CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16.5/20
LINE UP
-Pascal Useldinger
(chant+claviers+samples)
-Marc Pierrard
(guitare)
-Félix Faber
(basse+guitare+chant)
-Vincent Orianne
(batterie+percussions)
TRACKLIST
CD1:
1)Baya California
2)You Make Me Say Things I Don't Want To Say
3)a)La beauté du geste b) Ce don de se sentir seul
4)a)Entre las estrellas b)Every Street You Walk
5)a)Stealing Kisses b)To Part Ways c) The Tempest
CD2:
6)Walk On Water
7)Reflection on Iris
8)The Perfect Moment
9)Lament Manifest
10)Once You've Learned How To Let Go
11)There Is Nothing Left To Lose
12)Esse
13)Mythen sollten Mythen bleiben
14)The Things I Love The Most
15)How Lonely I Really Am
DISCOGRAPHIE
dEFDUMp est un groupe qui donne l'impression de se la raconter un peu. Déjà, ils viennent du Luxembourg. En plus ils font un genre de post-math-emo-core ultra technique qui part dans tous les sens. Et pour finir ils sortent un double album avec cinq titres sur un disque et dix sur l'autre. Tout ça semble à première vue un peu prétentieux, et la prétention musicale a toujours tendance à énerver un peu le chroniqueur (et les autres) parce qu'un groupe est censé ne pas se prendre au sérieux et être style cool yeah les potes, on est pas des artistes t'vois, on est des dealers de kif qui prennent du fun, tu reprends une Kro mec? Sauf que c'est toujours le résultat qui compte...
Comme on a un peu mauvais esprit, on aimerait bien descendre This Is Forevermore et dire que c'est du cérébral branlette d'avant-garde qui se prend pour je sais pas quoi. On voudrait bien renvoyer dans les dents du groupe leur discours décomplexé sur leur Art et le fait qu'on peut s'asseoir sur nos étiquettes débiles. Qu'on a juste à se prendre par la main et écouter leur musique et lire leurs paroles, et qu'après on pourra bien leur trouver l'étiquette qu'on veut, ils s'en foutent. Sauf que non, ce double album est une telle démonstration de force qu'on doit bien baisser les armes. Ce n'est pas faute d'avoir cherché la petite bête : après avoir admis que le chant hurlé-vomi postcore est effrayant de maîtrise et de violence, on s'était rabattu sur le chant clair/parlé/scandé très typé et nasal qui semblait si méprisant et maniéré. Sauf qu'il colle parfaitement à la musique délirante du combo et que le contraste avec le chant écorché ajoute une dynamique indéniable. Zut. Alors on est parti sur la piste du « trop cérébral, trop dur à suivre, pas de vraies chansons », surtout que le refus du groupe de nommer réellement certains de ses titres semblait encourageant. Mais la présence de passages ultra-catchy dont on ne peut plus se débarasser a tout cassé. On se retrouvait à fredonner du dEFDUMp malgré soi. Malédiction !
Il a donc fallu étudier la multitude de styles abordés pour trouver celui que dEFDUMp ne maîtrisait pas aussi bien que les autres. Mais entre les arpèges pop hypnotiques, les riffs dissonants fabuleusement en place, les passages électro cristallins et les déferlantes de death corrosif, impossible de trouver la faille. Surtout que le groupe enchaîne aussi bien les plans rocks aux twin leads que les moments atmosphériques aux beat-downs hardcore. La possibilité de cracher sur la production ayant été balayée dès les premières écoutes, on a profité du son à la foi limpide et ultraviolent pour écouter méticuleusement chaque instrument, guettant les pains. Il n'y en avait point, la technicité du tout étant de plus hallucinante et totalement au service des compositions. Mais avec un peu de bol les chansons seraient semblables les unes aux autres!! Peine perdue : le désir de réécouter "The Perfect Moment" et son «Thiiiis! Iiiiis! Forever! Mooooore!» d'anthologie ou bien "Walk On Water" et son approche directe et presque pop avait été trop présent. C'est au bord de l'abandon que la lumière a surgi : une lassitude avait enfin fini par apparaître au moment d'aborder le dernier tiers du double album, lassitude qui s'était confirmée ensuite. Juste une histoire de quantité et pas de qualité, mais c'était toujours ça.
Triomphe! On peut dire des dEFDUMp que leur petit dernier s'absorbe difficilement d'affilée, même une fois l'album bien maîtrisé. On peut fustiger leur volonté de proposer un très bon double album là où un simple aurait été légendaire. Et heureusement, parce que sinon on aurait été bien embêté tant ce This Is Forevermore est du genre qui squatte le cerveau tout en donnant envie de raccrocher son instrument quel qu'il soit. Tant il prouve qu'on peut faire une musique à la fois complexe et bruitiste à l'extrême d'un côté et accessible et limpide de l'autre. Mais grâce à cette longueur excessive on peut dire du mal des dEFDUMp, comme prévu au départ. Haha. Yeah. Euh...