26 septembre 2015
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Lille-Théâtre Sébastopol
Auteur d’un excellent album encensé par nombre de critiques à travers le monde, Steven Wilson décide de reprendre la route cet automne pour en promouvoir la sortie. De passage dans l’Hexagone, il a décidé de poser ses valises quelques heures dans la capitale des Flandres, au théâtre Sébastopol plus précisément. Convaincu par Hand, Cannot, Erase , c’est avec plaisir que je me suis rendu à Lille pour découvrir le set concocté par Steven et ses acolytes.
La salle affiche presque complet, seuls quelques sièges au balcon n’ayant pas trouvé preneur. Une introduction longue permet à l’un des acteurs principaux de cette soirée de s’exprimer : un écran qui diffuse des images, ici d’un immeuble immobile face au temps qui passe. Les minutes défilent et les yeux de l’assistance ne peuvent se détourner de cette vidéo, tandis que l’impatience de voir les musiciens ne cesse de croître. Arrive enfin un être humain qui se place derrière son clavier. Les premières notes du dernier album du britannique résonnent dans le théâtre. Premier constat, le son est bien trop fort et assez mal équilibré. L’arrivée du reste de la troupe qui entonne "3 Years Older" confirmera mes craintes. La basse vrombit et donne rapidement mal au crâne. Ce problème est-il dû à un mauvais réglage ou au fait que je me trouve au pied de la scène ? Fort heureusement, ce souci sera réglé rapidement. Ou peut-être que mes oreilles se sont simplement habituées. Quoi qu’il en soit, il est désormais possible de profiter de presque deux heures de musique de grande qualité.
Steven Wilson a décidé de présenter un grand nombre de compositions issues de son dernier album. Seuls "Perfect Life" et "Transience" manquent à l’appel. Les très bonnes chansons sont exécutées ici avec précision et brio. L’Anglais a su s’entourer d’excellents musiciens, à commencer par Adam Holzman aux claviers et bien entendu Nick Beggs qui, en plus de la basse, double la voix du sieur Wilson, dans une tessiture plus aiguë. Les deux nouveaux venus, Craig Blundell à la batterie et Dave Kilminster à la guitare, s’intègrent parfaitement à l’ensemble. Le six-cordiste a la lourde tâche de remplacer Guthrie Govan. Il joue ainsi la plupart des soli, mission qu’il accomplit avec les honneurs, même sur "Ancestral". La qualité technique de ces messieurs est réellement impressionnante. Ils parviennent ainsi à magnifier des pièces pourtant déjà grandioses. Emmené par le maître de cérémonie qui paraît toujours aussi jeune, tout ce beau monde fait montre d’un indubitable talent.
Steven Wilson attire forcément tous les regards. Il semble ravi d’être sur scène et se permet même quelques boutades entre les morceaux, prouvant que l’on peut être doué et sympathique. Il semble habité pendant le concert, cherchant à parfaire ses compositions. Alternant entre claviers, guitare électrique ou sèche, il fait figure d’homme-orchestre raffiné. Il propose, outre la quasi-totalité de
Hand Cannot Erase d’autres titres plus anciens, issus d'anciens disques solo ou de sa période Porcupine Tree. Comment ne pas s’enthousiasmer à l’écoute de "Drive Home", "Lazarus" ou "Sleep Together" ? Pour ceux qui, comme votre serviteur, n’ont jamais eu la chance de voir l’arbre aux porcs-épics sur scène, ces quelques instants sont tout bonnement jubilatoires. Un titre inédit sera même présenté, "My Book of Regrets", qui devrait être enregistré sous peu. Qu’il me soit également permis de noter l’importance des vidéos passant dans le dos des musiciens, qui apportent beaucoup au discours musical. L’on se rend compte que le clip de "Perfect Life" n’est qu’une partie d’un projet bien plus ambitieux, le public ayant même droit à une animation pour accompagner "Routine".
Est-il besoin d’en dire plus ? Lorsque que se rallument les lumières, il faut se rendre à l’évidence : le spectacle auquel on vient d’assister restera gravé dans la mémoire de tous pendant longtemps. Loin d’être déçu, c’est même plutôt surpris par la grande qualité de ce dernier que je retourne chez moi, conscient et ravi d’avoir eu le loisir d’approcher un créateur génial.
Un grand moment, tout simplement.