CHRONIQUE PAR ...
[MäelströM]
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Jacqueline Bonjon
(chant+guitare)
-Martine Marelli
(guitare+chœurs)
-Anne Dubois
(basse+chœurs)
-Joseph Dubois
(batterie)
TRACKLIST
1)DIEU
2)Toi tu Parles des Filles
3)Les Femmes Divines
4)Libertine
5)Ce que Tu As Trouvé
6)Le Camion
7)Et Alors ?
8)La Libellule
9)À la Recherche de l’Hameçon
10)J’en Ai Presque Pleuré
11)Jazz à Entube
12)N’importe Quoi
13)On Sera Mieux Là
14)Je t’ai Promis
15)Les Chiens et Chats
16)Mon Petit Quinquins
DISCOGRAPHIE
S’il y avait un concours de l’esthétique la plus troublante – nul doute que la pochette de cet album figurerait en bonne place dans le classement (après les premiers Cabrel à moustache). Et s’il y avait un concours de la musique la plus irrévérencieuse – Cabrel n’y figurerait pas. Déjà 13 ans que les Suprêmes Dindes existent et l’assagissement n’est toujours pas là. Bien au contraire, la démarche a acquis encore plus de gravitude. Ouf ! Découvrons cet album rien que tous les deux. Envolons-nous ensemble, nus et huilés !
"DIEU" est le single décapant qu’on imagine déjà en ouverture de concert. «Quand j’vois comment c’est fun de pas s’sentir coupable ; J’peux pas croire en Dieu… J’pensais qu’ça vous passerait avec la mort du Pape !» La meilleure façon de penser, c’est encore la leur. Les textes se font moins polichinelles, le ton deviendrait même amer sur "Toi tu Parles des Filles" ou "Et Alors ?". Heureusement les musiques, elles, sont enlevées (il en reste un peu quand même). La section rythmique (Anne & Joseph Dubois) s’améliore d’albums en albums ; elle en rajoute des tonnes et propulse des morceaux un peu plats en balançant le pâté. En entendant les cassures de "Jazz à Entube", on peut dire que ça envoie Dubois ! (Ah ah.) La revanche des secrétaires en tailleurs sur la mondialisation masculine. On comprend leur engagement pour le féminisme quand on sait que le producteur de Suprême NTDinde n’est autre que Seine Saint-Denis Barthe, batteur de Noir Désir (groupe affilié aux Chiennes de Garde dont Isabelle Alonso dit le plus grand bien).
La musique n’a pas changée d’un poil de fesse. C’est rapide, punk, et ça défrise sec. Simplisme et furiosité de keupon sur un mélange garage-hillbilly. Style Brian Setzer étouffé par son banjo mimant Carl Perkins étranglant Johnny Rotten. Le ton est à l’alternatif, aux Têtes Raides sans cuivres, sans pantalons / aux Ramones sans pénis / aux Wampas sans Did… Ah ben si ! avec Didier. Car oui ! Hourra ! Les Didiers sont là pour éviter que la météorite des lapins martiens ne mettent Frank Michael au pouvoir ! Le fonctionnaire rock’n’roll (Wampas, pas Besancenot) vient magnifier "Toi tu Parles des Filles" de sa voix suave et sensuelle. Didier Super lui, vient rendre un Super hommage à une Super période historique trop méconnue du Super public et parler des aspects positifs de la déportation sur un "On Sera Super Mieux Là" à avaler son chignon.
En fait (amine), le problème est simple : Les Suprêmes Dindes sont un groupe de live. Voir trois excitées faire le concours du soutif le plus glauque en jouant de la guitare sur la tête est quelque chose d’impossible à reproduire sur album. La performance colle tant au groupe que l’enchaînement sommaire d’accords brisés perd beaucoup de son intérêt sans les caisses de Poppers (zéro tracas, zéro blabla : MDMA !) que le groupe distribue librement à l’entrée de ses concerts. Mais ne croyez pas que les Dindonnes ne fassent que courir après leurs accords ! La preuve avec la perle de mélancolie qu’est "La Libellule", texte parmi les plus candides du groupe : «Elle a dans l’cœur une libellule ; Qui avance et qui recule… Et c’est pour ça que le matin ; Elle est pas bien !» Et oui, les Suprêmes Dindes sont aussi là pour faire passer des messages engagés sur la sodomie.
Mais qu’ouïe-je ? Une reprise du "Libertine" de la rousse laryngitoxe ? Quelle honte ! Déjà qu’un morceau de Mylène Farmer est insupportable en lui-même, si en plus on lui retire ses maigres qualités masturbonaniques et qu’on entend la voix (impensable sur l’original), on a du mal à écouter cette horreur plus de deux minutes (mais puisque c’est obligé). Une reprise du "Pourvu qu’Elles Soient Douces !" aurait été bien plus convenue pour le live. Les Vicieuses se rattrapent avec l’hilarant Mehdi Mahoub pour "À la Recherche de l’Hameçon": «Avant les filles c’était pour moi une surprise-party : Dès que j’allais les voir Surprise ! elles étaient toutes parties…» Et oui, Mehdi est là pour lever un poing rageur vers le gouvernement et dire Non ! à l’acné faciale du visage. Les Dindonneautes dénoncent, cassent, fustigent – elles marchent sur les plates-bandes revendicatrices de Florent Brunel.
Chaque album des Suprêmes Dindes ne représente qu’une introduction à ce que vous verrez prochainement en live – car les Dindonnes sans concert, c’est comme si les Didiers apprenaient à chanter : c’est arty ; mais c’est pas marrant… Bref, trève de masturbation. J’espère que ce netlard vous aura aidé à comprendre la triple contradiction rémanente à l’entropique Œdipienne des Femmes Dindes devenues Suprêmes Divines : castration / saturation / poisson ; c’est ce que j’aurai essayé d’expliquer et d’attraper dans les filets de ma chro’ (sauce moutarde).