CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16/20
LINE UP
-Funghus Baldachin
(chant+claviers+guitare)
-F.F. Yugoth
(guitare+basse+batterie)
TRACKLIST
1)The Watersprite
2)T.B.'s Notion
3)Strange Mountain
4)How Fortunate The Man With None
5)The Fiery Flower
6)Moonface Is Dead
7)The Riddle Seeker
DISCOGRAPHIE
Derrière ce sobriquet et cette pochette malsaine, qui pourraient évoquer un énième attentat dark-metal en provenance de Scandinavie, se cache en réalité un duo en provenance d'Allemagne complètement barré. Funghus Baldachin et F.F. Yugoth évoluent, pour situer au mieux le style musical, dans une espèce de rock progressif teinté de folk et d'atmosphérique, très sombre et mélancolique. Tout un programme! Autant dire que l'originalité est au rendez-vous. La musique éminemment indépendante que nous sert le groupe n'a pas son pareil pour accompagner dans la tristesse l'hiver qui s'annonce. Des drôles de zigotos en tout cas.
Enfin drôles, façon de parler. On est loin avec The Water Sprite des joyeux A.C.T., pour le moins. D'ailleurs les musiciens semblent se défendre d'appartenir à une quelconque scène prog. Peu importe: le résultat est là, déroutant mais concluant. Mellotron, Hammond C3 et grattes vintage apprtent une touche psychédélique 1970s aux mouvements lents, sombres et froids des morceaux de l'album. Très orchestrés par ailleurs, ils tirent une originalité certaine du chant de Funghus Baldachin, à la fois très bas et théâtral, parfois limite crooner. Certains passages peuvent ainsi rappeler Opeth dans ses moments calmes. Mais le spectre musical exploré est ici bien plus varié. Imprévisibles sont les mouvements dissimulés dans chacun des longs titres de The Water Sprite, empreints d'une noirceur quasiment dérangeante; dès l'ouvreur "The Watersprite", rien ne nous est épargné, et même si les claviers apportent un peu de couleur et de soleil au morne paysage que décrit Noekk à nos oreilles, il faut prendre sur soi pour accepter d'entendre la suite...
Surtout que "T.B.'s Notion" enfonce le clou et pousse le trip à son paroxysme. Sur un poème écrit par J.R.R. Tolkien (T.B. n'étant sans doute autre que Tom Bombadil), l'atmosphère se fait ultra-pesante, avec un tempo inexistant lors des couplets et un refrain flippant. Dans ce contexte, nul ne sera surpris de voir figurer en bonne place une reprise de Dead Can Dance, "How Forunate The Man With None", dont la gaieté et la joie de vivre inonde bien entendu toutes les notes... Une reprise en tous les cas exécutée avec brio, où le chant de Funghus tombe fort à propos. "Strange Mountain" propose de son côté des mélodies - enfin! - un peu plus identifiables, et brille par son approche multi-latérale: du clavier de partout, de l'accordéon, des relances de batterie typiquement metal, des lignes de basse jazzy... Après une introduction si épurée, si sombre, la surprise est de taille. Une réussite. "Moonface Is Dead" emprunte plus la ligne directrice du groupe, lente et froide, et ses arpèges inlassablement répétés s'incrustent dans votre tête et ne vous lâchent plus. A en devenir barjo.
Noekk se lance de temps en temps dans des passages instrumentaux longuets, pas nécessairement très compliqués mais où les idées fourmillent. Mais quand l'ensemble se fait anti-harmonique au possible, comme dans l'introduction violons/flûte de "The Fiery Flower", il devient plus difficile de suivre le groupe là où il nous emmène. Des transitions toujours improbables et un solo de guitare volontairement naïf et simplet constituent en fait le seul intérêt de ce morceau plus foncièrement rock que les autres. Mais c'est bien "The Riddle Seeker" qui va mettre tout le monde d'accord, où les influences et les directions affectionnées par les Allemands se retrouvent toutes, avantageusement conglomérées dans un morceau fleuve majestueux. Très travaillée, la composition jouit de la production sans défaut de Markus Stock, qui donne leur juste mesure aux nombreux éléments qui s'impliquent tour à tour dans cet ultime effort. Une interminable outro d'anthologie au piano conclut le disque, pas évident à digérer, mais derrière lequel on sent latent un réel désir de création, et surtout un talent indéniable. A ne pas mettre entre toutes les mains!