CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Matteo Boscolo
(chant)
-Diego Basso
(guitare)
-Ivan Vidale
(guitare)
-Elio Bizzotto
(basse)
-Luca Zoldan
(batterie)
TRACKLIST
1) The Impending World
2) Cardinality Of Perfection
3) Cosmogonal Grounds
4) We, Unrelenting Mechanisms
5) I, Sidereal Messiah
6) Periapsis Condemnation
7) Periapsis New Form
8) Anachroternal²
9) Dismantled & Recombined
10) Aleph
DISCOGRAPHIE
Lies Of Nazca... Un nom qui hume bon les civilisations pré-colombiennes, n’est-il pas ? Je vous l’accorde. Pourtant, l’origine de la formation n’a rien à voir avec les mystérieux géoglyphes qui ornent les sols péruviens. LON nous vient d’un pays un tantinet plus proche. De nos voisins transalpins et de Vicence, en Vénétie, plus particulièrement. Beaucoup moins exotique d’un coup, non ? Pourtant le groupe s’est mis en tête de nous faire voyager, à l’aide d’un concept-album qui vaut son pesant d’étoiles.
Aleph est un album particulier. Aleph est tout d’abord un concept-album. Une véritable cosmogonie nous racontant à la fois le voyage d’un homme qui « tente de renverser les mécanismes implacables de l’univers », mais narrant aussi en parallèle les différentes étapes de la création du monde. Et comme LON ne fait pas les choses à moitié, il a choisi le titre qui va avec. Aleph n’est autre que la première lettre de l’alphabet hébreu. Soit celle du commencement. Et qui dit « hébreu » et « mystique » dit... Qabale, bien joué. Car oui, cet album pourrait aisément figurer dans cette loi secrète destinée au peuple judaïque, tant elle requiert une initiation et un certain temps d’adaptation. Complètement imperceptible au début, cette œuvre se dévoile à nous, futurs initiés, au fur à et mesure et en vient même à changer de forme ! C’est une véritable métamorphose qui s’opère devant nous, dans le sens où des chansons que vous trouviez excellentes au début pourront vous paraître banales par la suite, et inversement proportionnel et quantitatif ! (Oui cet album m’a rendu fou.)
Aleph s’ouvre à nous avec son tube, sa pièce maitresse, le commencement en quelques sortes : "The Impending World", son punch, ses magnifiques et entraînantes mélodies, son refrain qui colle au cerveau, sans oublier son petit breakdown aussi mignon que massif à 1’57. Tout ça sous le joug de nappes atmosphériques admirablement bien placées. « The unbeliever discovers the Words, unaware of their cosmic essence. » "Cardinality Of Perfection" pourrait faire office de sa deuxième partie, avec son contenu tout aussi mélodieux et catchy. Seuls manquent les claviers, qui vont vite réapparaître dans les chansons suivantes. « The human kind is just a glimpse of something more, the meaningless pawn of a bigger design. » Et c’est avec une excellente transition que l’on atteint la plus longue piste du disque (4’25) : "Cosmogonal Grounds", titre qui balance du riff pendant les trente premières secondes puis, plus rien. Un passage hyper-atmosphérique et planant, puis un rythme qui reprend mais se fait délibérément plus lent. « The unbeliever roams the shrines of the Gods to uncover the unseen. »
Lies Of Nazca nous fait passer du tout au tout, puisque "We, Unrelenting Mechanisms" ne dure qu’un peu plus de 2’30. Un petit passage Veil-of-Mayesque intéressant à noter, des nappes et une rythmique metalcore progressif à réveiller des hiboux empaillés (pléonasme ?). « He shapes the paths […] of a labyrinth of possibilities that leads us to the same uncontaminated solution. » "I, Sidereal Messiah" nous offre même un passage totalement black, avant de se la jouer Winds Of Plague à 2’09 et de nous sanctifier d’un évangélique : « Through them it's produced the whole creation and everything that is decreed to come into being. » Introduit par "Periapsis Condemnation", se donne alors à nous un splendide "Periapsis : New Form". Voilà LE titre progressif qui transcende et, à l’image de LON, alterne mélodies, brutalité, et passages atmosphériques. Rien que l’utilisation à intervalles réguliers de charleston façon jazz devrait vous mettre l’eau à la bouche. « They showed me the way to replenish the pillars of our universe. » Une renaissance et un coup de fouet nécessaires pour un voyage en nette perte de vitesse.
Malheureusement, la fin de celui-ci ne sera pas du même acabit. Le début du titre, aussi incompréhensible que son contenu, "Anachroternal²" (d’ailleurs si quelqu’un a une idée de la signification du mot, qu’il me fasse signe !) n’est qu’une pâle copie d’August Burns Red avec des passages 2-step. C’est également ici que disparaissent les lignes de synthé si essentielles et parties intégrantes de la musique de LON. Celles qui donnaient une toute autre dimension jusqu’ici. « Removal of all parts to create the One, to create a new totality. » Même constat pour "Dismantled & Recombined" qui a au moins le mérite de nous envoyer un petit breakdown de fin dans la gueule. « Renewal takes form […] A new era has begun ruled by Elders ascendance. […] I cease to exist. » Mais avant de cesser d’exister, la boucle est bouclée par "Aleph", outro instrumental et atmosphérique soulignant la grande influence d’Erra sur le disque. La présence de leur chanteur Garrison Lee sur "Periapsis : New Form" n’y est sûrement pas étrangère. C’est ainsi que se termine l’odyssée à travers cette constellation de styles.
Après une formation en 2013 et un peu plus d’un an de composition, Lies Of Nazca sort un premier album remarquable. Il est difficile de donner une note à cet album. Si on ne le cerne pas totalement, la note s’en ressentira. Mais c’est une expérience à vivre, un voyage cosmique et astral à effectuer, et celui-ci une fois accompli et assimilé, la note devient magistrale. D’une excellente qualité, aussi bien au niveau de l’originalité et de l’audace qu’au niveau de la technicité, cet album pose une base solide pour la suite de leur carrière. Encore une fois, l’excellent label américain Rogue Records a réussi à déceler le talent des jeunes Italiens, et il ne s’en mordra sûrement pas les doigts dans les années à venir.