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CHRONIQUE PAR ...

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Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18.5/20

LINE UP

-Vladimir
(tout)

TRACKLIST

1)A Scream To Express The Hate Of A Race
2)Mortphose
3)De l’Échec et de son Essentialité (Chap 1 : Marginalité Démystifiée)
4)Ils Brandiront leurs Idoles

DISCOGRAPHIE

Carriers Of Dust (2006)
Gangrene (2008)

Mirrorthrone - Carriers Of Dust



Le black-metal dans son ensemble étant par essence une musique transpirant le misanthropisme, il n’est pas rare de ne trouver qu’une seule et unique personne aux commandes d’un album. Cela donne souvent un produit très personnel et sincère, l’artiste en question ne devant pas transiger avec qui que ce soit. Pourtant, on note souvent à propos de ces albums mono-musiciens des défauts liés à cet état de fait, un artiste seul se montrant rarement bon à tous les postes. Et parfois, au contraire, on pénètre de pleins pieds dans un univers personnel et rudement bien construit.

Mirrorthrone est donc le projet d’un dénommé Vladimir qui cumule les mandats : auteur/compositeur, guitariste/bassiste, programmeur, chanteur, ingénieur, producteur, et même graphiste. Tout juste s’il ne vient pas lui même vous vendre son CD dans les grands magasins. Contrôlant son projet de A à Z, Vladimir nous livre ici sa seconde réalisation sous le nom de Mirrorthrone, après l’étonnant Of Wind And Weeping en 2003. Le style pratiqué est identifié dès l’entrée en grande pompe des orgues de l’ouverture du CD : du black-metal symphonique. Mais il serait réducteur de s’en tenir à cette étiquette, puisque qu’on y trouvera aussi (en vrac) des passages death, folk, voire même heavy/neo-classique. Alors, pot pourri aux mélanges de saveurs raffinées et puissantes ou infâme gruau avec les restes de la semaine ?

Etre seul maître à bord fait indéniablement jouir d’une liberté sans limite, et c’est de cela que Mirrorthrone – ou plutôt Vladimir, si vous préférez - va profiter pour ne pas imposer de restriction à son inspiration. Résultat, l’album soufre d’un certain déséquilibre dans sa structure, avec un titre de moins de cinq minutes, deux d’une dizaine de minutes et un de…vingt-deux minutes ! Et pourtant, ce déséquilibre est bien le seul défaut qu’on saurait trouver dans ce Carriers Of Dust tant le reste est du niveau de ce qui se fait de mieux dans le genre. Et n’ayez pas peur de tomber sur une redite de Dimmu Borgir ou de Cradle Of Filth : non, Mirrorthrone envahit une niche musicale située non loin des groupes pré-cités mais suffisamment détachée d’eux pour ne pas être assombri par leur ombre.

Quatre titres, donc, pour quarante-six minutes de musique. Carriers Of Dust s’ouvre sur "A Scream To Express The Hate Of A Race", seul titre en anglais de la galette. Et dès les premières secondes, la messe (noire) est dite. La production surprend par son professionnalisme, les différents instruments réels sont très bien rendus, et les virtuels (batterie, synthé) tout à fait appréciables, et pourraient presque faire illusion (sauf lorsqu’en de rares moments la batterie devient inhumainement supersonique). Mais là où Vladimir excelle vraiment, c’est dans son chant. Ou plutôt : ses chants. Du pur hurlement black au growl death en passant par du chant clair ou murmuré, il les pose toujours au moment propice, alternant avec efficacité les timbres et les tons en les superposant parfois avec intelligence. Bref, tous les ingrédients techniques sont là pour donner naissance à une tuerie : c’est chose faite.

Mirrorthrone possède indéniablement une identité propre. Même si on pourra noter ici et là des réminiscences d’Anorexia Nervosa – renforcées par le chant en français – ou de Dimmu Borgir dans certains passages martiaux, les compositions de Vladimir se distinguent par une audace technique (les envolées de guitares très néoclassiques de "De l'Echec et de son Essentialité") et une richesse orchestrale (les nombreux arrangements de "Mortphose") couplées à des passages qui tirent parfois vers le thrash/death (sur "Mortphose" ou "De l'Echec et de son Essentialité"). Pourtant, malgré les variétés de style, le propos de Mirrorthrone n’est jamais décousu et reste étonnamment cohérent, enraciné dans ses composantes black-metal et orchestrales.

Mais le gros morceau de Carriers Of Dust reste le démesuré "Ils Brandiront Leurs Idoles" et ses vingt-deux minutes. On pourrait croire à la vue de sa durée à un titre expérimental à la Burzum, mais non : l’intensité ne baisse pas durant cette quasi demi-heure. Alternant chant black-metal et litanies monacales en français sur fond de blast-beat, la tension ne retombe pas et l’auditeur ne s’ennuie jamais, incessamment soumis à des changements de rythmes et de tonalité. Les paroles sont essentiellement basées sur des thèmes philosophiques et contiennent évidemment leur lot de ténèbres et de sombres poésies, collant parfaitement à l’ambiance savamment élaborée par Vladimir. Et de ces vingt-deux minutes de furie symphonique, l’auditeur ressort étonné, enthousiaste et enfin conquit : on tient là une œuvre puissante et intelligemment construite.


Grandiloquent, dramatique, ambitieux, prétentieux et misanthrope : ces quelques mots résument assez bien ce Carriers Of Dust qui regorge de bonnes choses et qui a su faire de ses défauts des qualités. Alors bien sur, cet album de Mirrorthrone ne révolutionne pas le genre mais se permet néanmoins d’y poser un nouveau maître étalon. En espérant que de nombreuses autres formations – ou one-man bands – viennent s’y frotter à l’avenir.


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