CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Eilera
(chant)
-Loïc Tézenas
(instruments)
TRACKLIST
1)Non Merci
2)In The Present
3)Healing Process
4)Fusion
5)Addicted
6)The Angel You Love...The Angel You Hate
7)Keep Your Heaven
8)Back To The Essentials
9)Free...Are You
10)September
DISCOGRAPHIE
Parmi les groupes français qui ont la chance d’être signés par un label étranger, Eilera se pose là. En effet, le duo montpelliérain se retrouve sur le label finlandais Spinefarm, plutôt réputé pour sa tendance à recruter de l’extrême, alors que la musique des Français se démarque totalement du reste du catalogue du label. Une première contradiction notable. Suite à cette signature, Loïc Tézenas et Eilera en profitent pour nous délivrer leur véritable premier album, Fusion.
Active, le distributeur de Spinefarm en France, présente le groupe comme les Gathering français. Si sur certains points, il y a effectivement convergence, le style d’Eilera est plutôt...fondamentalement différent. Sur Fusion, Eilera accouche d’un croisement musical assez particulier qui emprunte aussi bien à la mélodie du pop-rock, à la rigueur du metal et à la mélancolie d’un rock éthéré aux accents celtiques. Pourtant ce n’est pas dans la nature même de la musique d’Eilera que l’on trouvera matière à disserter – la matière est tout simplement belle ("Fusion", "Addicted") et surtout finement ciselée à tous points de vue (arrangements, technique, production). Non. Ce qui marque à l’écoute d’un tel disque, c’est bien la voix résolument atypique d’une chanteuse que l’on n'aurait plus jamais cru possible de trouver dans le créneau aussi fermé et surpeuplé des female voices.
Imaginez une voix qui associe la fragilité du timbre unique de Björk – le mimétisme est parfois surprenant dans le phrasé – et le charisme évident de voix telles que celles d’Anneke Van Giersbergen ("Healing Process", "Non Merci") et de Sarah MacLachlan. Vous vous ferez ainsi une idée assez précise du chant d’Eilera, qui se présente comme l’atout majeur – mais pas seulement – des Français. En marge de ce tour de force vocal (de ce point de vue, "The Angel You Love…The Angel You Hate" est hystérique), il faut aussi rendre hommage à Loïc Tézenas, capable d’arrangements de cordes parfois fantastiques ("Addicted") et véritable orfèvre de ce disque. Suffisamment corsé pour être signé par Spinefarm mais aussi doucement mélancolique, Fusion est l’expression idéale de l’osmose confondante d’un instrumentiste doué et d’une chanteuse hors normes.
Bien que perfectible sur la longueur et n’évitant pas les redites – défaut récurrent qui s’effacera sans nul doute au fil des albums - Fusion n’en est pas moins un disque étonnamment mature dans son ambiance, fulgurant dans son expression et porteur de ce petit supplément de nature et d’âme qui fait les beaux disques sans jamais être prétentieux. Ce type de démarche, que l'on sent foncièrement sincère, se doit d'être encouragée. On dit toujours que les plaisirs les plus simples sont souvent les plus appréciables: Fusion en est une jolie preuve.