CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Jake Luhrs
(chant)
-Dustin Davidson
(chant+basse)
-JB Brubaker
(guitare)
-Brent Rambler
(guitare)
-Matt Greiner
(synthé+batterie)
TRACKLIST
1) The Truth Of A Liar
2) Up Against The Ropes
3) Back Burner
4) The Blinding Light
5) Composure
6) Vital Signs
7) The Eleventh Hour
8) The Balance
9) Black Sheep
10) An American Dream
11) Redemption
DISCOGRAPHIE
August Burns Red. Plus d’un million et demi de « like » sur Facebook et aucun écrit sur un des leaders de la scène metalcore. Mais attention, la vraie scène metalcore. Celle aux prémices du genre, aux côtés de Killswitch Engage, Unearth et autres Caliban. Avec un côté progressif en plus tout de même. Ce Messengers, malgré sa sortie en 2007, fait suite à un Thrill Seeker, deux ans auparavant, qui aura forgé l’aura du groupe. Les Pennsylvaniens partent donc déjà de haut.
Petit arrêt sur image. Nous sommes en 2003, à Lancaster, et cinq lycéens s’adonnent au plaisir de la pratique musicale. D’après la légende, Jon Harshey, premier chanteur du groupe, rompt avec sa petite amie, August. Prise d’un accès de rage et de folie, celle-ci aurait brûlé vif le chien de ce dernier. Comment se prénommait-il ? Redd. Voilà donc la naissance d’August Burns Red. Le guitariste Brubaker avouera – un mythe tombe – que cette histoire était en réalité montée de toutes pièces. Peu importe, cela leur aura fait un petit coup de buzz. Malgré tout, ABR n’avait clairement pas besoin de cette anecdote pour se faire connaître et briller. Et pourtant il fallait se lever tôt en 2007 pour briller parmi les autres monstres du metalcore. Quand des pointures comme les Américains Unearth et Killswitch Engage, les Allemands Caliban et Heaven Shall Burn, ou les Australiens Parkway Drive sortaient chacun un album qui allait devenir une référence pour eux et pour le genre, August Burns Red sortait donc ce Messengers. Une recette particulière pour s’extirper de la masse ? Oui et non.
A commencer par une légère singularité. ABR se réclame de la branche « chrétienne » du metalcore, tout comme leurs compatriotes As I Lay Dying et Demon Hunter. Comment cela se voit-il et se répercute-t-il sur la musique du groupe ? A l’oreille et à première vue, ça ne s’entend pas énormément. Non, pas de chant gospel en plein milieu des chansons. Le guitariste Brubaker précise d’ailleurs – et à très juste titre – que « le christianisme est une religion, pas un style » et il souhaite que les fans se concentrent plutôt sur la musique. L’autre gratteux, Rambler, viendra commenter qu’il est « tout de même important que les gens sachent qu’ils sont chrétiens ». Et qu’à cela ne tienne, c’est dans les paroles que l’on découvre le côté profondément religieux des musiciens. Oh, à peine ! Voyez donc les titres un tantinet évocateurs "The Balance", "Black Sheep", "Redemption", ou encore "The Eleventh Hour". Les paroles sont souvent subtiles, se présentant sous forme de métaphores, permettant donc de brasser un public assez large et non pas seulement de croyants. Le mot "God" n’apparaît que deux fois et qui plus est, dans une chanson satyrique envers l’État américain, "An American Dream".
Pour le reste, August Burns Red révolutionne peu ou pas grand-chose, mais sa musique a le mérite d’être parfaitement maîtrisée et efficace. Officier indéboulonnable du metalcore mélodique, sa spécialité est aussi sa force : la combinaison de mélodies hyper-entraînantes à part égale avec la « brutalité ». Ne voyez pas ici de la sauvagerie pure et dure du black metal, mais tout simplement la puissance de ses innombrables breakdowns (un par chanson au minimum, quatre sur "The Blinding Light") et de ses gentils blast beats. "The Balance" peut sûrement s’attribuer le titre de la chanson étendard pour ce Messengers, tant elle allie formidablement les deux côtés. Les penchants progressifs, par l’intermédiaire des rythmes saccadés, se fondent évidemment dans une période où des groupes tels que Veil Of Maya ou After The Burial émergent. Reste un attribut phénoménal à évoquer : Matt Greiner, le batteur. Ou le maître incontesté des débats, lui qui alterne sans cesse les rythmes, avec des changements aussi soudains que nombreux sur chaque piste. Il nous laisse juste un peu de répit sur le titre final "Redemption" qui, à l’instar de "The Seventh Trumpet" sur le précédent opus, est la plus longue et sûrement la plus progressive.
Aucune chanson mauvaise, malgré une fin d’album qui affiche un niveau un peu en deçà de la première demi-heure. August Burns Red a quelque peu délaissé son côté très hardcore qui constituait l’épine dorsale de Thrill Seeker pour se concentrer d’avantage sur le versant mélodique, chose qui lui réussit à merveille et qui lui forge une réputation que les Américains sauront garder au fil de leurs compositions futures. Ce Messengers est une véritable perle, et si vous ne deviez n'en posséder qu’un seul dans la discographie du groupe, c’est bien celui-ci.