CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Tommaso Riccardi
(chant+guitare)
-Paolo Rossi
(chant+basse)
-Cristiano Trionfera
(chœurs+guitare)
-Francesco Paoli
(chœurs+guitare+batterie)
-Francesco Ferrini
(claviers)
Ont participé à l'enregistrement :
-Veronica "ValchiRea" Bordacchini
(chant sur 5, 7 et 11)
-Nate Kantner
(narration sur 5 et 10)
TRACKLIST
1) Marche Royale
2) In Aeternum
3) Healing Through War
4) The Fool
5) Cold As Perfection
6) Mitra
7) Paramour (Die Leidenschaft bringt Leiden)
8) And The Vulture Beholds
9) Gravity
10) A Million Deaths
11) Syphilis
12) King
DISCOGRAPHIE
Le rythme ne faiblit pas : voici venir le 4e album de nos Italiens préférés (bon, ok, avec Rhapsody) : Fleshgod Apocalypse. Si vous êtes familiers du groupe, vous savez à quoi vous attendre et vous avez préparé votre visage à recevoir de sévères coups de tatanes et fait une réserve de pansements, de désinfectant et de mouchoirs pour absorber le sang qui va couler de votre nez mais surtout de vos oreilles.
Et il ne s'agit pas seulement de faire ici allusion à la critique la plus récurrente des auditeurs face à Labyrinth, la dernière production du groupe, à savoir le côté trop massif – compressé disent certains – du son, mais surtout d'évoquer la violence implacable du groupe. Car si Fleshgod Apocalypse n'est pas, loin s'en faut, le groupe le plus sombre, le plus torturé ou le plus malsain du paysage musical extrême, il en est assurément l'un de ces plus brutal représentant. A la fois par son côté metal, bien sûr, axé sur du blast puissant, une double pédale omniprésente et un chant écorché, mais aussi sur des orchestrations toujours aussi grandiloquentes qui ne font pas qu'embellir ou enrichir la musique : elles sont vraiment l'une des composantes de la brutalité des Italiens. Trompettes déchaînées, orchestres furieux et violons sulfureux sont l’accompagnement standard de la base metal du groupe. Et bien sûr, sur King rien ne change vraiment, sinon dans les détails.
King étale donc ces quasi soixante minutes de brutalité et de lyrisme, remplissant une fois encore son cahier des charges avec une efficacité toute italienne, même si en regard des deux précédents albums on se sent presque en droit d'être déçu. Mais ça serait agir en enfant gâté qui, recevant deux Noëls de suite de magnifiques cadeaux, se plaint du troisième car il n'aurait pas été selon lui autant couvert de présents que précédemment. Car sans vouloir faire mon sale gosse, King ne réjouit pas tout à fait autant que Labyrinth ou à plus forte raison Agony. Cela peut être dû, évidemment, à notre familiarité désormais bien établie avec les caractéristiques musicales de Fleshgod Apocalypse : difficile en effet de nous surprendre fondamentalement. Tel l'enfant trop gâté, il est difficile de sauter de joie pour la Ferrari reçue sous le sapin pour la 3ème fois consécutive. Car ne vous y trompez pas : King est excellent de (presque) bout en bout, maîtrisé, puissant, et des morceaux comme "The Fool", "And The Vulture Beholds" ou "A Million Deaths" sont simplement monstrueux.
Mais on y trouve aussi des morceaux un peu moins passionnants, et c'est d'autant plus dommage que ce sont en gros les trois mid-tempos relativement longs qui font office de ventre mou de l'album. Si "Cold As Perfection" s'en sort plutôt bien, "Gravity" et surtout "Syphillis" peinent à convaincre comme avaient su le faire par le passé "Epilogue", "Towards The Sun" ou "The Egoism". Rien de honteux non plus, bien sûr, surtout que pris dans la continuité de l'album ils représentent des pauses bienvenues dans la furie des blast de Francesco Paoli, toujours aussi impressionnant. Dommage aussi que l'interlude lyrique "Paramour" soit trop long : une minute de moins et cela aurait été parfait, malgré la jolie voix lyrique de Veronica Bordacchini. Ces remarques faites, il est difficile de ne pas se réjouir ouvertement devant des titres comme "In Aeternum" et son refrain en chant clair, la baroque "The Fool", ses changements de tempos et son clavecin un peu fou-fou ou les rythmes martiaux de "Healing Through War". Faut-il préciser que l'album s'achève sur le titre "King", petite pièce de piano romantique sympathique mais trop sobre, trop plate – loin du niveau de "Agony" ou de "Labyrinth", malheureusement...
Alors vraiment non, rien de bien nouveau sous le soleil Italien. Mais difficile de s'en plaindre alors que Fleshgod Apocalypse parvient à nous réjouir toujours autant en gardant la même recette, quand bien même ici on y trouve un peu moins matière à s'ébaubir et à s'exalter. Moins équilibré et constant en qualité que Agony et Labyrinth, King est toutefois une manière bien agréable de commencer 2016 : ne boudons pas notre plaisir, et mettons une bonne fessée à ce gosse trop gâté qui sommeille en chacun de nous. Non mais.