CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Sam Giot
(chant)
-Brice Paillard
(guitare)
-Nicolas Pierrard
(basse)
-Jean-Yves Raulin
(batterie)
TRACKLIST
1)Grass Power 2
2)Génération NRV
3)Un rêve brisé
4)Plus de sexe
5)AT
6)La machine
7)Les agités
8)Sans horizons
9)Busherie
10)Le diable en personne
11)Pour nos enfants
12)Adieu
DISCOGRAPHIE
Il s'agit d'un groupe français qui envoie le bois avec conviction. Un quartet qui a décidé de miser surtout sur l'efficacité brute et qui distille un métal-hardcore à base de gros riffs gras et de chant furieux mais intelligible en français, évoluant entre un hurlement pur et une voix chantée ultra-saturée. On peut également noter des chez eux des thématiques souvent contestataires. Et si cette définition vous rappelle un groupe existant et bien établi, c'est fait exprès.
Loforora, bien sûr. Lofofora dans cette voix corrosive, dans ces énormes riffs hardcore syncopés et ces accélérations punk, dans la critique de la société comme dans l'approche des ravages du sexe pris comme instrument de pouvoir. Lofofora partout en fait. Donc maintenant que vous avez compris la principale critique que cet album suscite (et c'est peu dire), attachons-nous à ce qui le différencie de la bande à Reuno... qu'il s'agisse des bons comme des mauvais côtés. Les textes déja : on est évidemment dans un registre moindre et la bonne idée de départ de "Un rêve brisé" (un immigrant s'adresse à la France comme à une personne en racontant son histoire) retombe assez vite car elle n'est pas exploitée jusqu'au bout. Par contre soyons honnêtes : très peu de groupes peuvent rivaliser avec Lofo niveau textes en français, donc on remarquera que les textes de Grendel ne sont pas mauvais du tout dans l'absolu, surtout vu qu'on les comprend parfaitement. On trouve également une utilisation du chant mélodique inhabituelle mais intéressante : dès qu'il chante en clair Sam Giot s'éloigne de Reuno et rappelle franchement Julien et Milka de Psykup. L'alternance de vocaux hyperviolents et de ce chant clair doux sur "La machine" en fait d'ailleurs un titre marquant.
Et ça tombe bien, car cet album en manque un peu. Le déluge de riffs constant et qui se ressemblent parfois d'un titre à l'autre claque bien la face, mais du coup le tout manque de chansons mémorisables. Le déja cité "La Machine" marque d'autant plus qu'il présente une outro limite épique où les nappes totalement inattendues sont très bien trouvées. On tique également sur l'intro de "Sans horizons" et son méchant riff aux harmoniques Machineheadiennes... mais la suite retombe tellement vite dans le hardcore à la Lofo qu'on est tout déçu du coup. En fait dès que Grendel sort de son trip purement rentre-dedans pour instiller un minimum d'originalité ils font mal : le title-track "Le diable en personne" a beau présenter des riffs thrashcore en béton c'est l'intro orientale qui touche le plus, et on se demande bien pourquoi le groupe ne l'a pas reprise au moins en partie plus tard dans le morceau. Le beat-down qui le clôt est écrasant, ok, mais on l'a déja entendu tellement de fois... C'est ce manque d'ambition artistique qui empêche l'album de se démarquer de la masse car à part ça il ne manque pas d'atouts : le son de Fred Rochette est balaise à tous les niveaux et le groupe joue vraiment bien. Il ne leur manque qu'une réelle identité.
Quand on écoute cet album de Grendel on a surtout envie de les voir en live. Le côté massif, carré et ultra énergique de leurs compos fait mouche en ce sens, mais ne suffit pas à libérer le groupe du carcan qu'il s'est créé en se limitant à l'approche de la tarte dans les dents... car il n'est malheureusement pas meilleur que les autres à ce jeu. On ne peut que leur souhaiter de trouver leur style bientôt, car le potentiel est indéniable. Bon courage...