CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Dan "Rini" Craciun
(chant)
-Robert "Metalistu" Ruz
(chant)
-Mihai Tivadar
(guitare+claviers)
-Cristian Balanean
(guitare)
-Dan Petean
(guitare)
-Pál Novelli
(basse)
-Vlad "X" Toca
(batterie)
Guests: Transylvanian Folklore Orchestra
-Marius Sabo
(violon)
-Andrei Osan
(clarinette)
-Leonard Negrea
(cymbale)
-Ciprian Ghiata
(accordéon)
-Cserey Csaba
(percussion)
TRACKLIST
1) Ciocârlia
2) Moneyocracy
3) Mental Csárdás
4) Maramu'
5) Balkanique
6) Dulce-i Vinu'
7) Cobzar
8) Hotii
9) Dirtylicious
10) My Art
11) Calusarii
DISCOGRAPHIE
- Celui qui a fait la bande originale du Temps des Gitans, c’est Dino Cazares.
- Mais n’importe quoi, c’est Bregovic !
- Non, c’est Dino Cazares. Aussi vrai que Dalida a chanté "Fucked With A Knife" sur le plateau de Champs-Élysées. Et Drucker aimait ça en plus, fallait le voir beugler !
- Mais qu’est-ce que tu me racontes…
- Dirtylicous mon gars, c’est l’effet Dirtylicious.
Là où Freak Show avait abordé le sujet, Dirtylicious enfonce le clou. Les nombreux clins-d’œil fun de l’album précédent à la musique folklorique d’Europe de l’Est, c’est du passé. Là, c’est autre chose, c’est du sérieux. Non pas que la musique de Dirty Shirt soit devenue sombre ou ennuyeuse, elle ne perd rien de sa pêche et a tendance à engendrer la bonne humeur plus que la déprime. C’est simplement que là, on donne dans un genre nouveau, une véritable fusion des styles, digne de ce que peut proposer Alamaailman Vasarat, en plus metalcore, en plus facile d’accès aussi, les guitares acérées remplaçant les violoncelles ("Mental Csárdás"). Ça ne rigole plus là. Pour planter le décor, on pourrait dire que Dirty Shirt s’est évertué à approfondir le style développé précédemment sur "Saraca Inima Me", à savoir la communion de tous les instruments, électriques et acoustiques, des musiciens du groupe ou du Transylvanian Folklore Orchestra qui les accompagne, pour une cause unique : le folk metalcore d’Europe de l’Est. Ça sonne un peu prétentieux, mais c’est pourtant ce que c’est.
Premier exemple : "Balkanique". Ce n’est peut-être pas le titre le plus fracassant au niveau des décibels, mais il illustre parfaitement le propos : des chevelus se sont glissés dans une fête de mariage roumain et au lieu de foutre le bordel, ils mettent leur puissance au service de mélodies orientalisantes, très proche de ce qu’on pouvait entendre chez Drucker quand j’étais petit (ah ben oui, mon pote, si tu écoutes Dirty Shirt, il faut être ouvert d’esprit…). Deuxième exemple : l’imparable "Maramu'". Une intro à la Maria Tanase, et là, c’est le contraire de "Balkanique", ce sont les rigolos avec leurs instruments folkloriques qui se retrouvent malgré eux dans un concert de metal, et au lieu de crier au scandale, se mettent à l’unisson, comme le prouve le front commun musical dressé par l’ensemble des musicos à la fin du titre (troisième minute et au-delà). Troisième exemple : "Dirtylicious", ou comment faire que des riffeurs fous et des musiciens de bal musette ne se foutent pas sur la gueule. Chanteur et refrain typiques de ce que pouvaient écouter mes grands-parents, côtoient une mélodie beaucoup plus metal.
On pourrait prendre chacun des onze titres (encore onze titres ? Tiens tiens…) et disserter sur leurs vertus pendant des heures. Pas une faiblesse, pas un titre moyen, tout est dans l’excellence (ah cette variété de vocaux, quel bonheur !), et pour les esprits chagrins qui penseraient que Mihai et ses sbires ont tout pompé sur des chansons traditionnelles existantes, eh bien c’est loupé. Notre homme a certes puisé dans le folklore de son pays, mais sa contribution personnelle est très significative : outre le remarquable travail d’adaptation musicale, cinq chansons sont sorties tout droit de son petit cerveau enfumé… Mais si on veut absolument trouver un défaut à l’album, c’est simple, il est TROP COURT ! Les gars vous ne pourriez-pas faire vingt-deux chansons de ce niveau ? Une grosse demi-heure, ça n’est pas assez ! Blague à part, Dirtylicious me renforce dans l’idée qu’il serait intéressant d’entendre Dirty Shirt sur des compositions plus longues, ça pourrait donner quelque chose de…
Avec cet album, Dirty Shirt change de dimension et passe de groupe super sympa, à artistes très respectables. Le travail fourni sur le dernier album vaut vraiment le détour pour tout amateur de sensations exotiques. Absolument cohérent, l’album travaille à l’œcuménisme musical total. Chapeau bas. Je vais de ce pas le faire écouter à ma grand-mère, j’aimerais tellement la voir arborer un t-shirt Negura Bunget un jour…