CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Paco Mut
(chant)
-Mario Fuentes
(guitare)
-Carlos Jimenez
(basse)
-David Hernandez
(batterie)
TRACKLIST
1)Termites Are Sleeping
2)Cosmic Blood
3)Governmental Formal Torture
4)Beyond Cannibal Tribes Of Underground
5)Post Apocalyptic Glamour
6)Nobody Will Talk About Us When We're Alive
7)Lazy Meat Maker Machines
8)Sunday Night Miracle
9)Moon Key Sun
10)Cocaine Holocaust
11)Staves In Your Children Eyes
12)When He Moves His Lips Termites Revive
DISCOGRAPHIE
Le temps passe, les groupes évoluent, leur musique aussi... et on se retrouve avec des formations qui sortent des disques parfois excellents mais très différents de leurs débuts. C'est la vie et on n'y peut pas grand-chose : les nostalgiques de Killers ne crachent d'ailleurs pas forcément sur Seventh Son Of A Seventh Son, ils sont juste nostalgiques de Killers. Mais si un groupe ressortait une variation sur Killers aujourd'hui, sauteraient-ils de joie ou bien crierait-ils au scandale? Les Espagnols de Monkey Hole n'en savent rien : eux, c'est le premier album de System Of A Down qu'ils ont refait.
Franchement, si vous ne faites pas immédiatement le lien entre ce Termites Don't Respect The Tempe Of God et le premier SOAD, c'est que vous n'avez jamais écouté le premier SOAD (ou que vous avez l'esprit de contradiction). On retrouve immédiatement tous les ingrédients qui nous avaient fait tant aimer le disque en question : rythmiques déjantées, chant imprécatoire - et dieu sait que Paco Mut imite bien Tankian quand il le veut -, breaks imprévisibles, riffs aussi bien surpuissants que volontairement débiles par moments... à la première écoute on est scotché qu'un groupe puisse à ce point reprendre les ingrédients d'un autre, surtout quand lesdits ingrédients sont typés à mort. Et puis les différences sautent au visage, et on ne sait plus quoi penser. Car Monkey Hole présente deux différences fondamentales avec leur illustre modèle : l'absence quasi-totale d'éléments ethniques et arabisants et surtout la présence d'une influence punk écrasante. A partir de là le patchwork peut commencer, et c'est de la dynamite.
"Cosmic Blood" pose un peu tout : début punk-core hurlé avec un chant sale et criard venu d'on ne sait où, puis le chanteur se métamorphose subitement en un clone de Tankian avant que le riff de guitare ne parta dans du SOAD et que les vocaux évoquent Jello Biafra. Après une minute on s'est pris une masse impressionnante d'informations dans la face, et c'est à ce moment que le groupe casse tout pour un break de valse malsaine et décalée ou Paco Mut devient une nouvelle fois méconnaissable (on dirait un gamin de treize ans). Idem pour "Beyond Cannibal Tribes Of Underground" dont le sens de la dérision est directement traçable. Ca a beau être de la repompe par moments c'est complètement bluffant et surtout... ça fait un bien fou! Ben oui, SOAD n'a plus jamais refait ce genre de zique barrée à l'échelle d'un album depuis Toxicity, et on en revient à la problématique de l'intro... sauf quand le groupe prouve qu'il est capable de lâcher la main de papa par moments et de traverser la rue tout seul.
Car parfois Monkey Hole fait du Monkey Hole. "Post Apocalyptic Glamour" est un déluge de riffs plus volontairement dissonnants les uns que les autres, et avec "Nobody Will Talk About Us When We're Alive" (laule!) il dévoile à la fois le talent de Mario Fuentes à la guitare et les racines bruitistes et cahotiques du combo. Ca devient d'ailleurs difficile à apprécier tant le tout est peu cohérent, et c'est quand cette approche à la j'en ai marre de vivre se combine avec les réminiscences SOADiennes que Monkey Hole devient turbo bombesque. "Moon Key Sun" fusionne ainsi de forts jolis arpèges avec des riffs tordus, un chant keupon et des plans de System (voire un break directement pompé sur "War?") avec bonheur. Le plan hard-rock à la AC/DC qui ouvre "Cocaine Holocaust" fait sourire mais le groupe l'assume à fond et parvient sans souci à le lier à sa sauce, et envoie parfois des pavés d'ultraviolence qui décoiffent. Le dernier titre voit Mut lier tellement de registres et le groupe développer tellement de plans qu'on prend presque peur.
Malgré quelques baisses de régime cet album est donc d'une fraîcheur salvatrice, et il permettra à tous les nostalgiques de la folie furieuse du premier album de Malakian and Co. de revivre des moments qu'ils croyaient perdus à tout jamais. Mais au-delà de cet aspect limitateur Monkey Hole est aussi un groupe dont les traits distinctifs existent bel et bien, et dont le côté punk et crade saura sans doute réjouir des gens ne portant pas forcément SOAD dans leur coeur. Tout ça est donc assez honorable au final, et mérite qu'on y prête attention, surtout si on est amateur de musique déjantée.