Tempel -
The Moon Lit Our Path
Le duo de Phoenix, Arizona, nous avait déjà surpris il y a deux ans avec la sortie de On The Steps Of The Temple, un cocktail douteux de sludge, black et post-metal qui a la particularité d'être complètement instrumental. Et oui, Tempel a tout d'un groupe unique en son genre. Outre les différentes influences décelables dans leur musique, c'est aussi une façon unique de créer un concept assez cohérent pour que l'auditeur puisse s'y reconnaître et ainsi le vivre tout au long de son écoute. C'est bien ici que réside la force des américains, en plus d'écouter de la bonne musique, on vit un véritable périple de cinquante cinq minutes !
C'est justement pour cette raison qu'il faut, non seulement évaluer la qualité musicale de la chose, mais aussi ce qu'éclipse chaque morceau en terme de background. Commençons par l'intro "Carvings In The Door", ceux qui ont écouté l'album précédent auront sûrement une sensation de déjà-vu : le début assez calme, la préparation, puis la pluie de riffs. Une sorte de calme avant la tempête qui confirme les intentions du duo de nous proposer une aventure épique à couper le souffle. Sauf qu'en fait, non ! Plus on avance, plus on s'y perd dans nos interprétations, car si ce premier morceau propose une sorte de death metal assez sommaire réussi à coups de batterie frénétiques et de riffs rapides, celui qui suit tranche tout de suite avec ses riffs lourds et son ambiance sludge pour nous plonger tout doucement dans un environnement hostile et menaçant ; on sent bien que nos aventuriers approchent à pas sûr de leur destination, mais que leurs esprits ne peuvent plus en supporter d'avantage. Impression confirmée par "Descending Into The Labyrinth", la chanson la plus black metal de l'album : le riff du début se répète et se répète à nous en faire perdre la tête pendant deux bonnes minutes avant de basculer vers un passage plus progressif, certainement le plus réussi de l'album, le groupe nous laisse bouche bée avec ses transitions et ses changements de tempo incessants. On peut imaginer cette partie comme une bataille qui pousse nos protagonistes dans leurs derniers retranchements, le morceau finit avec un passage plutôt mélodique et calme qu'on attendait de pied ferme tant ce qu'on avait vécu était intense.
Le début de "Tomb Of The Ancients" tranche complètement avec ce qu'on a pu apercevoir plus tôt : du piano et de la guitare sèche, une sorte de récompense bien méritée pour nos aventuriers, on imagine bien leur arrivée, essoufflés, à la porte craquelée dont il était sujet dans le titre du premier morceau. Certainement le morceau le plus mélodique des cinq proposés, la guitare en arrière plan sur la deuxième partie ne fait qu'accentuer cet aspect des choses, on a même droit à un joli solo de guitare pas trop dégueu, vu qu'on était sages jusque là. Aussitôt ce morceau fini, re-sensation de déjà-vu, une partie calme et une envolée instrumentale pleine de puissance et d'autorité digne des chefs d'œuvre de black atmosphérique qui n'est pas sans rappeler le dernier morceau de l'album précédent. D'un certain point de vue, il serait assez rabaissant de dire que le groupe met dans ce titre tout ce qu'ils savent faire de mieux, mais c'est vraiment le cas, on a droit ici à tout ce qu'on a aimé durant l'écoute de The Moon Lit Our Path : les mélodies, la vitesse, la lourdeur ! Et tout ceci est ponctué par un passage on ne peut plus intense s'étendant de 7:30 à 10:50. L'aventure se clôture comme elle avait débuté, calmement. Nos aventuriers retournent chez eux, les corps engourdis, les visages balafrés et les esprits tourmentés, mais savent que le plus dur est passé. Welcome home !
Pour faire court, les deux américains ont vraiment frappé fort cette fois, on attendait un album de la « confirmation », on a eu une seconde claque encore plus puissante que la première, il est rare de nos jours d'écouter une corrélation d'influences metal diverses aussi homogène et parfaite, chapeau les gars. Néanmoins, le fait que cet album est en fin de compte assez ressemblant au précédent n'est pas un défaut en soi, mais ceci pourrait leur porter préjudice s'ils tentent de refaire le coup lors de leur prochaine sortie.
Mention spéciale à la couverture, véritable chef d'œuvre artistique qui contribue encore plus au background.