Cela faisait un bon moment que nous n'avions pas eu de nouvelles de Vladimir Cochet, le Suisse adepte des one-man projects de l'extrême, à savoir Mirrorthrone, Unholy Matrimony et Weeping Birth. Là où il nous avait habitué à quasiment une production par an, plus de nouvelles depuis 2009, sinon de petites apparitions ici ou là. C'est donc avec enthousiasme que l'on apprend la sortie d'un nouvel album de son projet le plus brutal, Weeping Birth.
Rappelez-vous : en 2008 sortait Anosognosic Industry Of The I qui, peu de temps après le délicat et ciselé Gangrène de son projet Mirrorthrone, venait distribuer des tatanes à tout va avec un album de brutal black/death d'une densité et d'une longueur qui rendait son écoute complète presque effrayante. La découverte de The Crushed Harmony est donc d'abord une surprise : là où les treize morceaux de Anosognosic Industry Of The I tournaient allègrement entre les cinq et les sept minutes, The Crushed Harmony propose seulement neuf titres dont peu dépassent les quatre minutes. Drastique changement de format donc, pour un album qui au final ne dure que la moitié du précédent. Immédiatement se pose la question, là où Vladimir nous avait habitué à des albums de minimum une heure : ben alors, plus d'idées, plus de courage ? Eh bien pourtant, The Crushed Harmony se révèle en tous points supérieur à son prédécesseur.
Déjà, la production est meilleure. Anosognosic Industry Of The I était difficile à écouter de par sa longueur et son intensité, mais aussi à cause d'une production trop monolithique, presque étouffante. The Crushed Harmony est plus aéré, mieux équilibré, tout en restant sacrément puissant et agressif. Ensuite, Vladimir s'est concentré sur les instruments metal : même si le synthé était déjà relativement discret sur l'album précédent, il disparaît ici complètement, guitare/basse/batterie et la messe est dite. C'est donc du pur brutal death/black que nous propose ici Vladimir avec ce nouvel album de Weeping Birth, un metal violent, agressif et sans concession. On y retrouve bien sûr pas mal de mélodies et de classieux solos ("A Surface", "Sunburnt"), là encore une marque de fabrique de la tête pensante du projet, qui n'atténuent en rien la puissance brute de certains morceaux (le rouleau compresseur "Meant To Be Wrecked", par exemple, ou l'hystérique "Hollow").
Plus concis, plus concentré, donc plus efficace et percutant que son prédécesseur. Presque trop en réalité, tant on aurait aimé que certains morceaux, regorgeant de bonnes idées, durent un peu plus longtemps (comme "Meant To Be Wrecked" ou "A Surface"). Cette concision affirmée permet à The Crushed Harmony de ne pas reproduire le principal défaut de Anosognosic Industry Of The I, à savoir son côté éreintant, mais du coup est à deux doigts de frustrer l'auditeur qui en demande plus. Pour autant, il n'y a vraiment rien à jeter dans cette courte demi-heure ultra-violente. On reste impressionné par la production massive et équilibrée, le côté sans concession dans la brutalité déployée par l'auteur et surtout sa voix : Vladimir est un excellent growler, expressif et puissant, certainement parmi les plus intéressants du moment, loin du côté figé et monolithique des canons du genre.
Réussite complète pour The Crushed Harmony qui confirme, si besoin était, le talent de Vladimir quel que soit l'angle d'approche. Ce nouvel opus de Weeping Birth est brutal et court, mais tellement intense que finalement, cette demi-heure passe excellemment bien – certes, nous n'aurions pas craché sur dix minutes de plus – mais il en va du brutal death/black comme des blagues : les meilleures sont les plus courtes. Rassasiés donc, nous attendons maintenant avec fébrilité, tel un drogué son prochain shoot, la prochaine livraison de Mirrorthrone qui, paraît-il, est dans les tuyaux. Vite.