CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Paul Souza
(chant)
-Anthony Nichols
(guitare)
-Jim Koury
(guitare)
-Jesse Johnson
(basse)
-Stuart Dowie
(batterie)
TRACKLIST
1)Searching For Forgiveness
2)A World Full Of Grey
3)Changes
4)Lost Within
5)Moments
6)The Eyes Tell No Lies
7)Whispers Of The Soul
8)Haunted Memories
9)Breathe Again
DISCOGRAPHIE
Curieux disque qui s’ouvre sur un énigmatique "Searching For Forgiveness" à mi-chemin entre le mid-tempo et la ballade. Etrange album qui ne proposera pas de partie instrumentale digne de ce nom avant la quatrième plage. Abscons groupe de metal qui laisse tant d’amplitude à des nappes de clavier cheap au possible. Bizarrerie que de se proclamer « progressif » avec tout ça…
Il va falloir s’y faire : le metal progressif ne s’arrête pas à Dream Theater et Symphony X. Eyefear, d’une certaine manière, bouleverse légèrement les habitudes avec son approche « popisante » de la musique, et mérite en ce sens son appellation. Il apparaît évident après coup que ces gars-là, en réalité, en ont sous la pédale. Il s’agit de persévérer, car l’intérêt de cet album se révèle au fur et à mesure de sa progression. Ce "Searching For Forgiveness" serait-il donc trompeur ? Oui et non. Oui car "Lost Within" ou "The Eyes Tell No Lies" démontrent que les Australiens ne sont pas dépourvus de maîtrise technique. Et non car la technique n’est clairement pas l’angle d’approche de la musique telle qu’Eyefear la conçoit.
C’est davantage sur l’émotion, même si cela paraît galvaudé, que les compos de A World Full Of Grey mettent l’accent. Nombreux sont les moments d’intimité où le claviériste - non crédité d’ailleurs, autre étrangeté étant donnée son omniprésence - se la joue romantique. Intros, breaks, conclusions, tout est prétexte à mettre ces pauses rythmiques en valeur. En ces moments, la sauce prend ; mais l’accompagnement systématique à base de violons synthétiques qui apparaît sur la majorité des moments heavy n’est pas des plus percutants. Le clavier se révèle ainsi tout à la fois atout majeur et talon d’Achille du groupe.
L’autre gagnant est le batteur Stuart Dowie, peu adepte de la double grosse caisse, au jeu très sobre mais parfois surprenant ("Whispers Of The Soul"). Artificiellement limité, à l’image de la prestation du groupe. La musique d’Eyefear s’apparente de fait à un power-metal mélodique « à l’européenne » ralenti, avec quelques soubresauts techniques. Le chant de Paul Souza, lui, est en tout cas absolument calibré pour cela. Ses lignes vocales, par ailleurs intéressantes, sont bien peu mises en valeur. Cette volonté d’épuration touche toutes les couches de la musique, au point parfois de la desservir.
Eyefear se joue de notre patience, nous met la carotte devant le museau et nous fait miroiter des grandes choses. On s’en approche parfois : "Lost Within" ou "The Eyes Tell No Lies" sont les moments les plus intenses. Mais si le semi-camouflage des qualités techniques a son charme, il peut devenir lassant si la confirmation tarde à venir. En l’espèce, il en faudra un peu plus pour convaincre totalement.