Ptilouis : Bonjour ! Merci d’avoir accepté l’interview. Vous tournez avec Protest The Hero depuis le début du mois de juillet, ça se passe bien ? Vous les connaissiez ?
Paul : Ça se passe très bien, on est ravi d’être là. Oui, nous connaissons Protest The Hero, nous avons déjà tourné avec eux auparavant au Canada.
Ptilouis : Vous les aimez bien ?
Paul : Non, on les déteste (rire). Non, c’est vraiment un excellent groupe.
Ptilouis : Je dirais que c’est un groupe de metal progressif très différent du vôtre.
Paul : Oui c’est vrai. Je pense que leur musique est plus, je ne sais pas, avec une énergie plus rock. Ils doivent avoir quelques influences de heavy metal des années 80 aussi. Donc oui, l’approche est différente. Je pense que la nôtre vient plus de groupes de rock progressifs plus anciens, avec bien sûr des groupes de metal moderne. Nous avons vraiment des styles différents.
Ptilouis : Vous avez jouez au Be Prog My Friend, comment était-ce ?
Paul : À Barcelone ? Ouais, c’était incroyable. Il y avait vraiment beaucoup de très bons groupes : Magma, Opeth, Steven Wilson. Vraiment, c’était un honneur de jouer là-bas. Et puis c’est un lieu magnifique.
Ptilouis : Vous avez sorti Coma Ecliptic depuis déjà plus d’un an. Avec le recul, qu’en pensez-vous ? Comment fonctionnent les morceaux en concert ?
Paul : Oh, je pense qu’on est toujours très fier de cet album. Nous n’en avons pas joué tant que ça en live, donc c’est toujours frais pour nous. Mais les morceaux que nous avons joués ont très bien fonctionné, je pense que les gens aiment bien leur rendu live.
Ptilouis : En parlant du concert, comment créez-vous une setlist ?
Paul : (prend un peu de temps) C’est très difficile parce que les morceaux sont si longs donc on essaie de mettre des morceaux ensemble qui font un bon set. Parfois, nous sommes limités par le temps donc nous devons choisir des morceaux qui plaisent au public, mais aussi que nous aimons jouer. Nous voulons nous montrer aussi justes que possible. Donc nous jouons beaucoup de nouveaux morceaux et les mélangeons avec des titres plus anciens pour les fans de longue date.
Ptilouis : Oui c’est ça, vous ne pouvez pas oublier des morceaux comme "White Walls".
Paul : Exact. "Selkies" et "White Walls" en font partie, mais nous essayons toujours de mélanger ancien et nouveau matériel.
Ptilouis : Et cela ne vous fatigue pas de jouer toujours certains d’entre eux ?
Paul : Nous pourrions être lassés de jouer ces titres que nous avons fait un million de fois, mais le public aime ça et à chaque fois que nous les jouons nous voyons l’énergie de la foule et c’est vraiment super.
Ptilouis : Quels sont les titres que vous appréciez particulièrement jouer ?
Paul : En ce moment ce sont surtout les nouveaux titres, mais j’aime aussi beaucoup jouer "Extremophile Elite" de
Parallax part 2. Dans ceux de
Coma Ecliptic je dirais "The Ectopic Stroll" et "Turn on The Darkness" que j’aimerais vraiment jouer ensemble.
Ptilouis : À l’Euroblast et lors de la tournée précédente, vous avez repris "Bohemian Rhapsody" de Queen. Que représente ce groupe pour vous ?
Paul : C’est un des meilleurs groupes de tous les temps. Il constitue une énorme influence pour nous et un des groupes les plus importants dans l’histoire du rock. Donc nous aimons bien leur rendre hommage dès que nous le pouvons que ce soit par des reprises ou le T-shirt que nous avions fait ou par le morceau "Bicycle Race" il y a quelques années dans notre album de reprises
(ndla : The Anatomy Of). C’est juste un super groupe et c’est toujours sympa de les honorer.
(Tommy entre)
Ptilouis : En parlant des voix, quelle est ton approche ? Car cela me semble assez difficile de retranscrire toutes tes voix en concert.
Tommy : Je ne suis pas contre que les choses sonnent différemment sur scène par rapport à l’album. Beaucoup de groupes utilisent des samples, mais nous ne faisons pas vraiment ça. Je ne sais pas trop. J’essaie de voir ce que je peux faire avec une voix, en essayant de rester fidèle à l’album.
Ptilouis : En parlant de Coma Ecliptic, quel était le but ? L’album est assez différent plus mélodique, plus progressif.
Paul : Je pense qu’on est juste plus vieux, nous avons grandi en tant que personnes et musiciens. Donc nous voulions que cet album reflète cette évolution. Nous souhaitions nous diriger vers quelque chose de plus mélodique, c’est ce qui semblait naturel pour nous. Nous ne sommes plus en colère j’imagine
(sourire).
Ptilouis : Ok, donc le prochain sera un album de bluegrass.
Paul : Non, nous n’irons jamais aussi loin (rire). Mais on ne sait jamais !
Ptilouis : Comment composez-vous ? Avant les morceaux étaient plus orientés vers les riffs, maintenant il me semble que c’est davantage le clavier.
Paul : Oui, c’est ça. Je pense que ça fait parti de l’évolution du groupe. Nous sommes moins focalisés sur les riffs de guitares en tant que point central de notre musique. Maintenant c’est davantage le morceau et comment les instruments se relient les uns aux autres. Parfois c’est la basse qui est le fil rouge du titre, parfois le clavier ou encore la guitare, mais c’est surtout de savoir comment orchestrer tout cela pour que les instruments sonnent ensemble. Je pense que c’est vraiment le grand changement de l’album de montrer que la guitare doit parfois s’effacer.
Ptilouis : D’ailleurs quand on écoute l’album, qui dure tout de même une heure, on ne ressent pas cette longueur.
Paul : Oui, on a eu de très bons retours là-dessus.
Ptilouis : Peux-tu parler de l’histoire derrière Coma Ecliptic?
Paul : Ça c’est une question pour Tommy.
Tommy : C’est un gars qui voyage à travers ses vies antérieures avec des circonstances très étranges, il se rend compte que ce n’était pas vraiment un coma, se réveille et meurt.
Ptilouis : Une happy end en quelque sorte.
Tommy : Jamais chez Between The Buried And Me.
Ptilouis : C’est toi qui écris toutes les paroles ?
Tommy : Oui.
Ptilouis : Depuis Colors vous créez toujours des concepts albums. Vous pensez un jour retourner vers des albums plus orientés vers de simples morceaux ?
Paul : Pour l’instant, je pense que les concepts albums fonctionnent bien pour la musique que nous écrivons. Mais nous ne savons jamais, peut-être que dans le futur nous écrirons de simples morceaux. Mais pour les derniers albums, nous nous sentions plus à l’aise dans l’écriture de concepts, ça nous semblait naturel.
Ptilouis : Il y a des aspects électroniques dans le nouvel album, je pense à "King Redeem/Queen Serene". À l’avenir, vous souhaiteriez davantage explorer cet aspect de votre musique ?
Paul : Peut-être oui, on est ouvert à tout. On essaye d’écrire la meilleure musique que nous pouvons basée sur nos instruments. Mais plus de claviers et de trucs électroniques, ça pourrait aussi être cool. Si cela sonne cool, nous essaierons de le jouer.
Ptilouis : C’est une partie qui vient davantage de Tommy et de ce qu’il fait dans son projet solo ?
Paul : Oui, je suis sûr que ça une certaine influence. Tommy utilise pas mal ces sons électroniques sur le clavier. On a de la chance que ça marche avec le type de musique que nous écrivons. Je pense qu’il y en aura plus dans le futur.
Ptilouis : Comment viennent vos idées au niveau des visuels (pochette, clip…) ?
Paul : Je ne sais pas vraiment en réalité. Je pense que nous voulons que les visuels représentent les morceaux. Par exemple pour cet album, nous avons fait une vidéo pour "Coma Machine" et quand on arrive à l’aspect visuel, on essaye que cela aille bien avec la musique et notre représentation du morceau. Parfois, il s’agit de suivre l’histoire et de coller avec les paroles, parfois c’est seulement un design cool complètement abstrait. Donc ça dépend, cela peut venir de partout.
Ptilouis : Et pour la pochette de Coma Ecliptic ?
Paul : Je pense que c’est le personnage principal. Il est dans une de ses vies antérieures, tout en étant dans le coma, dans le désert… Enfin bon, je trouve que c’est une image cool et creepy.
Ptilouis : J’ai une questions pour Tommy. Tu as joué avec Devin Townsend (ndla : "Planet of The Apes" dans l'album Deconstruction) as-tu apprécié l’expérience ?
Tommy : Ouais, c’était super. J’en suis un énorme fan depuis que je suis adolescent, donc c’était un véritable honneur de faire partie de cet album. En plus, c’est mon morceau préféré de l’album, je suis vraiment heureux d'avoir participé à un si bon morceau.
Ptilouis : L’an prochain (ndla : en réalité cette année 2017), ce seront les dix ans de Colors. Vous prévoyez quelque chose de spécial pour fêter ça ?
Tommy : Ouais.
Paul : On va faire quelque chose, mais c’est très secret.
Ptilouis : Oui car c’est…
Paul : Le meilleur album jamais écrit (rire).
Ptilouis : Peut-être pas, mais c’en est un très bon.
Paul : Oui, c’est un album important de notre carrière. Nous allons probablement faire quelque chose pour le célébrer. Car c’est vraiment un album qui a modelé le reste de notre carrière sur beaucoup d’aspects.
Ptilouis : Un peu de réflexion. Vous jouez du metal progressif. Que pensez de la scène actuelle et de certains nouveaux groupes comme Leprous ou Haken ?
Tommy : Comme dans toutes scènes, il y a des bons et des mauvais groupes. Je trouve ça cool qu’il y ait des groupes qui essaient des choses différentes et qui soient reconnus pour cela. C’est vraiment très positif. J’essaie juste de ne pas trop catégoriser la musique par genres.
Ptilouis : Paul, une dernière question. Tu n’as pas de side projects, mais est-ce que tu fais des solos de guitares quand un groupe te le demande ?
Paul : Oui je le fais de temps en temps. J’aime bien ça.
Ptilouis : Donc pas de projet solo de guitares ?
Paul : Non.
Tommy : Mais peut-être un album de jazz piano.
Paul : Oui, c’est ça, je suis un excellent joueur de jazz piano. On fera un album avec Tommy, je ferai le piano, il jouera la guitare (rire)
Ptilouis : C’est la fin de l’interview. Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Paul : Merci au public français, nous apprécions votre soutien et nous adorons jouer ici. Continuez à venir à nos concerts et, nous, nous continuerons à écrire de la musique. J’espère que vous continuerez à l’apprécier.