Cosmic Camel Clash : Comment se déroule la tournée jusqu'à maintenant? Tout se passe bien?
Michael Romeo : Oui. Les premiers jours ont été un peu durs car les concerts durant notre première semaine. étaient en Finlande, en Hollande et en Allemagne. Donc il fallait passer une journée sur la route, puis passer une journée en ferry, jouer, puis repasser une journée en ferry, etc, etc. C'était fatiguant, mais en dehors de ça tout se passe bien.
| Cosmic Camel Clash : Qu'est-ce que ça fait de tourner avec Dream Theater ? Tu apprécies le groupe ?
Michael Romeo : Oh oui, j'ai toujours été fans de ces type, ce sont des musiciens incroyables et des gars très cools. Nous nous entendons très bien et c'est cool de jouer avec eux.
Cosmic Camel Clash : Ce n'est pas frustrant d'être en première partie ?
Michael Romeo : Non, pas vraiment. Déjà ces types s'en sortent très bien commercialement parlant, mieux que nous. En jouant avec eux nous avons accès à de plus grandes salles que si nous étions en tête d'affiche, donc au final plus de gens viennent nous voir jouer... c'est une bonne chose. Nous sommes tous l) juste pour jouer, et je pense que nous le ressentons tous comme ça. Il n'y a pas d'esprit de compétition de merde, nous pensons juste à jouer et à prendre du bon temps. Ce genre de considération ne nous vient même pas à l'esprit. |
Cosmic Camel Clash : Peux-tu nous parler des thèmes abordés sur Paradise Lost, et la manière dont ils ont influencé ou pas la musique ?
Michael Romeo : Mmmmh... j'essaye de me rappeler ce qui est venu en premier... la majorité de la musique est venue en premier : les riffs, les harmonies. Et la plupart de ce qui est sorti était assez sombre et heavy. Nous voulions composer une chanson longue et épique sur l'album, quelque chose qui durerait vingt minutes ou presque et serait assez sombre... puis l'idée est venue d'orienter l'album sur Milton (
ndCCC : auteur du poème du XVIIème siècle qui a donné son nom à l'album et dont le protagoniste est Satan) et les thèmes du Paradis et de l'Enfer. J'ai ensuite passé près d'une semaine à tenter de rassembler des idées pour créer une pièce longue et épique, mais ça ne le faisait pas. J'avais l'impression de forcer le truc, de vouloir imposer quelque chose qui n'avait pas sa place à la base. Pas mal de chansons étaient déjà bouclées et elles se tenaient, c'était comme si j'avais voulu faire un titre long pour le principe. Donc nous avons décidé de composer plutôt huit ou neuf chansons sans morceau long, et en considérant le matériel que nous avions déjà nous avons réalisé qu'il était sombre et heavy dans sa totalité... et nous avons étendu le thème du paradis perdu sur tout l'album. Nous ne voulions pas faire de concept-album avec une narration du type Et voilà ce qui s'est passé, et à ce moment Satan dit ça, etc, ce genre de truc prétentieux. Mais nous voulions quand même garder les thèmes généraux... donc ça parle de vengeance, de trahison, de toutes ces émotions plutôt que de véritables personnages. Et voilà comment ça c'est passé : une fois que nous savions quel genre de sujet allait être abordé dans les paroles, le reste de la musique est venu tout seul. Nous avions déjà beaucoup composé, et tout ce qui ne collait pas avec le sujet a été modifié afin de cadrer avec le reste : nous avons ajouté des choeurs, des cloches d'église ou des parties de guitare un peu plus heavy afin que tout se tienne.
Cosmic Camel Clash : Paradise Lost est sûrement votre album le plus agressif à ce jour. Penses-tu qu'il soit possible que Symphony X devienne encore plus violent à l'avenir ou est-ce votre limite ?
Michael Romeo : Difficile à dire : chaque album a son feeling propre, et les choses arrivent comme elles arrivent. Je pense que c'est lié à des choses qui nous sont arrivées : nous avons fait le
Gigantour avec beaucoup de groupes heavy et ça a peut-être joué... le fait est que quand j'ai composé des riffs ensuite ils étaient plus violents que ceux dont nous avions l'habitude. Ce phénomène s'est développé tout seul, et une fois que le thème Miltonien est venu s'en mêler les jeux étaient faits : l'album allait être heavy, sombre et agressif. Pour le prochain album nous n'aurons pas envie de refaire exactement la même chose, mais il suivra sûrement les mêmes grandes lignes. Si on regarde l'album d'avant
The Odyssey, il y avait déjà pas mal de riffs heavy dessus. Par rapport au fait de devenir encore plus violents dans le futur, je pense que nous nous sentons bien là où nous sommes : les riffs peuvent atteindre un certain niveau de brutalité et ensuite c'est le contenu des paroles qui va aussi jouer un rôle.
Lucificum : Il m'a d'ailleurs semblé que les dernières notes de "Revelation" faisaient écho au thème principal de "The Odyssey"... est-ce que tu essayes d'établir une continuité entre tes albums ?
Michael Romeo : Ce n'est pas "The Odyssey", c'est "Divine Wings Of Tragedy"! Pour la continuité, parfois, oui, nous faisons ça. Cet album est très axé sur le Paradis et l'Enfer et Divine Wings Of Tragedy traitait aussi de ce genre de thèmes. Nous avons donc pensé que ce serait cool de faire ça, et d'ailleurs ça a été fait à la dernière minute. Je finissais mes parties de guitare et l'idée a germé alors je m'amusais à tester différents trucs. Nous enregistrons dans mon home-studio donc j'ai tout le temps que je veux pour ce genre de choses... et j'étais en train de faire des variations sur la partie acoustique de "Divine Wings" quand je me suis dit que ce serait cool d'ajouter ça. Donc nous l'y avons mis, et ça a du sens... en général nous essayons de faire des trucs cools et de nous amuser. | |
Cosmic Camel Clash : Certains groupes ont sorti un deuxième volet de leur album culte : il y a Metropolis pt.2 de Dream Theater, Operation : Mindcrime 2 de Queensrÿche, etc... Y a-t-il une chance pour que vous sortiez un Divine Wings pt. 2 un jour?
Michael Romeo : Nan! Pas que ce soit une mauvaise idée en soi, mais nous préférons laisser ce que nous avons fait derrière nous et essayer de nouvelles choses. Faire un
Paradise Lost 2... musicalement ça pourrait être cool car on se retrouve à revenir sur des parties, modifier des thèmes musicaux, etc. Mais nous préférons laisser les choses comme nous les avons faites, et nous dire au passage que nous les avons bien faites ! Nous préférons nous lancer dans quelque chose de complètement différent, retrouver une nouvelle inspiration et une nouvelle énergie.
Cosmic Camel Clash : Cela fait maintenant très longtemps que les fans du groupe vous réclament un DVD live. Y'a-t-il une chance que ce rêve devienne enfin réalité ?
Michael Romeo : Oui, je pense que ça va se faire cette année. Nous avons atteint un point où le groupe marche bien commercialement et donc nous pouvons faire à peu près ce que nous voulons en matière d'environnement scénique. Nous voulons vraiment proposer quelque chose de qualité : nous aurions déjà pu sortir quelque chose à faible budget... mais non. Nous voulons vraiment sortir quelque chose qui en donne aux fans pour leur argent et qui justifie leur attente. Nous voulons que ce soit un soir où nous étions en forme, avec un son nickel, tout parfait... oui, cette année.
Lucificum : Pensez-vous travailler avec un orchestre un jour ?
Michael Romeo : Je ne sais pas, beaucoup de gens nous posent cette question... Je pense que ça serait cool, et que c'est aussi une question de finances car ce genre de choses a un coût. Mais ça serait chouette... on ne sais jamais.
Cosmic Camel Clash : Si on sort du monde du métal et de la musique classique, y'a-t-il des artistes qui t'influencent et qui pourraient surprendre les fans ?
Michael Romeo : Mmmh... rien de bizarre ou qui pourrait choquer les gens. Sorti du métal et du classique j'écoute beaucoup de trucs différents, mais surtout je bloque sur tel ou tel truc et je l'écoute toute la journée. Par exemple je peux passer un jour à n'écouter que des bandes originales de film, mais je n'écoute pas de trucs super inhabituels en fait.
Lucificum : As-tu déjà la moindre idée de ce à quoi va ressembler le prochain album ? As-tu écrit quoi que ce soit ?
Michael Romeo : Non, mais il y a beaucoup de musique non utilisée, de chutes de studio de
Paradise Lost qui n'ont pas fini sur l'album. Une fois que nous avons rassemblé toutes nos idées nous avons sélectionné celles qui nous semblaient les meilleures pour le thème du disque. Donc il y a beaucoup de parties plus progressives que nous n'avons pas utilisées, de parties typiquement Symphony X mais que nous n'avons pas voulu inclure. Donc nous avons des parties déjà écrites, mais nous n'avons pas encore pensé à comment les arranger ensemble pour l'instant. Mais quand nous commencerons à bosser sur le prochain album nous aurons donc un peu d'avance.
Cosmic Camel Clash : C'est quelque chose que vous faites d'habitude, utiliser les chutes d'un album pour composer le suivant?
Michael Romeo : Non, nous ne l'avons jamais fait... car d'habitude nous composons pile poil ce qu'il faut de musique pour boucler un album, parfois nous sommes même à la limite de ne pas en avoir assez. Par exemple il y a une chanson sur
Twilight In Olympus que je n'ai même pas eu le temps de finir, elle ne devrait même pas être sur l'album. C'est donc la première fois que nous avons trop de musique...
Paradise Lost aurait pu facilement être un double album mais nous avons préféré sortir quelque chose de compact et de fort, et avoir quelques idées de base pour l'album suivant.
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Cosmic Camel Clash : Vous avez sorti un clip pour "The Serpent's Kiss" où le groupe devait jouer avec de vrais serpents? Quelle impression cela vous a-t-il fait ?
Michael Romeo : Dieu merci je n'ai pas eu à me mêler de ça, c'est surtout Russell (Allen, chant) qui a dû le faire. Au début il était un peu nerveux mais après quelques minutes il était complètement décontracté. De toutes façons il était évident que les conditions de sécurité étaient remplies, mais je suis quand même content de ne pas avoir eu à le faire. |
Cosmic Camel Clash : Est-ce que le processus d'écriture varie, ou est-ce qu'il est semblable d'une chanson et d'un album à l'autre ?
Michael Romeo : Ca change d'un album à l'autre. Pour le dernier, nous nous sommes dit que nous voulions un album plus heavy avant même de commencer à écrire. Nous voulions un album plus basé sur les riffs, avec plus de guitare... donc 99% de la composition a été plus ou moins de mon fait vu que je suis le guitariste. Mais
V était plus basé sur les claviers, les guitares acoustiques, le piano... donc Michael Pinnella (
claviers) et moi avions écrit ensemble. Le dernier album demandant plus de violence, de riffs, etc, ça a surtout été moi.
Cosmic Camel Clash : Ca fait trois mois qu'il est sorti. Comment a-t-il été reçu ?
Michael Romeo : En gros, il y a eu 99% de réactions très positives. Le groupe était satisfait dans son ensemble : qu'il s'agisse de la musique, de l'artwork... quand nous avons fini de le mettre sur pieds nous nous sommes dits C'est ce que nous pouvions faire de mieux, qu'il s'agisse du processus créatif, de la dimension artistique, même du packaging du CD, tout. Et ça faisait aussi très longtemps donc les fans étaient frustrés... au final ça a été bon. La plupart des chroniques sont bonnes, et celle qui sont négatives sont plus liées au côté heavy de l'album. Mais une fois qu'ilsont écouté et réécouté l'album... c'est un disque qui a tendance à convaincre sur la longueur.
Lucificum : Est-ce que Michael Pinnella ou toi êtes en train de travailler sur un nouvel album solo ces temps-ci ?
Michael Romeo : Non... quoique en fait j'ai commencé à jouer avec des idées car j'ai vraiment envie d'en faire un mais c'est plutôt dur d'écrire dans le bus, et comme je l'ai déjà dit nous avons toutes ces idées qui nous restent à utiliser, des heures et des heures de bandes. Donc ce n'est pas vraiment le moment pour nous concentrer sur nos projets solo. Peut-être l'année prochaine...
Cosmic Camel Clash : Pour finir, ça faisait quatre ans que vous n'aviez pas joué en France. Est-ce que ça a du sens pour toi de revenir chez nous ?
Michael Romeo : Oh oui. Symphony X marche bien ici, et les fans français nous ont toujours réservé un très bon accueil. C'est bon de revenir ici, c'est vraiment un de mes endroits préférés. Et comme tu l'as dit ça fait si longtemps... donc ça fait vraiment du bien, il y a quelque chose qui rend notre présence ici très cool. | |