Merda Mundi. Dans cette très morte langue qu'est le latin, cela signifie la merde du monde. Ç’aurait été bien plus drôle si la signification réelle avait été monde de merde. Cependant, le black metal est un monde sérieux qui ne se penche que trop rarement sur l'humour, alors nous garderons cette interprétation pour nous. Et ce d'autant plus que Merda Mundi ne rigole pas. Et pas du tout.
Imaginez du Marduk mêlé à du Ondskapt (et apparemment du Anaal Nathrakh, mais je ne connais pas assez). Rajoutez tous les groupes de black metal brutal que vous connaissez pouvant ce rapprocher de cette musique ardente brûlant des flammes de l'enfer et vous aurez un aperçu de Merda Mundi. Pas très rigolo en soi. Petite subtilité, remplacez la batterie par une boîte à rythme pour un côté Samaël sur Above et vous parachevez le tableau. Fort heureusement pour nous et pour lui, le groupe belge ne se limite pas à cela. Rien que la première chanson indique que le groupe, enfin la chose de Déhà qui s'occupe de tout, est plus qu'un énième groupe de black brutal. En effet, les accords égrainés en guise d'ouverture installent une ambiance plombante et riche. La production n'est d'ailleurs pas étrangère à ceci. Rougeoyante et louvoyante, son incandescence forme déjà une partie du monde qui nous attend. Ça prend très bien avec la teneur des compositions, brutales, mais pas que.
Entendez les magnifiques montées en puissance de "Odium" pour vous convaincre que les idées de Déhà sont déjà bonnes pour un deuxième album. Alors oui, les blasts frénétiques sont fatigants et Merda Mundi semble finalement plus doué lorsqu'il introduit de l'eau dans son vin en daignant baisser le pied, mais il ne fut pas occulter que les riffs sont simples et efficaces, que le chant s'essaie à toute sorte de variations dans l'agression black, avec plus ou moins de bonheur, mais la réussite vient souvent du risque. Pour ça, ce Khaos – VI attise la curiosité de nos oreilles et sait se faire une place au soleil. En plus, il faut savoir qu'il y a même des interventions de claviers pour renforcer le caractère grandiloquent de certains passages, en général très bien intégrés et pertinents. L'ensemble donne une impression de richesse bien plus grande que ce que laisse à croire la violence crue générale de l'album. Certes, on reste sur une musique simple et presque binaire dans son approche : violence et break, mais Merda Mundi s'en sort grâce à ses essais.
Heureuse surprise d'un album qui aurait dû nous enquiquiner et nous lasser à force de blasts beats sans âme. Seulement voilà, les variations ne sont pas inconnues et les passages différents, s'ils ne sont pas légions, sont plus nombreux que ce que la bestialité primaire de ce black brutal veut nous imposer à l'esprit. Dans un genre foncièrement limité, Merda Mundi tire son épingle du jeu mais devra certainement écarter son champ des possibles encore s'il veut nous faire craquer totalement.