CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Andre Moraweck
(chant)
-Sebastian Grund
(guitare)
-Sebastian Rieche
(guitare)
-Tom-Eric Moraweck
(basse)
-Nick Wachsmuth
(batterie)
TRACKLIST
1)(Reach) The Sun
2)Only The Sleeper Left The World
3)Steelbath Your Heart
4)My Funeral Song
5)Black Halo!
6)The Cold Heart Of The Sun
7)For Those Unseen
8)As Truth Becomes Vain
9)The Iron Council
10)Fear The Most Them Who Protect
11)Some Goodbyes Are Farewells
DISCOGRAPHIE
Maroon -
The Cold Heart Of The Sun
Être chroniqueur parfois c'est un peu chiant. Okay, on découvre plein de musique, on fait plein de concerts, on interviewe des stars, on prend des photos avec pour énerver les copains, tout ça. J'admets. Sauf qu'il faut se répartir les sous-genres dans l'équipe, et moi je me tape le metalcore. Tout le temps. Donc après trente mille heures de rythmes jumpy et d'alternance growl / chant clair il a fallu prendre une décision : chroniquer autre chose pour une fois ou partir dans la rue tuer des gens au hasard. Le choix fut vite fait, et tant pis pour Lucificum.
Ben oui, normalement le death c'est lui. Il aime la musique nihiliste qui veut déféquer sur l'humanité, c'est son trip. Il aime aussi le shred néoclassique remarquez, c'est sûrement la notion de matière fécale qui fait le lien. Alors en toute logique il aurait dû écoper de ce Maroon qui commence direct par un blast-beat et un hurlement écorché du genre qui fait peur à la belle-mère... mais comme expliqué plus haut c'était une question de survie alors bon. Et vu que cet album de Maroon (à ne surtout pas confondre avec Maroon 5, c'est un coup à perdre des amis) est une bonne petite claque de métal extrême comme on les aime, c'est dire si les scrupules sont inexistants a posteriori. Maroon fait du death mélodique au sens propre du terme : les guitares lead gardent un ancrage certain dans le heavy traditionnel (écoutez les soli de "Steelbath Your Heart") mais l'ensemble est avant tout méchant, vicieux, et agressif.
Et varié qui plus est : Maroon sait être méchant dans la vélocité comme dans la lourdeur, dans la simplicité comme dans la complexité, et ce à l'échelle de l'album comme d'une chanson. "My Funeral Song" allie ainsi des blasts effrayants à des riffs franchement hardcore version coups de pelle dans la face. C'est cette merveilleuse approche de l'extrême généraliste propre à des groupes comme All Shall Perish qu'on retrouve là : on va piocher partout du moment que ça cogne. On intercale des arpèges en clair entre les plans de thrash, on colle des rythmiques fear factoriennes syncopées au bout de deferlantes death metal, enfin bref on se fait plaisir sans s'occuper des étiquettes. Et dans le cas de Maroon, on fait le lien avec un growl multifonctions grave/aigu haineux au possible et un sens de l'efficacité et de la recherche constant, sans compter une maîtrise technique plus qu'imposante à tous les niveaux.
Maroon ne crache sur aucune composante : sweep et arpèges à la guitare acoustique et voix chantée/parlée pour la power-ballade finale et surprenante "Some Goodbyes Are Farewells", thrash déferlant pour le monstrueux "Only The Sleeper Left The World" (mais quelle claque!), melodeath Soilworkien catchy pour "As Truth Becomes Vain", rythmiques à mi chemin entre death old-school et death de Göteborg à la Amoral sur "For Those Unseen"... chacun des titres susnommés s'articulant autour d'un nombre étourdissant de plans et de changements de tempo, ainsi que des incontournables breaks de guitare mélodique à la Maiden. Maroon est malheureusement moins efficace quand les tempos ralentissent, car c'est dans les avalanches de violence hystérique que le groupe fait le plus mal. On peut compter aussi un petit manque de refrains, car toute cette délicieuse agression aurait profité de plus de points de repères.
Sortis de ces petits reproches, The Cold Heart Of The Sun est quand même un album massif, technique et varié qui apportera aux amateurs d'extrême ce qu'ils aiment le plus : l'impression de se manger un mur. Le léger manque de cohésion du tout laisse une marge de progression au groupe, qui possède toutes les cartes en main pour devenir référentiel un jour. Et avoir chroniqué ce petit brûlot au milieu d'une mer de metalcore fait un bien fou. Si Lucificum me le demande gentiment je pourrai même lui prêter, tiens.