CHRONIQUE PAR ...

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Tabris
le 14 janvier 2018




SETLIST

Amenra :
Boden
Plus Près De Toi (Closer To You)
Razoreater
Children Of The Eye
Nowena | 9.10
Aorte. Nous Sommes Du Même Sang
Terziele
Am Kreuz
Diaken

NNRA:
NNRA 1
NNRA 2
NNRA 3
NNRA 4
NNRA 5
NNRA 6

AFFILIÉ

Amenra
Graspop Metal Meeting (Dessel, Belgique)
(28 juin 2014)
Hellfest (Clisson)
(16 juin 2012)
Lille - Aéronef
(17 septembre 2021)
Paris - Elysée Montmartre
(02 avril 2022)

13 janvier 2018 - Paris - la Gaîté Lyrique


Amenra_-_NNRA_Paris_-_la_Gaîte_Lyrique_20180113

Je méprise le fanboyisme aveugle et ne suis tentée d'y voir que des manifestations d'excès en tout genre, à commencer par la traduction d'une obstination malsaine à consommer l'artiste sans respect de l'être. J’exècre l'absence de recherche véritable, l'incapacité de distinguer les muses authentiques des sirènes de performances mercantiles. Lorsque j'ai découvert Amenra, j'ai pleinement pris conscience de cela et ce fut pour moi un tournant majeur dans mon approche personnelle de la Musique. J'ai également posé un autre regard sur ceux qui poussent loin la démonstration de leur exaltation, comprenant ce qu'ils cherchent à exprimer: leur gratitude pour une forme paradoxale de lumière déployée sur eux par une musique pourtant si féroce, car baignée de sens. Et ce jour, je joins ma voix à la leur, sans aveuglement. Ce que je ressens à l'écoute d'Amenra, toute considération obscurantiste écartée, c'est une admiration inégalée à ce jour, viscérale, essentielle. Hier, à cette heure exacte, je quittais la salle de la Gaîté Lyrique. Et aujourd'hui, il me semble insensé d'être de retour ici, devant mon écran, en quête de mots. Je reviendrai dans quelques jours, lorsque je les aurai trouvés. Et vous les lirez encore plus tard, quand j'aurai de mon côté, peut-être, recouvré tous mes esprits...

… Trois jours se sont donc écoulés. Une part de moi est restée cependant en arrière. Une part de moi est demeurée désespérément rivée à la scène, à cette estrade qui constituait mon seul et unique appui durant un set qui fut d'une intensité quasi indescriptible. Je dis « quasi », car je vais quand même tenter l'exercice.

13 janvier 2017, à la Gaîté Lyrique – Avant que ne résonne l'heure du conte « massianique », un jeune groupe fait son apparition derrière le moucharabieh d'une toile tendue au premier plan de la scène et qui, le set durant, sera le support de projections abstraites lancées en appui d'une prestation de post-black atmosphérique de bon aloi, conduite d'un seul tenant. Si NNRA laisse le sentiment d'être encore pour l'heure au stade expérimental - le fil conducteur faisant quelque peu défaut à la composition pour permettre à l'assistancce de s'y complaire totalement - il convient cependant de saluer l'effort, car celui-ci trahit une recherche sérieuse d'intensité, une volonté de tisser une ambiance sensible et profonde à l'appui de nombreux riffs saisissants et d'effets tout à fait dignes d'intérêt. Une découverte agréable et peut-être un bel espoir à suivre. Je vous invite à découvrir la formation parisienne via son bandcamp. Mais il va sans dire que le rôle de première partie reste une entreprise ardue face à un auditoire – certes accueillant – mais qui conserve jalousement son énergie et sa concentration pour la tête d'affiche qu'il est venu saluer de sa présence. Ingrate, je ne diffère pas des autres membres de l'assistance et dès la fin de cette première partie, mon attention est d'ores et déjà fixée ailleurs.
Alors, les premières frappes. Attendues. Bien sûr. Mais, le frémissement, incontrôlable. Parcourant l'échine. Les premiers accords mélancoliques. L'adrénaline irrigant le cerveau. Le son qui s'épaissit. Les mains qui se crispent sur le rebord de la scène, seule « distance » entre nous, fosse fébrile, et les musiciens. Puis l'explosion grondante de "Boden". La vibration phonique si puissante que la voix de Colin en est presque étouffée, mais la crainte de ne point percevoir son chant durant le concert sera heureusement de courte durée, car sur l'entièreté du set, nous serons en effet gratifiés d'un son excellent, vivement rééquilibré. En toile de fond, ce sont les images évocatrices, l’atmosphère tissée de noir et de blanc devenue drapeau du genre pratiqué, qui défilent sous les yeux de ceux qui ont la gourmandise de mirer la scène, tandis que d'autres sont déjà abîmés en prière silencieuse, les yeux clos. Passée l'introduction familière, Mass VI vient nous cueillir avec l'amer et délectable "Plus près de Toi". Si le plaisir de la découverte fut grand (euphémisme) à l'écoute de la version studio, il n'est que plus savoureux encore en sa version scénique. Parfaitement conduit, l'intime mélange de violence et de douceur désenchantée emporte sans peine les dernières pensées parasites, velléités du dehors dont nous n'avons désormais plus rien à faire. Suit la déferlante de "Razoreater" et les nuques qui se ploient. Les corps qui s'avancent pour accompagner le mouvement de la musique. La tension qui monte d'un cran supplémentaire sur les passages lents. La sensation d'être suspendu à un fil, l'esprit proche de la rupture. Et cette pression qui écrase le thorax à chaque accélération du tempo, l'attente fébrile du cri qui libère, l'avidité des mots et des éclats. Le sentiment exhalant la transe qui naît au fond de l'âme, toute résistance anéantie. C'est encore "Children of The Eye", ce soir la seconde offrande issue de Mass VI, celle qui d'emblée semble vouloir vous fendre en deux, pour ne laisser que de petites miettes éparpillées, mélangées dans un même creuset de passion commune. Sur scène, la concentration est admirable. Dans la fosse, la captation est maximale. Et une fois encore, nulle faille, le titre est offert avec une précision et une ardeur dignes du plus grand respect. La frappe de tellure se fait pouls rasséréné de nos corps endoloris de tension, le chant clair apaisement d'un instant, mais la quiétude ne dure que peu de temps car aussi vivement, Amenra nous renvoie à nos meurtrissures avec le talent qu'on lui connaît. Chaque trait de puissance étant appuyé en outre d'effets stroboscopiques aveuglants, "Nowena" ne pansera pas nos plaies. Pas plus que "Aorte. Nous sommes du même sang". L'on ne peut que s'enorgueillir d'être les destinataires d'un si superbe présent. Et chaque retour au silence constitue un choc, une saignée, où le mouvement des mains semble presque vain, l'émotion comprimant l'air exprimant à elle seule avec éloquence l'intensité de l'instant. Enfin, la grande croix se fait jour, projetée sur la toile de fond autant que mise à nue sur l'épiderme de celui qui est sans doute l'un des chanteurs les plus impliqués et possédés par la musique qu'il m'ait été donné d'admirer. Ce symbole qui apparaît comme signal de l'instant de paroxysme vers lequel Amenra va nous conduire maintenant, en trois morceaux et dont le point d'orgue sera atteint avec majesté sur un "Diaken" final, simplement époustouflant, digne de ferveur sincère.

Il n'est point de rappel avec Amenra. Un rappel signifierait chercher plus loin encore. Et peut-on oser exiger plus qu'il ne nous est donné, lorsque nous avons tant éprouvé, lorsque une telle déferlante s'abat sur nous sans faiblir une seule seconde ? Non. Il n'est rien à vouloir de plus, l'esprit est empli. Mais quitter la salle s'avère cependant le mouvement le plus complexe à mettre en œuvre à cette heure. Car dehors, tout est autre. Tout semble lointain. Si impalpable en comparaison de ces frappes telluriques, de ces riffs essentiels et de ce chant qui exhale la douleur comme nul autre. Dehors, le silence ne dit soudain plus rien. Alors qu'ici, face à ces planches, me reste quelque chose entre les mains, d'exaltant et d'écrasant tout à la fois. « Vivre » cette musique pour la saisir pleinement est à mon sens une vérité autant qu'une expression imparfaite, tant elle imprègne et emporte au loin les sens et la pensée.

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