Concert de Helldebert : Bordeaux - Théâtre Fémina le 15 février 2025

CHRONIQUE PAR ...

Thierry
le 10 septembre 2025

SETLIST

Rock'n Roll
Pour louper l'école
Les derniers pirates
Le temps de vivre
Ça vaut des points
Guitar Hero
Les super-pouvoirs pourris
Du gros son
Plus tard quand tu seras grand
Seum 51
La marche du monde
Le cartel des cartables

Rappel:
La Sorcière
Croque-Mitaine
Hyperactif
Super Momie / Super Mamie

AFFILIÉ

Helldebert

15 février 2025 - Bordeaux - Théâtre Fémina

Si vous lisez ces lignes, c’est que vous êtes passés outre le premier rejet catégorique. Celui que j’ai pu lire, ça et là sous les différentes annonces de festival où Helldebert, double maléfique de Guillaume Aldebert était affiché. Celui des gardiens du temple métallique, défenseurs du "vrai metal" qui ne sauraient accepter que ce trublion héritier de Chantal Goya daigne s’immiscer sur un line-up 100 % metal et qui hurlent au boycott tout en écoutant un disque de raw black en sirotant une tasse du sang de leurs ennemis. Si vous faites partie de cette catégorie et que vous vous êtes perdus, je vous invite à diriger votre pointeur de souris vers la jolie petite croix rouge en haut à droite de l'écran. Les autres, qui ont au moins une once de réflexion, de sens commun et de tolérance, bienvenue dans le monde merveilleux d’Helldebert, ou comment éduquer au metal avec humour et textes travaillés, le tout sans oublier le décorum que nous aimons tant.

L’avantage d’un concert d’Aldebert, c’est qu’il est pensé pour les enfants. Horaires compris : nous avions le choix entre 15 et 19 heures. Nous avons choisi au plus tôt, comme la dernière fois à l’Arkea Arena sur la tournée de l’album Enfantillages 4 en 2023. La petite a grandi, pas la salle puisque nous nous retrouvons dans le Théâtre Fémina, plus intimiste mais sacrément joli. Très peu d’attente (nous avons sprinté à la sortie du parking, retardés que nous avons été sur l’autoroute) une fois installés (place assise numérotée, théâtre oblige, mais le Père Noël avait bien prévu les choses, nous étions au deuxième rang, la petite au niveau de l’allée) avec notamment "Doigts de Metal" d’un autre groupe que les gens aiment bien détester ces temps-ci.
Les lumières s’éteignent, nous peinons à contenir l’excitation de la gnomette à côté de nous (et en même temps, pour quoi faire?) et les écrans s’allument : Guillaume nous accueille, rapidement interrompu par Helldebert, son double maléfique qui a décidé de prendre les rênes aujourd’hui. Il nous prévient de suite qu’aujourd’hui, ça va déménager et que les guitares seront à l’honneur. Après tout : Si c’est trop fort, c’est que t’es trop vieux ! (Et encore que, le son est largement adapté à l’auditoire, exit les bouchons d’oreille, confort total d’écoute.) Mais Helldebert garde une part d’Aldebert en lui, ce gamin facétieux qui n’hésite pas à installer deux toboggans pour que les musiciens arrivent sur scène (ça me rappellerait presque DragonForce à Paris en 2006 et leur trampoline !). Le chanteur originel reprendra la main pour des passages plus calmes, comme "Ça vaut des points" par exemple.
Je ne savais pas forcément à quoi m’attendre sur cette nouvelle tournée Enfantillages 666 : setlist entièrement axée sur le dernier album ? Titres édulcorés ou non ? Relecture d’anciens titres avec de grosses guitares ? Guests en vidéo comme en 2023 ? Le ressenti global était finalement ce à quoi on s’attendait : un vrai concert metal, mais pour les enfants. La setlist est évidemment très largement axée sur le dernier opus, qui passe avec brio l’épreuve du live. Monsieur Aldebert s’amuse avec son double en incrustation vidéo et les musiciens ne sont pas en reste. Il faut dire qu’il sait s’entourer, le bougre. Il a débauché le batteur Nicolas Bastos de Dagoba et le guitariste Nicolas Alberny de Gorod (ex-Arcania) pour un rendu détonnant, tandis que ses acolytes de toujours, Hubert Arel (basse) et Christophe Darlot (claviers) ne sont pas dépaysés par l’avalanche de « violence » qu’on leur demande d’appliquer. Il faut dire que les guitares qui font du bruit sont ancrées dans l’ADN du chanteur pour enfants. Rappelez-vous d’ "On m’a volé mon Nin-Nin" (étrangement absent de la setlist du jour) sur le premier Enfantillages ou encore de la réécriture du "Gros Son" featuring Dagoba et le chanteur d’AqME sur l'album des 10 ans. Et ceci, sans oublier les guests en vidéo, comme Max et Igor Cavalera, Johan Hegg, Fetus... et la famille Aldebert sur "Seum 51". L’occasion pour le chanteur d’enchaîner les anecdotes (l’enregistrement du "Cartel des Cartables" aux États-Unis avec les Cavalera quasi-annulé à cause de la neige, les photos d’archives d’Aldebert au lycée avec des cheveux…) et les cabrioles sur ses chaussures à roulettes ou…dans les travées du théâtre à faire des "checks" aux gamins et notamment à la petite. Qui nous dit, des mois plus tard : « j’ai fait un check à Aldebert ! ». Forcément, ça marque les esprits, tout autant que d’aller faire la folle sur scène pendant "Pour Louper l’École" (un comble pour une fille de profs) et plus tard sur "Hyperactif" avec son héros qui lui passe juste derrière.

Était-ce pour autant un concert uniquement pour les enfants ? Non, le métalleux « de base » (j’assume) a réellement apprécie l’énergie du frontman, la vélocité des musiciens, l’énergie du concert. Qu’on ne s’y trompe pas : c’était un vrai concert de metal, il y avait même les soli de batterie et de guitare réglementaires. Sans oublier le merch, à grands coups de logos détournés (j’ai craqué pour le AB/CD en gros avec la typo des frères Young) et de visuels sympas pour les enfants. Je qualifierais ce concert de tour de force : c’était l’occasion rêvée pour toute une catégorie de darons (majoritairement, on ne va pas se mentir) métalleux de partager leur univers avec femme et enfants, de sortir la veste à patchs, les cris et les doigts dans le ciel sans que la famille les regarde bizarrement. Et je parie fort que Guillaume Aldebert aura réussi, sur cette tournée, à convertir certains réfractaires au « Gros Son », qui viendront un jour accompagner leur papa ou mari en fest metal (histoire de faire jaser les râleurs du premier paragraphe.)