CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Wolf Süssenbeck
(chant)
-Thomas Pippersteiner
(guitare)
-Janos Murri
(guitare)
-Hans-Peter Rapp
(basse)
-Tom Kräutner
(batterie)
TRACKLIST
1)Relict IV
2)Reborn-Refailed
3)Splattered Innocence
4)The Fortress
5)Over Nails
6)Blood
7)Deconstructed World
8)I Am Terror
9)Holy Hostage
10)Coroner´s Inquest
11)I Deny
DISCOGRAPHIE
Qu'il est étrange de se faire passer pour ce que l'on n'est pas sans raison apparente. Demolition axe sa promo sur le fait qu'il font du thrash Bay Area, citent Testament (avec qui ils ont au l'occasion de tourner en 2005) comme influence principale... et sortent un album qui n'est pas du thrash Bay Area ! Bizarre, surtout que le mélange thrash/death/black qu'il jouent est loin d'être honteux, donc ils auraient aussi bien pu annoncer la couleur franchement. Mais bon, les intentions subconscientes, tout ça...
Qu'on ne se méprenne pas en lisant le terme « black » dans l'intro : l'élément black metal dominant dans ce Relict IV est le chant du sieur Wolf. Son growl peut descendre dans des graves plus death mais s'inscrit la plupart du temps dans une approche criarde et ivol qui collerait parfaitement sur un album de black. Ce chant ancre donc la musique de Demolition dans le métal extrême, et les riffs du groupe se partagent pour leur part entre death-metal et thrashcore. On trouve également une part non négligeable de mélodie via les soli et harmonies de guitare que le groupe pose un peu partout : "Splattered Innocence" s'ouvre ainsi sur un thème de sweeping très mélodique qui s'enchaîne sur des riffs bourre-pifs mais également chantants. La force principale de Demolition est d'ailleurs là : d'un côté les gros riffs, la double pédale écrasante et le chant écorché assurent la puissance et de l'autre les leads incessants permettent à l'auditeur de se rappeler de tel ou tel titre grâce à une mélodie qui lui reste en tête. Bien joué.
Le groupe est particulièrement doué pour lier un feeling franchement death-metal à son sens de la mélodie : "Over Nails" est une authentique chanson de death mélodique, comprendre une qui n'a rien à voir avec le melodeath scandinave qui part d'une base de heavy surboosté. C'est maléfique, oppressant, violent, hystérique par moments et pesant à d'autres, c'est du death quoi... et c'est bourré de notes dont on se rappelle. "Blood" est un des seuls titres où les riffs taquinent franchement le black-metal (tendance épique), et la manière dont Demolition réussit à lier cette approche avec des plans heavy-metal est fort réussie. Ce n'est pas le seul titre à se dégager de l'orientation générale thrash/death : "Holy Hostage" penche plus du côté du hardcore que d'autre chose et cela ne choque pas plus que ça. Malheureusement malgré cela Demolition réussit à se répéter ! Le changement de style ne fait pas tout, et les passages d'auto-citation sont suffisamment flagrants pour qu'on les remarque.
Le solo de "Over Nails" reprend ainsi la mélodie d'intro de "Splattered Innocence", et on se rend également compte que certains riffs semblent avoir été piqués chez d'autres groupes. Certaines parties de guitare de "Deconstructed World" semblent littéralement sorties du "Burning Times" d'Iced Earth ! Le fait que toutes les chansons soient dans la même tonalité finit également par être lassant : les guitaristes ramonent un peu trop leur corde à vide et on finit par se dire que malgré les efforts faits pour différencier les titres il ne s'agit que d'une même base arrangée différemment. Les bons groupes de thrash compensent souvent cet écueil en multipliant les riffs pour créer une dynamique de chanson unique, mais Demolition ne le fait pas assez et un titre aux riffs individuellement intéressants comme "I Deny" finit par taper quand même sur le système car il ne présente qu'une seule réelle brisure de rythme lors de son solo. Ca redevient d'un coup très réussi, mais ça ne dure pas et c'est frustrant.
Relict IV est donc loin de manquer d'atouts, mais comme il présente également un nombre de travers certain il échoue à réellement se dégager de la masse. Les titres réussis sont là et bien là, mais se taper l'album en entier finit par être pénible pour cause de manque de dynamique. Les fans ultimes de thrash / death trouveront peut-être que les qualités compensent les défauts, mais les autres se diront qu'il y a sûrement mieux pour le même prix dans les bacs.