CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15.5/20
LINE UP
-Jamie Graham
(chant)
-Carl Ayers
(guitare)
-Steve Haycock
(guitare)
-Vishal "V" Khetia
(basse)
-Christopher "Noddy" Mansbridge
(batterie)
TRACKLIST
1) Hollow
2) Miscreation
3) Turmoil I : Wolves
4) Turmoil II : The Weak Inherit The Earth
5) Anti-Life
6) A Graind Of Sand
7) Mouth Of Madness
8) Deliverance
9) Skeletal I : Mourning Repairs
10) Skeletal II : Arise
DISCOGRAPHIE
Heart Of A Coward est de la catégorie des groupes qui font partie du paysage, mais qu’on ne remarque jamais vraiment et sur lesquels on ne porte pas plus d’attention que ça. Un peu comme l’élève au pied du podium,qui ne montera jamais dessus, mais dont on n’attend nullement qu’il le fasse. Sa place lui convient parfaitement. Il faut juste qu’il continue de répéter ses efforts sur ce rythme régulier.
En 2012, Heart Of A Coward sort son premier méfait sous le nom de Hope And Hindrance. Celui-ci se fait quelque peu remarquer avec des titres comme "We Stand As One" ou "Around A Girl (In 80 Days)", mêlant adroitement deathcore et le côté groovy du djent, ce qui lui vaudra d’être affublé de l’étiquette « djentcore » quelque peu péjorative dans la bouche des critiques. Qu’à cela ne tienne. Suite à cette première offrande qui fait connaître le groupe dans le milieu, sort un an plus tard, sous l’excellent label allemand Century Media, Severance, un poil plus authentique. Si les Anglais de Milton Keynes ont clairement gardé leur ligne musicale et leur son reconnaissable, ils y ont ajouté une atmosphère beaucoup plus sombre (cf. leur pochette) et lourde ("Psychopant" notamment), s’orientant alors clairement vers le hardcore progressif plutôt que le deathcore, et agrandissant logiquement la longueur du disque de quelques minutes. Du coup, à l’arrivée de ces deux albums, on est un peu perdu en ce qui concerne leur classification. On serait tenté de dire que le hardcore progressif a pris le dessus. Mais définir aussi prosaïquement le genre de Heart Of A Coward pourrait incomber à Hercule si ce dernier avait continué sur sa lancée des Douze Travaux.
Parce que Heart Of A Coward, c’est l’assurance de retrouver des influences en vrac, venues d’un peu partout dans le monde metallique. Mais on est loin du plagiat. Car tout ce qui est assimilé est retravaillé puis recraché avec la patte chère à nos musiciens d’Outre-Manche. A commencer par l’ouverture "Hollow", pleine de punch à craquer (3’15) et dans laquelle on distingue une très fine touche Veil Of Mayesque (3’45). Un peu plus loin, on croirait entendre du First Blood dans "Turmoil I – Wolves", grandement affecté par des riffs NY-hardcore. Pourtant, malgré sa simplicité, la piste fait partie de la crème de l’album ! Pour les connaisseurs, elle est un peu le pendant de "We Stand As One" du premier opus. De quoi animer moult concerts. "Turmoil II – The Walk Inherit The Earth" livre un échantillon du groove de Lamb Of God, malgré la longueur du titre (presque six minutes !) et sa tendance plutôt djent. La troisième tuerie se présentera un peu plus loin, éponyme au skeud, et renvoie à son prédécesseur par son atmosphère lourde et pesante, mais tout en restant mélodique (écoutez ce refrain aux sonorités égyptiennes dignes de la bande son du Retour De La Momie).
Le problème, c’est la tendance à replonger parfois dans certains travers et de céder à la facilité. La triplette "Miscreation", "Anti-Life" et "A Grain Of Sand" n'est composée de rien d'autre que de classiques vus et revus qui n’apportent aucune plus-value à Deliverance, aucune originalité au son et donc conduisent à une certaine lassitude, surtout quand on sait que la plupart des morceaux sont composés suivant le même schéma. Le ventre mou de l’album n’arrive pas à se dépêtrer de la masse, et c’est bien dommage. En revanche, ce qui sort de l’ordinaire et qui surprend, c’est la doublette de fin, sortie de nulle part. Le binôme "Skeletal" contient les OVNI de l’album, étant un peu plus basés sur le chant clair. Attention, ici Jamie Graham n’a pas cédé à la vague (trop ?) influente du post-hardcore et reste plus qu’appréciable et écoutable. Et puis ce n’est pas la première fois que le groupe en use, donc l’habitude est déjà installée. Aucune déception donc. Étrange mélange entre la voix de Joe Duplantier (Gojira) sur les refrains ("Miscreation") et Chris Barretto (Monuments), on peut l’entendre plus en détail sur la première partie de la dernière chanson qui nous rappelle un "Hollow Crown" d’Architects. La délivrance arrive après quelques notes de piano agréables finissant avec élégance ce troisième volet du groupe.
Heart Of A Coward a donc réussi à passer le cap du – difficile – troisième album avec une certaine aisance. On sent que la bande de la perfide Albion est arrivée à maturité, même si elle a tendance à lâcher prise sur quelques chansons trop prévisibles et sans réel intérêt. Heart Of A Coward a su tirer le meilleur de ses précédentes expériences et parfaitement apprivoiser ses nombreuses influences tout en gardant sa propre sonorité. Pour éviter de se lasser rapidement, on attend désormais une petite prise de risque de sa part, sans opter pour un virage trop abrupt qui pourrait être fatal.