CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10.5/20
LINE UP
-Jonathan Schmid
(guitare+chant)
-Jonas Windwehr
(guitare)
-Alex Negret
(basse)
-Jan Vogelbacher
(batterie)
TRACKLIST
1)Der König
2)Jeder kann es schaffen
3)So muss es sein
4)Reflexion
5)Der Fremde
6)Sodom und Gomorrha
7)Zwischenspiel
8)Wir haben nichts dazugelernt
9)Leichtsinn
10)Schutt und Asche
11)Totentanz
12)Immer wieder
DISCOGRAPHIE
Fidèle lecteur des Éternels, tu ne le sais sans doute pas encore, mais parmi la Dream Team de ton fabuleux webzine se terre un être vil et fourbe : Lucificum. Dans sa chronique du dernier Heaven Shall Burn, cet homme dénué de scrupules n'a pas hésité à me piquer le fil rouge de cette intro qui doit te sembler bien décousue. Car moi aussi, devant le premier essai de Grantig, j'éprouve ce sentiment de solitude du chroniqueur face à un album dont il ne sait absolument pas quoi dire.
Une chose est sûre : si cet album avait pu être du niveau d'un Panzer Division Marduk, immédiatement me serait venu à l'esprit des expressions très imagées type « ça bute » ou « ça meule », qui m'auraient permis de meubler sans problème (et sans que ça se voit trop). Mais non, ce n'est malheureusement pas le cas. Inversement, So Müss es Sein est loin d'être une sombre daube : ça joue correctement, les musiciens sont carrés, le son est puissant… Impossible de se laisser à une critique facile et acerbe comme s'il s'agissait du dernier Metalium. Alors comment s'y prendre ? Suivons donc les conseils avisés de Cristina Aguilera : Back to Basics, et reprenons les fondamentaux.
Grantig est un groupe allemand, qui nous livre ici son premier album. Tiens, je pourrais insister sur la particularité du groupe, à savoir le chant en allemand. Mais non, ça ne m'inspire pas tellement : d'une part, le chant n'étant pas particulièrement mis en avant au mixage, difficile d'en faire un atout majeur. Tout juste remarque-t-on un phrasé forcément plus haché que d'ordinaire, vu les sonorités de la langue d'Oliver Kahn de Goethe. De plus, vu l'audience potentielle de Grantig, je vais avoir du mal à vous faire avaler que So Müss Es Sein va relancer l'apprentissage de l'allemand au collège, comme avait pu le faire Rammstein en son temps ou Tokio Hotel plus récemment.
Parlons de la base musicale alors. Ah ben là c'est pas facile non plus, puisque Grantig ne se laisse pas enfermer dans une catégorie particulière. On pense souvent à Pantera dans cette façon de se mouvoir dans des styles toujours heavy mais de formes multiples : pur thrash, metal plus lourd et même très groovy par moments. Malheureusement Grantig ne peut compter sur l'aisance et la classe naturelle de la bande de feu Dimebag Darrell, et les morceaux s'égrènent mais restent désespérément aussi plats qu'un mannequin anorexique. Il y a pourtant quelques tentatives à saluer, comme "Reflexion" qui se veut un peu plus travaillé et qui nous replonge dans le temps du rock alternatif à la Stone Temple Pilots.
Il faut vraiment attendre la toute fin de l'album pour trouver des choses intéressantes qui nous font dire que tout n'est pas perdu pour eux. Déjà, le thrashy "Wir haben nichts dazugelernt" a tout à fait de quoi vous faire lever l'oreille. Une rythmique béton, un refrain plus mélodique pas dégueu : pas très original, mais appréciable. C'est ensuite "Totentanz" et ses tendances néo/metalcore qui font mouche, grâce à l'alternance entre passages très calmes et refrain hargneux. La ballade acoustique "Immer wieder" constitue quant à elle une très jolie conclusion. Comme quoi à l'heure du métissage et de la surenchère technique à tout-va, 3 accords peuvent toujours faire une jolie chanson.
Les promesses entrevues sur cette fin d'album permettent à Grantig de récolter in extremis une note légèrement supérieure à la moyenne, et ce malgré une grosse partie plutôt insipide. Maintenant, ça ne devrait quand même suffire pour extirper le groupe de l'anonymat, à l'heure où les albums de metal sortent à tour de bras. La prochaine fois peut-être…