CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Hresvelgr
(chant)
-Stogn
(chant+guitare)
-A.E.O.N.
(chant+guitare+batterie)
-Narg
(chant+basse)
TRACKLIST
1) The Dawn upon the Bug River
2) The Order of Force
3) The Ghost of Devastated Motherland
4) The Blizzard
5) The Paths of Stellar Swamps
6) The Winter of Belarussian Lands
7) The Dusk
DISCOGRAPHIE
- Allez, M’sieur Winter, allongez-vous là !
« Dis-donc, il est pas très distingué ce psy… »
- Nous allons commencer par quelques associations d’idées simples. Si je vous dit « metal suédois », quels mots vous viennent à l’esprit ?
- Euh… ennui ?
- Ennui ? Vous êtes sûrs ? Bon… Et « black metal biélorusse » ?
- Vous voulez dire « ukrainien » ?
- Non ! Biélorusse !
- Alors là… la tuile… ben pareil que l’ukrainien…
- C’est-à-dire ? Soyez précis !
- Ben… sauvagerie… folklore… brutalité…
- Bon… M’sieur Winter, vous êtes un imbécile avec des goûts de merde, et vous êtes plein de préjugés. Client suivant !
- Non mais dites-donc ! Vous êtes sûrs que vous êtes psychanalyste vous ??
- Non. Je suis juste le fruit de votre imagination délirante et morbide.
Hé quoi ! Il y a des albums dérangeants comme ça, qui vous foutent par terre tout un travail laborieux d’étiquetage, de catalogage de l’information ! C’est rageant ! Massenhinrichtung… Entre le nom (« Exécution massive » en allemand) et la provenance d’Europe de l’Est, on s’imagine des choses. Par exemple un black metal cru, sauvage, aux vagues relents folks. Ou encore une discussion sur le forum avec Crom-Cruach sur le fait que l’on ait le droit ou non d’apprécier un groupe à la droite de la droite de la droite. Alors pour être sincère, je n’ai pas cherché à approfondir les convictions politiques des membres du groupe (et pour être encore plus sincère, je m’en cogne pas mal, à moins que cela ne transparaisse VRAIMENT – vraiment hein, pas par possibles interprétations - dans les paroles, ce qui n’est pas le cas ici). Par contre, point de vue musical, il s’avère encore une fois que les idées reçues sont les meilleures ennemies de l’homme. Massenhinrichtung pratique une musique certes impactante et agressive, mais point de crudité, point de son « raw black », point de râles à la In the Glares of Burning Churches. Rien qui puisse attirer un TheDecline01 ou autre amateur de sonorités grésillantes. Si on doit chercher des références, il faut aller du côté du premier Naglfar par exemple, de Windir aussi, et y ajouter des éléments pagan/folk, plus une bonne dose de mélancolie. Zakon Zbroi possède un son black/death assez suédois, un sens remarquable de la mélodie et une capacité d’impact très probante. Les six titres de l’album (on exclura de l’analyse l’intro, longue mais réussie) se déploient sur un rythme relativement rapide et sont toutes aussi accrocheuses les unes que les autres.
Le secret des natifs de Minsk ? Un : garnir les titres d’une bonne dose de ce qui ressemble fort à un violon à la Celestial Season, en plus présent et plus appuyé. L’instrument classique confère une dimension mélancolique, quasi gothique, plutôt surprenante et très appréciable. Il est par ailleurs soutenu dans cette voie par quelques phrasés de guitares très à-propos, plus propres des groupes de gothic doom-death que de black traditionnel. Deux : ne pas renier non plus les éléments pagan, loin d’être envahissants, mais toujours utilisés à bon escient, notamment sur l’excellent "The Ghost of Devastated Motherland" (et sa flûte magique) ou le majestueux "The Dusk", à la beauté plus sobre que sur le reste des titres de l’album. Trois : ménager quelques petits effets de surprise, toujours bienvenus, comme le chant clean et « moderne » sur "The Order of Force" ou l’intervention scandée au milieu de "The Blizzard" digne d’un groupe de punk-rock espagnol, qui contrastent avec les vocaux clairs, plus ampoulés, du reste de l'album. Bref, l’œuvre est courte mais bonne, excellente même. Si l’on ne peut pas vraiment parler d’une originalité incroyable pour qualifier Zakon Zbroi, on ne pourra pas le taxer non plus d’album conformiste. Il possède une variété certaine et multiplie les moments forts, à tel point qu’il est bien difficile d’y trouver des lacunes (tout au plus une mini-baisse de régime sur la fin de "The Winter of Belarusian Lands" due à un abus de sucreries). N’y allons pas par quatre chemins : c’est une réussite totale. Voller Erfolg*.
Varié, percutant, mélodique, excellent. Massenhinrichtung sonne comme un groupe du Nord de l’Europe plus que de l’Est, si l’on excepte cette tendance innée qu’on les groupes situés à l’Est de Vienne pour introduire de la mélancolie par camions entiers dans tout ce qu’ils font. J’ai réalisé cette chronique sous la pression insistante d’un collègue chroniqueur dont je tairai l’identité (une piste : son nom commence par « Luci ») sans un grand enthousiasme initial, plus pour arrêter de l’entendre dire « Hé ! Tu veux pas faire le dernier Massenhinrichtung ? Il a l’air chouette ! », que par conviction. Eh bien, c’est triste à dire, mais il avait raison…
* Source : Google Translator...