Si les groupes de post-hardcore pullulent un peu partout, ça n'est pas tellement le cas en France. Non pas que le genre soit boudé, mais il manque de représentants vraiment dignes de ce nom. C'est à Lyon que l'on trouve le meilleur représentant français, sous le nom d'un ancien international de football hollandais, Overmars. Si le groupe existe depuis 2001, il n'avait jusque là sorti qu'un seul album, le très bon Affliction, Endocrine... Vertigo, qui s'était d'office imposé comme un des fleurons du genre dans l'Hexagone.
Et il y avait de quoi : ce sludge gluant et lent nous en mettait plein les oreilles sans en mettre à côté, jouant sur les ambiances sombres, torturées. Un vrai régal pour tous les amateurs du genre, c'est certain, faisant la part belle aux titres épiques comme aux interludes soignés, une galette équilibrée. Ce que ne sera pas Born Again. Et oui, les Lyonnais ont tenté le grand écart, faire un album de 40 minutes composé d'une seule et unique piste, chose pas si répandue dans le milieu. Compte tenu du fait qu'Affliction, Endocrine... Vertigo fleurtait avec les soixante-dix minutes, on est en droit de se demander s'il ne s'agit pas là d'un EP, certes consistant, mais d'un EP quand même. Enfin qu'importe, on en sera sûr lors de la prochaine livraison.
"Born Again" traite d'un rebond. Non, on n'est pas au basket-ball, pas plus qu'au football, ici c'est une renaissance dont il s'agit. Il est vrai que l'après Affliction, Endocrine... Vertigo avait été difficile pour le groupe, perdant un membre important, et ayant connu des difficultés personnelles. Mais qu'importe, ils sont de retour sous l'oeil vigilant de Nicolas Dick (Kill the Thrill). Et ça s'entend ! Le son est meilleur que sur Affliction, Endocrine... Vertigo, plus profond, plus professionnel, plus proche des ténors du genre (qui a dit Neurosis ?). Tout est fait pour nous faire voyager dans un esprit schizophrène et dérangé, en quête de renouveau, qui s'acharne contre ses démons pour mieux les vaincre.
Comme d'habitude dans le genre, c'est l'univers urbain, industriel et sale qui transpire. On se croirait entouré de machines, même dans les moments les plus calmes on craint le futur, à n'importe quel moment peut surgir le Mal. De ce côté là, l'album est une réussite presque totale. Côté chant, Marion est beaucoup plus présente que sur le premier album, et c'est tant mieux car ses apparitions sont bien maîtrisées, alors que le chant de Xavier a changé depuis Affliction, et il ne satisfera pas tout le monde, tout comme le choix de ne pas découper le morceau en plusieurs pistes. Car il est vrai que certains passages écrasent un peu les autres, et qu'il est très difficile de rester accroché jusqu'à la fin, l'audace est bienvenue mais sans doute trop osée, le titre a ses longueurs, comme on pouvait s'y attendre.
Born Again n'est pas une redite d'Affliction, il montre clairement une évolution, et à partir de là ne satisfera pas les amateurs des débuts d'Overmars, mais aura peut-être les faveurs d'un nouveau public, plus radical. Moins atmosphèrique, plus brut et plus malsain que le premier album, Born Again a tout pour plaire au fan de postcore moyen, mais quant à s'imposer comme un classique, on laissera le temps faire sa besogne.