CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Guy Kozowyk
(Chant)
-Mike "Gunface" McKenzie
(Guitare+Chant)
-Greg Weeks
(Basse)
-Brad Fickeisen
(Batterie)
TRACKLIST
1)Film Critiques and Militia Men
2)Dread Prevailed
3)It Runs In the Family
4)Send the Death Storm
5)Pray for Eyes
6)Responsibles
7)Midas Touch
8)Tread on the Necks of Kings
9)It Came From Over There
10)1Intelligence Has Been Compromised
11)Open Eyed Beast Attack
12)Birdbath
13)Bone Needle
14)Seminar
DISCOGRAPHIE
Décidément, tout ce qui finit par «–core» est très à la mode en ce moment et particulièrement le death-metalcore. Les modes, on sait ce que c’est : ça va, ça vient, et puis quelques années après on a tout oublié et quand on s’y replonge, on en rie un peu, le regard partagé entre la nostalgie et une certaine commisération. Sauf que dans le cas du [insert metal style here]core, ça fait un moment que ça dure, que de l’eau est constamment apporté à son moulin et qu’on en voit pas le bout, pour le bonheur de certains (et le malheur d’autres, forcément). Engloutissant tous les styles de musiques dès lors qu’ils sont un tant soit peu violents et énergiques (death et thrash en tête), on ne peut plus nier que le genre a acquis une vraie identité et surtout une légitimité, que ça soit au sein du public ou des professionnels.
Ce qui ne veut pas dire que tout soit rose et idyllique dans ce petit univers aux codes bien établis. En ce qui concerne le sujet d’aujourd’hui, The Red Chord, c’est un constat en plusieurs teintes qu’il faut faire ici. Prey For Eyes est leur troisième album, les deux premiers s’étant révélés diversement appréciés de la critique, et le groupe semble compter sur ce troisième essai pour se faire accepter parmi ses confrères dont la renommée n’est plus à faire (citons par exemple Converge ou The Dillinger Escape Plan). De leur passé teinté de mathcore, The Red Chord a gardé le côté technique, dissonant et dérangeant mais sans en faire son cheval de bataille. Le retour à une brutalité plus directe semble de mise et saute aux oreilles dès les premiers titres.
Pas de doute, ça arrache, ça déchire, ça éviscère, bref : on est en présence d’un produit intense, et maîtrisé qui plus est. Riff après riff, The Red Chord met tout en œuvre pour redoubler d’efficacité, alternant de bons gros passages puissants avec ces furieuses cavalcades sans cesse coupées de breaks, gimmicks si typiques du genre. Si le mélange se révèle plutôt efficace, force est de constater qu’il ne dépasse le stade du sympathique. C’est avec une certaine apathie qu’on reçoit la violence pure du groupe dans la tête, et si le cerveau identifie des titres efficaces et ravageurs, les tripes restent quant à elles assez peu secouées par ce déferlement de décibel. Le chant torturé de Guy Kozowyk, passant sans vergogne du chant hardcore à un growl plus grave (et quelques autres variations sur le même thème), se révèle indéniablement efficace mais sans réelle personnalité.
Pourtant, le groupe réserve quelques bonnes surprises, comme les arrangements surprenants de "It Came From Over Here", instrumentale de plus de quatre minutes (ce qui est long pour ce type de musique) ou le côté thrashy de "Bone Needle". De même le titre de clôture, "Seminar", propose de prendre son temps en de longues envolées guitaristiques, sortant du lot et permettant à l’album de se finir sur une note aérée. Le titre éponyme nous propose aussi une belle cassure du rythme sur son final et un excellent riff en mid-tempo qui rappelle le meilleur de Pro-Pain. On aura plus de mal à sortir les autres titres du lot, tant la recette de The Red Chord se décline à l’envie sans que de profonds contrastes apparaissent d’une piste à l’autre, ce qui représente le défaut majeur inhérent au metalcore et que peu de groupes parviennent à contourner. Un album pour inconditionnels mais qui ne comporte rien de vraiment indispensable, malheureusement.