Ptilouis : öOoOoOoOoOo, ça a été pensé pour le live ?
Baptiste : öOoOoOoOoOo ça a été conçu dans l’idée où il y aurait des concerts et j’ai essayé de le penser le plus possible en terme de concerts avec l’expérience que j’ai de ce qui est et n’est pas faisable. De toute façon, il y aura des réarrangements derrière. C’est pour ça que j’ai mis deux guitares. Le problème, c’est que s’il n’y a pas deux guitares, ou s’il y a deux guitares mais pas de basse quand vous viendrez voir öOoOoOoOoOo, c’est normal. On a des musiciens. On a la guitare et la basse selon certains moments. On va avoir Germain Aubert qui est le guitariste compositeur de Fluxious et a joué avec des personnes comme Christophe Godin. Il a de l’expérience en tant que musicien et artiste musical car c’est à la fois un très bon directeur artistique et un très bon producteur. Il a notamment joué avec GrimSkunk qui est un groupe énorme de world punk. On a Benjamin Riggi, batteur de Fluxious, qui lui joue de tous les genres possibles. Il va avoir trente ans cette année et a déjà joué sur une quarantaine d’albums. J’ai eu l’occasion d’intervenir sur certains morceaux en guest où il jouait de la batterie : C’est un tueur !
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Raphaël Verguin, guest sur Samen
Ptilouis : Oui, mais au niveau de la faisabilité ?
Baptiste : Bah, on a un truc fantastique qui s’appelle le sampler et donc y aura forcément des parties qui seront jouées par une machine. Maintenant, est-ce que ça va être la même manière, les mêmes arrangements que sur album ? On est en train d’essayer de bosser de sorte que ça ne le soit pas. Et ce ne sera pas non plus en mode punk avec guitare, basse, batterie et le chant par-dessus. Mais y aura vraiment un truc. Il n’y aura peut-être pas toutes les harmonies que fait Asphodel. Je ferai peut-être des backings. Il y aura beaucoup de choses. Je ne vais pas trop en dire non plus, parce que ce n’est pas encore complètement établi. Mais on a des morceaux qui fonctionnent.
Ptilouis : Il y a des titres qui fonctionneraient bien et d’autres moins bien en live ?
Baptiste : Bah ouais. C’est simple, on ne va pas jouer tous les morceaux. Désolé pour les gens qui l’aiment beaucoup, mais "Meow Meow Frrru" on ne va pas le jouer. "Rules of the Show", on ne va pas le jouer, ni "Fucking Freaking Futile Freddy". "Bark City" par contre on va le jouer.
Ptilouis : Oui !
Baptiste : "Hemn Be Rho Ðie Samen", on va clairement le jouer. On a la liste des morceaux qu’on veut jouer. De toute façon, on est partis sur un set de trente minutes, parce qu’il ne faut pas se leurrer, si on commence à faire des concerts on fera des premières parties. On a choisi les morceaux qui nous plaisent, qui sont adaptables. Et c’est bien d’avoir des surprises. Par exemple, je te dis qu’on va jouer "Bark City", mais tu ne sais pas comment ça va sonner !
Ptilouis : Non, c’est vrai !
Baptiste : Et moi non plus ! (rires) Si, je sais globalement.
Ptilouis : Vous avez des dates qui sont prévues ?
Baptiste : Non. On a reçu des messages de programmateurs de salles qui aiment ce que nous faisons. Et ça, ça motive. Il n’y a rien de concret. J’espère que ça pourra se faire. Là on se retrouve plus dans un truc où on est plus seulement deux à bords. On est deux plus les autres musiciens. Tu ajoutes à ça toute la mise en place du matériel qui demande de l’argent, de la disponibilité. On se retrouve à répéter en Haute-Savoie. Moi j’habite sur Paris et Asphodel sur Lyon. Donc ça fait de la répétition les week-ends et c’est selon les calendriers de tout le monde. Sachant que les deux autres sont des musiciens professionnels : l’un tient une école de musique, l’autre est producteur…
Ptilouis : Et Aymeric pour le live ?
Baptiste : Il nous avait dit qu’il était partant pour le live, mais pour des raisons logistiques, comme il est à Clermont-Ferrand, ça devenait un peu compliqué. Mais je lui serai toujours reconnaissant d’avoir aussi bien fait le taf sur
Samen.
Ptilouis : Et sur un deuxième album, tu le reprendrais ou alors tu t’appuierais plutôt sur les musiciens de session du live ?
Baptiste : On verra. Maintenant pour le deuxième album, on aura la chance d’avoir les musiciens pas loin. Sauf chute de météorites, ça se fera au même endroit, parce qu’on se sent comme à la maison là-bas. Là, on aura vraiment un contrôle total sur tout le process pour faire les choses dans l’ordre et de manière moins empressée. Parce que pour
Samen, on s’est mis la pression alors qu’il n’y avait pas besoin. On est partis enregistrer alors que les batteries n’étaient pas faites. Alors qu’en général, on commence par ça. Ça s’est fait n’importe comment et au final le mixage est bien alors que ça partait de loin.
Ptilouis : Ok. Du coup pour le prochain album, il y a pas mal de choses que tu n’as pas utilisé. Tu penses pouvoir les réutiliser ?
Baptiste : Non, ça va à la poubelle concernant öOoOoOoOoOo. J’ai une grosse appréhension pour le second album. J’ai des morceaux que j’ai commencés. Le premier qui a été fini et qui est le premier morceau concret du second album, je l’ai fait il y a à peu près un an, en décembre 2015. Et pour moi, il est dans la continuité de
Samen. Alors que les derniers qu’on a faits partent dans une autre voie. Mais même dans
Samen, si tu connaissais le processus qu’il y a eu avec la marge d’avancement et de progression qu’il y a au fur et à mesure des morceaux qui ont été fait... Au final, la succession coule un peu de source. A chaque morceau chronologiquement réalisé, j’estime que j’ai progressé. Alors, il y a certains cas que j’appelle des «
épiphanies » comme "Bark City" par exemple qui avait comme nom de travail "Jesuispasjazzeuxmoi.mp3" (rires). Donc il n’y aura pas de rechutes. De riffs peut-être, mais j’en sais rien.
Ptilouis : On verra.
Baptiste : On verra, mais faut pas s’y attendre. En même temps, je ne vais pas cracher là-dessus, parce que le coup des rechutes de studio ça peut arriver. Je pars du principe qu’à partir du moment où il y a une idée obsessionnelle, c’est probablement une bonne idée. Si un riff ou un morceau revient constamment, c’est peut-être qu’il faut en faire quelque chose. Maintenant, dans tous ces trucs que j’ai fait et qui sont au placard, est-ce obligatoirement pour öOoOoOoOoOo ? Non, ça pourrait être pour autre chose, sur du Zus ou un autre projet ou encore le filer à un groupe de potes.
Ptilouis : Du coup, tu en as un peu parlé mais que peux-tu me dire sur le tracklisting ?
Baptiste : Au niveau de la tracklist, ce sont déjà des morceaux qui n’ont aucun rapport les uns avec les autres. L’histoire qui est apportée, elle vient de l’artwork, c’est-à-dire que ce ne sont pas tant les morceaux qui comptent, mais ils font partie d’une même exposition. Et ça c’est une partie qui n’est dû qu’à Asphodel. Moi j’ai donné mon accord, ça me plaisait et c’est quelqu’un à qui j’aime bien donner carte blanche. Je fais beaucoup confiance à ses idées et ses choix. Au niveau de la tracklist, je crois que je voulais commencer par "No Guts = No Masters". Puis on avait fait des propositions, chacun avec deux trois listes que l’on confrontait à chaque fois, puis on est tombé sur celle-là. Et… ce n’est pas la bonne. C’est pas la bonne d’un point de vue vendeur, je dis ça sans prétention, mais par rapport aux retours qu’on a eu. On commencerait l’album par "Bark City", rien que sur le bon vieux principe des bornes Fnac ou des premiers morceaux écoutés sur Deezer, Spotify ou iTunes, on vendrait plus d’albums. Parce que c’est un des moments forts de
Samen. Mais d’un point de vue personnel, moi je suis assez d’accord avec cette tracklist parce que "Rules of The Show" c’est une bonne entrée en matière, mais ce n’est pas un des morceaux que je préfère. J’aime beaucoup, il y a des parties super chouettes, des moments très lumineux. Je vois un passage de lumière quand je l’écoute. Le passage drone complètement débile au milieu où Asphodel est en train de taper sur son torse (on le voit dans le making-of)… Ouais c’est vendeur ! J’adore le final où tu pourrais faire un riff un peu djent. Après, on a "Freddy". C’est le morceau qui nous a posé le plus problème. Jusqu’au moment du mix, on n’était pas contents. Du coup on a viré toute la batterie, toute la basse. On a gardé toute la guitare et on a bricolé. Et on a à un moment un break
(nda : il chante le break « when you see your face on TV… »), mais avant c’était un passage bien bourrin avec du blast et ça marchait pas. Et maintenant, même avec le recul, je l’aime bien, mais c’est un peu comme si t’avais des gosses et ce n’est pas le premier ni le dernier. C’est celui du milieu, mais ce n’est pas le bon celui du milieu. Mais tu l’as fait, t’es obligé de l’aimer et de le garder toute ta vie (rires). Et pourtant, j’aime bien ce morceau qui a beaucoup évolué. Au début, ça ressemblait vachement à rien. Selon Julien Cassarino, ça ressemblait à du Psykup. C’était un peu dans le sens de "My Name is Mud" de Primus, alors que je n’écoute pas Primus. Mais c’était très chelou, y a juste le sample final et les orgues hammond que j’ai gardé. Le riff, ça a été trouvé parce qu’Aspho m’a envoyé un bout de voix et elle avait mal fait un edit audio à partir du riff que j’avais fait à la base et j’ai dit : «
Ok, on va le garder ». C’est peut-être notre morceau le plus de bric et de broc.
Ptilouis : Et donc "Bark City" c’est le point de pivot ?
Baptiste : Ouais. Attends, j’y reviens. Donc, il y a avant "Meow Meow Frrru" qui s’appelait "kékettedeluxe". Il s’est fait d’une traite et est peut-être le plus académique dans la manière de vouloir faire du metal barré. Puis, "No Guts = No Masters", un peu différent, mais très carré dans sa composition. C’est Jehan qui nous a dit que ce serait le premier single. Et en même temps, c’était le premier morceau qui était composé. C’est une bonne balance entre les deux aspects. Ce qui est rigolo, c’est que les trois premiers morceaux sont ceux que j’aime le moins. Pourtant, j’ai pris du plaisir à les composer. Mais tu vois, un morceau qui ne commence pas très bien, toi tu l’écoutes jusqu’à la fin. Alors que dans les faits, les gens n’écoutent plus les albums jusqu’à la fin à part les chroniqueurs ou les gens qui ont une rigueur d’écoute. Mais voilà, les premiers morceaux sont ceux que j’aime le moins.
Ptilouis : Pourtant, la première minute de "Rules of The Show", elle défonce, avec cette montée totalement Devin Townsend. Ça ne pouvait être que toi qui la compose.
Baptiste : Merci ! Mais tu vois, les gens nous ont sorti «
ça c’est trop Mike Patton ! ». Et je suis désolé, je parle pour moi et Aspho, mais nous on n’est pas Mike Patton. Nous on est Devin Townsend. On se sent plus proche de cet artiste musicalement et vocalement que de Mike Patton. Mais j’adore Mike Patton. Je crois que le meilleur truc qu’il ait fait c’est son E.P. avec The Dillinger Escape Plan. Et donc Devin Townsend, ça a été ma principale claque vocale qui m’a fait me dire, «
c’est comme ça que je veux savoir chanter ». Pas exactement pareil, mais dans ce type d’énergie. Et avec le temps, je me dis «
J’en ai vraiment rien à foutre de la technique ». Parce que Townsend, il a la technique qui est innée et en terme de composition, d’arrangements, d’utilisation des surcouches, de personnalité… C’est un mec qui est plein. J’ai acheté sa biographie et c’est un type qui se remet perpétuellement en question. C’est un cheminement de pensées dans lequel je me retrouve parce que je me remets perpétuellement en question. Je suis continuellement dans le doute. Mike Patton, lui a un niveau plus proche du divin.
Ptilouis : Et pour continuer sur l’album ?
Baptiste : Alors, on a "Bark City" qui est le morceau pivot. "Purple Tastes Like White", un titre radio entre guillemets parce que ça n’a jamais été pensé en termes «
radio ». A la base, comme je le disais, c’était censé être du Florence & The Machine et là ça devient du shoegaze post-rock. C’est un titre qui est dédié à la maman d’Asphodel, qui est toujours vivante. Et oui, ça marque aussi la rupture parce qu’il y a des refrains, des couplets, des envolées. Ensuite tu as "I hope You Sleep Well" qui est un peu particulier. Disons que le disque est composé comme ça : tu commences et on te dit «
Bonjour, bienvenue, toi qui aimes écouter du metal avant-garde barré ! » et puis après ça devient vraiment öOoOoOoOoOo. D’un point de vue commercial, ce n’est pas vendeur. Mais je suis content qu’on écrème les morceaux dont je suis le moins satisfait, pour ensuite attaquer le gros du sujet qui me tient vraiment à cœur.
Ptilouis : Je suis assez d’accord avec ça. On sent vraiment ce changement de ton comme si c’était plus sérieux, tout en restant du metal barré. Et c’est d’ailleurs à ce moment-là qu’arrive le saxo, le violoncelle, qui n’étaient pas présents avant.
Baptiste : Oui, c’est ça. C’est à partir de "No Guts = No Masters". Mais ce morceau, c’est comme si on t’avait servi une entrée et entre les deux, tu as la fin de ton apéro qui t’ouvre vraiment les sens au plat que tu vas avoir. En fait, "No Guts = No Masters", c’est le tout premier morceau écrit pour cet album et öOoOoOoOoOo tout court. Et c’est lui qui te lance sur la suite.
Ptilouis : Mais tu vois, lors de mes premières écoutes de öOoOoOoOoOo, j’aimais beaucoup la première partie de Samen, mais je n’avais plus faim pour la suite. Et quand j’ai réécouté tranquillement chez moi, j'ai remarqué ce que tu dis, qu’ensuite il se passe autre chose.
Baptiste : Mais je suis assez d’accord. Je me retrouve bien dans cette analyse, surtout avec le recul que j’ai sur l’album.
Ptilouis : Du coup, ton recul. Ça fait quelques mois que l’album est sortit et tu as eu des retours ultra-positifs…
Baptiste : Oui, les retours ont été ultra-positifs. Ceux qui n’ont pas aimé ce sont des Allemands qui disaient que c’était de la musique en concluant par «
Le CD est présenté dans une boîte en carton avec de images ». Et je ne parodie même pas. Les retours sont très gentils. De mémoire, je crois qu’on ne nous a pas prêté des intentions qu’on n’avait pas. Il y a eu l’erreur classique où on me créditait moi au chant.
Ptilouis : Tu chantes dans quoi sur Samen ?
Baptiste : A part sur "Well-Oiled Machine", je fais des chœurs sur "No Guts = No Masters" au moment du faux refrain, parce qu’il n’arrive qu’une fois. Je fais des chœurs sur "Rules of The Show" dans le passage Townsend, sur "L.V.I." sachant que je les ais trafiqués et que ce sont les prises que j’ai faîtes au moment des maquettes. Sur "I Hope You Sleep Well", le morceau se finit par des espèces de voix suraiguës
(nda : il imite) et les voix au tout début c’est moi. Donc quelques voix par-ci par-là et une fonction de chanteur sur "Well-Oiled Machine".
Ptilouis : D’ailleurs, l’enchaînement "I Hope You Sleep Well" et "Well-Oiled Machine", les deux sont liés ?
Baptiste : Dans les faits ce sont deux morceaux différents. Mais comme je suis un gros flemmard, je compose les morceaux dans la même tonalité, c’est-à-dire avec une fondamentale en ré parce que ce sont les cordes à vide de ma guitare. Je suis une quiche en solfège, je l’ai dit ! Je préfère m’amuser sur l’arrangement. Son nom de travail c’était "Comtesse du Barry", donc écrit comme Barry White, parce que j’avais envie de faire un truc à la con avec une grosse voix à la Barry White. Et à un moment, j’ai eu le déclic avec le Careless whisper, le solo de saxophone arrache-culotte au possible ! J’étais en même temps en plein "I Hope You Sleep", qui devait s’appeler "7 très méchant", et comme à la fin la tonalité était la bonne et que je ne savais pas comment finir le morceau, j’ai collé le truc en me faisant la réflexion «
Eh, ça s’enchaîne trop bien ! Et c’est débile ! ». Et je sais qu’en général quand c’est débile ça va plaire à Pépette. Et du coup, on a fait le truc en l’enregistrant en deux morceaux. Et au Black Bear Studio, le texte a été écrit une heure avant que l’on fasse les prises où Asphodel me balance : «
Ouais, tu vas chanter sur un morceau ! ». Moi, je voulais bien faire des chœurs… Mais, non. Là c’était chanter. Disons que moi ça me plaisait de montrer un peu ce que j’étais capable de faire au chant. Le texte de "Well-Oiled Machine" est vraiment très fort. Pour te la faire courte, c’est un type qui décide de télécharger des épisodes de Madame est servie qui en anglais s’appelle Who’s The Boss. Mais en téléchargeant en anglais, il ne tombe pas sur Tony Danza, qui joue dans Madame est servie, mais sur Tony Gonzo et se retrouve devant un porno homosexuel où il y a son fils dedans. Et c’est là où il y le refrain arrive disant le peer-to-peer (le téléchargement) ou worst-to-worst (pire) avec un vieux calembour de merde tout en se mettant à la place du personnage qui tombe dénue (rires).
Ptilouis : Du coup le solo de saxo est super bien placé juste après le refrain.
Baptiste : Ouais, c’est super sexuel et malsain. Mais en réalité ça doit être ultra second degré ! L’idée c’est que ça doit être fun. Mon seul regret c’est que ça ait été écrit aussi vite et que les lignes de chant ont dû être apprises aussi vite parce que je n’en suis pas spécialement satisfait. En concert, je la ferai beaucoup mieux parce que j’ai eu l’occasion de la retravailler.
Ptilouis : Et du coup, le solo de salle de bain sur "I Hope You Sleep Well" ?
Baptiste : J’avais fait un morceau où c’est un type qui prend l’ascenseur, là il démarre et tu as à côté un groupe qui joue de la musique d’ascenseur. Et là, tu changes d’étage, la musique s’arrête et d’un coup ça reprend. J’aime bien faire des petits morceaux à la con comme ça et j’avais fait un morceau débile avec une rythmique de salle de bain et je l’ai foutu dans "I Hope You Sleep Well". Dans ce morceau, tel qu’on l’a pensé, tu as un passage avec des petits poulpes qui chantent. Y a ce petit côté des îles, tranquilou pépouze, et même la baignoire participe. J’adore composer des rythmiques avec des choses qui n’ont rien à voir !
Ptilouis : Enfin, tes morceaux préférés et pourquoi ?
Baptiste : "Hemn Be Ro Di Samen" parce que c’est du gros riff dissonant tout du long, c’est tout le temps noir et y a un peu de luminosité à la fin. Il s’appelait "Opaque" en tant que morceau de travail. Pour l’anecdote, quand le texte n’est pas en anglais c’est une langue inventé par Asphodel à la manière dont avait fait Sigur Ros. Y a "I Hope You Sleep Well" où le passage shoegaze me prend aux tripes. Et "Fumigène". C’est un morceau que j’ai fait en 2010, donc pas pour öOoOoOoOoOo. Et à un moment donné je l’ai ressorti. C’est un exemple de rechute pour le coup, sauf que je ne l’avais fait que pour moi et je l’ai retravaillé pour elle. Il y a un côté très Nine Inch Nails époque
Downward Spiral, le côté où quand tu baises c’est fatigant, c’est sale, y a des odeurs, mais c’est bien. "Fumigène" c’est ça.
Ptilouis : C’est vrai, il y a un côté un peu électro crade.
Baptiste : Ouais, c’est un peu ça. Et c’est un morceau qui a été fait avant que Carpenter Brut n’existe. Toutes les parties électro et synthés, ça date d’avant. Je te dis ça parce que c’est un truc qu’on m’a dit : «
Ah tien tu as fait du Justice ». Et toi tu réponds «
Ben non, je n’aime pas Justice ». Car en fait, je pensais beaucoup plus à Nine Inch Nails et il est arrivé ça. Y a un côté dégueulasse qui ne ressort peut-être pas assez dans l’album par rapport à la version démo qui est vraiment mécanique. En plus, le texte est génial. Je laisse les gens le déchiffrer surtout qu’il y a de la profondeur sympa dans les rapports humains. Il y a un côté bas du front, mais pas le côté thrash allemand, mais plutôt le côté animal à la "Closer" de Nine Inch Nails, sans vouloir s'y approcher. On n’est pas dans l’érotisme ou dans le physique, on est dans le fantasme. La musique est dans le physique, le texte lui, dans le fantasme. En tout cas c’est comme ça que je le perçois. Et je suis très content du riff qui à la base est un riff de synthé composé au clavier et à la souris et qui est surtout super cool à jouer à la guitare. C’est pour ça que j’ai envie qu’on le joue en concert.
Ptilouis : Peux-tu me parler de la production de l’album ?
Baptiste : On a rushé sur la prod’ et c’était une erreur. Mais bon c’est un premier album, donc c’est normal qu’il y ait des erreurs. Mais au final je suis très content du résultat. Ce n’est pas comme cela que ça sonne dans ma tête, mais en même temps comme j’ai la musique dans ma tête, je me dis c’est comme ça que ça va sonner. Et ça ne sonnera pas comme ça, parce que ça ne peut pas sonner comme ça et c’est la vie. Je sais les erreurs qu’on a faites, mais c’est très bien comme ça.
Ptilouis : Ok. Des questions un peu différentes. Si tu tournes avec un groupe, avec qui aimeras-tu le faire ?
Baptiste : Psykup ! Mille fois Psykup. Julien a adoré notre album. Milka a bien aimé aussi. J’adorerai, mais je ne pense pas que ce soit possible. Je pourrais être dans le public vu qu’on serait en première partie. Et puis me taper une tournée de Psykup, ouais ! Sinon, Pryapisme. Mais là, c’est parce que j’ai envie de vraiment rencontrer en personne Aymeric Thomas et c’est plus pour le côté expérience humaine.
Ptilouis : En 2016, quels sont les albums qui t’ont marqué ?
Baptiste : Le Dillinger Escape Plan, l’album de Black Queen (
nda : le projet de Greg Puciato, chanteur de The Dillinger Escape Plan),
Dumb Flesh de Blanck Mass, Paerish qui est un groupe français qui joue du pop-rock très années 90 entre Smashing Pumpkins et le côté british Royaume-Uni et américain et c’est mortel. Il y a eu l’E.P. de Doom par Mick Gordon qui est mor-tel ! Le dernier Meshuggah, comment j’ai pu l’oublier ! En 2016, on a eu une année folle musicalement, au point que je ne me souviens pas de tout. Et j’ai eu d’autres découvertes. On peut ajouter le Alcest, le Neurosis… Même si ça a été une année musicalement difficile avec beaucoup de pertes avec toutes les icônes décédées… Mais ça a aussi rappelé un truc, c’est que quand on est vivant on a encore des choses à dire, et 2016 le prouve quoi !
Ptilouis : Tu as une dernière chose à ajouter ?
Baptiste : Bah merci à toi ! J’espère que vous avez aimé l’album, si vous ne l’avez pas aimé ce n’est pas grave. Vraiment merci, on espère faire des concerts et que vous aimerez ça.