CHRONIQUE PAR ...

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Tabris
le 15 mars 2015




SETLIST

EVE-R

Non renseignée

ANGE

Bêle, bêle, petite chèvre
Sur la trace des fées
Le nain de Stanislas
Jour après jour
Innocents les mains sales
Gustave et Lucy
Le Bouseux
Ego et Deus
J'irai dormir plus loin que ton sommeil
Aurélia
Les Noces
Parallèles amoureuses
Le marchand de planètes
Ode à Emile

Rappel

Fils de Lumière
Tueuse à gages
A l'ombre des pictogrammes/La colère des dieux

AFFILIÉ

28 février 2015 - Strasbourg - La Laiterie


Ange_-_EVE-R_Strasbourg_-_La_Laiterie_20150228

C'est en 2015 et Noël est encore loin. Pourtant nous sommes là, bien fiers devant la porte … Il y a une belle foule à l'entrée de la Laiterie en cette soirée de février, et non point blême et lasse, malgré le courant d'air glacial de la rue du Howald ! Patients/impatients, nous ne sommes pas encore à nous battre pour le sucre en ces périodes sombres (???), mais c'est bel et bien un moment savoureux, un peu hors du temps, auquel nous aspirons au moment de franchir le seuil…

Du sucre (fin, précisons le d'emblée), nous est offert dès le début de la soirée avec EVE-R, trio Strasbourgeois indie-pop teinté d'électro, d'une fraicheur tout simplement époustouflante. Face à nous, Céline Clerget-Klinghammer au chant et guitare folk, une voix douce, chaude et sirupeuse (qui personnellement n'est pas sans me rappeler celle, lointaine déjà, d'Ana Torroja), une coupe en banane qui lui sied comme une métaphore - car un sourire semble perpétuellement lui barrer le visage – et avec elle, Bastiaan Sluis à la batterie et Nicolas Klinghammer à la basse, en parfaits complices, énergiques et vivants, du méfait qui va suivre. Je dis méfait, car l'univers que nous brosse le trio en effet est un tantinet malicieux : nous sont finement distillés des propos désabusés, distribués avec presque frivolité comme autant de friandises. Ainsi pour exemple le titre "Avant l'Orage", « L'heure assombris les visages ... ». Des sujets doux/amers traités sur le mode du second degré et qui pourraient donner à s'émouvoir si ce n'était cette musique livrée avec enjouement en une facétie... Et le pire, c'est qu'on se plait tout de suite à jouer le jeu. Douce introspection inconsciente mêlée au simple plaisir de se laisser aller à ce moment d'insouciance musicale, le set de déroule de façon fluide et plaisante, entre images et vrais messages, comme le révèle si bien le titre "Striptease", évoquant un effeuillage qui se voudrait de l'âme et non du corps et qui ferra sourire la salle avec sincérité. Une musique prenante donc, une envie de partage appuyée de nos trois compères, une belle connivence sur scène qui inspire d'autant plus de plaisir... Une très jolie découverte pour débuter délicieusement la soirée et laisser devant la porte tout ce que ce simple souffle de vivacité se sera de toute façon décidé à balayer d'un coup de gratte.

Mais laissons à présent ce sucre candy si émoustillant et préparons nous. Dites moi vous autres gens, vous là M'sieur par exemple, quelle ombre voyez vous se dessiner dans la pénombre en cet instant ? Voyez, d'abord … D'abord … Y a l'ainé. Qu'est comme un melon, qu'a un gros nez... Vous scandez son nom, M'sieur. Vous êtes en joie, de l'avoir en vue, vous battez de vos dix doigts, vous n'en pouvez plus. Vous êtes complètement pris et lui est le roi. Vous vous soulerez toute la nuit, de ses contes comme du bon vin. On vous retrouvera matin, au fond de la salle, raide comme une saillie. Rouge comme un feu de forge et qui balbutie, qu'a l'œil qui divague … Faut vous dire Monsieur, que chez ces Anges là, on ne change pas Monsieur, non, on ne change pas …. On conte ! Car oui, le conteur est là, Christian Décamps, avec ses mots fous, tout à la fois enchanteurs et désenchantés, sa présence et sa voix magiques, le fomenteur qui traverse le temps, fidèle à lui même et qui tout à la fois évolue et se greffe avec succès sur le présent... La salle est comble. Au comble de la joie dirais-je plutôt. Nous sommes tous fous. Et lui, il apporte encore avec lui une autre voix de conteur, celle de l'Ancêtre, dont le portrait était griffonné à même les tables en ces années là … 1974... tant il inspirait son monde. Entendez-vous cette frappe sur l'enclume ? La salle qui en frémit d'impatience ? « Emile ! » . Emile Jacotey, l'anonyme qui était devenu célèbre, est revenu pour nous 40 ans après, pour nous conter ses histoires féeriques sur fond de musique transcendante et tout bonnement géniale. Emile JacoteyRésurection, tel que Décamps voulait qu'il soit, plus riche encore, plus fouillé, plus achevé. Mais est-il enfin aboutit ? Le sera-t-il jamais ? Allons, nous sommes à nouveaux fous ce soir oui, fous que l'aventure continue. Disons le encore, à l'envie et savourons l'Ode.

Mais « par Méphisto, par Jupiter et par tous les Saints de l'Enfer », ne bougez plus, admirez, entendez et jouissez ! Observez déjà ces quelques figures défilant sur toile tendue : imageries de contes candides (candide ? Ange ? Vraiment ? Et notre petite chèvre des marais qui bêle, bêle, est-elle candide elle aussi ? Mais tout nous est amené de telle façon au cœur de cette musique que nous buvons du petit lait !) ; nu ostentatoire (signé Gustave Courbet, Suite Pileuse pour Pinceau et Pubis – et quand vous maniez premier et second degré mes chers, tout un monde vous est offert …), ou encore les traits de notre vénérable ami, oh joie sincère des retrouvailles …. « Ce sont des légendes » qui nous sont contées. Et déjà môme, c'est ainsi que je les écoutais, comme on s'émerveille des légendes de Grimm, je m'émerveillais d'Ange, de la trace de ses fées, du sens de ses mots et du délire de sa musique. Et je ne suis manifestement pas seule à m'émouvoir toujours encore. Derrière moi, cette belle foule en liesse qui harangue, aboie, rit, scande et pour qui, un soir, la vie est douce. Mais que le Diable l'emporte. Cet Ange nous embarque très vite, très loin. Son "Jour après Jour" nous éloigne bel et bien de nos terres austères. Et ce n'est pas que de nos terres, mais de nos cadres aussi, voir de nos fumisteries : cet "Ego et Deus" sublime qui n'a pas pris une ride, moi d'abord et Dieu ensuite … "Le Bouseux", son soleil, ses oiseux plein la tête et sa boue qui fait tâche et dont on s'en fout, ou encore "Innocents les main sales", tout est dans le titre me direz vous ... Il y aurait tant à dire ...

Saluons Hassan Hajdi et Thierry Sidoum, car guitare et basse n'auront de cesse de faire merveilles pour nous. Inspirés, présents, charismatiques, nos deux compères se lancerons dans de nombreuses envolées complices, sourire aux lèvres, donnant encore de la voix pour notre plus grand plaisir, nous entrainant vers d'autres contrées (ainsi, le "Marchand de Planètes" pour n'en citer qu'un exemple). Admirons le talent de Benoit Cazzulini, cœur battant bien entendu : que ce soit du seul tintement à la frappe puissante, tout se pose en nous si justement. Et que dire de Tristan Décamps, dont j'admire pour la première fois la prestation scénique et dont la voix est tout simplement confondante, le jeu de clavier juste sublime ? Le grain noble de folie de Christian et de Francis sera donc toujours là, avec en prime cette empreinte, cette patte personnelle. Ange a toujours aussi fière et folle allure. Ange poursuit son chemin. Et là où ce fut le plus criant, c'est sur ce titre qui a démarré de façon inattendue comme une simple balade au clavier, porté par la voix du fils. D'une tranquillité déconcertante tout d'abord, mais terriblement prenante, puis enfin la frappe attendue et le délire... Jamais je n'ai trouvé "Fils de Lumière" si justement à propos ! Et à quel point mon esprit était tendu à l'idée, certaine, de l'entendre ce soir. Jamais le titre tant aimé, offert en rappel aujourd'hui comme un cadeau, ne m'avait émue à ce point. Mais ce qui frappe surtout (comme si ça avait changé !), c'est de voir nos artistes évoluer ainsi sur scène, en parfait accord, respirant le plaisir d'être là, l'envie de délivrer la musique avec passion... Comment ne pas entendre ? Comment ne pas en être ému ? Comment ne pas les en remercier ? Impossible. On n'est pas là pour se la jouer, mais pour jouer et se jouer des choses sans aucun doute, la différence est là. La salle, sensible, fait bloc de joie, tout simplement. Moment rares, qu'il est bon de ressentir. Quant à clore par "A l'Ombre des Pictogrammes/ La Colère des Dieux" …Oui, nous sommes en 2015 bel et bien...! Chapeau bas, Messieurs les fils de Mandrin !

Quant à moi, c'est sur ces quelques images que je vous abandonne maintenant. Car il est tard M'sieur, et faut que je rentre, chez moi....




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