Concert de Don Caballero : Lyon - Sonic le 11 17 2006

CHRONIQUE PAR ...

Flower King
le 20 janvier 2008

SETLIST

N/A

AFFILIÉ

Don Caballero

11 17 2006 - Lyon - Sonic

L’amateur lambda de concerts désireux d’aller voir Don Caballero un soir de novembre sur Lyon ne manquera pas d’expérimenter le double effet Sonic: pour son premier concert sur une péniche, il sera d’abord frappé par le cadre assez lounge (malgré son étroitesse) de l’endroit, et plus encore de la petitesse de la scène sur laquelle va s’ébattre les groupes. Passé ce premier effet de surprise, il aura tout le loisir de tester le confort des canapés situés de part et d’autre de la salle, puisque sera survenu alors le deuxième effet : habitué à arriver une, voire deux heures avant le début d’un concert, l’amateur lambda doit savoir qu’au Sonic, il est bien plus judicieux de venir une bonne heure et demie après l’heure annoncée.

Ce n’est en effet qu’après 21h30 que la première partie, Ned, investit la scène. Ce trio local qualifie sa musique de « psych punk rock » et on n’est finalement pas loin du compte : guitare bardée d’effets criards ou planants, rythmique résolument post-punk, les morceaux agités et déstructurés du groupe n’oublient presque jamais d’inclure une petite mélodie déviante. On regrettera quelques dérives vers un bruit blanc un peu facile, mais Ned a globalement une bonne attitude et de l’énergie à revendre. Quelques instants plus tard, voici que trois géants viennent installer et régler leurs instruments (le quatrième, à gauche sur la photo, semblait ne pas assurer la tournée européenne) : le bassiste, à gauche de la scène, a la carrure de bûcheron ; le guitariste, sur la droite, arbore le look du parfait redneck : casquette Yankees, chemise à carreaux, short treillis et rangers, attitude charismatique assurée.

Au centre, enfin, l’imposant batteur Damon Che, la figure de proue de cette formation américaine de rock instrumental alambiqué sans être inaccessible, réminiscent par certains endroits du Roi Pourpre de Larks’ Tongues In Aspic. Nous aurons ainsi droit à une heure de compositions piochant dans l’intégralité de leur répertoire, successions de motifs de guitares tour à tour agressifs, dissonants, menaçants ou reposants, appuyés par une basse grondante, tandis que l’ami Che s’emploie à faire se déchaîner les enfers sous nos têtes, jouant un ballet rythmique souvent impressionnant mais jamais épuisant. On peut dire qu’il sait y faire, le bougre, et qu’il se démène comme un beau diable pour conférer à ces compositions toute l’énergie dont elles ont besoin. Pari réussi : les compositions du dernier album sonnaient en effet plus pêchues - et donc plus captivantes - sur scène que sur disque.

Le problème, c’est que si Damon Che est bien un batteur extraordinaire, c’est également un personnage remarquablement antipathique. Se plaignant d’un manque d’air – justifié certes, vu que sa performance requiert un certain effort physique – dès le troisième morceau du set, il n’a eu de cesse ensuite de faire profiter à tous de sa mauvaise humeur entre les titres, tantôt quittant la scène un morceau sur deux pour prendre l’air, tantôt lançant des réflexions assassines au public ou jouant à l’imbécile sarcastique ; une attitude assez pénible au bout d’un moment, même pour ceux qui étaient venus là avec de bonnes intentions. À sa décharge, il faut dire que la foule ne semblait pas des plus enthousiastes… et cette colère qu’il manifestait semblait finalement l’amener à jouer de manière plus convaincante encore !

Malgré cette attitude hautaine, le groupe n’a donc pas failli et a su titiller notre curiosité. Dommage que le dernier album en date, World Class Listening Problem, ne soit pas à la hauteur… mais il paraît que les précédents sont autrement plus réussis.