CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Michael Staver
(chant)
-Steve Utley
(guitare)
-Kaden Burton
(basse)
-Dakota Testa
(batterie)
TRACKLIST
1) Prologue
2) Hive Mind
3) Recalcitrence
4) Ruffians
5) Identic
6) Rapscallion
7) The Experiment Part 1
8) The Experiment Part 2
9) Mutation
10) X
11) Mirrors
12) Epilogue
DISCOGRAPHIE
Il a fallu attendre le dernier mois de l'année pour que Chorder nous gratifie de sa dernière offrande. Initialement prévue à la fin du mois de novembre, celle-ci a finalement été décalée deux semaines plus tard, mais l'attente en valait la peine. Tout simplement car des groupes usant de guitare neuf cordes sont assez rares à l'heure actuelle sur l'immense scène metal. Verdict de ce premier album ?
Les lecteurs assidus et pointilleux noteront que The Experiment n'est pas tout à fait leur première production grand format puisque Sons Of Thunder truste en effet la première place dans la discographie des Américains. Certes, mais on aurait tout aussi bien pu le placer dans la catégorie gros EP en raison de sa durée et de son nombre de pistes assez restreint. Ici, c'est déjà plus consistant, avec douze titres pour presque quarante minutes au compteur. Des bouleversements à noter pour ce qui est du contexte ? Très peu, si ce n'est le changement du batteur. Dakota Testa remplace donc désormais Jason Neymeyer derrière les fûts. En ce qui concerne la production, celle-ci reste toujours du fait de la formation qui n'a toujours fait appel à aucune boîte ou aucun studio d'enregistrement. Mais personne ne va s'en plaindre en raison de la particularité sonore dont nous a fait part le groupe lors de ses deux précédentes expériences.
L'expérience, justement, commence ici, à l'instar de Sons Of Thunder, avec l'introduction "Prologue" qui n'a d'autre utilité que de nous avertir quant à l'accordage avec lequel l'album va être joué. Pour ceux qui ont jeté une petite oreille sur le dernier After The Burial, Wolves Within, on en est très proche. Un accordage que l'on savait déjà très lourd auparavant et qui tend donc ici vers le drop C, c'est-à-dire un son extrêmement grave. Après un "Hive Mind" qui tient la route, mais qui garde le même rythme sans trop sortir des sentiers chorderiens, intervient "Recalcitrence" et ses riffs mitraillettes (2'25) qui referont surgir instantanément les meilleurs moments de l'EP Warmonger. Première démonstration de la puissance de feu fournie. La deuxième surviendra un peu plus loin, le temps pour nous d'entendre - ou réentendre pour les fans - le single "Ruffians" et son début assez fun et plutôt groovy, thème principal durant le restant de la chanson, ainsi que ses palm-mute écorchant les oreilles.
"Identic" ne marquera l'auditeur que grâce à son modèle de riff qui bug (2'36) complètement imprévisible, qui a néanmoins tendance à être de plus en plus sollicité dans le metal moderne (Subversion). Voici venue l'heure de la deuxième salve : "Rapscallion". En entrée, un petit riff aux airs de musique country, qui sera repris à la sauce metal ensuite. Le tout agrémenté de quelques harmoniques mineures (2'10) et à nouveau de palm-mute (0'47 et 2'58). La présence d'une sorte de tambourin en fond sonore pousse même le mimétisme folk jusqu'au bout et ne vient pas du tout interférer avec la musique pesante de Chorder. Contrairement à la chanson suivante, éponyme mais divisée en deux parties. Bien loin des standards auxquels nous ont habitué les quatre fous. Si la première partie fait dans l'inédit de par la présence d'un solo, la deuxième sortie de nulle part, contient du piano et un featuring de Bret Canny qui parle plus qu'il ne chante. Petite expérimentation du groupe qui ne lui sied guère.
Passée cette atrocité qui, espérons-le restera sans suite dans leur carrière, viennent "Mutation" et "X". Deux chansons sérieuses au tempo assez calme, et une ambiance assez prenante et angoissante pour la première citée. Un petit fond sonore aigu comme l'annonce de l'arrivée imminente de quelque chose qui tarde à venir. Mais quoi donc ? "Mirrors" saura sûrement répondre à vos interrogations. Car cette troisième et dernière salve est LA grosse claque de l'album. On peut même parler d'apothéose. Les riffs sont débordants de groove, déconcertants d'énergie et d'explosivité. On se situe au même niveau que les tueries "AWOL" et "Dogfight" de 2014. Avec ses arpèges couplés à du tapping à partir de 0'45, on peut tout de suite la ranger dans la partie technique de la galette en compagnie de "Rapscallion". Et que penser de cet "Epilogue" aux relents de Vildhjarta? Serait-ce un indice laissé par Chorder pour sa potentielle orientation lors de sa prochaine production ? Il faut voir si les deux styles peuvent être mélangés. Rien n'est moins sûr, mais ce serait un pari osé et un tour de force certain en cas de succès.
Aucune mauvaise chanson, si ce n'est l'expérimentation foirée, et quatre tueries. Cela ne fait aucun doute, Chorder n'a une nouvelle fois pas manqué sa cible, et va faire quelques dégâts auditifs chez les plus sensibles d'entre vous. Pas une seule once de puissance n'a été perdue durant cette année de production, et il y a fort à parier qu'ils n'ont pas encore atteint leur puissance de feu maximale. Allez les gars, c'est pour quand la dixième corde ?