Un live de Rush, c'est toujours l'assurance de ne jamais être déçu, d'assister à un enchaînement ininterrompu de morceaux énormissimes, de classiques intemporels, une musique haute en couleur et en technique. Pourquoi parler d'album live ? Tout simplement parce que Rush n'a jamais réussi (ou rarement) à reproduire sur album l'intensité de leurs concerts. C'est comme ça ! Pourtant Rush, contrairement à d'autres vieilles gloires du rock progressif, n'a pas à rougir de ses années 80 et a délivré régulièrement des albums de bonne tenue, influencés par les tendances du moment.
Grace Under Pressure avait les défauts de ses qualités : composé uniquement de bons titres ou presque, il était homogène, méticuleux, cérébral, travaillé... en un mot, chiant ? On peut le penser. C'est un peu le problème de Rush dans les années 80 : beaucoup de bons titres, certes, mais très peu de morceaux qui se démarquent réellement du lot... rien de comparable avec la grandeur des live ! C'est le cas de Power Windows. Pourtant, sur ce coup là, Rush a fait l'effort de se lâcher un peu plus, de paraître moins froid et sérieux, plus dynamique, avec des tempos plus enlevés. Néanmoins, Power Windows a moins bien vieilli que ses prédécesseurs.
La faute à la production de Peter Collins, gavée à bloc de reverb : pour un peu, on croirait que l'album a été enregistré dans un stade. Toutes les chansons se ressemblent ou presque, elles sont toutes basées sur le même moule : chant de Geddy Lee n'évitant pas les stéréotypes des années 80 (avec les aiguës qui vont avec), 3 notes de synthés sur les refrains, breaks techniques (et répétitifs à la longue) de Neil Peart, qui commencent à abuser des kits électroniques, et guitares cristallines d'Alex Lifeson, qui semble s'être fixé comme objectif de singer le plus possible Andy Summers (guitariste de Police). Voilà pour le programme. Oui, c'est toujours pareil... et c'est bon !
Les amateurs de pop-prog 80's seront comblés, pas de soucis, même si les albums bourrés de synthés de Marillion, Toto, Saga, Simple Minds ou It Bites (pour ne citer qu'eux) étaient bien meilleurs à cette époque. La concurrence est rude et Rush ne fait clairement pas le poids : dans ces conditions, il apparaît difficile de réellement s'extasier pour Power Windows. Régulièrement, l'impression d'écouter les mêmes plans à la guitare que le Police de Synchronicity est frappante... pour l'originalité, on repassera ! Qu'importe, les idées sont là, Power Windows regorge de plans astucieux, de lignes de basse galopantes, de mélodies catchy et de guitares Policées, avec toujours le même enrobage technique.
Le seul classique de Power Windows est le titre d'ouverture, régulièrement joué en concert : "Big Money", du rock FM un peu crétin et caricatural, efficace malgré tout. On se laisse prendre au jeu. Le reste est parfois plus complexe et ambitieux ("Manhattan Project", "Marathon"...), même si on peine à différencier les chansons au départ. Une bonne dizaine d'écoutes seront nécessaires pour capter toutes les richesses de l'album... quoi d'autre ? Un album live, vite !