous ferions plaisir. Ce serait tellement cool de sortir ça, mais je ne sais pas du tout si ce sera matériellement possible. En tous cas je ne pense pas que beaucoup de groupes l’aient fait.

CCC : Manowar a réenregistré Battle Hymns !!

Agnete : Ah oui ? A quel point la nouvelle version est différente de l’ancienne ?

CCC : C’est assez bizarre. Déjà ils ont du sous-accorder les chansons parce que le chanteur n’atteint plus les notes aiguës. Le côté hard-rock vintage du son a disparu, ça sonne beaucoup plus agressif.

Agnete : Juste metal, quoi.

CCC : Voilà. En tant que fan je n’ai pas été convaincu. Le son de batterie de l’original était ridicule donc le nouveau son est meilleur, mais sorti de ça je n’ai pas vraiment aimé.

Agnete : C’est le danger. C’est aussi pour ça que nous ne voulons pas nous contenter de réenregistrer les chansons, nous voulons vraiment les changer. Réorganiser des plans, tout ça, ajouter des riffs, changer le chant… nous verrons ça. Pour quelqu’un qui aime vraiment Mercury, ce sera forcément différent quoi qu’il advienne. Ça ne rivalisera jamais avec l’album tel qu’il se l’est approprié. J’avoue que nous faisons plus ça pour nous (rires). Ça permet d’explorer la manière dont l’écriture évolue avec le temps. Pour Mercury nous étions vraiment jeunes, je crois que BP avait seize ans ! C’était notre première expérience de studio, nous ne savions rien en termes du processus technique permettant d’enregistrer un album, de comment obtenir le son qu’on veut. Il y a beaucoup de choses qui sont le fruit d’accidents ou de coïncidences que le fait d’une volonté précise. Aujourd’hui nous nous connaissons beaucoup plus, nous produisons nos albums nous-mêmes, donc nous savons comment obtenir le son précis que nous voulons. A l’époque il s’agissait plus de foncer aveuglément en empilant les idées, les intentions et de voir ensuite comment tout ça sonnait.

CCC : On arrive à la fin de l’interview, donc comme à ma grande habitude je vais te laisser le choix de rajouter quelque chose si tu le souhaites, ou de t’arrêter à ta dernière phrase.

Agnete : Je ne pense pas avoir quelque chose à rajouter… si, j’aurais aimé pouvoir jouer dans ton pays. Mais nous allons travailler dans ce sens : s’il y a des gens chez toi qui veulent voir Madder Mortem jouer live, je pense que ça devrait être possible. Du moins je l’espère.


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