CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
17/20
LINE UP
-Kirill Nemolayev
(chant)
-Aleksandr Bodrov
(guitare)
-Dmitri Serebriannikov
(percussions)
-Aleksandr Antonov
(violon)
-Aleksandr Bakhaous
(accordéon)
TRACKLIST
1)Black Sabbath
2)Du Hast
3)Breaking The Law
4)Jonah
5)Going Home )
6)Child In Time
7)The Trooper
8)Nothing Is Everything
9)Revelation (Mother Earth)
10)Don't Fear The Winter
11)Still Loving You
12)Stand, Subdue Your Fear
13)Enter Sandman
14)I Was Made For Loving You Baby
15)The Final Countdown
DISCOGRAPHIE
(2001) -
Acoustic Delirium Tremens Metal - Label :
En 1995, le groupe Boney neM crée la sensation dans l'underground russe avec son premier album, Melodies And Rythms Of Foreign Pop (Melodii I Ritmi Zarubejnoy Estradi), redonnant une deuxième vie à des tubes comme "Voyage Voyage" ou "L'été Indien " repris à la sauce thrash/death. Fort de ce premier succès, le groupe n'abandonnera plus ce créneau assez spécial, et une flopée de hits interplanétaires se verra ainsi massacrée par des arrangements privilégiant la double grosse caisse et les grognements gutturaux. Un tel affront à la Musique se devait d'être vengé, et le heavy metal devait aussi connaître l'humiliation infligée par des reprises que d'aucuns qualifieraient comme étant "à côté de la plaque". Et c'est Kirill Nemolayev (chanteur et tête pensante de Boney neM) en personne qui prit sur lui la lourde tâche de rattraper ses méfaits passés…
Avec l'aide des musiciens du groupe Paporotnik, Nemolayev allait donc créer cet "anti-Boney neM" et pervertir par des versions acoustiques burlesques une douzaine de titres ayant fait la gloire du hard rock et du metal. Le titre de l'album ("les couplets comiques") résume parfaitement le concept: on a l'impression d'être le témoin privilégié d'une jam-session déjantée lors de laquelle des types pas très nets prennent plaisir à massacrer des passages choisis de grands classiques tels que "Enter Sandman" (Metallica) ou "The Jonah" (King Diamond). Les morceaux sont donc condensés en des versions qui ne reprennent qu'un ou deux couplets/refrains de l'original, triturant sans vergogne les arrangements pour ne garder que le petit bout de riff ou de mélodie vocale permettant d'identifier la composition. De là découle le seul véritable reproche que l'on pourrait faire au disque: quatorze titres (bonus compris) dont treize ne dépassant pas les deux minutes, ça nous fait un disque bouclé en même pas une demi-heure…
Mais c'est cette capacité à aller vers l'essentiel qui fait aussi la force de Komitcheskiye Kupleti, car vous reconnaîtrez bien qu'une version swing acoustique de "Black Sabbath" ou "Still Loving You" (Scorpions) est un exercice plutôt casse-gueule. Kirill et ses compères évitent donc l'écueil en préférant se débarrasser des parties qui n'auraient pas convenu au style choisi et misant tout sur la qualité d'interprétation durant ces trop courtes minutes de joie. La bonne humeur est avant tout assurée par Kirill qui en fait des tonnes dans ses parties vocales, démontrant par la même occasion que chanter faux peut être tout un art. Il faut l'entendre débiter d'une voix monocorde le couplet de "Du Hast" puis commencer subitement à se lamenter comme un gitan à l'agonie lors du refrain pour comprendre toute l'étendue de son talent comique. Les petits moments mémorables de ce genre parsèment tout le disque, et les énumérer serait bien trop long et surtout inutile, il faut les avoir entendu soi-même. Citons juste la saugrenue imitation vocale d'une batterie lors de l'intro de "Don't Fear The Winter" (Rage) ou le délicieusement grotesque tuba sur "Child In Time" (Deep Purple).
Bon, assez palabré, je pense que vous avez compris l'essentiel: si vous n'avez pas peur d'entendre des versions swing de "The Trooper" (Iron Maiden) et "Breaking The Law" (Judas Priest), un "Nothing Is Everything" (Death) jazzy (par ailleurs le seul moment faible du disque), un "Going Home" (Helloween) country ou encore un "Final Countdown" (Europe) revisité à la sauce dub/reggae, ce disque est fait pour vous. Loufoque, bizarroïde et sans complexes, voici comment résumer en quelques mots cet album de reprises pas comme les autres, une œuvre qui regroupe assez d'arguments en sa faveur pour pouvoir revendiquer sans plus tarder le statut de "culte".