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CHRONIQUE PAR ...

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Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 13/20

LINE UP

-Robert Edens
(chant)

-Myles Yang
(guitare + arrangements)

-Max Harchik
(basse)

TRACKLIST

1) Mute
2) The Spark of the Archon

3) Passage
4) Your Familiar Face
5) Come Hell or High Water
6) Chromatic Lights
7) Chromatic Aberration

DISCOGRAPHIE

Quiet World (2015)

Native Construct - Quiet World
(2015) - metal prog jazz intellectuel - Label : Metal Blade Records



Quiet World, premier album de Native Construct, collectif composé de jeunes Américains issus du fameux Berklee College of Music, pose une question importante pour la scène progressive : est-ce que tout doit forcément être réfléchi d’un bout à l’autre d’un morceau ou d’un enregistrement ? Elaborée entre 2011 et 2015, cette première production est l’exemple parfait d’un disque où tout est à sa place, où chaque note s’avère mûrement pensée, soupesée pour permettre un enchaînement efficace avec le plan suivant. En résumé, la musique progressive doit-elle être en permanance autant intellectualisée ? Réponse dans les quelques lignes qui suivent.

Comme vous l’aurez compris, ici pas de place à l’improvisation. Dès les premières notes de "Mute", les Américains emportent l’auditeur dans leur univers, celui de leur concept album, un monde tout en emphase où les sons symphoniques occupent une large place. Ce sera d’ailleurs l’un des credos du disque avec un chanteur très théâtral n’hésitant pas par moment à pousser quelques growls sur fond de blast beats (à la moitié de "Mute" par exemple, l’alternance efficace sur "Come Hell or High Water" ou les jeux de paroles sur "Passage"). Robert Edens est parfois aidé de ses comparses pour les chœurs eux aussi très présents, rappelant parfois Queen ou A.C.T. que ce soit dans la mise en place des envolées lyriques ou certaines mélodies pop. A ce titre, on peut souligner les très bonnes lignes de chants de "The Spark of The Archon".
Maintenant, si l’on s’attache à la guitare de Myles Yang, il n’y a pas non plus grand-chose à redire. L’homme à la tête du projet sait poser à la fois des solos efficaces, qu’ils soient jazzy ("Mute"), presque épiques ("The Spark of The Archon") et semer quelques riffs saignants ("Chromatic Aberration"), sans être trop violent. Il faut dire que les ambiances ne s’y prêtent pas vraiment. Les arrangements s’orientent souvent vers le jazz, ou la musique classique. On sent d’ailleurs dès le début une mélodie proche d’une valse grandiloquente qui ne cessera de nous accompagner durant tout l’album et ce au point de nous lasser quelque peu. Pourtant les idées ne manquent pas pour donner corps à l’univers créé : solo de saxophone et sons de boîte à musique dans "Passage", air blues rétro sur "Your Familiar Face", violon sur "Come Hell or High Water" etc.
Or, malgré cette profusion d’idées, on écoute l’album sans jamais pouvoir entrer totalement dedans et cela pour deux raisons. La première est assez normale au vu de la jeunesse du groupe, mais l’influence d’Haken se sentira perpétuellement que ce soit dans les chœurs, l’incorporation des passages jazz (comment ne pas penser à "The Mountain" sur "Mute" ou "Chromatic Aberration" ?) et même dans la voix du chanteur. Bref, le groupe manque terriblement de personnalité et cela est d'autant plus prégnant que peu d’émotions ressortent de l’écoute de Quiet World. La voix de Robert Edens en devient fatigante alors que son chant reste tout à fait correct. L’auditeur s'épuise, perdu dans les différents twists des morceaux et les nombreuses circonvolutions instrumentales. L’exemple parfait se niche dans la longue "Chromatic Aberration" où les bonnes et les mauvaises surprises se côtoient sans cesse.


Le constat est sans appel, Quiet World est vulgairement ce que l’on pourrait qualifier d’album de musiciens pour les musiciens. Le disque se révèlera sans doute hermétique pour beaucoup tant ses cinquante minutes semblent interminables. Quel dommage, surtout au vu de la qualité des instrumentistes, de la production et des idées proposées en début d’album ! Prions pour qu'à l'avenir les Native Construct parviennent à donner plus de vie à leurs morceaux et à se détacher de leurs influences. Un jour, peut-être, ils pourraient nous surprendre.


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